Pour moi,
Susin Nielsen n'a plus rien à prouver mais avec
Partis sans laisser d'adresse, elle me montre encore que, quel que soit le sujet, elle assure.
Avec son style inimitable, elle nous raconte une histoire familiale qui oscille, qui tangue et qui pourrait à la moindre occasion virer au drame (on n'en est pas loin) mais dans laquelle elle sait mettre du soleil et de l'humour.
Ainsi, vous découvrirez ce qu'est le POPO* de Félix mais aussi toutes les sortes de mensonges qui peuvent exister ( "invisible", "pour la paix des ménages"...), vous n'y verrez pas de chat mais une gerbille (Horatio) et vous vous prendrez au jeu des questions de "Qui, Que, Quoi, Quand?" et bien d'autres choses encore...
Les thèmes abordés son, comme à chaque fois, difficiles, traités avec intensité, beaucoup de détails mais sous une apparente légèreté: vivre dans la précarité, être sans domicile fixe, la maladie mentale, la honte de la vie que l'on mène, la différence, l'instabilité (financière, psychologique et familiale), le mensonge, le manque de repères... La liste pourrait être encore longue. Qui est capable de faire ça aussi bien? de mon point de vue, pas grand monde et
Susin Nielsen est devenue pour moi la référence, la spécialiste.
Comme dans son précédent roman
Les optimistes meurent en premier (qui était encore plus pesant, étant donné son sujet),
Susin Nielsen nous décrit le quotidien d'une famille dysfonctionnelle avec réalisme. Mais au lieu de nous donner envie de pleurer, elle nous fait rire. (Même si on pleure quand pas mal à certains moments).
Autre point fort de
Susin Nielsen : la personnalité de ses héros et des personnages qui interviennent dans son récit. Ils sont tellement émouvants et crédibles (et drôles) à commencer par Félix. Sa vie n'est que dilemme. Sa situation est tellement compliquée. Il voudrait que ça change mais pas au risque de perdre sa mère en route...
Et Félix, comme Ambrose (dans le roman qui porte son nom) ou Stewart dans On est tous fait de molécules, est un peu différent. Il est hors norme et c'est sans doute ça qui pourra le sauver.
Mais en attendant, cela n'empêche pas les galères... Dans leur combi, Félix et sa maman se débrouillent mais au quotidien (que Félix nous décrit sans détour), cela n'a rien d'amusant. C'est assez terrible de voir tous les stratagèmes qu'ils doivent déployer pour se doucher, trouver à manger... toutes ces choses qui semblent simples pour la plupart des gens. Il doit aussi ruser pour cacher tout cela à ses amis. Cela aussi est douloureux. Même si le groupe est soudé, Félix ne peut avouer sa situation qui lui semble trop honteuse.
Astrid, la mère de Félix, est aussi très touchante. Même si sa maladie la rend parfois agaçante, elle la rend aussi très attachante. Elle aime son fils mais le trouble dont elle souffre l'empêche d'être une maman "comme les autres".
Dylan et Winnie, les deux amis de Félix, sont également vraiment chouettes... Ils sont très différents de notre héros mais vont être un soutien essentiel dans cette histoire.
Bon... de toute façon : j'ai tout aimé dans ce roman ! On y retrouve la patte de l'autrice au service d'une histoire encore une fois très originale avec des héros qui, tout en nous faisant penser à certains déjà croisés dans d'autres livres, ont leur propre personnalité.
Des mêmes ingrédients, mélangés différemment mais toujours avec un grand talent et une grande maîtrise pour notre plus grand plaisir. C'est très fort.
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