AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,53

sur 49 notes
5
4 avis
4
6 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lorris Murail signe, avec ce premier tome de trilogie, une uchronie. Les grandes épidémies ont anéanti l'Europe, la société occidentale est réduite à la misère, à la déchéance. Parallèlement, le continent africain se développe économiquement au point de dominer les pays du Nord, d'en réduire les populations en esclavage.

Lorsque débute le roman, cette situation est un état de fait depuis plusieurs générations. le renversement historique que pratique Lorris Murail est mené de main de maître, la reconstitution inversée plus que fidèle sans facilité. Les correspondances sont édifiantes, il en est parfois difficile de ne pas voir les grandes plantations américaines. Tous les aspects de l'esclavage sont pointés : voyage à fond de cale, et vente sur un marché, déni de l'humanité, personnes réduites à des " choses " considérées dépourvues d'intelligence, de sentiment, de biens propres - simple valeur marchande, parfois moins qu'une bête -, perte identitaire culturelle par l'oubli d'un peuple déraciné qui ne peut transmettre que partiellement sa mémoire - qui se mêle peu à peu à celle de la terre africaine - dont les croyances chrétiennes sont apparentées au cannibalisme donc à la barbarie ( perte du sens des mots de la langue d'origine, de celui des symboles religieux ), séparation des familles, abus sexuels, humiliations et, évidemment, le dénigrement de l'apparence physique. Les Blancs sont ces Cornes d'Ivoire du titre en réponse à l'expression Bois d'ébène. La peau claire n'engendre que répulsion et insultes ( la preuve, elle n'est pas adaptée au climat, chair blafarde qui rougit et cloque au soleil ) : dégoût pour la pâleur, l'odeur des Faces de Craies, Têtes de Lune, Culs de Babouins...
" Mari ferma les yeux. Et même quand le fracas du tonnerre ébranla le sol sous ses pieds, elle ne les rouvrit pas. Gakere s'agitait autour d'elle. Il pouvait faire ce qu'il voulait. Il n'y avait pas de justice pour les Blancs, que des devoirs et des châtiments. Parfois, on trouvait dans les bois le corps d'une pauvre fille. En bon régisseur, Fuli Fak inscrivait alors sur son livre de comptes une perte de cinq cents cauris. "

L'échange est terriblement efficace et convaincant. L'aventure de la jeune héroïne ne débute vraiment qu'après les deux cents premières pages - sur les cinq cents du volume qui filent -. Sans la moindre longueur, cette mise en place du contexte est aussi prenante qu'élaborée. L'auteur expose et déploie l'univers avec brio. Il montre à travers les scènes quotidiennes comment l'esclavage et le racisme sont ancrés dans les mentalités sans diaboliser les personnages des " maîtres" - même si certains sont pervers ou décadents -, dans l'esprit des domestiques nés la peau sombre racontant des légendes qui justifient la notion de race et celle d'infériorité ou de malédiction.

" Si le Grand Esprit vous a faits comme ça, c'est qu'il avait sans doute ses raisons. A mon avis, c'est pour qu'on repère dans la nuit ceux qui auraient envie de filer en douce. "
Les descriptions de la vie sur le domaine permettent de faire la part belle à la culture africaine, à ses traditions, ses beautés, aux paysages, à cette nature. Roman adolescent, il relate une double quête, celle de la liberté et, à travers elle, celle des origines. La progression est parfaitement gérée, les épisodes se succèdent, s'enchaînent, les références culturelles, qu'elles soient africaines ou occidentales, restent toujours accessibles. L'intrigue, cruelle sans violence complaisante, a du rythme, celui d'une épopée. Les nombreux personnages, l'originalité des personnalités, lui donnent sa richesse sans égarer le lecteur et l'inscrivent dans cet univers uchronique captivant, miroir historique en altérité. Il y a des mondes et du monde dans ce roman, à la fois dense et fluide, celui des villes et celui des grands propriétaires terriens. On y rencontre des affranchis, des rebelles et des marchands, des hommes visionnaires qui croient au progrès technique et humain, à la libération des hommes par le travail des machines, des jeunes utopistes qui refusent de regarder les couleurs de peau, des assassins qui n'agissent que nuitamment cagoulés...Toute une société que le second volume quitte pour partir à la découverte du " Septentrion ".

Un premier tome et déjà une réussite. le retour sur la terre des ancêtres est prévu pour 2012.



Lien : http://lisezjeunesse.canalbl..
Commenter  J’apprécie          80
J'ai découvert avec grand plaisir le sous-genre "uchronie" avec ce premier tome de la triologie "Les cornes d'ivoire". L'auteur y réécrit l'histoire de l'esclavage et de la suprématie d'un hémisphère par rapport à l'autre, sauf qu'ici c'est l'Afirik qui est prospère et l'Europe qui lui fournit les esclaves blancs. Poser la question de l'esclavage de cette façon est vraiment intéressant et rafraîchissant. Je crois même que cela donne un éclairage différent à L Histoire.

J'ai beaucoup aimé le personnage De Mari, une jeune Blanche dame de compagnie de la fille cadette du Maître local. À travers elle, on subit le racisme, on comprend ce qu'elle vit et on veut à tout prix qu'elle réussisse à se sortir de cette situation d'esclavage. Heureusement, même si elle n'est pas éduquée et qu'elle est un peu naïve, elle a la force et l'intelligence de trouver un moyen pour se sortir de là dans l'espoir de renouer avec ses origines.

Commenter  J’apprécie          40
Lorris Murail renverse L Histoire en créant un roman d'anticipation où les Noirs de l'Afirik ont pris le contrôle de Septentrion (ancienne Europe) suite à la Peste. Les Blancs, surnommés les Cornes d'Ivoires, deviennent dés lors des esclaves et passent leur vie à rêver de liberté.
Mari, dont le lecteur suit le parcours peu avant la mort de sa mère, apparaît dés le départ comme une fille au destin bien différent même si elle a du mal à l'accepter. Les épreuves qu'elle va subir tout au long des 500 pages de ce premier tome de Les Cornes d'Ivoires vont jouer avec sa foi, ses convictions, son courage et sa détermination dans la quête de liberté. Elle rêve de vivre une vie libre mais la redoute en même temps. Au cours de Petite soeur blanche, elle va se confronter au monde qui l'entoure et sortir de son village natal pour des villes et des lieux toujours plus brutaux.
Le premier tome de Les Cornes d'Ivoires est dans l'ensemble bien réussi et captivant malgré des longueurs et une action qui tarde à se mettre en place. Lorris Murail aurait pu faire plus court mais sans doute a t-il eu le soucis de bien décrire en amont l'univers, le quotidien De Mari, avant de se lancer dans son aventure.
Le thème du renversement de la situation actuelle, c'est-à-dire faire de l'Afrique le pays maître et placer les Noirs en haut de l'échelle, m'a fait penser à la série de Malorie Blackman, Entre Chiens et loups, mais la façon dont Lorris Murail traite Les Cornes d'Ivoires est totalement différente. Seul le fond environnemental demeure tandis que Mari vit une histoire bien différente de Séphy et Callum.
C'est un premier tome très prometteur que Lorris Murail nous propose avec Petite soeur blanche. Un roman empreint d'humanité, de réflexions contre l'esclavage, le racisme et le mépris de l'étranger. le discours est un peu engagé et passe très bien sans que le lecteur est l'impression d'avoir un texte politique en main. L'histoire est intéressante et inédite tandis que Mari est une héroïne attachante qui ne semble pas plus douée que les autres, avec un caractère, des qualités mais aussi des défauts. Elle est très réaliste et on se glisse très bien dans sa peau. A suivre !
Commenter  J’apprécie          10
L'Europe a péri, victime des grandes épidémies. L'Afrique a réduit les populations blanches en esclavage et domine l'économie mondiale. Les blancs vivent et travaillent dans des plantations, n'ont aucun droit, sont vendus comme des marchandises, sont considérés comme physiquement repoussants et malodorants … Cette dystopie fonctionne donc sur le principe du parallèle inversé et renvoie à une situation historique, nous en faisant percevoir toutes les dimensions de manière tout à fait nouvelle. Nous suivons les aventures De Mari, jeune fugitive échappée d'une plantation pour conquérir sa liberté et tenter de rejoindre la terre de ses ancêtres, Septentrion. C'est donc le titre du deuxième volume qui la verra découvrir ce continent à la fois inconnu et familier, avant Mauretania, qui retracera la guerre entre les Maures et les Sunugalais, guerre qui impliquera les esclaves blancs au service des Afirikains.
Afirik est un récit prenant, habité par un souffle épique, original et, surtout, efficace. En effet, le miroir inversé permet de changer de point de vue et, dès lors, de modifier et affiner sa compréhension du trafic de « bois d'ébène », devenu « cornes d'ivoire ».

Commenter  J’apprécie          10
J'ai beaucoup apprécié ce livre !
On suit les aventures de la jeune Mari, esclave blanche dans un monde où les noirs africains sont les maîtres, qui rêve de conquérir sa liberté, quitter le village de Ker Samba et découvrir le continent de ses ancêtres, l'Europe.

L'histoire est palpitante, les personnages ont une aura qui nous fascine et leur personnalité très complexe est le grand point fort de ce roman. Ils semblent endosser les couleurs, formes et saveurs de cet univers narratif qui touche tous nos sens. Après avoir lu ce livre, j'ai eu très envie de visiter l'Afrique.

Mari est un peu agaçante. Son insolence sonne faux, on dirait une super héroïne peu vraisemblable. le chemin est trop facile, d'ailleurs, elle s'en sort toujours.. Et les dialogues ne font pas toujours naturels.

Je recommande tout de même ce roman d'aventure original !
Commenter  J’apprécie          10
Le cours de l'histoire s'est inversé. Désormais les Maîtres noirs règnent sur le monde. A seize ans, Mari n'a connu que l'esclavage. Comme ses frères et soeurs blancs, elle travaille sous le soleil impitoyable de l'Afirik. Un jour la jeune fille parvient à fuir la plantation où elle est née...
Et si les Blancs connaissaient l'esclavage sous le soleil d'Afrique... Lorris Murrail commence son récit par la description de la vie d'une plantation d'esclaves au coeur d'une nouvelle Afrique. Quelques que soient les couleurs des maîtres et des esclaves, les relations entre les uns et les autres sont empreintes de la même cruauté. Son héroïne, Mari, s'embarque dans une longue aventure en quête de liberté et du secret de l'origine de l'esclavage de son peuple.
Un bon roman plein d'actions pour 4e-3e.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (94) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4879 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}