Ne vous fiez pas aux apparences : ce roman semble lisse, réfléchi, calme voire lent et sans aspérité mais ce n'est qu'une manière habile pour l'auteur de faire coïncider le fond et la forme de son intrigue.
Passé le prologue, très vif récit d'une fusillade dans une université parisienne qu'on ne peine pas à identifier comme la Sorbonne, on s'installe dans les environs de Quiberon, chez les Vasseur dont on apprend que lui, François, est en convalescence de son poste de professeur d'histoire médiévale, suite à sa blessure lors de la tuerie. Avec son épouse, Mathilde, galeriste et artiste, il coule des jours paisibles et se reconstruit lentement, dans une belle longère récemment rénovée.
Puis, Ludovic, un jeune homme énigmatique rencontré lors d'une crevaison de pneu, entre dans leur vie, et là…
Le roman est découpé en 3 parties, chacune centrée sur l'un des protagonistes de ce huis clos angoissant. Sous des dehors polissés, contrôlé, se joue une tragédie familiale, intime, qu'on ne voit pas venir (hormis le titre qui, peut-être, peut nous orienter).
Rien de ce que l'on put supposer au fil des événements ne s'avère. L'auteur nous balade, nous laissant croire aux faux-semblants, jouant sur nos propres préjugés sociaux : le pragmatisme bienséant des grands bourgeois intellectuels, la suspicion sur un jeune homme au passé et au présent troubles, le paysan rustre et curieux, le gendarme un peu falot… Cependant, dans cette atmosphère à la Bovary, très classique, tout n'est qu'apparence et ce n'es que trop tard qu'on décèle la/les faille/s, une fois le retour en arrière devenu impossible ? Mais fut-il possible un jour ?
J'aimais déjà les thrillers soignés et élégants de V.
Musso, celui-ci ne fait que confirmer son sens du suspense, son talent à se jouer du lecteur et la maîtrise de la langue, magnifique.
Est-ce que le cosy thriller existe? Si non, il l'a inventé !
Je recommande +++ !