Avec
Obia, long récit de 500 pages situé en Guyane on avait fait la découverte avec la plume méconnue et d'une très grande qualité d'un certain
Colin Niel, dont le roman avait d'ailleurs recu le grand prix du jury Quai du polar 20 minutes.
Un an après, et si le romancier ne peut plus concourir à ce prix, son nouveau roman "
Seules les bêtes " nous a tout autant emporté que son précédent roman, dans un registre plus bref- moins de 300 pages- et situé ( pour une bonne parite) dans nos contrées hexagonales.
Après la Guyane,
Colin Niel nous embarque en effet dans les Causses, au coeur de la France profonde et rurale.
Une femme a disparu. Les recherchent commencent. Certains accusent la tempête, souvent responsable de bien des morts dans le coin...
Cinq personnes racontent alors leur vérité, en dévoilant peu à peu LA vérité. Alice, Joseph, Maribé, Armand et Michel sont en effet tous reliés par la disparition d'Evelyne Ducat et vont prendre la parole, donner leur version des faits et faire avancer l'intrigue jusqu'à ce qu'elle prenne une tournure inattendue…
Niel y sonde dans ce dernier roman, avec une profonde intelligence et une belle finesse, la détérioriation des rapports humains : comment cette fracture s'est installée entre les individus, des frustrations s'y sont installés, des désirs inaboutis les ont transformé en victimes potentielles.
L'auteur réussit aussi pleinement à ausculter à la fois frontalement et en même temps avec un certain lyrisme, l'absence, le sentiment d'abandon, le délitement du sentiment amoureux, l'usure du couple.
Mais
Seules les bêtes parle aussi de fort belle manière de la détresse d'une partie du monde paysan, celui qui est situé à l'écart de la mondialisation, de l'agitation des villes, et ses problématiques inhérentes comme la dépression, le burn out- qui ne se dit pas ainsi- ou le célibat forcé...
Quel beau et puissant sur la solitude et sur des hommes et des femmes en quête désespérée d'amour et quel magnifique roman choral, remarquablement construit, qui progressivement, comme les grands romans du genre, distille des indices importants mais pas suffisants pour construire un puzzle qui ne sera achevé qu'à la toute fin de la lecture.
D'une plume virtuose, Colin parvient à entremêler roman noir très réussi à l'intrigue très fine mais aussi chronique contemporaine à visée hautement sociale.
Juste après avoir lu
Seules les bêtes, on a qu'une envie : se jeter sur les autres livres de
Colin Niel, notamment
Les hamacs de carton ou Ceux qui restent en forêt, qui doivent être aussi magistraux que ce dernier roman.
Lien :
http://www.baz-art.org/archi..