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3,63

sur 265 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Fut une époque où tout le monde ou presque avait lu ce charmant petit livre plein de nostalgie. Aujourd'hui, bien qu'un peu passé de mode, il reste largement connu et étudié. Nerval y exprime toute sa douceur, sa nostalgie, ses regrets tardifs. Un soir, au sortir d'un théâtre, dans le tumulte et le bruit de Paris, une envie irrépressible le prend de revoir le pays de son enfance. Sur le champ il se met en route, quitte à voyager toute la nuit… Là-bas l'attendent Sylvie, son amie d'enfance, et également le souvenir d'Adrienne, son premier amour.

Nerval chante la beauté des campagnes, ignorant l'industrialisation naissante. Dans ses vieilles forêts moussues, ses paisibles villages, tout est beau, aimable et paisible. Et cependant il n'y est pas véritablement heureux. Il sent ce monde disparaître lentement, il se remémore son enfance, et il voit que tout change et vieillit autours de lui – sauf son âme.

Il est indiciblement lié à ces lieux. Son coeur est ici. Son amour pour lui se confond avec sa passion – romancée – pour Adrienne, et son attirance – réelle – pour Sylvie, avec qui il aurait pu couler des jours heureux, s'il avait pu comprendre à temps ses propres sentiments. C'est pour cela, peut-être, que le fait de les avoir perdues l'une comme l'autre ne lui pèse pas temps. Il les englobe dans son amour d'enfant pour ce pays qu'il est en train de perdre lui aussi, mais lentement, bribe par bribe.

Il est dur d'aimer passionnément un endroit loin duquel on est contraint de vivre. A chaque retour se mélange la joie de retrouver les lieux, et la tristesse de voir ses souvenirs d'enfants s'y diluer, ses paysages changer, ses villages mourir, les gens qu'on y a connu disparaître... Nerval, du haut de son immense culture et de son raffinement, ne peut dépasser cette nostalgie, et reste piégé dans ses souvenirs. Malheur à celui qui a trop aimé le pays de son enfance...
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Gérard de Nerval a choisi le doux prénom de "Sylvie" pour intituler sa nouvelle parue dans la Revue des deux mondes en 1853. Elle sera ajoutée au recueil Les filles du feu en 1854.
Sylvie est une jeune campagnarde que le narrateur a connue dans son enfance et dont il était amoureux, éblouit par sa vivacité et sa fraîcheur. C'était l'époque du pays de Valois où Gérard de Nerval a été élevé par sa nourrice. Parce qu'il est certain que cette nouvelle est autobiographique.
C'est pourtant la belle Adrienne qu'il va embrasser avant qu'elle ne retourne au couvent où elle est pensionnaire. Cette absence lui laissera des souvenirs fantasmés.
Plus tard, c'est le même souvenir de l'amour idéalisé et sans espoir qu'il vivra avec Aurélie, actrice de théâtre. Cela le ramènera vers Sylvie, bien réelle, qu'il va vouloir épouser alors qu'elle en a choisi un autre.
J'ai adoré le style poétique de cette nouvelle qui exprime le désenchantement d'un homme incapable de nouer une relation durable avec une femme, préférant toujours rejoindre ses chimères.
La belle écriture de Gérard de Nerval le classe inévitablement dans les grands romantiques français.


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Avec le poème « El Desdichado », Sylvie est sans doute le texte le plus délicat du tourmenté Gérard de Nerval. C'est une rêverie poétique en prose, un voyage entre le présent de Paris et la province idéalisée par les souvenirs. C'est aussi et surtout, avant Zweig, la confusion des sentiments d'un narrateur fragile, écho d'un auteur en proie à la folie, achevant sa vie par le suicide.
« En me retraçant ces détails, j'en suis à me demander s'ils sont réels, ou bien si je les ai rêvés », songe le narrateur, phrase reprise longtemps après par Umberto Eco en introduction du Nom de la Rose. Car Sylvie est un récit toujours sur la brèche : réalité ou rêve ?
« Telles sont les chimères qui charment et égarent au matin de la vie. »
Mais le temps, lui, ne fige rien ; il accomplit ses transformations sans souci de la mélancolie humaine qu'il provoque par sa course. le passé est spectacle que l'on peut se rejouer tant que l'on voudra, lorsque l'on quitte la scène il faut se rendre à l'évidence : « Que tout cela est solitaire et triste ! » le regard enchanté de Sylvie, ses courses folles, ses cris joyeux, donnaient autrefois tant de charme aux lieux que je viens de parcourir ! »
Il me faut donc remercier le professeur de Lettres modernes Jean-Nicolas Illouz pour m'avoir fait rencontrer cette « fée des légendes éternellement jeune » que Sylvie demeure à jamais.
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Sylvie fait déjà partie de mes nouvelles préférées. L'histoire est simple (un amour perdu pour le prix de deux), mais la plume De Nerval est agréable, belle et poétique. J'ai vraiment eu l'impression de lire de la poésie tant les mots étaient bien choisis sans pour autant être pompeux ou recherchés. Elle représente très bien la vie ancienne de Sylvie, celle qu'elle avait quand Nerval a connu Adrienne. Ça se lit comme un conte plus que comme une nouvelle fantastique angoissant. C'est doux et simple mais le temporalité est tellement diffuse qu'on ne sait plus où donner de la tête. Même avec la fin de la nouvelle, on en est à se demander si ce n'est pas celle du monde altéré. Est-ce que nous sommes bien dans le même monde au premier et au dernier chapitres ? Ou bien est-ce que le premier et dernier chapitre sont du même monde mais pas ceux au milieu. Nerval ne dit à aucun moment qu'il se réveille. On l'a laissé en chapitre 2 dans un demi-sommeil.
Lien : http://biblio.anassete.org/?..
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C'est la première fois que je lis De Nerval et je dois dire que j'aime beaucoup. Ce livre en particulier est un fil de réminiscence de l'auteur lui même et le livre est débordant de culture littéraire. Je l'ai trouvé très intéressant et je pense le choisir pour mon article, avec un focus sur cette mélancolie digne du romantisme et ces réminiscences si riches.
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La grâce, tout simplement.
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J'ai dû découvrir Sylvie, faisant sa rencontre à travers des extraits, très jeune. En effet, un passage du chapitre 2 et un autre du chapitre 6 se trouvant dans le Lagarde et Michard du XIXème, que j'aimais à feuilleter et où j'aimais à piocher des extraits. Ces deux passages de Sylvie faisaient partie depuis longtemps de mes textes préférés, pour autant, je ne l'avais pas encore lu. Je ne sais pas pourquoi. Toujours est-il que forte du souvenir de ces passages, je partais avec bon nombre d'a priori positifs. D'autant plus que la lecture d'Aurélia, il y a quelques mois, m'a émerveillée au plus haut point. Et Sylvie a tenu ses promesses. Bien plus encore puisqu'un inédit dans les histoires de mes lectures s'est produit avec ce texte : à peine fini, je voulais déjà le relire. Jusque-là… La tentation m'avait déjà effleurée face à d'autres textes et si Nerval y avait échappé avec Aurélia, c'était pour des raisons pratiques. Si l'idée m'avait déjà traversé l'esprit, je ne l'avais donc jamais fait. Mais, là… Une journée après l'avoir fini, j'ai rouvert le livre, pour le dévorer. Et j'étais prête à récidiver ! Des relectures en perspective donc.
On pourrait qualifier cette nouvelle d'histoire d'amour, ou plutôt, d'histoire d'amours. Ceux-ci se croisent et s'entremêlent, tout comme les souvenirs, les rêves et la réalité. Car, comme le disent les résumés, souvenirs, rêves et réalité se mêlent, je dirais même qu'ils se fondent, jusqu'à se confondre, jusqu'à ce que les limites les séparant ne soient plus véritablement perceptibles.
« le rêve est une seconde vie » écrira Nerval dans Aurélia. Mais, cette phrase pourrait également s'appliquer au texte de Sylvie ou pour le narrateur, le rêve est effectivement une seconde vie. le rêve… Un thème au coeur de ce texte à l'atmosphère onirique. le rêve se propage d'ailleurs jusqu'au lecteur et l'y transporte. A cette atmosphère s'ajoute un goût nostalgique, la nostalgie de l'enfance, de la première jeunesse, des traditions provinciales se perdant, aux yeux de l'auteur. Celui-ci chante d'ailleurs le charme de la province et des fêtes traditionnelles, telle la fête patronale de Loisy qui est décrite plusieurs fois au cours du récit.
On retrouve également, dans les nombreuses descriptions des éléments tirés des temps passés (même pour Nerval) : ici un château, ici un temple, ici une horloge, ici des habits,…
Les descriptions dressent le paysage du Valois avec ses forêts et ses étangs (ou autres étendues d'eau). Un cadre magnifique. Et ses bâtiments, notamment ses châteaux et ses temples. Des édifices anciens, porteur d'une Histoire que leurs pierres racontent. L'Antiquité, la Renaissance font partie des époques évoquées à travers bâtiments, meubles et éléments de décoration. Entre eau, nature et temps anciens (dont l'Antiquité), c'est un décor Romantique qui est donc planté.
Le style de Gérard de Nerval ! Une des raisons principales pour lesquelles j'ai autant apprécié cette nouvelle. Un langage qui m'a paru plutôt soutenu, sans être alambiqué et qui reste donc facile à comprendre. Un style qui, à mes oreilles, a sa musicalité propre, son harmonie propre. Même dans cette nouvelle, qui est un texte en prose, je trouve que le style De Nerval reste poétique. Ce qui contribue à la beauté de ce texte.
L'autre élément qui m'a interpellée à la lecture, et contribue pour moi à sa richesse, c'est tout son réseau d'échos. Avec d'autres textes d'autres auteurs, certes, tels le Paradis de Dante, mais aussi, avec les textes de l'auteur lui-même. Ainsi retrouve-t-on de nombreux éléments du poème « Fantaisie » dans Sylvie. de l'air, qui est celui chanté par Adrienne, au château, en passant par Adrienne ou Aurélie qui pourraient être « la dame à sa haute fenêtre », à moins que cela ne soit celle de la chanson d'Adrienne… Aurélie justement… reviendra dans Aurélia. Et puis, les paysages du poème « El desdichado » sont les mêmes que ceux de Sylvie… Et l'on pourrait continuer ainsi.
Vous l'aurez compris, j'ai particulièrement aimé ce texte qui est un "coup de coeur" et compte désormais parmi mes préférés.
Lien : http://luniversdunratdebibli..
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Selon mon impression Nerval était un nostaligue. Il sublimait le passé.
Le texte de sylvie est écrit dans une prose poétique, et le narrateur est saisie comme tout heros romantique, par la passion et l'émotion débordante. Il semble amplifier la réalité, par le prisme de sa mémoire : Les paysage décrits abondent de couleurs, toute comme la campagne d'Ermenonville et de senlis et la passion pour Sylvie...

Les romantiques étaient des personnes enclins à ce genre d'émois, mais ici, le texte est complétement tourné vers le passé et en cela je trouve que ça lui confère un interêt particulier. J'ai ressentie dans ce texte que Nerval livre ici la vision d'une réalité, mais filtrée par le prisme de la mémoire.

Comme c'est fort bien écrit, on partage la sensation que ce souvenir fictif est tres beau, trop fort, si parfait qu'il ne peut se transformer qu'en une douloureuse nostalgie : C'est d'une beauté perdue qu'il s'agit, et cette beauté ( l'instant de vie passé) n'existe que dans la forme du souvenir et du regret, une beauté insaisissable car jamais vécu au présent, mais pourtant ressentit dans une sensation bien réelle et immédiate.
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Découvrir par hasard la nouvelle "Sylvie" de Gérard de Nerval a été une véritable révélation pour moi en tant que lecteur peu familier avec les écrivains romantiques. Dès les premières lignes, j'ai été captivé par le style et la musicalité de l'écriture de Nerval. Chaque phrase semblait être un poème en soi, créant une atmosphère envoûtante qui m'a transporté dans l'univers nostalgique et mélancolique du narrateur.

Ce personnage, vivant dans le passé et se perdant dans ses souvenirs, m'a profondément touché. On ressent de la "pitié" pour cet être en proie à ses émotions et à ses souvenirs, au point de négliger la réalité qui l'entoure. Gérard de Nerval parvient avec brio à exprimer cette dualité entre la beauté des souvenirs et la tristesse de ne pas pouvoir vivre pleinement dans le présent.

Au-delà de l'histoire elle-même, "Sylvie" évoque la puissance du temps et des souvenirs dans nos vies. L'auteur nous invite à réfléchir sur la manière dont nos expériences passées influencent notre perception du présent et notre capacité à saisir le bonheur. La nouvelle résonne avec une pertinence intemporelle, nous rappelant que nous pouvons tous être en quête de sens et d'émotions dans le dédale de nos souvenirs, et ce que cela peut provoquer de trop vivre dans le passé.

"Sylvie" est finalement une oeuvre qui va bien au-delà de son époque et de son genre littéraire et qui est moins "poussiéreuse" que je ne l'avais imaginé. Elle nous plonge dans un monde de sensations et de réflexions où la musicalité des mots se mêle à la profondeur des émotions. Gérard de Nerval nous invite à contempler notre propre rapport au temps, aux souvenirs et à la vie, tout en nous laissant emportés par la mélodie envoûtante de son récit."
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Par cet ouvrage on pénètre dans le royaume du rêve et de l'enfance, par la plume d'un styliste d'exception, qui nous transporte dans ses amourettes de jeunesse ou bien dans ses rêves, sans que l'on puisse distinguer nettement la réalité du phantasme, les contes et légendes de la campagne du passé énigmatique du personnage principal.
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