Autres rivages

La critique de Nemorino dit l'essentiel des beautés de cette très originale autobiographie.
Ajouter peut-être un mot sur la source de cette originalité : une construction à partir d'entrées thématiques déroulées dans le temps, comme le portrait de ses deux parents, bien évidemment, mais aussi les Mademoiselle, les précepteurs, ou encore les papillons ou les "squares". Cette construction en spirales permet de voir et de revoir ces éclats sauvegardés du passé. L'effet est proprement captivant.

Un seul défaut, cependant, selon moi, à cette oeuvre magnifique, la langue, pour restituer la richesse et la finesse des sensations, y est particulièrement ouvragée. À la limite de la préciosité par endroits.
Cette forme d'écriture permet au lecteur de se représenter précisément ce qui est évoqué mais certains passages me semblent perdre en clarté du fait d'une trop grande précision lexicale ou syntaxique. Il y a alors comme une couche d'écriture qui voile l'univers évoqué.
Pour donner un exemple : " Quand l'instant d'après, je sortais de cet extase, la flore verdâtre était toujours là, mon bras ballait toujours, mais j'étais à présent étendu sur le bord d'un appontement délabré, et les nénuphars que je touchais étaient réels, et les ombres rondelettes et ondulantes des aulnes feuillus sur l'eau -tâches d'encre apothéosées, amibes de dimensions anormales- palpitaient en cadence, étendant et rétractant de noirs pseudopodes, dont les bords arrondis se brisaient, pendant la contraction, en insaisissables et fluides macules, mais celles-ci se réunissaient à nouveau pour reformer les terminaisons tâtonnantes."
On est très loin de Verlaine faisant surgir en trois vers d'inoubliables reflets dans l'eau, et plus près de "la Littérature". Mais ces excès ne sont pas systématiques, l'ensemble se lit de façon fluide et toute la subtilité des sensations retenues du passé restitue à merveille la personne de l'écrivain.

Ce livre relate l'autobiographie de l'auteur, de son enfance en Russie jusqu'à son exil en Europe après l'arrivée du communisme. Nettement mieux que le Don, on apprend beaucoup de choses sur l'enfance au sein d'une famille aisée eu début du XXième siècle. de plus, on est réellement plongé dans les pensées de l'auteur, son imaginaire et ses passions d'enfance. C'est vraiment à lire pour qui aime la Russie et la littérature !

Son autobiographie pour éviter que d'autres ne s'attaquent à sa biographie. Un pays perdu, celui des russes blancs que Nabokov recréé magnifiquement, pleins de couleurs, de saveurs et de sensualité.

Du Proust !....ou "les kinesthésies de Baudelaire !

Un livre magistral, drôle, profond et émouvant
Avec des fulgurances sur le passé, le souvenir, la période pré-soviétique, sa famille
On sent une culture prodigieuse servie par une désinvolture à la hauteur
Le politiquement correct en prend pour son grade
Cette série de réminiscences du passé est remarquablement écrite