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sur 199 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il est dur de se construire quand on est la fille de.
Marie Nimier nous livre ici ses impressions, plutôt que sa vie, sur ses relations avec ce père connu et reconnu dans le monde littéraire, un des plus grands écrivains de son époque mort prématurément d'un accident de voiture. Un père connu, oui mais par d'autres, par des amis, des lecteurs... Mais pas par la petite Marie. Une petite fille qui gêne le travail du grand écrivain, un père qui s'absente pour aller travailler ailleurs. Un grand frère aussi qui ne lui prête pas trop d'attention, à cet âge là les années de différence séparent plus que n'importe quoi. Un autre plus jeune dont elle ne dira pas grand chose. Une famille, une fratrie vécue "comme une anesthésie."
Et pourtant grâce aux recherches qu'elle mène, plus de quarante ans après, elle va pouvoir dessiner le contour de ce père dont jusqu'à présent elle ne voyait que la silhouette et se sentir enfin apaisée.
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Bien sûr je connais Roger Nimier avec le "hussard bleu" et "les enfants terribles". Ce sont des livres que j'ai dans ma bibliothèque familiale, livres hérités des grands parents. Je suis tombée par hasard sur le livre de sa fille Marie "la reine du silence" en flânant chez un libraire il y a quelques années. Je l'ai gardé longtemps dans ma bibliothèque jusqu'à aujourd'hui. Pourquoi ? je ne sais pas ? ou plutôt si... que peut bien dire la reine du silence ? comment à la fois parler et ne pas parler ?
Marie parle avec des mots sur le papier. Elle réalise là une catharsis de ses émotions et de ses souffrances. Ce livre m'a beaucoup émue, ses paroles m'ont touchée en plein coeur.
Ce père pour lequel elle ressent crainte et admiration est toujours absent. Elle a peu de souvenirs et pourtant elle a besoin de se souvenir. Elle glane auprès des amis de son père et auprès de sa famille des informations pour comprendre et mieux vivre tout simplement. Il y a nulle trace de belles couleurs auprès de ce père. Certains passages sont à la fois touchants et glaçants. Celui de la dînette par exemple, elle lui amène étant une toute petite fille un oeuf sur le plat en plastique et plutôt que de jouer à des jeux d'enfants il s'en sert comme cendrier et l'oeuf en plastique finit à la poubelle. Marie garde une mémoire vive de tout cela parce que ce qu'elle raconte constitue son présent.
Marie a des cauchemars, pourquoi en parle-t-elle à son frère ? pour s'en délivrer comme une faute ou bien parce qu'ils contribuent à son identité complexe et incertaine ? de son père elle dira "j'ai traîné la mort comme un vieux manteau de lapin rapiécé, un doudou crasseux", ses fragilités suscitées par la mort sont exprimées ici. Marie excuse aussi ce père qui se laisse entraîner par les mots, les mots dépassent sa pensée (notamment lors de sa naissance) où il écrivait à un ami que Nadine, sa femme avait eu une fille et qu'il allait la noyer dans la seine pour plus en entendre parler.
Personne ne peut aider Marie car chacun a sa propre histoire à vivre. Marie me fait penser à la petite Gerda dans la reine des neiges d'Andersen lorsque la barque l'entraîne sur l'eau plus vite qu'elle ne voudrait et elle arrive dans une maison dans laquelle elle peut manger tout ce qu'elle désire, elle peut rassasier ses besoins vitaux mais elle s'aperçoit que sa vie n'est pas complète et ne peut s'en contenter, il faut qu'elle grandisse, elle doit quitter l'enfance. A travers ce périple Marie aborde avec une écriture délicate une multitude de thèmes comme le mal être que les enfants peuvent ressentir après un décès, le rejet d'un des parents, l'indifférence, la découverte de soi, de son corps, le passage de l'enfance à l'âge adulte avec tous les changements que cela implique.
Pour se construire Marie nous fait passer par un grand nombre de chemins pour un voyage à travers ses émotions retrouvées. Marie utilise aussi des jeux de miroirs pour retrouver la figure du père qu'elle veut aimer. Ses mots sont pleins de douceur, de sincérité et de bonté.
Marie disait lors d'une interview qu'elle avait fait un gros travail de rapprochement avec son père avec ce roman, elle a recomposé l'image fantôme de ce père qu'elle a besoin d'aimer pour aller mieux.
J'espère de tout coeur qu'elle va mieux à présent.
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Un beau livre, sensible, sur la "relation" que l'auteur tente de construire avec son père, célèbre écrivain disparu alors qu'elle n'avait que 5 ans. Marie Nimier témoigne d'un long cheminement intérieur d'une manière sobre et touchante.
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J'ai emprunté ce livre à la médiathèque de ma ville.
Je me suis aperçue que je l'avais déjà.
Bien au chaud dans ma bibliothèque.
Quelle omission! Celle-ci m'a d'abord un peu désarconnée puis, à la fin de cette lecture intense, je me suis sentie apaisée, presque rassurée d'avoir, de posséder oui, mon exemplaire de "La Reine du silence".

Je crois que, de façon intime, il fallait que j'aie ce texte près de moi. Alors, comment vous convaincre de courir à la bibliothèque la plus proche? D'aller négocier chez la bouquiniste de la place? Ou de pousser la porte du libraire du coin puisque vous n'avez pas le même rapport intime que j'entretiens avec certains livres, si ? Rapport propre à chacun, non?

Venons en, avec la parole, les mots (que vous lirez probablement en silence certes) au fait :
Marie Nimier revient sur son père, la mort de son père alors qu'elle n'était qu'au début de l'enfance et de ses soubresauts. Et quel père ? Un écrivain célèbre au destin fulgurant : Roger Nimier. Mais aussi un père. L'absence d'un père. le fantasme d'un père. Les souvenirs d'un père.
Ce magma intime apporte réconfort et beauté. C'est parfois douloureux, dérangeant : Marie Nimier se fait Reine de l'intime mais il y a toujours une issue car elle joue magnifiquement avec les mots ; mots au service des émotions, mots profondément libérateurs!

Marie Nimier écrit non pas parce qu'elle est la fille de Roger Nimier.
Marie Nimier est la fille de Roger Nimier et elle écrit.

J'aime cette sensation de liberté qui découle de ce silence royal.
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Marie Nimier est la fille de l'écrivain Roger Nimier (dont je n'ai jamais rien lu, je vous avoue.) Au travers de ces pages, elle part à la quête de sa relation avec lui, des bribes de souvenirs qui lui restent, des traces qu'il a laissées la concernant, des éléments minimes à partir desquels elle tente de retrouver ce qu'à été son père. Un livre du souvenir de cette relation père/fille et de la reconstruction de cette histoire vraiment passionnant. Marie Nimier a le sens du détail, du retour en arrière, des mises en parallèle comme, un peu, le ferait une personne sur le divan.

Il y a des passages terribles.

Petite fille, elle vient lui apporter un repas (vous savez, comme le font tous les enfants avec leur dînette). Timidement, elle dépose l'assiette avec un oeuf au plat en plastique sur le bureau. Mais non, il ne fait pas semblant de manger comme le ferait un papa. Non, elle dérange, elle doit sortir. Plus tard...
P72: "Je retrouve l'assiette en plastique dans sa corbeille en papier, parmi les brouillons et les bouteilles de bière. L'oeuf au plat est resté sur la table. Il a servi de cendrier. Un mégot est planté à angle droit dans le jaune, creusant un cratère dans le plastique calciné."

Ou encore, une lettre manuscrite que son père a écrit à l'un de ses amis qui se termine ainsi, annonçant la naissance de sa fille: "Au fait, Nadine a eu une fille hier. J'ai été immédiatement la noyer dans la Seine pour ne plus en entendre parler. A bientôt, j'espère." (P143)Ainsi a-t-elle mis en acte ces quelques mots quand 25 ans plus tard, elle se jette dans la Seine ne pouvant expliquer les raison de cette tentative de suicide?


La reine du silence? "Que pourrait bien dire la Reine du silence sans y perdre son titre, et l'affection de son papa? Ou encore: Comment, à la fois parler et ne pas parler?" (P171)

La Reine du silence a écrit et j'ai beaucoup aimé son texte!
Lien : http://lejournaldechrys.blog..
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De l'écrivain Roger Nimier j'avais déjà lu quelques romans. C'est avec grand plaisir que je découvre chez mon libraire ce roman-ci, écrit par sa fille Marie Nimier.
Elle a perdu son père quand elle avait cinq à peine et avec son roman elle parvient fort bien d'ailleurs à nous raconter ses souvenirs de jeunesse avec lui. Avec de nombreux témoignages familiaux, d'amis de son père elle parviendra à nous discerner qui était ce personnage, son père.
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Un superbe témoignage. Des relations de fille à père ; afortiori quand c'est un "hussard bleu" !
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