Je connais Gaelle Nohant depuis fort fort fort longtemps. Bien avant son "Ancre des rêves", c'est dire si ça remonte à loin !
Nous nous sommes suivies pendant des années par blogs interposés, jusqu'à abandon plus ou moins simultané du sien et du mien...
Ce n'est pas une auteure prolifique, mais elle a du talent. Ici, ce roman historique de fin de siècle traite de l'incendie du Bazar de la charité, et surtout de la condition des femmes en cette fin de XIXème siècle, c'est d'actualité, d'ailleurs, avec la série du même nom sortie il y a peu à la TV, puis sur Netflix.
Dans un style absolument impeccable, l'auteure nous narre en premier lieu cet événement dramatique, décrivant des scènes insoutenables, avec brio. Ses protagonistes sont à la fois des personnages fictifs et des personnages réels (le duc et la duchesse d'Alençon, soeur de l'impératrice Sissi, par exemple). Tous les événements décrits sont véridiques... Les entorses à la réalité concerne les personnages à qui sont arrivés certaines choses, comme la diffamation postérieure à l'événement du comte
Robert de Montesquiou qui est reportée dans le roman sur Laszlo.
Le personnage de Constance est le plus travaillé. Je ne sais pas ce qu'a vécu l'arrière-grand-mère de l'auteur (dont elle dit s'être inspiré pour ce personnage), mais il est visible que c'est celui qui lui tenait le plus à coeur. Pour des raisons qui me sont personnelles (bien que personne de ma famille n'ait été présent lors de cet événement), toute cette histoire m'a beaucoup touchée... J'ai dévoré ce livre cette nuit, j'ai pleuré, l'histoire de Constance m'a révoltée.
Ces fichus apprentis sorciers d'aliénistes qui avaient tout pouvoir sur ces pauvres jeunes femmes internées de force en ont brisé combien à force de tortures diverses et variées ? En ont emprisonnées combien histoire de bien maintenir leurs revenus ? Quelle bande de pourritures...
Bref, mon avis est tout sauf objectif, j'assume. J'ai beaucoup aimé ce livre, malgré de petits défauts dont je suis consciente, hein, notamment un survol des autres personnages, à part peut-être Violaine, une intrigue un peu trop optimiste et peu réaliste sur la fin.