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4,06

sur 840 notes
Deux vieillards qui ont été les meilleurs amis pendant toute leur jeunesse se retrouvent après quarante ans, pour discuter de l'évènement qui les a séparés.

Cette lecture a eu deux points positifs pour moi: elle m'a permis de découvrir un auteur et de faire un premier pas dans la littérature hongroise; j'ai pu avoir un aperçu de la vie dans l'Empire austro-hongrois avant son démantèlement.

Pour le reste, je dois dire que je me suis profondément ennuyée. le personnage principal, « le Général » dont on ne nous dit jamais le nom, est particulièrement antipathique. Imbu de sa personne, mesquin, condescendant et borné, il semble être le pur produit de sa classe sociale. Son ami Conrad n'est guère plus attachant, mais comme il parle beaucoup moins, il m'a moins ennuyée malgré ses actes.

Le texte est globalement divisé en deux parties: dans la première, on nous raconte la rencontre entre deux enfants et l'amitié, indéfectible et fusionnelle, qui grandit entre eux. Dans la seconde, c'est l'affrontement des deux vieillards, qui n'est pratiquement qu'un long, très long, monologue. Ici, les évènements qui ont mené à leur séparation sont détaillés pendant la moitié du roman, sans toutefois qu'on obtienne une réponse claire à la fin.

Cet affrontement entre les deux hommes est le prétexte à développer un tas de considérations sur le temps qui passe, sur la vieillesse, sur l'amitié et l'amour. J'ai trouvé que c'était vraiment répétitif et qu'on piétinait beaucoup. Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre en ouvrant ce livre, mais j'avoue que j'espérais quelque chose d'un peu passionnant.

Malgré tout, la plume est agréable et j'ai trouvé intéressant de découvrir un auteur hongrois. En dehors de ça, c'était beaucoup trop long par rapport à ce qui était raconté pour mon goût. du même auteur, j'ai noté Mémoires de Hongrie, qui semble plus autobiographique, j'espère l'apprécier davantage.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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L'orage gronde. Henri, ancien officier qui vit reclus en son château, reçoit Conrad, un ami qu'il n'a pas revu depuis plus de quarante ans. Nous allons progressivement apprendre au cours de ce huis clos ce qui a poussé Conrad à quitter soudainement un ami de longue date, l'armée et son pays.

L'auteur aborde une histoire d'amitié entre deux hommes que tout oppose : Henri, un général issu d'une famille aristocratique et fortunée, dont la vie est fondée sur les valeurs de l'armée ; Conrad, cultivé et d'origine plus modeste, qui n'est pas attiré par l'armée mais plutôt par la musique et les arts. Nous découvrons peu à peu de quelle manière Conrad est l'obligé de son ami, qui mène la conversation lors de cette soirée.

Sandor Marai dépeint à merveille son pays et en filigrane le démantèlement de l'empire austro-hongrois.


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J'ai découvert avec cette lecture l'écrivain hongrois Sandor Maraï (1900-1989). Les braises : voici ce qui reste, au petit matin froid, de la généreuse flambée qui la veille animait le foyer. Les braises (1942) est un roman de la passion consumée.

« Si nous examinons notre propre coeur, qu'y trouvons-nous ? de la passion ! Il faut aussi que nous sachions que la vieillesse n'est jamais harmonieuse. le temps peut affaiblir mais n'arrive jamais à étouffer les passions […] Elles n'ont, en effet, plus beaucoup de sens. Néanmoins, elles restent dans notre coeur. Pour quelle raison attendre autre chose du monde, de ce monde rempli de désirs inconscients, de passions et de violences ? […] Seules les passions vivent, nous brûlent et en appellent au ciel… » (p. 190-191)

La structure de l'oeuvre est celle d'un huis clos entre deux vieillards à l'aube de la mort. Elle respecte scrupuleusement les cadres du théatre classique : unité de temps – une journée, prétexte à l'évocation de toute une vie, unité de lieu – une pièce qui porte en elle le souvenir d'un monde disparu, et d'un jour décisif entre tous. Structure théatrale qui semble faire écho à la vie intime du personnage du général, que l'auteur s'est choisi pour point de focalisation : ne soigne-t-il pas la mise en scène de la rencontre, comme s'il s'agissait ce soir-là de la dernière représentation sur la scène de son existence consumée ? A juste titre, le général se prépare à assister au dénouement de l'intrigue de sa propre vie, la dernière scène dont il a passé quarante ans à repasser les dialogues et les détails...

La maîtrise romanesque de Maraï est impressionnante. L'unité de temps et de lieu concentre et déploie effectivement une fresque d'une surprenante densité. Ce roman peu épais (220 pages) enferme l'évocation nostalgique d'un monde disparu, les rêves de puissance d'une Europe dont la grandeur s'efface dans les désillusions, qui rappelle Zweig (en mieux) et Musil (dans un autre genre !). Mais ces bribes de grand roman historique ne prennent leur sens que dans le face à face du général et de Conrad.

Le lecteur découvre peu à peu, au fur et à mesure du déroulement de la journée, la nature du drame qui s'est noué, il y a plus de quarante ans, entre les deux personnages – et dont je ne veux révéler précisément que les contours pour préserver le plaisir de la lecture. Au-delà du thème de la trahison, l'intrigue se noue autour de celui de la passion. L'amitié comme passion, qui recherche sa consommation dans l'autre, qui brûle et dévore de sentiments contradictoires, qui suffit à faire basculer l'existence d'un homme !

« - Avec l'âge, réplique le général, je pense que l'amitié pourrait bien être le sentiment le plus fort du monde… que c'est à cause de cela qu'elle est si rare. Et sur quoi repose-t-elle ? … Est-ce sur de la sympathie ? … Non, le mot est impropre. On ne peut pas dire par exemple que par pure « sympathie » deux personnes répondent l'une de l'autre dans les circonstances les plus critiques de la vie. Peut-être le fondement de l'amitié est-il différent ? …

- Mais que penses-tu donc ? demande Conrad. Dis-le une bonne fois.

Le général répond lentement, en cherchant ses mots.
- Peut-être au fond de tous les liens humains y a-t-il quelque chose du dieu de l'Amour,… d'Eros ? » (p. 102-103)

Mais finalement, derrière ce dénouement libérateur, ces mots sur l'amitié et la passion ne sont qu'une interrogation sur la capacité à vivre en vérité nos relations. Ne vivons-nous pas la vie comme une passion, une projection vers un autre que nous désirons ardemment et qui nous échappe ? Et peut-être nous échappe-t-il, parce que nous sommes incapable de le désirer pour ce qu'il est réellement, autrement que comme le support de nos fantasmes et de notre nostalgie.

« […] ce qui consistait la raison profonde de toutes mes actions a été le lien qui me rattachait à l'être qui m'a blessé, oui, c'étaient les liens qui me rattachaient aux deux êtres qui m'ont offensé. Accepter inconditionnellement certains liens, n'est-ce pas notre destinée ? […] Es-tu aussi d'avis que ce qui donne un sens à notre vie c'est uniquement la passion, qui s'empare un jour de notre corps et, quoi qu'il arrive entre-temps, le brûle jusqu'à la mort ? Crois-tu aussi que notre vie n'aura pas été inutile, si nous avons ressenti, l'un et l'autre, cette passion ? Peut-être la passion ne consiste-t-elle pas à désirer une certaine personne, mais à ressentir, en général, un désir nostalgique ? » (p. 217, c'est moi qui souligne)

Vient alors l'aube nouvelle, pure et fraîche – mais dont la nouveauté n'éteindra jamais complètement les braises rougeoyantes de la nuit passée.

Livre lu en 2007. Critique initialement publiée sur mon blog
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Sàndor Màrai est un auteur hongrois du XXème siècle dont l'oeuvre fut censurée par le régime communiste. Il écrivit Les Braises pendant la deuxième guerre Mondiale. J'ai beaucoup aimé la première partie de ce roman qui raconte les retrouvailles à huis-clos entre deux vieillards, le général issu de la grande tradition militaire austro-hongroise, et son ancien ami Conrad, qui se revoient pour la première fois quarante-et-un ans après la fuite de Conrad vers les Tropiques. L'écriture est classique et superbe, les descriptions du château sont magnifiques, on croirait y être, et les analyses des personnages sont fines, intelligentes, acérées. le roman raconte ce que fut leur amitié, aux yeux du général, un sentiment de grandes pureté et valeur. Puis le général raconte à Conrad comment au fil des années de solitude, il a fini par comprendre la cause de leur rupture d'amitié, et à la lumière faiblissante puis moribonde des bougies qui se consument, sa longue confession le laisse finalement exsangue, vidé de sa peine, de sa colère et de son désir de vengeance. J'ai moins aimé cette deuxième moitié, j'eus souhaité un dialogue, ce monologue auquel seul le silence répond m'a finalement laissée le coeur lourd et sur ma faim.
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Une très belle découverte.
Auteur inconnu et livre lu au hasard, je vais de suite me plonger à découvrir cet univers étincelant.
Ce roman m'a happé, ses réflexions m'ont subjugué, ses cheminements m'ont interloqué, ses questionnements m'ont troublé...
Un roman dont on ne sort pas indemne...
A lire absolument
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Après le feu restent les braises: c'est ainsi que j'ai compris le texte de Sandor Marai: Deux hommes se retrouvent chez l'un d'eux pour un face à face, après 41 ans !
" le général" issu d'une famille aisée dont il a gardé les fastes du château a convié son ami Conrad, qui avait été reçu dans sa famille dès l'enfance, et qui est, quand à lui, issu d'un milieu bien plus modeste!
Le temps a passé, Christine, l'épouse du général, n'est plus.
Les deux vieux hommes passent une nuit à échanger sur le passé. Enfin, il s'agit plutôt d'un monologue car le général a des comptes à rendre à Conrad...
Ce roman, écrit en 1958, m'a au tout début un peu rebutée mais petit à petit le ton devient intime, l'histoire devient plus claire.
L'histoire des deux hommes s'inscrit dans l'histoire de l'Autriche Hongrie et de sa monarchie mourante. L'auteur a vu son oeuvre interdite jusqu'en 1990.
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Isolé dans son château Henri, Général en retraite de l'armée impériale de Hongrie, attend une visite. Cela fait quarante et un ans qu'il attend ce visiteur.

Le Général est accompagné dans cette attente par une profonde solitude, en dépit de la beauté des paysages décrits avec poésie le décor est sombre presque sinistre. Malgré le lien indéfectible qui l'unit à Nini, sa nounou toujours en vie malgré le poids de l'âge, Henri est seul. Sa femme est morte, il ne reçoit personne et ne semble plus rien attendre de la vie, rien sauf peut-être ce visiteur, Conrad.

Ils se sont rencontrés enfant et une amitié sincère et profonde parait les unir jusqu'au jour ou...

Deux êtres différents, Henri aussi riche que Conrad était pauvre. Conrad, un artiste égaré dans le monde de l'armée, alors qu'Henri est né et a grandi au sein des valeurs militaires.

L'invité arrive et une très longue soirée commence. Les deux hommes échangent et dissertent sur l'amitié, ou ce que l'on a pris pour de l'amitié, sur l'engagement, la solitude, la recherche de la Vérité... Les mots pèsent lourds, leur sens ou plutôt leurS sens font planer sur ces retrouvailles l'ombre de vieilles rancunes et rivalités.

La vie et la mort, le jour et la nuit, la fidélité et la trahison, les contraires et les adversités, tout ce qui unit les Hommes et les séparent, voilà le sujet de ces retrouvailles.

Je ne connaissais pas Sandor Marai, avant de prendre un peu au hasard cet ouvrage à la médiathèque, mais quelle découverte !
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Un roman lu le temps d'un dimanche automnal. Une amitié entre deux jeunes hommes qui ont grandi sous le règne de François-Joseph et qui ont vu l'empire s'écrouler. Après la première moitié, le lecteur ne s'attend pas à une telle suite. le rapport au temps est un aspect très intéressant du récit.
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Ce sont les retrouvailles de deux vieux amis, dont l'amitié remonte à leur enfance à l'école militaire de Vienne au temps de l'Empire austro-hongrois, avant la première guerre mondiale. Ils n'avaient pourtant pas grand chose en commun : pas du même milieu, pas les mêmes ressources, pas les mêmes goûts non plus. Leur amitié était indéfectible jusqu'à un incident lors d'une partie de chasse : Conrad a pointé son fusil vers Henri, avant de disparaître le lendemain, sans aucune explication. Depuis, 41 ans ont passés, ils ne se sont plus revu, Henri a mené une carrière militaire, il est général à la retraite, Conrad est parti à l'étranger et le voilà qui revient visiter son vieil ami. Leur rencontre est un huis-clos dense, quasiment un monologue, un réquisitoire d'Henri. Plus d'une fois la réconciliation semble proche, et puis de nouvelles révélations font naître des ressentiments. C'est dense, plein de tensions, même si l'on devine bien avant la fin les raisons du silence de Conrad. En fait cela fait quarante ans qu'Henri rumine sur ce qui a pu se passer pour que leur amitié cesse. Il s'en doute un peu mais a besoin de Conrad pour confirmer ses doutes. C'est aussi une histoire de nostalgie, celle d'un monde disparu, d'une amitié perdue. C'est un livre superbement écrit à la lecture exigeante.
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DU COTE DE CHEZ ZWEIG...

▶️ Août 1940, dans la campagne hongroise ; Henri, général de l'armée impériale aujourd'hui à la retraite, veuf, attend dans son château la venue de Conrad, son ami d'enfance et de jeunesse, son frère d'armes.
▶️Bien que d'un milieu social très différent - Henri, issu d'une famille riche et puissante, fils de militaire proche du pouvoir et de l'empereur François-Joseph, et l'autre, Conrad, d'un milieu modeste, plus intellectuel, lointain parent de Chopin - tous deux se sont rencontrés à l'école des cadets et ont noué une amitié indéfectible qui s'est poursuivie après qu'ils aient embrassé la carrière militaire..
▶️ ...et puis un jour de juillet 1899, Conrad, très souvent invité au château par Henri et Christine, la femme dé celui-ci, disparaît au lendemain d'une partie de chasse, sans aucune explication, sans un adieu pour son ami Henri..
▶️ 41 ans que les deux hommes ne se sont pas vus depuis ce jour funeste ; pourquoi Conrad a-t-il quitté l'armée ?, pourquoi s'est-il enfui?, que c'est il passé lors de cette partie de chasse?..
▶️ l'heure des explications a sonné, l'heure de se dire la vérité...
▶️Un roman qui nous transporte dans une autre époque, un monde révolu, celui de la monarchie austro-hongroise agonisante avant l'embrasement de l'Europe dans la Grande guerre...
▶️Un huis clos intimiste où la tension va crescendo : deux vieillards, au crépuscule de leur vie, tombent les masques dans un dialogue saisissant et de haute volée sur l'amitié, sur la passion qui défigure, sur les jalousies et les rancoeurs qui saccagent l'amitié et sur le temps qui passe et efface tout, sauf la haine et l'esprit de vengeance..
▶️ Une très belle écriture, précieuse, intense, toute de passion contenue... un beau roman grave et profond qui se lit d'une traite..
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