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4,16

sur 1054 notes
Une disparition.
Colin Niel plante son histoire dans un village de vallée où se pratique aisément la propagation de ragots, à l'exact opposé du partage d'infos clés.
Du coup, c'est in petto que les narrateurs successifs témoignent de ce qu'ils savent de cette disparition. Des bouts d'infos qui permettraient aux gendarmes de boucler les recherches très vite, mais le lecteur sera seul à reconstituer le puzzle. En prime, il y verra des portraits réjouissants malgré les vies navrantes des protagonistes. Isolement ou solitude. Misère sexuelle, affective ou financière. Bienvenue du côté sombre de la paysannerie.
Ce qu'il y a de réjouissant, c'est le réalisme. Ça n'en manque pas. Ajoutez à ça un léger humour ironique et des légères courbes surprenantes au cours de l'histoire, vous avez un roman noir parfait.
Du lourd.
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Le polar n'est pas mon genre de prédilection. Je crains trop l'intrigue entretenue artificiellement sur des centaines de pages et dévoilée dans les dernières lignes. Aussi, ce sont bien les critiques favorables sur Babelio qui m'ont incité à faire l'acquisition de Seules les bêtes de Colin Niel. Un polar régional dont l'horizon s'élargit au fil des chapitres. Mais il ne faut pas trop en dire, sur l'intrigue. C'est d'ailleurs la difficulté de parler d'un polar. Il faut rester sur des questions.

Et au final, ce polar dont le titre est somme toute assez loin de son sujet, je vais le gratifier de cinq étoiles. Il est de ceux qui pourraient me réconcilier avec le genre. C'est un ouvrage qui respire l'authenticité. A la fois tant pour traduire la nature des sentiments humains, que pour sa faculté à restituer le vocabulaire et le phrasé de milieux très différents dans lesquels se développe son intrigue. Ça sent le vécu.

C'est un roman à plusieurs voix, très moderne. Les mêmes faits relatés par les différentes personnes qui les vivent ne sont plus les mêmes. Voilà donc un auteur qui sait se glisser non seulement dans une culture locale dont il n'est pas issu, mais aussi dans la peau de personnages très différents. Mais n'est-il pas vrai qu'il n'y a sur terre que des personnages différents.

La construction est réussie. Le lecteur, qui devient toujours détective dans le genre, se laisse tenter par les évidences. Une affaire passionnelle banale ? Mais non. C'est au final assez simple, certes, mais pas banal. Parce que la vie des gens est le plus souvent comme ça. Il y a les apparences, ce qui se dit et ce que le mutisme recèle. C'est le plus important. La clé de tout.

Voilà surtout un ouvrage qui sait mettre en mots le mal être de personnes en butte aux maux de leur temps. La solitude, la pauvreté. Dans lesquelles il faut souvent chercher l'origine des méfaits qui sont commis. Ça n'excuse pas, ça ne justifie pas non plus. Ça explique.

Très bon polar. Original et passionnant.

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C'est bien le moins que Colin Niel ait décroché le prix Landerneau du Polar avec cet excellent thriller. Il est légitime d'en saluer l'insolite, le montage narratif impeccable et le réalisme brutal de la condition humaine.

Une assistance sociale, un éleveur dépressif, une jeune «babacool», un cyber-menteur africain, un paysan amoureux : Cinq personnages se retrouvent concernés de près ou de loin (et même de très loin) par une histoire de disparition et de meurtre dans le Massif Central.
Chacun donne sa version, comme en interrogatoire, avec le langage qui lui est propre et les récits, très imagés, s'enchaînent et se complètent avec une redoutable efficacité.

Le contexte rupestre prend aux tripes, dans la froidure extrême de l'hiver cotonneux de neige et l'isolement des fermes où les rancunes ancestrales perdurent. Et l'auteur sait soudain nous prendre à contre-pied, nous extirpant de la violence des Causses pour un pays de couleurs et de touffeur, où la misère humaine est encore plus prégnante.

Les supputations et Interprétations erronées de chacun tissent peu à peu une vérité autour d'histoires d'amour, de désir et de frustration, construite sur la folie de la solitude, la crédulité et la désespérance du monde rural.

Bluffée, je suis!
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Le 19 janvier, Evelyne Ducat disparaît dans les Causses, en pleine région agricole. Au bas du chemin qui y mène, les gendarmes retrouvent sa voiture abandonnée.

Qu'a-t-il pu lui arriver ?
Que savent exactement les habitants du cru ?

Alice par exemple, l'assistante sociale qui s'intéresse aux éleveurs en détresse... et pour l'un d'entre eux, de très près.

Joseph, l'éleveur de chèvres, qui semble cacher des choses depuis quelques temps.

Michel, le mari d'Alice, bourru mais pas dupe et qui lui aussi adopte un comportement étrange depuis peu...

Ils détiennent manifestement tous une part de la vérité.

A mon avis :
5 protagonistes dont le récit personnel forme les 5 chapitres de ce livre. Chacun y donne sa version de l'histoire, de son point de vue, pour la faire avancer et nous la faire comprendre. Au fil du récit on découvre des détails connus du narrateur mais pas des autres, ce qui permet de révéler progressivement l'intrigue et qui maintient le lecteur dans un certain suspense.

Un récit ingénieux, bien maîtrisé, qui nous emmène des Causses (en Lozère) à l'Afrique de façon assez inattendue.

Plusieurs aspects ont retenu mon intérêt : le registre littéraire qui change en fonction du personnage qui s'exprime, très bien adapté et sans caricature, ainsi que la description parfaite du milieu agricole, avec sa rusticité et la solitude des éleveurs, tout comme, dans un tout autre environnement, celle du village et du mode de vie à l'africaine.

J'émettrais un petit bémol sur l'improbabilité du lien entre quasiment tous les personnages (difficile d'en dire plus sans dévoiler une partie du récit...) et de la fin qui manque un peu de réalisme, mais sans que cela soit rédhibitoire, d'autant que c'en est amusant.

Un roman choral (...plus qu'un roman policier) court, qui se lit très vite et sans longueur, chaque personnage apportant sa pierre à l'édifice d'une façon différente.

Sinon, je m'interroge encore sur le sens du titre...

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La Solitude !

Qui a dit que ça n'existait pas ?

Eh! bien Colin Niel a des arguments très convaincants pour
nous en démontrer le contraire.

Les Causses "cette immense île plate où tiennent quelques naufragés" - le monde paysan, leur grande solitude qui mène bien souvent à la dépression et parfois, malheureusement, au suicide.

Il parle aussi de la solitude amoureuse, qui va confiner à la folie,

Une disparition inquiétante et inexpliquée, une enquête policière un peu compliquée dans un monde de taiseux,

La Solitude n'est pas une musique douce, elle est bien souvent sombre, douloureuse, oppressante et parfois désespérante.

Une solitude tellement prégnante, qui colle à chacun des protagonistes qui essaie tant bien que mal de trouver un dérivatif à cette angoisse qui les saisit,
et les fait basculer inévitablement.

Misère morale au coeur des hommes !

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Seules les bêtes — un titre que j'ai eu du mal à expliquer — de Colin Niel est un roman noir à la narration parfaitement maîtrisée. Encore un sans-faute pour cet auteur découvert récemment.

Alice est préoccupée, son amant, Joseph, ne veut plus d'elle, elle ne comprend pas, et n'arrive pas à discuter avec lui. Elle écoute à peine ce qui est advenu dans le village, pourtant en émoi ; une femme a disparu, sa voiture a été retrouvée, mais aucune trace d'elle, les gendarmes ont fouillé partout. La vie continue pour Alice, auprès de son mari de plus en plus mutique et qui a fini par découvrir sa liaison. Il vous faudra attendre la fin du livre pour connaître ce qui s'est passé et pour comprendre la relation entre Alice, son amant et la femme disparue. A ses personnages s'ajoutent deux autres personnages dont le rapport avec l'histoire mettra du temps à s'éclaircir. le récit est complexe et la narration, racontée par plusieurs personnes, complète le puzzle à merveille. En revanche, le dénouement, certes surprenant, est moyennement crédible.

J'ai aimé que l'auteur m'entraîne loin de la France dans un milieu, dont vous avez peut-être eu un aperçu si vous êtes sur les réseaux sociaux.

Lien : https://dequoilire.com/seule..
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Dans les Causses, une femme a disparu en ce milieu d'hiver froid et enneigé, seule sa voiture a été retrouvée. Elle s'appelait Evelyne Ducat, l'épouse de Guillaume, un gars du pays revenu dans la région après avoir fait fortune. Qui en voulait à cette femme ou à son mari, dont la famille n'était pas vraiment appréciée dans le village ?...Tour à tour, cinq personnes revisitent leurs souvenirs et livrent leur ressenti, confessant leur intimité et révélant leurs secrets intimes.

Colin Niel avec Seules les bêtes se penchent sur cette petite communauté rurale et sur l'âme humaine des cinq protagonistes, certains issus du terroir, d'autres catapultés dans cette disparition, comme une boule dans un billard à plusieurs bandes, leurs attitudes ayant provoqué des réactions en chaîne qui vont précipiter les évènements. Mais au-delà de cette disparition étrange, c'est surtout l'amour ou plutôt le manque d'amour qui est le dénominateur commun des acteurs du drame, difficulté du couple, incapacité de communication, exploration d'une sexualité en marge ou manipulation sentimentale. Colin Niel explore les dessous des sentiments et l'enfermement affectif qui brouille la perception de la réalité et qui fausse les relations et les réactions de chacun.
Seules les bêtes est une exploration fine de l'âme humaine, faite de tensions, et qui va faire exploser les équilibres fragiles des cinq personnages.
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L'amour est dans le pré.
Comment ne pas penser à cette émission en lisant Seules les bêtes ?
Après tout, deux de ses principaux thèmes sont les sentiments et l'agriculture, sur les plateaux érodés du Massif Central.
A l'image de Joseph, éleveur solitaire, doux-dingue rêveur et taiseux qui avait espéré il y a fort longtemps pouvoir trouver une compagne.
"Une qui aurait pas rechigné à filer un coup de main à la ferme."
Et qui finira par dénicher la femme idéale, pour laquelle il éprouvera enfin une étrange forme d'amour.
"De cet amour que maman disait que je trouverais jamais parce que j'étais trop romantique."

"Parce que seules les bêtes croient encore en l'amour...", c'est l'intrigante dédicace que Colin Niel m'a rédigé au salon du polar de Lens.
Merci à Ydamelc sans laquelle je serais probablement passé à côté de ce petit bijou.
Ce roman, c'est cinq histoires en une, cinq points de vue différents, et également cinq histoires d'amour. Cinq fragments de vie qui vont se connecter et s'articuler autour d'un drame principal : celui de la disparition d'Evelyne Ducat, l'épouse d'un riche homme d'affaires revenu dans la région comme pour narguer ses anciennes connaissances.
Et à ces cinq voix va s'ajouter une sixième : celle du lecteur. Omniscient, il sera le seul à pouvoir tout comprendre et reconstituer, alors qu'il manque beaucoup trop d'éléments aux différents narrateurs. Et que leurs déductions sont de ce fait bien souvent erronées malgré leur imparable logique.
Aux trois quarts du roman j'ai même fait un schéma, sachant qu'à priori j'en savais maintenant assez pour expliquer le drame. Ce sont huit noms en tout ( certains personnages importants ne prendront pas la parole ) que j'ai inscrits, les reliant par des flèches et des traits pour avoir une vue d'ensemble.
"Marié à", "amoureux", "jaloux", "répulsion", "attiré par", "N'aime plus", "Amant de", "Sentiments à sens unique" ... Une toile relationnelle complexe tissée entre ces huit protagonistes d'horizons différents est alors apparue. Tout s'est enfin éclairci même si j'ai fait fausse route pour le mobile.

Je parle énormément d'amour mais ne vous y trompez pas, on n'est pas dans une intrigue à l'eau de rose. le roman est extrêmement noir, triste, pessimiste. Pas vraiment un polar d'ailleurs. La première disparition ( une seconde suivra bientôt ) donne bien lieu à une enquête mais la place qui lui est attribuée est minuscule.
"C'est bizarre, il avait l'air dépassé par l'ampleur de l'affaire."
Le véritable détective ici c'est nous, et les évènements que nous allons reconstituer au fur et à mesure des témoignages ne s'arrêteront pas au cas d'Evelyne Ducat. La construction très habile de Colin Niel nous amène à remettre bien des faits en perspective et à distinguer progressivement les coïncidences des préméditations et à comprendre le sens d'évènements qui paraissaient inexplicables en premier lieu. Parce qu'on a beau être l'enquêteur, on se fait mener par le bout du nez pendant longtemps avant que tout ne s'emboîte. Un travail d'orfèvre où même d'innocents détails peuvent prendre plus tard une toute autre signification.

Concernant les personnages, je n'évoquerais que les deux premiers narrateurs. La première s'appelle Alice, et elle est assistante sociale. Elle aide les agriculteurs de la région pour tout ce qui est administratif, elle leur dit à quelles aides ils ont droit, elle fait tout pour que leurs exploitations puisse perdurer malgré les difficultés économiques et sociales.
"en France, un agriculteur se suicidait tous les deux jours."
Rien ne va plus dans son couple, son époux est de plus en plus renfermé et distant. Alors elle se trouvera un amant improbable en la personne de Joseph, un de ces agriculteurs à la dérive. Qui finira par la repousser sans qu'elle n'y comprenne rien, et sans qu'elle n'obtienne jamais de réponses à ses questions.
Et puis nous aurons le point de vue de Joseph. On revivra en partie l'histoire d'Alice, mais racontée autrement. Et on réalisera que les raisons de cette brusque rupture n'avaient rien à voir.
"Moi j'étais juste celui qu'elle avait choisi pour mettre un peu plus de bordel dans sa vie."
Au fur et à mesure, on apprend à connaître les Ducat également, le mari comme la disparue. Et déjà on commence à sombrer dans un récit très dérangeant. On pense avoir déjà une première vue d'ensemble au travers de ces deux témoignages régionaux.
Trop évoquer les narrateurs suivants nuirait en revanche à la découverte du livre, leur rôle étant en corrélation avec la résolution de l'énigme. Disons juste que la trame prendra une direction inattendue. La troisième est une femme, Maribé, dont on ignore tout avant qu'elle ne prenne la parole même si on l'a déjà croisée précédemment sans le savoir. Et il faut que ça demeure ainsi pour préserver l'effet de surprise. Vous allez tomber des nues quand tout va se mettre en place. Et malgré quelques indices, il est quasiment impossible de tout deviner même s'il est possible d'anticiper quelques révélations. Et quand un mystère semble résolu, quand un suspect est identifié, alors les certitudes basculent aussitôt au bénéfice d'une nouvelle incompréhension.

Et pour revenir au faux côté harlequin, vous verrez que la vision de l'amour est très sombre, torturée. Chaque personnage essaie de le trouver, chacun d'une façon différente, chacun éprouvera des sentiments au travers d'une relation particulière et luttera contre une forme de solitude jusqu'à l'obsession. La passion prendra de biens étranges visages, sans tabous. L'amour peut-il exister sans douleur ? Certains de ces témoignages sont révoltants, jusqu'au merveilleux final tellement logique, intense et désespéré.

Ce n'est pas un livre qui se lit à toute vitesse. C'est un livre qui se savoure lentement. Chaque mot est minutieusement choisi, chaque information est susceptible d'avoir son importance.
Ce livre a tout pour lui. Il est original, très bien écrit, nous raconte cinq histoires en une en nous mettant successivement dans la peau, les pensées et le langage d'hommes et femmes à la personnalité unique reliés à une imprévisible tragédie.
C'est intelligent, c'est émouvant, c'est instructif, c'est captivant.

Pour ceux qui l'ont lu, mon seul bémol c'est ce qui a trait aux envoûtements permettant le succès du quatrième narrateur. Choc des cultures peut-être, mais j'ai trouvé que ses épreuves n'avaient pas de sens et donnaient un côté grand-guignolesque à un roman très sérieux par ailleurs et qui n'en n'avait pas besoin. Mais c'est un petit détail qui ne nuit pas au plaisir ressenti.

Un roman dont je me rappellerai longtemps.


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Chose promise, critique due...
Ça fait un bon moment que j'ai tourné la dernière page de ce roman de Colin Niel. J'y reviens rapidement parce que ça a été quand même un très bon moment de lecture.
Le roman choral a le vent en poupe mais tous ne sont pas une réussite, loin s'en faut... Pour que le choeur fonctionne, il faut un accord, une cohérence des différentes voix. Et c'est, entre autres, ce que réussit Colin Niel avec Seules les bêtes dans lequel chaque chant du choral a ses notes justes et donne un ensemble en harmonie.
Seules les bêtes est un roman de la tourmente. le récit de ce vent glacé qui saisit ces gens des Causses, qui vient mordre ce plateau perdu... La tourmente est aussi celles de ces corps et ces coeurs assoiffés d'amour, la tourmente des âmes solitaires, des coeurs mis à nu.
«Les gens veulent toujours un début», écrit Alice au début du roman. Mais où est le début ? Seules les bêtes est une spirale qui unit les protagonistes et leur histoire à leur insu. Les pièces du puzzle viennent prendre leur place au fur et à mesure révélant l'image finale d' un monde peuplé d'êtres noyés dans leur solitude.
La solitude... C'est peut être elle l'héroïne de ce polar rural. Cette solitude qui vous altère le jugement, qui vous masque la réalité, qui vous ferme les yeux...
Seules les bêtes est un récit noir de la terre, du silence des hommes , des fantasmes et des frustrations, des plaisirs éphémères et des douleurs tenaces...
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Avec Obia, long récit de 500 pages situé en Guyane on avait fait la découverte avec la plume méconnue et d'une très grande qualité d'un certain Colin Niel, dont le roman avait d'ailleurs recu le grand prix du jury Quai du polar 20 minutes.

Un an après, et si le romancier ne peut plus concourir à ce prix, son nouveau roman "Seules les bêtes " nous a tout autant emporté que son précédent roman, dans un registre plus bref- moins de 300 pages- et situé ( pour une bonne parite) dans nos contrées hexagonales.


Après la Guyane, Colin Niel nous embarque en effet dans les Causses, au coeur de la France profonde et rurale.

Une femme a disparu. Les recherchent commencent. Certains accusent la tempête, souvent responsable de bien des morts dans le coin...

Cinq personnes racontent alors leur vérité, en dévoilant peu à peu LA vérité. Alice, Joseph, Maribé, Armand et Michel sont en effet tous reliés par la disparition d'Evelyne Ducat et vont prendre la parole, donner leur version des faits et faire avancer l'intrigue jusqu'à ce qu'elle prenne une tournure inattendue…

Niel y sonde dans ce dernier roman, avec une profonde intelligence et une belle finesse, la détérioriation des rapports humains : comment cette fracture s'est installée entre les individus, des frustrations s'y sont installés, des désirs inaboutis les ont transformé en victimes potentielles.

L'auteur réussit aussi pleinement à ausculter à la fois frontalement et en même temps avec un certain lyrisme, l'absence, le sentiment d'abandon, le délitement du sentiment amoureux, l'usure du couple.

Mais Seules les bêtes parle aussi de fort belle manière de la détresse d'une partie du monde paysan, celui qui est situé à l'écart de la mondialisation, de l'agitation des villes, et ses problématiques inhérentes comme la dépression, le burn out- qui ne se dit pas ainsi- ou le célibat forcé...

Quel beau et puissant sur la solitude et sur des hommes et des femmes en quête désespérée d'amour et quel magnifique roman choral, remarquablement construit, qui progressivement, comme les grands romans du genre, distille des indices importants mais pas suffisants pour construire un puzzle qui ne sera achevé qu'à la toute fin de la lecture.

D'une plume virtuose, Colin parvient à entremêler roman noir très réussi à l'intrigue très fine mais aussi chronique contemporaine à visée hautement sociale.

Juste après avoir lu Seules les bêtes, on a qu'une envie : se jeter sur les autres livres de Colin Niel, notamment Les hamacs de carton ou Ceux qui restent en forêt, qui doivent être aussi magistraux que ce dernier roman.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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