Dès les premières pages, impossible de lacher le livre !
L'univers de ce huis-clos n'est pas loin de celui du Guépard, le magnifique film de
Luchino Visconti : la Vienne du siècle dernier, les fastes de la noblesse autrichienne, les forêts de chasse impériales, la rigueur des sentiments, le beau langage et la belle écriture !
Le décor étant planté, le huis-clos annoncé peut commencer, entre Henri (le noble fortuné) celui qui cherche la vérité, et Conrad (son ami désargenté) celui qui la détient. Curieusement, le dialogue s'avère être un long monologue, fait par le demandeur, qui s'égare très souvent dans des digressions que le détenteur s'efforce de recadrer dans l'essentiel de l'énigme qui les réunit.
Il en résulte de nombreuses redites et longueurs, notamment sur la définition de ce qu'est l'amitié. Pour l'accepter et y trouver intérêt, il convient de replacer l'intrigue dans son époque, quand la noblesse des sentiments était complexe et raffinée. Ainsi, ce long monologue devient passionnant, et dévoile l'intrigue très progressivement.
Henri m'a semblé plutôt antipathique et imbus de son rang, enclin à des affirmations qui feraient scandale aujourd'hui. Conrad m'a paru trop discret et d'une sensibilité plutôt sympathique. le dénouement de l'intrigue est relativement prévisible, et le suspens s'éternise, mais les dernières pages sont savoureuses.
J'ai conscience de ne pas avoir été très clair dans mon commentaire, mais la confusion des sentiments ne porte pas à l'être.
En résumé, j'ai aimé ce livre pour son originalité et sa belle écriture. Il est des lectures, rares, qui élèvent l'âme, "
Les braises" en fait partie.