Ce fut pour moi une bonne surprise que la lecture de ce roman, les romans policiers ou les polars étant loin de mes lectures habituelles.
Ne fricotant jamais avec ce genre là, j'ai apprécié avant tout son efficacité et la rapidité à laquelle on peut le finir.
L'auteur ne s'embarrasse pas de détails superficiels et va à l'essentiel, même s'il prend le temps de poser son intrigue, laquelle évoluera très vite au fil des pages.
Nous suivons donc une enquête sur le meurtre d'une jeune femme, sauvagement violée et assassinée près d'un lac par ce qui semble être un tueur en série à travers la souffrance et le désespoir d'Adam, le mari. Sauf qu'il revit une seconde fois cette horrible journée mais d'une manière un peu différente puisqu'il réussit à sauver sa femme.
Les explications psychologiques vont bon train et semblent faire la joie de l'auteur qui ne lésine pas sur leur quantité.
L'intrigue semble alors se restreindre à la simple résolution du meurtre, les impressions de déjà vu d'Adam étant placée sur la touche par des explications scientifiques plausibles et sans doute même existantes.
Mais là n'est pas le propos de l'auteur. Peut lui importe de savoir si Adam dit vrai ou non, s'il vit et revit cette atroce journée ou non.
En effet, il pose là plusieurs questions dont celle de l'humanité et de la monstruosité, de la souffrance et de tout ce qui va avec, déni, colère, incompréhension et impuissance face à une situation intolérable et ingérable, et enfin celle de l'individualisme.
La question de l'humanité est principalement posée à travers les personnages du tueur, bien entendu, qui soit au passage, est simplement réduit à un nom et un acte, de la psy, dont j'ai oublié le nom, mais qui joue un rôle important, et bien entendu celui du beau père. On pourra trouver en chacun d'eux une part de monstruosité qui interroge.
Le tueur, je ne vous fait pas un dessin, ses actes parlant pour lui. La psy est présentée d'abord comme une soignante, dévouée, prête à tout pour aider Adam, mais bientôt on réalise que ce n'est qu'une façade, quelle que soit la réalité d'Adam... Sa véritable personnalité se révèle et une froideur évidente s'en dégage et l'on se rend compte de son inhumanité dans le fait qu'elle exécute froidement ce pour quoi elle est payée. Enfin le beau père est pour moi le summum du monstre dans le sens où, il est prêt, et il a réussi, à mettre en place un programme, soit disant d'aide, mais qui recèle en réalité un instrument ultime de torture. Donner le choix à un homme entre la mort ou revivre ad vitam eternam la souffrance qu'il a causé, n'est pas spécialement signe d'humanité. D'ailleurs l'auteur ne s'y trompe pas puisqu'il donne largement la parole à ce personnage en fin de roman, alors que le tueur, lui est quasiment inexistant. Quelle est la part du monstre en chacun de nous, quand bien même nous cherchons ou nous sommes convaincu de ne pas en être un?
La question de la souffrance, et du deuil est très présente puisqu'en nous faisant revivre la pire journée de son personnage principal, l'auteur interroge sur la gestion du deuil et de la douleur qui l'accompagne. Adam passe par toutes les phases du deuil
( on réalisera d'ailleurs avec le dénouement qu'il n'a pu le faire puisqu'il s'est donné la mort) mais l'on comprendra qu'en réalité, ce n'est pas lui que cela concerne, ce qui donnera tout son sens au programme.
Enfin la question de l'individualisme m'est apparu en dernier plan avec le personnage du beau père et des révélations le concernant. Jusqu'au dernier moment, nous ne saurons avec certitude s'il agit vraiment pour la communauté, ou bien pour tenter d'assouvir une vengeance qui ne prendra jamais fin. Il serait d'ailleurs intéressant de savoir à quel point la douleur du beau père a déteint sur son gendre. Relire le livre sachant tout cela, nous apporterait sans doute une autre vision, un autre point de vue et des considérations différentes.
Bon tout ça pour dire que mon premier contact avec
Valentin Musso se solde par une bonne découverte. Je réitérerais certainement l'expérience avec lui...