Persuadé que j'étais d'avoir lu tout Norek après en avoir terminé avec l'excellent "
Dans les brumes de Capelans", j'attendais avec impatience la sortie de son prochain ouvrage... avant de me rendre compte que j'avais raté "
Surface".
Cet oubli réparé, je me dis qu'il s'agissait nécessairement d'un acte manqué pour m'éviter de lire un "mauvais" Norek.
Parce qu'autant vous l'avouer tout de suite, j'ai beaucoup (mais vraiment beaucoup !) moins aimé celui-ci que tous les autres.
Avec cette nouvelle héroïne (pour un "one shot" vraisemblablement), l'auteur nous emmène loin de Paris et son 9-3 pour atterrir à Decazeville dans l'Aveyron, bourgade perdue dans laquelle une flic cabossée et inapte au service est envoyée par sa hiérarchie avec pour mission de faire un rapport poussant à la fermeture du commissariat local.
Comme d'habitude, l'écriture d'
Olivier Norek est précise et affutée, sans fioritures, l'histoire est originale et les rebondissements nombreux.
Alors pourquoi avoir ressenti autant de déception après cette lecture ?
Peut-être parce que je connais particulièrement bien la région de Decazeville (pour y avoir vécu et y retourner régulièrement) et que je ne reconnais absolument pas les gens qui sont décrits dans ce roman.
En installant son capitaine Chastain en Aveyron, Norek déroule tous les clichés sur les gens du cru et la vie "à la campagne" : tout le monde se connaît, on y nait, on y vit et on y meurt sans jamais en partir, les vieilles dames passent leur temps à faire des commérages, l'alcool y fait des ravages, les secrets de famille sont au moins aussi nombreux que les rancoeurs qu'ils développent... Bref, Norek se roule dans les poncifs à tel point qu'il ne manque que la consanguinité et l'idiot du village pour qu'on puisse estimer que l'auteur a rempli sa grille de loto (ben oui, on est à la campagne, il y a "quine" le dimanche !).
Au delà de l'emballage qui m'a donc semblé inapproprié, le plat lui même est à mon goût moins digeste : la résolution de ce cold case est parfois assez alambiqué avec des protagonistes aux comportements déroutants.
Là où la force de Norek réside habituellement dans la cohérence des actes de ses personnages, j'ai trouvé qu'au contraire, dans "
Surface", certaines réactions ne semblaient avoir pour but que d'offrir à son héroïne l'occasion de clore ce dossier.
A l'arrivée, je ne me risquerai pas à dire que c'est un mauvais livre, mais pour moi, c'est indiscutablement le moins bon de Norek.