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EAN : 9782903639921
269 pages
École nationale supérieure des beaux-arts (01/07/1992)
5/5   1 notes
Résumé :
Personne n'a "raconté" Lautrec, gnome au génie démesuré, aussi fidèlement que Thadée Natanson. "Un Henri de Toulouse-Lautrec" exprime, avec la chaleur d'une admiration profonde, ce que fut son ami. Lautrec ressuscite, sa drôlerie, ses colères, son zézaiement, ses éclats de rire, son désespoir. Thadée l'a saisi à vif d'un bout à l'autre, des premiers dessins, des premières estampes à la très grande toile, "L'Amiral", qu'à Malromé avant de mourir il ne put achever.
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Seul, Thadée Natanson, avec sa plume ciselée, son humour, sa culture, la relation intime entretenue avec le peintre, pouvait ainsi croquer Toulouse-Lautrec. Découpé en une trentaine de courts chapitres illustrés de dessins, ce livre d'écrivain, se présente plus comme un essai amical et littéraire sur l'homme Toulouse-Lautrec qu'une véritable biographie.

Henri de Toulouse-Lautrec venait régulièrement faire de long séjour au « Relais » chez Thadée et sa femme Misia, la reine de Paris. Ce nabot génial se plaisait chez ce couple qui l'admirait profondément. Ses nombreux amis, célébrités du monde artistique et littéraire, habitués de la « Revue blanche » dirigée par Thadée, l'adoraient et le subissaient. « Quelques-uns de tous ceux-là savaient que Lautrec eût donné tous ses dons et son nom pour n'être qu'un cavalier hardi, maîtrisant un cheval entre ses cuisses, les cuisses qu'il avait, enfant, brisées l'une après l'autre… » Une maladie des os et des chutes de cheval l'avaient laissé estropié. de plus, il zézayait avec un accent languedocien.

À Paris, la fête est le domaine de prédilection de Lautrec. Il s'amuse à secouer des cocktails avec ses amis et boire toute la journée. Les boissons mettront peu d'années à le dévorer. L'alcool le faisait hoqueter de rire. Mais il ne peignait jamais ivre. Uniquement après son travail. « Non, je vous assure, chère madame, que j'bois sans danger… j'suis si près de la terre, hein ? »

Les bordels rendent le petit homme heureux. Il aime l'intimité familiale et les repas pris en commun avec ses modèles qui l'appellent « Monsieur Henri ». Elles le dorlotent et aiment sa gentillesse, son rire et ses puérilités.
« … Bordel… ben quoi bordel ? T'est (c'est) des maisons du bord de l'eau… Il y faut tellement d'eau, hein ? Tek-nik des ablutions. » Il utilise sans cesse le mot « technique » pour terminer ses phrases avec son accent provincial inimitable.

Lautrec jouit du théâtre par tous ses sens, tout comme l'opéra, les beuglants, les vélodromes, les salles de spectacle, tous les sports malgré sa difformité. le cirque l'intéresse tout particulièrement : clowns, écuyères, acrobates, danseuses sur fil de fer. Il y trouve tous les motifs et modèles, dont ses amis clowns Footit et Chocolat.
Au Moulin Rouge, au Jardin de Paris, Lautrec se plante au premier rang du cercle entourant les chahuteuses et garde son lorgnon à hauteur des dessous de lingerie qu'elles agitent. Il se repait des danseuses : Grille d'Égout, la Goulue, Demi-Siphon, Jeanne Avril… « Une danseuse, énonce Lautrec, ses muscles… au Moulin, ils n'arrivent à les durcir qu'à force de travail… C'est pus des femmes. C'est pus des jambes qu'elles ont. Les jambes, les cuisses ont pris tout le dur… C'est des animaux de luxe, quoi ?... Hors commerce… Tek-nik de l'entraînement… "

Il reste une profusion d'estampes ou de tableaux des modèles de femmes dont il s'éprenait. Il s'est trouvé des femmes que la misère de son corps et son appétit jamais rassasié de tendresse attendrissait, mais aucune jusqu'à la fin n'eut le courage de s'éprendre du petit homme, où la charité de lui faire vraiment croire. « le corps des femmes, explique-t-il, un beau corps de femme voyez-vous… c'est pas fait pour l'amour… c'est trop chouette, hein ? " Il avait besoin de leurs câlineries mais aussi de leurs larmes, pour les essuyer. « Henri, vous êtes un enjôleur » arrive à prononcer, parmi ses soupirs, une grosse tête blonde que font tressauter ses sanglots.

Lautrec rencontre Vincent van Gogh à l'atelier Cormon. Celui-ci ne souriait jamais des proportions de son camarade. Il fait un beau portrait au pastel de son ami attablé devant un verre d'absinthe. Van Gogh lui présente l'exemple de ce qu'un homme peut oser en ayant la volonté de n'exprimer que soi. Lautrec pouvait-il savoir qu'ils mourraient tous les deux à 37 ans ?
Au cours des années 1890, avec près de 400 lithographies, Lautrec va marquer de sa griffe l'histoire de l'affiche : « Jeanne Avril », « La Goulue et Valentin le Désossé », la « Troupe de Mademoiselle Églantine », « Aristide Bruant », « le Moulin-Rouge ». Il sait tirer une image unique qui en immortalisera l'instant. En 1895, la danseuse « La Goulue » se retire du « Moulin Rouge » pour s'installer dans une baraque à la Foire du Trône à Paris et demande à son ami Lautrec de la décorer. Deux panneaux, que l'on peut voir au musée d'Orsay aujourd'hui, le consacrent comme maître de l'affiche peinte sur panneaux.

Une attaque de paralysie terrasse Lautrec au coeur de l'été 1901. Sa « pauv'sainte femme de mère » accourt et l'emmène chez elle, au château de Malromé. Ses yeux fatigués qui l'ont si ardemment fait vivre ne se donnent plus la peine de regarder. Lautrec que ses désirs asservissaient, n'en éprouve plus. Aucun !
Tout enfant, il joua au pied de la magnifique cathédrale d'Albi, proche de la maison familiale, formidable cube de briques rouges ou roses, au gré du soleil, sans savoir que, plus tard, son musée s'y installerait dans l'ancien palais épiscopal.

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
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" En amour… c’est comme à la fête de Neuilly… le plus bête peut gagner… essayez votre chance, y en a qui aiment mieux perdre… ceux qui n’aime pas les macarons… y en a qui font leur Sophie ; i’s attendent toujours le gros lot… Mais l’gros lot tient !... Les plus mal foutus, j’vous dis, une heure arrive où leurs Fontanges les laissera faire… les plus mal foutus essayez votre chance », et il reniflait.

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Sitôt que la frénésie de l’orchestre les emporte, elles lancent au-dessus de Lautrec, lancent en l’air tous leurs dessous, soies, rubans, toiles et dentelles et leurs pieds dans des bottines. Ces bottines, elles savent les lever au-dessus de la tête de leurs danseurs, voire d’un spectateur pour son embarras plus que son émerveillement, tandis qu’il disparaît presque dans le flot de lingerie, qu’un talon danse au-dessus de son chapeau, d’un geste encore plus libre, va jusqu’à le décoiffer. Ce ne sont que bas, que cuisses, dentelles, jupes et jupons qui s’affrontent, se mêlent, parfois se déchirent, reviennent dans un assaut de vagues que les cuivres précipitent en tempête.

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Qu’il s’agisse de la cour faite à une danseuse, d’un mariage qui se manigançait savamment ou d’un volume qui allait paraître ou enfin de la mise en toile d’une de ses peintures, Lautrec clignait de l’œil et, éloignant en les allongeant les doigts de ses mains vastes, prononçait mystérieusement, mais avec conviction et tout de son accent :
« … Travail d’approche ! »

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Deux dîneuses, à une table voisine, caressent chacune un chien différent. L'une vante et gave un loulou de Poméranie. L'autre fait valoir un bouledogue noir dont elle raffole. Celle-ci, voyant Lautrec s'intéresser à leur contestation, le prend à témoin :
— N'est-ce pas, monsieur, qu'on peut être très laid et avoir beaucoup de race ?
— À qui le dites-vous ? répond Lautrec le plus poliment du monde en la regardant par-dessous son lorgnon.

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Des femmes, Lautrec savoure les roueries, les câlineries, les élans et les défenses, mais peut-être, le plus, les larmes. Il a une prédilection pour ce qu’il imagine que les plus naïves peuvent receler. Il ne s’écarte que de celles qui raisonnent et a horreur des bas bleus.
« Les femmes savantes… rreur de ça !... »

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