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Peter Gross (Illustrateur)Ryan Kelly (Illustrateur)Ted Naifeh (Illustrateur)
EAN : 9781401205027
160 pages
Vertigo (01/07/2005)
5/5   1 notes
Résumé :
The eighth volume of writer Mike Careys beguiling LUCIFER series continues the saga of the Lightbringer, who now faces a deadly new threat to both his Creation and our own. Fenris, the acme of ruin and destruction, has awoken into Gods absence, and he stalks the World-Tree Yggdrasil where he is destined to end of the world. Only Elaine Belloc, the Archangel Michael and Lucifer stand in his wayand their efforts may only hasten the end of all things. THE WOLF BENEATH ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Exodus (épisodes 42 à 44, et 46 à 49). Il contient les épisodes 45, et 50 à 54, initialement parus en 2004, tous écrits par Mike Carey. Les épisodes 50 à 54 sont dessinés et encrés par Peter Gross et Ryan Kelly. L'épisode 45 est dessiné et encré par Ted Naifeh. Il faut impérativement avoir commencé la lecture de la série par le premier tome Devil in the Gateway ou Lucifer Book one pour comprendre l'intrigue et les relations entre les personnages.

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- Épisode 45 (dessins et encrage de Ted Naifeh) – John Baxter Sewell est un assistant dans un cabinet d'avocats, un boulot terne et sans joie. le soir il est chanteur dans un groupe de post punk, groupe sans gloire et sans succès, qui se fait jeter régulièrement de scène. Un soir il rentre chez lui, où il est attendu par Unagor (un démon). Ce dernier est à la fois en train de s'occuper de Sewell, et à la fois dans une réunion de démons s'interrogeant pour savoir s'il n'y a pas une occasion à saisir en l'absence de Yahweh.

Il est temps pour Peter Gross et Ryan Kelly de faire une pause, et donc pour l'intrigue de faire un petit détour dont Mike Carey a le secret. le démon Unagor va donc prendre plaisir à tourmenter le pauvre John Sewell, en même temps qu'il sert d'hôte pour une réunion entre démons (se servant ainsi de sa capacité d'ubiquité).

Ted Naifeh est un artiste réalisant des histoires à son compte comme Princess Ugg, Polly and the pirates, ou encore Courtney Crumrin. Il réalise des dessins mettant bien en valeur le changement d'attitude et de langage corporel quand Unagor est aux commandes du corps de John Sewell. Il crée des environnements suffisamment étoffés pour que le lecteur puisse situer l'action sans difficulté.

Son détourage des formes présente quelques angles aigus qui participent à montrer la violence des situations. Il insère une forme de dérision discrète qui compense l'horreur de certaines situations, mais qui augmente le côté pathétique de John Sewell, et la dimension facétieuse d'Unagor.

De son côté, Mike Carey profite de cette étape pour développer et étoffer les conséquences de l'existence de démons. Cet intermède remplit la fonction de montrer comment les démons tourmentent les êtres humains. Il montre également un individu en rébellion (plutôt destructive que constructive) qui se laisse entourlouper par son propre mécontentement. de manière tout aussi habile, la réunion de démons permet de compléter une des conséquences du choix de Yahweh, élargissant ainsi le panorama, et montrant comment une autre faction surnaturelle y réagit.

Au final, cet épisode est loin d'être un bouche-trou puisque Mike Carey crée un personnage attachant malgré ses faiblesses, dans une phase de rébellion sans cause (ce qui sert de contrepoint à celle de Lucifer), tout en montrant comment se propagent les conséquences de la décision drastique de Yahweh. 5 étoiles.

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- Épisodes 50 (dessins et encrage de Philip Craig Russell) – C'est un retour aux temps bibliques, alors que Lilith fornique sans façon avec des démons, engendrant ainsi la race des Lillim. 2 anges (Ibriel et Samael) viennent lui rendre visite pour l'informer que la volonté de Dieu est qu'elle mette un terme à cette forme de promiscuité. C'est également l'histoire de la construction de la cité d'argent. C'est également l'histoire de la Chute de Samael.

Alors même que Mike Carey a réussi à émanciper sa série "Lucifer", de celle tutélaire de "Sandman", il continue de lui rendre hommage. Comme Neil Gaiman avec l'épisode 50 de Sandman (intitulé "Ramadan"), il fait appel à Philip Craig Russell pour ce numéro spécial. Là s'arrête la ressemblance. Carey consacre cet épisode 50 à la naissance des relations entre plusieurs personnages centraux de la série, ainsi qu'au départ irrémédiable de Lucifer de la Cité Céleste.

Carey et Craig Russell réalisent un conte d'une grâce exceptionnelle. Ils mêlent la mythologie propre à la série, avec une autre figure mythologique Lilith, issue de la Bible Hébraïque. Mike Carey donne une version assez libre de l'histoire de Lilith qui justifie l'existence des Lilim, communauté apparue au tout début de la série. À l'opposé d'un numéro "Spécial origines" artificiel, Mike Carey écrit un conte de 40 pages qui pourrait se suffire à lui-même, pris hors du contexte de la série Lucifer.

Le lecteur régulier de la série éprouve comme une révélation devant l'histoire des liens qui unissent plusieurs personnages principaux. En effet ils viennent éclairer des comportements implicites, présents depuis le début de la série. Il ne s'agit pas d'une remise en cause, d'une volte-face ou de révélations fracassantes, mais plutôt de découvrir l'histoire personnelle d'individus que le lecteur fréquente depuis déjà 50 épisodes (en comptant la minisérie initiale).

De prime abord, les dessins de de P. Craig Russell peuvent sembler destinés à des enfants, avec de jolis contours, des formes un peu simplifiées que ce soit pour les personnages ou pour les décors. le lecteur observe immédiatement que Lovern Kindzierski effectue un travail de mise en couleurs très sophistiqué. le choix des couleurs renforce cette apparence un peu enfantine, alors que l'usage des nuances donne un peu plus de volume aux formes, et ces 2 facettes restent compatibles entre elles.

D'un point de vue la narration visuelle, l'approche de Craig Russell s'avère des plus judicieuses. Cette apparence un peu inoffensive participe à inscrire le récit dans un temps mythologique, avec des anges aux corps d'éphèbes, mais sans organe sexuel apparent, avec cette femme à la poitrine nue, mais étrangement dépourvue de connotation érotique, avec cette Cité Céleste aux grandes tours élancées (une représentation à la fois naïve, mais aussi iconique).

En outre, l'artiste représente les personnages avec une composante romantique, idéalisant ses sujets, là encore renforçant l'impression de conte, détaché des contingences matérielles du vulgum pecus. Il structure ses pages en adaptant la décomposition en cases à chaque situation passant avec naturel d'une page avec 2 cases, à une en comptant 12. Ces variations lui permettent d'attirer l'attention sur les grands événements (grande case occupant les 2 tiers de la page), comme ceux qui semblent insignifiant tout en étant révélateurs (case minuscule attirant l'attention sur un regard, ou un geste de la main).

Ce cinquantième épisode est une incroyable réussite narrative, où les 2 créateurs invitent le lecteur au spectacle d'un temps mythologique, participant à la fois du récit au long cours de Lucifer, et du mythe des origines. Exceptionnel.

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- Épisodes 51 à 54 (dessins et encrage de Peter Gross et Ryan Kelly) – C'est l'histoire de Charles W. Gilmour qui a arrêté de prendre ses médicaments et qui a assassiné sa femme Sarah et sa petite fille avec un marteau. Il est choisi comme agent facilitateur par Fenris. le départ de Yahweh fait que le Loup se souvient de sa mission. Il est aidé par Abonsam et Bet Jo'gie. Il commence par rendre visite à Bergelmir qui est en compagnie de Jill Presto. de son côté, Destiny (des Endless) a invité à sa table Lucifer, l'archange Michael et Elaine Belloc.

Décidément, Mike Carey est un auteur des plus rigoureux. Après avoir développé le personnage de Lucifer, ses motivations et sa situation, il aurait pu se distancier toujours plus de la série mère "Sandman", pour mener sa barque à sa guise. En fait après avoir prouvé dans la durée que qu'il ne piochait pas dans l'héritage de Neil Gaiman pour alimenter une série anémique, il prouve que son intrigue principale est cohérente avec l'univers partagé de Sandman. C'est la raison pour laquelle le lecteur voit débarquer Fenris (Loki et Thor avaient joué un rôle significatif lorsque Morpheus récupérait la clef des enfers).

Alors que Lucifer semblait réussir à se sortir de toutes les situations en les retournant à son avantage, voilà qu'il ne maîtrise plus rien. Non content de surprendre à nouveau le lecteur par une dynamique différente dans son récit, Mike Carey n'hésite pas à faire 2 ou 3 révélations (en particulier sur la grossesse de Jill Presto), à intégrer l'apparition de 2 Endless, et à expliquer la perte de mémoire de Fenris avec un dispositif qui participe à la fois du conte et de la mythologie, très réussi.

Utiliser des éléments de l'héritage de Neil Gaiman sur Sandman n'a rien d'évident. Il ne s'agit pas de juste faire apparaître un Endless dans une scène pour cautionner un élément du scénario. En choisissant de donner un rôle à Destiny, Carey n'a pas choisi la facilité car il doit écrire les dialogues d'un personnage qui connaît déjà le futur, sans pouvoir le changer. L'habileté avec laquelle l'auteur met en scène ce paradoxe prouve, si besoin était encore, que Mike Carey est un auteur d'exception.

Ces épisodes marquent aussi le retour de l'équipe artistique habituelle : Peter Gross & Ryan Kelly. Dès la première séquence, le lecteur note une évolution dans la manière qu'ils ont de représenter les scènes de violence. Kelly a légèrement modifié son encrage pour le rendre un peu plus tranchant, apportant le degré voulu de danger dans ces représentations. Lorsque le lecteur contemple Fenris dans sa forme humaine, il constate la nature violente et agressive de cette créature.

Au fil des diverses séquences, le lecteur apprécie la capacité de ces artistes à tout dessiner avec le même degré de crédibilité, et pourtant le scénario se montre très exigeant. le lecteur peut frémir devant un cadavre cloué sur une table par une épée passée au travers de son corps, devant la force brutale de Fenris dans une cuisine tout équipée, devant les cadavres de gardiens de prison, devant un geyser de feu jaillissant de la plus haute tour de la Cité d'Argent.

Il peut également apprécier l'aspect prosaïque d'un prétoire, d'un jeu avec toboggan dans un jardin pour enfant (d'une exactitude impressionnante), ou encore d'une chambre d'enfant. Il peut regarder les détails du mobilier dans la salle à manger de Destiny, les pétales de rose dans un jardin, l'architecture de la villa louée par Jill Presto. Il peut s'émerveiller devant un petit geste anodin qui en dit long, comme Jill Presto étendant sa main artificielle.

Il s'agit à nouveau d'un tome exceptionnel de cette excellente série. Mike Carey fait preuve de versatilité (le conte de l'épisode 50), d'une rare intelligence lui permettant d'utiliser les personnages de Neil Gaiman de manière respectueuse et pertinente, d'une grande culture lui permettant d'utiliser la Bible sans bafouer bêtement la religion, ni en être le serviteur. P. Craig Russell réalise une prestation de toute beauté et d'une grande subtilité dans l'épisode 50. Peter Gross & Ryan Kelly sont toujours aussi efficaces et discrets dans leur narration visuelle. Indispensable.
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Vidéo de Mike Carey
À l'occasion du festival Hypermondes qui s'est déroulé à Mérignac les 23 et 24 Septembre 2023, Mike Carey vous présente son ouvrage "La cité de soie et d'acier" aux éditions l'Attalante.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2931774/mike-carey-la-cite-de-soie-et-d-acier
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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