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3,5

sur 358 notes
Après avoir lu Kafka sur le rivage qui m'a envoûtée, j'ai voulu découvrir l'auteur et quoi de mieux que ses premiers écrits (sur une table de cuisine), alors qu'il gère un petit club de jazz à Tokyo avec sa femme.
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Un jeune homme dont le nom ne nous sera pas révélé traîne dans un bar avec un ami qu'il y a rencontré, le Rat, homme riche et porté sur la bouteille, qui hait les riches.
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Un soir, dans ce même bar, notre ami croise le chemin d'une belle jeune femme à laquelle il manque un doigt. Chouette histoire qui emprunte des chemins inattendus.
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Dans le récit qui suit, Flipper, le jeune homme est obsédé par le souvenir d'une ex-petite amie qui s'est suicidée. En toile de fond de ses délires, un flipper est omniprésent.
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Haruki Murakami n'a autorisé que relativement récemment la traduction en français de ces deux nouvelles.
Ses tout premiers écrits, souvenirs de jeunesse auxquels il a toujours refusé de toucher par la suite.
Ça m'a rappelé Bouffanges qui refuse également de toucher à son premier recueil de nouvelles, Abîmés.
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Les récits sont très poétiques, on sent la grande plume qui "sévit" déjà, et les dialogues sont remarquables.
S'il est vrai que ses écrits suivants sont beaucoup plus élaborés, la "patte" Murakami était née.
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J'adore les versions brutes de décoffrage, et j'ai été servie. On part un peu dans tous les sens, c'est décousu, mais l'auteur suit son fil et on retombe sur nos pieds.
Je n'ai pas eu l'impression que ces textes servaient d'exutoire à l'auteur. J'ai plutôt senti qu'il se faisait vraiment plaisir en couchant tous ses mots sur le papier. Et j'ai aimé ça.
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Pour résumer, deux courts textes sympathiques, références culturelles intéressantes, onirisme à tous les étages, voyage labyrinthique.
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Si vous appréciez tout ça, laissez-vous tenter. Je pense néanmoins qu'il faut déjà avoir lu l'auteur dans une oeuvre plus aboutie pour vraiment apprécier le sel de ces textes.
Sans ma lecture précédente de Kafka sur le rivage, je ne sais pas si j'aurais autant accroché.
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Combien d'années attendais-je ce moment ? Plusieurs décennies, facilement. Je me souviens de ce premier achat murakamiesque. Un titre intrigant, une histoire de mouton sauvage, une course à travers le Japon. Je l'ai relu trois fois. A minima. Alors c'est dire mon attente et mon impatience à lire, à découvrir, les deux premiers volets de la trilogie dite du « Rat ».

Je ne parlerai pas de premiers romans pour cette histoire mais d'un premier pied à mettre dans l'univers de Haruki Murakami. Deux nouvelles, que certains trouveront sans intérêt. C'est vrai ça, quel intérêt peut-on trouver à lire les histoires de cul d'un gars avec deux soeurs jumelles ensemble dans un même lit. Et cette passion pour le flipper – pour les plus jeunes d'entre vous, il s'agit d'une grosse machine qui fait un bruit dingue et que l'on s'évertue de remuer dans tous les sens pour pas que la boule d'acier ne tombe dans le trou. Aucun intérêt. Sauf pour un bison.

Je suis du genre à tout lire de Haruki Murakami (comme de Paul Auster). Et le pire, c'est que je prends mon pied à chacune de mes lectures. Et si j'écoute le chant du flipper au milieu du vent n'a pas la force et la puissance de ses écrits futurs, il a déjà la base onirique si chère à l'écrivain. J'ai lu, j'ai adoré, et je le lirai de nouveau. Pourquoi ? Je ne sais pas. Pourquoi est-ce que je bois des bières aussi ?

N'as-tu jamais rêvé de te trouver au pieu au milieu de deux jumelles, aussi belles que semblables, et que tu ne peux donc nommer de peur de te tromper. N'as-tu jamais rêvé de te trouver dans un hangar froid et blafard, l'oeil hagard et la main fébrile à caresser la cuirasse de ce flipper. Moi si. Cela doit être donc pour cette raison que je tournai furieusement les pages avant de ne faire TILT.

Mais entre les jumelles et ce flipper, tu te demandes ce que tu pourras bien y trouver ? En fait pas grand-chose d'autres, juste des coques de cacahuètes, des verres de bières, des shots de whisky. Et de la musique, un juke-box composé de jazz et de rock, de la fumée de cigarettes s'échappant dans les vapeurs d'une marmite de riz.

Ce livre est un rêve ouvert dans lequel mes pensées peuvent s'évader ; et moi quand on me sert une bière à chaque page, mon esprit s'évade dans des hauteurs abyssales de plaisir et de volupté, même littéraires. Pour peu que je croise le cul de deux soeurs jumelles, ce n'est plus mon âme qui s'élève mais mon sexe qui se dresse. Cela dit, comme tout est relié chez moi, j'atteins le nirvana.
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En ce temps-là, il écrivait toujours sur la table de la cuisine, tard dans la nuit, jusqu'au petit matin. Il s'appelait déjà Haruki Murakami. C'est toujours émouvant d'assister sous nos yeux à la naissance d'un écrivain qu'on aimera plus tard, furieusement...
Ecoute le chant du vent (suivi de) Flipper, 1973 sont ses deux premiers romans. Figurant dans un seul volume où l'auteur en explique la genèse, cela les rend à jamais indissociables, ne serait-ce que dans mon coeur.
Je suis entré de plein pied dans l'univers fantasque, un peu mystique, décalé, pour ne pas dire déjanté, de l'écrivain. Il y a comme une ambiance douce-amère qui se dégage de ces pages en partance... Tout est un peu là déjà sans l'être encore vraiment...
Le narrateur, un jeune homme,- c'est Haruki Murakami à n'en pas douter, amateur de bières, de filles, de jazz et de mélancolie...
Dans le premier roman, l'été est là avec son insouciance, la chaleur des jours qui semblent s'étirer indéfiniment.
Une main féminine apparaît innocemment , il lui manque un doigt à la main gauche. C'est peut-être un détail pour vous... Mais cette jeune fille vient se frayer un chemin dans les pas et les gestes du narrateur le temps de cet été où il ne se passe presque jamais rien.
Presque. Tout est là chez Murakami et commence presque ici pour notre joie...
Ce premier roman dit avec humilité la naissance de l'écriture, de l'inspiration, des premiers mots qu'on jette sur une page vierge. C'est une écriture inspirée du quotidien, un quotidien banal, mais pourquoi ne pas lui donner du sel ? J'ai vu émerger les thèmes, les univers, les chemins de Murakami... Déjà.
Derrière la désinvolture d'un été insouciant, la musique des Beach Boys, des bières qui coulent à flot, deux amis ici veulent devenir écrivains, rien que pour cela, même si l'un d'eux s'appelle le Rat, même s'ils fréquentent tous deux le J' Bar, on a seulement envie de les écouter.
J'ai retrouvé le Rat, cet ami rencontré lors d'un précédent récit, La course au mouton sauvage. Chez Murakami, le passé et le présent sont tels qu'ils sont, presque dérisoires. Avec le futur, il existe un « peut-être ».
Dans le second roman, nous découvrons le narrateur pris dans sa lecture de la critique de la raison pure, de Kant, tandis que son existence est bousculée par l'arrivée dans son appartement de deux jolies soeurs jumelles qui passent leurs journées au lit à faire des mots croisés et leurs nuits à se blottir tout contre lui. Il semble qu'au début, sa lecture philosophique n'en fut pas troublée.
Ne connaissant pas la portée de la critique de la raison pure, je me suis alors demandé si, moi-même, plus jeune bien sûr, me retrouvant dans une telle situation, deux jolies soeurs jumelles déboulant dans mon lit, aurais-je pour autant lâché ma lecture de cette oeuvre philosophique essentielle ?
Il y a de la tendresse dans ces deux récits, il y a de la douleur aussi qui ne dit jamais son nom.
L'ennui est un magnifique paysage, dans l'attachement aux choses simples.
La mort guette en embuscade.
L'art de Murakami, ce sont ces fausses digressions, le quotidien le plus banal, le plus ordinaire, traversé brusquement par la transgression d'un élément, d'un geste, d'une rencontre...
Quant aux jumelles... Les voir traverser ainsi sa vie, nos vies forcément de lecteur, ma vie donc... Les voir ainsi dans la lumière de l'automne... Quel bonheur !
Et puis, il n'y a que Murakami pour dire la passion pour les flippers, pour l'un d'entre eux en particulier, une passion charnelle, presque érotique, dire cette rencontre avec la machine, la bête, dire ce désir de manière touchante et échevelée...
Ces deux récits se parlent forcément, comme deux échos, évoquant l'amitié, la fraternité, jetant une tendresse infinie autour des personnages comme un halo de lumière.
Certes, ils n'ont peut-être pas encore la force tellurique de l'oeuvre qui viendra plus tard, mais ô quelles sont belles déjà les fondations.
Un puits que l'on creuse dans son esprit pour y déverser ces petits riens qui traînent dans nos pas désabusés, et là-haut tout là haut, il y a ces oiseaux par-dessus tout, dans les interstices du ciel...
Écrire pourquoi ? Écrire pour ne pas oublier.
Jamais.
Ces deux récits ont la beauté d'un jour paisible de novembre où une lumière diaphane brille sur toute chose.

Je dis ici un grand merci à ma camarade bretonne qui m'a permis de découvrir ce magnifique livre.

♫ I, I love the colorful clothes she wears
And the way the sunlight plays upon her hair ♬
♫ I hear the sound of a gentle word
On the wind that lifts her perfume through the air ♩ ♩ ♩

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À la lecture des deux premiers romans de Haruki Murakami, édités en français, en un seul volume, trente-sept ans après leur parution au Japon, j'éprouve la sensation d'assister à la naissance de l'écrivain. La préface qu'a écrite Haruki Murakami en juin 2014 m'a fait pénétrer un peu plus son intimité. Dans Écoute le chant du vent ainsi que dans Flipper, 1973, je retrouve, avec plaisir, le Rat personnage dans La course au mouton sauvage et Danse, danse, danse. Que du bonheur lorsque je lis un livre de Haruki Murakami !
Je choisis de ne rien écrire sur ces deux histoires, j'ai exprimé mon ressenti et encourage les lecteurs à découvrir ce grand Écrivain. J'ajoute une impression : la couverture est magnifique
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Lorsque j'ai lu en fin d'année dernière sur le Magazine littéraire auquel ma belle-mère est abonnée que les deux premiers écrits de Haruki Murakami allaient être réédités en ce début d'année 2016, je savais déjà que je me laisserais tenter. Cependant, j'avoue que j'avais un peu d'appréhension car connaissant l'auteur actuellement, je ne savais pas à quoi m'attendre avec ses deux premiers écrits et j'avais extrêmement peur d'être déçue, sachant qu'ils ne ressemblaient en rien à ce qu'il a pu produire par la suite...quoique, on y retrouve quand même une légère dose de mysticisme lorsque le narrateur protagoniste communique avec le flipper qu'il a cherché à retrouver pendant trois années, une célèbre machine à trois leviers qui n'a été produite qu'à un nombre d'exemplaires limité. Mais là, n'est pas l'essentiel de ces deux écrits et encore une fois, je me trouve démunie, ne sachant pas trouver les mots exacts pour décrire ce que j'ai ressenti au cours de la lecture de ces deux écrits. C'est l'histoire de quelques hommes, trois en particulier : notre narrateur, celui que l'on appelle le Rat et enfin de J, le patron d'un club appelé à juste titre le J's Bar. le Rat et notre protagoniste s'y retrouvent souvent afin de boire des bières et de discuter, parlant des choses les plus banales jusqu'à l'envie d'écrire : celle du Rat qui, pour ses romans, ne voudraient ni scènes de sexe ni de mort de ses personnages (en ce sens, je me serais bien entendue avec lui, je pense), destinée qui, en un sens, se mêle étrangement à celle de notre auteur. Première partie dans lequel l'auteur se cherche, racontant les histoires d'amour que son héros a eu avec des femmes tout au long de sa jeune existence, à savoir ses vingt et une premières années, se remémorant par la même occasion sa vie passée. En seconde partie, dans le roman "Flipper", toujours une quête de recherche du passé : notre héros, cette fois-ci, vit avec des jumelles qu'il est incapable de différencier l'une de l'autre mais surtout, dans lequel il va partir à la recherche de ses années d'étudiant en se mettant en essayant de retrouver un vieux flipper qui a marqué sa jeunesse. Pour lui, ce flipper représente en quelque sorte sa "madeleine de Proust" et c'est en cela que les deux écrits sont extrêmement poignants.

A quoi peut-on se raccrocher afin de ne pas oublier ? Je crois que Haruki Murakami nous donne la réponse la plus plausible qui soit à ses yeux, et aux nôtres, mordus de lecture que nous sommes tous ici, à savoir : quel meilleur remède contre l'oubli que celui de l'écriture ? A cela, moi, je ne peux qu'approuver et remercier notre auteur de nous avoir fait rêver encore une fois en nous faisant découvrir son Japon à lui ! A découvrir !
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Ecoute le chant du vent.
Ce récit se déroule du 8 au 26 août 1970. Deux jeunes gens boivent de la bière et partagent leurs idées le temps d'un été. Insouciance estudiantine mêlée d'ennui? le narrateur s'exprime à la première personne, nous faisant parfois part de ses souvenirs comme s'il cherchait un sens à l'existence. Il parle de la vie et de la mort, fait des allusions à la guerre, y ajoute des références littéraires et cinématographiques, ainsi que des réflexions sur l'écriture. Il semble assez soucieux du temps qui passe et du risque d'oubli.
Un certain onirisme se dégage lors de descriptions singulières.
Il s'agit du premier roman de l'auteur, premier volume d'une trilogie. Dans la préface l'auteur explique qu'il considère le 3e volume de cette trilogie (La course au mouton sauvage) comme le début de sa carrière de romancier .

Flipper 1973.
J'ai eu l'impression, au départ, de lire une suite d'associations d'idées comme si le récit s'enchaînait librement au fil de la pensée de l'auteur. Puis l'histoire devient plus liée.
Les personnages apparaissent nettement «flippés», apeurés par leur époque, l'avenir qui semble incertain et sans protection. Toujours ce soucis du temps qui fait son oeuvre et du non-sens de l'existence, ou du moins d'une existence qui tient à peu de choses.
J'ai noté plusieurs éléments qu'on retrouve dans les deux romans et ensuite dans l'écriture de Murakami: une femme aimée morte, un costume vert, le puits, la piscine, le chewing-gum donné aux animaux, des pièces dépouillées.

A travers ces deux romans, on découvre la genèse de l'écriture de Murakami. La préface en est d'ailleurs fort intéressante.
J'ai aimé plonger à sa suite dans une époque spécifique, au milieu des étudiants japonais et de leur quête d'un sens. On sent que le passé à un poids, les différents conflits ont laissés des traces. Cependant l'auteur parvient à nous livrer cela sans pathos, plutôt au moyen d'un certain onirisme touchant parfois au fantastique. le narrateur à la première personne semble nous faire une confession intime, se dévoiler à nous entièrement. Puis se mêlent des passages plus comiques, un peu délirants.
Je crois qu'on aime ou qu'on n'aime pas Murakami mais qu'il ne peut pas nous laisser indifférent. Pour ma part j'accroche entièrement, j'entre dans le récit et n'en ressors qu'à la dernière page. C'est assez inexplicable. C'est l'écriture qui me porte je pense. J'aime ses mots, ses phrases. Même dans les passages les plus délirants, je m'amuse. Alors que chez d'autres auteurs ça peut vite m'agacer.

Une belle lecture, assez émouvante quand je me dis qu'il s'agit vraiment de ses premiers écrits, le début d'une oeuvre.
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Les deux premiers romans de Murakami ont enfin été traduits et édités, nous permettant de découvrir la genèse de la trilogie du Rat en même temps que les premiers écrits de cet auteur.
On y trouve déjà le style, le rythme et les bases de nombre de ses oeuvres ultérieures.
Bien que ces deux courts romans soient les tout premiers, on se trouve en pays de connaissance et l'ambiance est déjà là, le décor déjà planté pour la suite que l'on connaît.
Chacun des lecteurs de Murakami y puisera des références à d'autres oeuvres. Ainsi des nombreuses évocations de puits qui réapparaîtront notamment dans les chroniques de l'oiseau à ressort.
La musique est omniprésente, comme elle l'est dans tout le corpus des romans de Murakami.
On découve aussi avec bonheur une préface de l'auteur ainsi que nombre de ses sources d'inspiration.
Une vraie découverte qui complète utilement la compréhension et l'appréhension de l'oeuvre en même temps que de belles retrouvailles avec un écrivain incomparable.
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Quel bonheur de découvrir enfin les deux premiers textes de Murakami Haruki! Son Kafka sur le rivage m'a "ouvert" les portes de la littérature japonaise en 2006. En en apprenant plus sur l'auteur, au fur et à mesure de mes lectures, je ressentais une frustration à l'idée de ne jamais pouvoir lire Écoute le chant du vent et Pinball, 1973, puisqu'il se refusait à toute réédition.  Certes, son oeuvre prolifique permettait de nombreuses découvertes. Néanmoins, l'envie de lire ses débuts me taraudaient. Ainsi qu'en apprendre plus sur le Rat, et le narrateur bien sûr, qu'on retrouve dans La course au mouton sauvage et Danse, danse, danse.
Et pourtant, il y a maintenant quelques années que la réédition est parue et voilà seulement que je le lis... Ô esprit versatile...

Une fois dit tout ça, quid des romans eux-mêmes? Déjà, le titre du premier, Écoute le chant du vent, est un enchantement par son évocation très poétique. Pinball, 1973, lui, interpelle par sa prosaïque référence au flipper. Mais avec Murakami, il serait bien surprenant qu'on ait affaire à un "simple" récit purement prosaïque.
Dès le premier roman, il m'a semblé que tout Murakami était là. Ou presque. S'il n'a pas complètement l'aboutissement de ses titres ultérieurs, il pose d'emblée un univers particulier. Construit comme une succession d'instantanés, il questionne et aborde des sujets qui seront repris plus tard. Les métaphores et comparaisons singulières émaillent déjà les chapitres.

Un peu plus dense et linéaire, Pinball, 1973 est vraiment dans la continuité d'Écoute le chant du vent. Avec des personnages saisissants comme il sait si bien les créer. Ainsi les jumelles qui vivent avec le narrateur. Et même les protagonistes les plus secondaires, comme le réparateur des tableaux électriques du téléphone, valent la peine d'être appréciés à leur juste valeur. Sous couvert du quotidien d'un jeune homme de vingt-quatre ans, fondateur avec un associé d'une petite entreprise de traduction d'articles de presse ou de publicités, rien n'est vraiment anodin.

Cette sorte de miroitement ténue de la réalité, qui pourrait laisser place très vite à des éléments irréels, c'est ce qui m'a séduit chez Murakami. A l'évidence, après lecture de ses deux premières histoires, cela semble faire partie de son ADN littéraire.
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J'avais envie de découvrir cet auteur japonais, et parmi ses livres, un titre m'a interpellé : « Ecoute le chant du vent », suivi de « Flipper, 1973 ».
En fait, il s'agit de ses deux premiers romans courts, écrits sur sa table de cuisine, et qui lui ont valu un succès immédiat au Japon !
Dans sa préface, H. Murakami explique qu'il a mis environ six mois pour rédiger « Ecoute le chant du vent ». C'était un travail très laborieux pour lui. Il considérait dans un 1er temps que le résultat ne le comblait pas. Il se sentait inexpérimenté, quand il comparaît ses récits à ceux d'autres auteurs.
Mais il devint convaincu que l'on pouvait exprimer des sentiments et des intentions avec un nombre restreint de mots et de tournures. Au fur et à mesure de sa progression, en renonçant à tout ornement superflu, son écriture s'est dotée d'un style souple et naturel, et d'un rythme tout à fait personnel.
C'est en 1979 qu'il écrit « Ecoute le chant du vent ».
C'est l'histoire d'un jeune homme (racontée à la 1re personne par le narrateur), qui est étudiant à l'université de Tokyo.
Il passe ses vacances d'été avec sa famille dans sa ville natale, qui est un petit port où il s'ennuie beaucoup. Il traîne le plus souvent dans un bar, à boire bière sur bière et à manger des frites ! Ses discussions se limitent à deux personnes, qui sont le tenancier du bar, « J. » un immigré chinois, et le « Rat », son ami et alter-ego, avec qui il passe des nuits entières « à refaire le monde » !
Un soir, dans les toilettes du bar, il trouve une fille ivre morte par terre. Il fouille dans son sac, trouve son adresse, ses clefs… la reconduit chez elle. Il lui tient compagnie toute la nuit jusqu'à ce qu'elle se réveille. Il lui assure alors que rien ne s'est passé entre eux. Elle ne veut pas le croire. Malgré tout, plus tard, une relation naît entre eux…
« Ecoute le chant du vent » est écrite sous la forme d'une succession de chapitres courts.
J'avoue qu'au départ, j'étais un peu dérouté à la lecture de cette 1re nouvelle, qui m'apparaissait comme une histoire qui n'avait « ni queue, ni tête », mais petit à petit, je suis rentré dans son univers un peu surréaliste !
Le style et la langue sont très simples, mais jamais simplistes, et Murakami a vraiment une façon unique et personnelle de raconter ses histoires !
La 2e nouvelle, « Flipper, 1973 », apparaît comme le pendant de la 1re nouvelle.
On continue à suivre l'histoire de « J. » et du « Rat ». Dans la 1re partie (intitulée 1969-1973), le narrateur nous parle de sa vie : il a monté avec un ami un bureau de traductions, et il vit avec deux jumelles, qui se sont incrustées dans son petit appartement ! (Elles n'ont pas de noms. Ils les distinguent par le n° représenté sur leurs T-shirts : 208 et 209 !)
Il se remémore quand il jouait sur un vieux modèle particulier de flipper avec son alter-ego, le Rat.
Il avait trouvé une salle de jeux où il était littéralement envoûté par ce flipper, sur lequel il passait des journées entières, au risque même de ne pas assumer son travail au bureau de traductions !
Malheureusement un jour, cet établissement de jeux ferme définitivement. Alors en 1973, le héros, littéralement addict, par en quête de ce fameux modèle de flipper.
Il fait fort heureusement la rencontre d'un professeur d'université qui, lui-même passionné de flippers, l'aidera avec ses connaissances et son réseau de contacts à retrouver ce fameux modèle de flipper !
J'ai apprécié les thèmes qui reviennent souvent dans ces deux récits et les questionnements du narrateur et des personnages. Par exemple : la musique, la littérature, la philosophie, la solitude, la mélancolie, l'incapacité des personnages à exprimer leurs sentiments, le manque de communication, la disparition, la quête, …
J'ai été charmé par son écriture simple et belle, et par sa façon si particulière de raconter ses histoires, avec aussi des clins d'oeil humoristiques.
J'ai maintenant hâte de lire la 3e partie de cette trilogie du Rat, intitulée « La Course au mouton sauvage », que H. Murakami considère dans sa préface, marquer le véritable début de sa carrière de romancier.
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Il était une fois un propriétaire de bar au Japon, grand amateur de jazz, dont les affaires marchaient plus ou moins bien. Un jour d'avril 1978, il eut une illumination : et s'il écrivait un roman ! Peu inspiré, il peina sur sa copie en japonais avant de passer à l'anglais dont sa connaissance loin d'être parfaite lui permit de trouver un rythme et une scansion qui lui convenaient. Il ne lui restait plus qu'à traduire son manuscrit dans sa langue natale. Et c'est ainsi que Haruki Murakami écrivit son premier roman, nuitamment, sur une table de cuisine. C'est ce que raconte l'auteur, près de 30 ans plus tard, dans la préface de ses deux premiers récits : Ecoute le chant du vent et Flipper 73, dont il a enfin autorisé une nouvelle publication et la traduction. A eux deux, ils forment une trilogie avec La course au mouton sauvage sauvage avec lequel les lecteurs français découvrirent Murakami en 1990. Les deux courts romans ont un parfum familier pour ceux qui ont suivi l'écrivain depuis 25 ans. Cette sensation de vide et d'évoluer dans un monde flottant à la lisière du fantastique, elle est bien présente et compense l'intérêt tout relatif des intrigues qui intéressent finalement peu Murakami. Mais le charme volatil de ses ouvrages à venir, bien qu'encore à l'état d'embryon, est bien présent. le personnage du Rat agit comme un contrepoint à celui du narrateur. Dans Ecoute le vent, ce dernier est un étudiant pendant les vacances d'été qu'il passe à écluser force bières avec son ami le Rat. Dans le second, ils sont moins proches, mais la consommation d'alcool n'a pas diminué pour autant. Simplement, le double de Murakami a un travail (traducteur) et il vit avec des jumelles avec lesquelles il dort (mais ne couche pas ?). Un temps, il recherche de façon obsessionnelle un type de flipper qui a disparu et qui symbolise ses plus jeunes années. Et c'est à peu près tout. le temps passe, la vie bégaie et l'on se demande avec l'auteur si elle a vraiment un sens. Quel bonheur de retrouver Murakami encore hésitant et commençant déjà à poser les jalons de ce qui constituera l'essence de son oeuvre future !
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