« le nombre de bombes qui ont explosé dans mon pays l'emporte sur celui des étoiles du ciel ou des grains de sable du désert. »
Hier, mon beau pays émerveillait avec son ciel tel un océan suspendu, ses hautes montagnes qui dépassent les nuages, ses rivières rugissantes… Aujourd'hui…
Hier, une personne sur dix au moins était ingénieur, médecin ou poète. Aujourd'hui,…
Hier, mon pays était célèbre pour ses fruits, ses tapis son azur et ses nombreux trésors.
Aujourd'hui, il est célèbre pour son opium, son cannabis…
Aujourd'hui, les jeunes qui ont des talents et des projets pour sauver leur pays sont obligés de quitter leur maison, leur famille, leur amour… et de suivre le chemin de l'exil au risque de leur vie.
« La descente aux enfers de mon pays est comme une blessure dans ma poitrine qui m'accompagnera jusqu'à la mort. »
En 2013,
Mahmud Nasimi fuit la guerre en Afghanistan, laissant derrière lui un pays en guerre, son pays, sa famille et ses amis. »
Turquie, Grèce, Macédoine, Serbie, Bulgarie, Hongrie, Autriche, Belgique…
Arrivé à Paris en 2017, il a dû affronter à nouveau la vie de « réfugié », les nuits dans la rue, la solitude, le désespoir.
Il ne parlait pas le français, ou si peu, et un jour ses pas l'ont porté au cimetière du Père Lachaise. Là, « il a fait connaissance avec un glorieux peuple de l'ombre », il s'est fait des amis,
Balzac,
Proust,
Eluard… Il a feuilleté leurs romans, leurs
poèmes, en a recopié des phrases, en a appris d'autres par coeur.
« Je n'ai qu'une seule langue, ce n'est pas la mienne. »
La langue maternelle, comme le lait maternel, nourrit ce qui demeure dans l'inaccessible silence de l'âme. Mahmud écrit avoir perdu « jusqu'à la dernière goutte de lait que j'ai reçu de ma mère » lors du voyage infernal qu'il a fait pour arriver jusqu'en France. Comme tant d'autres, il est passé par les camps, les prisons avec leurs barbelés, les tempêtes en Méditerranée, les humiliations lors de tous les contrôles… rien de tout cela dans ce livre.
Nul ne peut l'aider. Mahmud écrit à partir de l'autre rive, en français. (Préface de Ayyam Sureau)
L'auteur a bâti ce récit où s'entremêlent bonheur et douleur, où il évoque les meurtrissures d'une vie, ses rêves et ses espoirs, dans une langue poétique aux images venues d'ailleurs.
C'est ce merveilleux texte que je tiens à vous faire découvrir.
Un bel hymne à la langue française !
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