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sur 3543 notes
Une nouvelle émission de télé-réalité fait fureur : il s'agit de « Concentration ». Elle met en scène des prisonniers (des passants enlevés), dont les conditions de détention sont proches de celles des prisonniers des camps de concentration de la seconde guerre mondiale, et des surveillants impitoyables (des candidats recrutés), encore nommés « kapos », le tout sous la férule des « organisateurs ». Amélie Nothomb se penche sur le sort de Pannonique, une prisonnière au matricule CKZ 114, victime de la kapo Zdena. Entre elles deux se tissent des relations ambivalentes, l'amour et la mort semblant très proches dans ce camp où chaque matin de nouveaux prisonniers sont tués. Très vite, grâce à des moyens tels que la parole, l'un des étais du pouvoir, CKZ 114 devient une égérie de son unité (ce qui parallèlement entraîne une progression fulgurante de l'audience), et sème le vent de la révolte.

En forçant à l'extrême les traits des émissions de télé-réalité actuelles, ce sont tous ces styles de programme qu'Amélie Nothomb stigmatise. Elle souligne, à travers son héroïne révoltée, la complicité des téléspectateurs dans une entreprise déshumanisante et terrifiante. C'est notre regard qui engendre de telles productions, et plus le spectacle est dégradant pour le « candidat », plus notre regard devient insistant, se délectant de sa souffrance. J'ai, par ailleurs, beaucoup aimé l'analyse psychologique des relations entre Pannonique, qui en révélant son prénom s'humanise, et la kapo Zdena. Entre ces deux protagonistes, naît un sentiment trouble et cruel. Un roman au rythme aiguisé, tout comme l'est la plume de l'auteur. Un style efficace et sans concession. A découvrir à une période où fleurit la télé-réalité…
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Acide Sulfurique - Amélie Nothomb - Lu en livre audio par Véronique Groux de Miéri

Il y a longtemps que je ne me précipite plus sur le dernier Amélie Nothomb à la rentrée. Certains livres sont des beaujolais à consommer frais, mais qui ne laisse pas un souvenir impérissable. Si Amélie Nothomb est un personnage médiatique, une des seules dont la photo orne la première couverture; je pense que ses livres ont le mérite de pouvoir être lus - et appréciés - avec quelques années de bouteille.

Acide sulfurique, écrit en 2005 aux plus belles heures de la téléréalité est de ces ouvrages qu'on peut lire et apprécier plus de quinze ans après la parution.
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Amélie Nothomb a l'art et la manière de sortir des noms peu communs de son chapeau. Ici, l'héroïne s'appelle Pannonique et elle incarne le bien, la beauté, la pureté et la vertu – qualités confrontées à l'oeil avide et froid de la caméra et aux yeux avides et faussement indignés des téléspectateurs qui ne peuvent s'empêcher, tout choqués qu'ils sont, de suivre chaque jour le calvaire des prisonniers de « Concentration ».

« Concentration » est une émission de télé-réalité d'un genre nouveau : il permet aux téléspectateurs de suivre le supplice, puis la mort de prisonniers choisis de façon complètement arbitraire. Ces derniers sont battus, torturés, insultés, affamés et finalement tués par les kapos. L'émission s'appelle « Concentration » car elle a pour modèle les camps de concentration nazis. Autant dire qu'il s'agit là d'un « show » qui a placé la barre très haut au niveau de la cruauté et de l'abject. Mais ce n'est pas tant la cruauté et l'abject de ce concept que condamne l'auteure. C'est aussi et surtout le voyeurisme dont font preuve les téléspectateurs. Ils se disent indignés mais ne peuvent pas s'empêcher de regarder. résultat : les audiences crèvent le plafond et personne n'arrive plus à se remettre en question. Car peut-on être témoin d'horreurs pareilles sans avoir envie de bouger le petit doigt ? Sans vouloir faire cesser ces souffrances ? Peut-on laisser primer la curiosité malsaine sur l'empathie ?

D'emblée, ce roman m'a rappelé le tout premier épisode de la série Black Mirror où des millions de gens s'agglutinent, malgré leur « dégoût », devant leur poste de télévision pour assister en direct à l'acte choquant que doit accomplir le Premier ministre britannique qui est victime d'un chantage odieux. Dans Acide sulfurique, le principe est un peu le même : les images sont terribles, choquantes, mais la curiosité, le voyeurisme priment. Ce n'est donc pas tant l'émission en soi qui est dénoncée mais le fait qu'elle soit si regardée. En effet, si elle ne faisait pas d'audience, elle n'existerait tout simplement pas. Alors qu'est-ce qui est pire : le fait d'avoir créé cette émission de télé-poubelle ou le fait de la regarder ? Vous avez quatre heures.

Bref, voilà un roman court mais efficace. le propos est intéressant, dérangeant parfois et c'est très bien. Dommage que la fin arrive si vite et soit un peu bâclée à mon goût.
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Coup de poing dans la face que ce récit de science-fiction, genre dans lequel je n'aurais pas imaginé notre Amélie nationale!

On ne croit pas une seconde à la probabilité qu'une telle émission télévisée puisse un jour exister, ce qui provoque un certain détachement à la lecture, mais néanmoins ce récit morbide et cynique m'a captivé pendant une heure trente de lecture boulimique et voyeuriste.




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Navrant, plat, creux.

Pas de rythme réel, beaucoup de condescendance pour le lecteur, qu'Amélie Nothomb abrutit aussi efficacement que les organisateurs de sa télé-réalité puisqu'on ne lui demande même pas de réfléchir à la société représentée, simplement de manger le pain qu'on lui donne.

Les prisonniers de ce jeu morbide sont des victimes, avec, bien sûr pour ne pas être trop manichéen, un ou deux êtres passablement désagréables dans les rangs, et qui n'ont d'intérêt que de montrer la bonté, l'humanité, l'intelligence, en un mot la perfection de l'héroïne.
Les kapots sont des méchants, plus ou moins pervers, dominés par le sexe (la nymphomane, le pédophile et Zdena), dont l'une, la dernière nommée, sera sauvée grâce à l'amour. C'est beau, non ?!
A l'extérieur du camp, tout le monde est passif, hypocrite. C'est à la rigueur la seule description correcte de la société représentée mais qui présente trop d'incohérences pour être totalement crédible. Ainsi, il serait juste de s'interroger sur les réactions des proches et des mesures judiciaires prises autour de cette émission : quoi ? aucun parent, aucune association, aucun avocat n'a défendu ces prisonniers en temps de paix ? comment cela est-il possible ? cela demande une brève explication. Même dans The Truman Show, on expliquait que l'enfant avait été adopté légalement et que cette mesure justifiait le show. On pourrait aussi se demander comment les politiciens ont réagi, hors du strict « mince, on aurait dû agir ». Non ! Des politiciens se sont certainement insurgés, des débats houleux ont certainement eu lieu, car si des politiques ont défendu les prisonniers, d'autres ont dû défendre la liberté des organisateurs à faire cette émission de merde, la liberté des spectateurs à regarder etc. Cela aurait donné un peu plus d'épaisseur à cette société, un peu plus de crédibilité surtout à l'oeuvre. Certains diront que mes propos n'ont pas de sens car Nothomb ne souhaitait pas se focaliser sur ce type de détails. Certes, mais c'est une série d'incohérences dont on pourrait se passer dans un ouvrage si fragile.
D'ailleurs, c'est bien simple, malgré les créations qui s'affichent comme "non manichéennes" comme le "méchant" prisonnier du baraquement de Pannonique, les rôles sont clairement établis (cela semble normal, si on veut rester un tant soit peu moral) avec un jugement que le lecteur n'aura même pas le plaisir d'avoir de lui-même. le prisonnier désagréable est une vraie peau de vache sans nuance, et sans que l'on montre, par exemple, que les privations le mettent à fleur de peau, qu'il est épuisé, qu'il a peur de mourir, bref que sa réaction est tout simplement humaine, bien plus que celle de l'héroïne christique. Zdena, la kapot amoureuse de Pannonique, est présentée très clairement comme une crétine, une ratée (le mot est donné), qui est devenue kapot parce qu'elle a tout raté dans sa vie et qui jalouse les gens intelligents. Et les autres kapots ? tous des crétins décérébrés ?
En somme, le parti de Nothomb est de présenter les divers aspects de la société responsables de cette émission, mais sans approfondir aucun d'entre eux. Non vraiment, la peinture de la conscience et de l'âme humaine n'est pas la spécialité de Nothomb...

Et c'est si mal écrit ! Si les dialogues étaient consistants, un roman uniquement constitué de discussions, tels des dialogues philosophiques, aurait un intérêt, mais ce n'est pas le cas. Ces discussions n'avancent pas, ne décollent pas. Tout tourne autour d'une figure qui me rappelle Princesse Sarah dont on cherche à nous faire croire que la moindre de ses paroles est une bénédiction de sagesse et qui ne profère que des banalités. Les propos sont naïfs et, même si le roman date d'il y a une dizaine d'années, il semble déjà très en retard sur son époque. Ce ne sont ni les articles sur les émissions de télé réalité, ni les films, ni les réflexions sur la passivité consumériste des spectateurs qui ont manqué pour constituer une réflexion un peu plus solide que ce roman.
C'est simple, je suis bon public et j'ai adoré les Hunger games ; et bien Amélie Nothomb fait vraiment moins bien que cette série pour adolescents.
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Celui-ci m'a vraiment marquée. Les dérives de la télé-réalité. Un camp de concentration où chaque semaine le téléspectateur vote pour les candidats qui passent au four.
Quoi de plus cruel, mais quoi de plus banal? L'être humain dans toute sa bassesse. J'ai apprécié le fait que Nothomb s'attaque à un pareil sujet, on a parlé de provocation, mais personnellement, je crois l'homme tout à fait capable de ce genre de choses si cela peut lui procurer du plaisir.

Ce livre colle de trop près à ma misanthropie extrême pour que je ne m'y attache pas. Et effectivement, il m'avait complètement bouleversée à l'époque.
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« Vint le moment où la souffrance des autres ne leur suffit plus; il leur en fallut le spectacle. » Ainsi s'ouvre Acide sulfurique. Amélie Nothomb avait créé une certaine controverse au moment de la publication de cette contre-utopie en 2005, ce qui n'étonne guère. Une télé-réalité sulfureuse appelée Concentration s'organise autour du thème de l'univers concentrationnaire. On rafle des gens qu'on déplace dans un camp, on engage des kapos, on déshumanise à l'aide d'un matricule et d'une combinaison, on frappe, on affame, on envoie à la mort, on filme le tout... et les spectateurs sont au rendez-vous. "Jamais on n'avait eu prise si directe sur l'horreur." Pannonique, qui devient dans le camp CKZ 114, est au coeur du roman, par sa beauté, thème cher à l'auteure, par le désir qu'elle suscite chez la kapo Zdena, et par la résistance qu'elle manifeste face aux auditeurs, sorte de miroir tendu aux téléspectateurs que nous sommes. C'est une satire dérangeante et choquante, qui nous renvoie aux aspects paradoxaux de nos pulsions. Est-ce pour cela que je n’ai pas été touchée par ces personnages ? Il me faudra le relire.
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Je m'abstiens de vous mettre la présentation de l'éditeur car celle-ci nous révèle la quasi -intégralité de la trame.

Une nouvelle émission de télé-réalité est née. Quel en est le thème? les camps de concentration... Des dizaines des personnes sont enlevées et enfermées dans des camps, filmées 24h/24h, et dirigées par des Kapos, salariés de la chaîne de télé...Et pendant que des gens souffrent et meurent dans ces camps, des millions de téléspectateurs suivent chaque jour leur souffrance à la télévision, sans réagir... Telle est la vision d'Amélie Nothomb dans ce roman. Vous avez l'impression que cela ne pourrait jamais arriver? Après avoir lu ce livre vous n'en serez plus aussi sûr...

Des amis m'avaient parlé de ce roman à plusieurs reprises, et j'ai été ravie que l'un d'eux puisse me le prêter pour me le faire découvrir.

Je dois dire que dans un autre contexte, je ne pense pas que j'aurais acheté ce livre car la couverture ne m'attirait pas outre mesure ( j'ai une autre version que celle que j'ai mis plus haut) et comme je choisis beaucoup à la couverture.... mais bon une preuve de plus que ce n'est pas forcément un tri judicieux... Quoi qu'il en soit, je me suis lancée dans sa lecture, et étant donné sa petite taille, il était commencé et fini dans la même journée.

Le style d'Amélie Nothomb est agréable, je n'ai pas éprouvé de difficulté dans ma lecture si ce n'est dans le choix des prénoms de ses personnages principaux( Pannonique et Zdena).

L'histoire, vous l'aurez compris est une satire de la téléréalité et de la société, une espèce d'exemple poussé à l'extrême de là où les Hommes seraient prêts à aller pour l'argent. Il existe 4 niveaux de personnages dans ce roman, ceux qui sont le plus développés sont celui des détenus et celui du Kapo Zdena. Au dessus de cela, se trouvent également les producteurs de l'émission et tout en haut, le public. Ce roman posent de nombreuses questions " morales", quant à savoir par exemple " à qui la faute". Dans ce type de fonctionnement, qui est celui qui est le plus fautif? le kapo qui obéit bêtement alors qu'il lui suffirait de faire autrement? le producteur qui a manigancé tout cela, et qui filme tous les jours? le public qui regarde l'émission et qui donne une raison à tous les niveaux du dessous de continuer à faire ce qu'ils font? J'ai vraiment aimé cette réflexion sur les responsabilités et l'analyse que chacun peut avoir sur une même question, en fonction de différents points de vues.

Et puis il y a les détenus... parqués comme des animaux, battus, affamés, humiliés.... tués. Sans raison particulière si ce n'est l'audience que cela peut alimenter. Parmi eux, une jeune fille va tenter de se battre pour changer les choses, mais là où au départ elle représentait un espoir, un modèle, elle devient vite un bouc émissaire au sein de ses compagnons de misère. Il y a selon moi une vrai étude sociologique dans ce roman, sur la psychologie des groupes, qui est clairement passionnante.

Côté personnage, on retiendra particulièrement Pannonique et Zdena. Deux femmes que tout oppose au sein de ce camp et pour lesquelles la plus forte n'est pas celle que l'on croit. On va observer un réel retournement du pouvoir de l'une sur l'autre. Pannonique, qui n'a plus rien, se bat pour sa liberté, et Zdena, qui a sa liberté, tente d'obtenir les seules choses qu'il reste à Pannonique. Leur relation est vraiment très particulière, limite malsaine par moment. J'ai été plus touchée par le personnage du professeur, qui semble totalement amoureux de Pannonique et qui sera un soutien pour elle , à sa façon, pendant tout ce temps.

En bref, un livre à découvrir, ne serait-ce que pour que ce qu'il raconte ne se produise jamais!

Lien : http://www.les-lubies-de-lud..
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Un Acide sulfurique corrosif. Une plongée décapante dans l'histoire au temps de l'horreur des déportations, restituée au goût du jour. En mode téléréalité. Des Kapos et détenus réunis sur un plateau plus vrai que nature. Concentration. Une audience qui monte en flèche. Un public hystérique. Complice et voyeuriste.
"Vint le moment où la souffrance des autres ne leur suffit plus, il leur en fallut le spectacle."
Des acteurs qui vivent leur rôle jusqu'au bout en explorant les facettes les plus obscures du genre humain.
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Je ne suis vraiment pas certaine que cette idée aurait été reçue de la même façon de la part d'un autre auteur. Mais avec le mythe Nothomb et l'impression étrange qu'elle laisse planer autour d'elle... tout passe ! Il fallait du cran pour reprendre le concept des camps de la mort, une des plus grandes abominations Humaine, et d'en faire un jeu de télé-réalité... Parce que c'est bien de ça qu'il s'agit dans ce livre... Afin de satisfaire un public de plus en plus blasé par ce qu'il voit, des producteurs décident de créer le jeu télévisuel Concentration... Un jeu ? Pas tant... puisqu'il s'agit de recréer les conditions atroces et sans humanité des camps de concentration allemands... Ainsi, le public peut satisfaire à souhait son envie de ''vrai'', de gore et repousser l'entendement. Les prisonniers travaillent, suent, perdre du poids, comme pour mieux porter l'abominable... Des Kapos friands de torture, qui force les prisonniers à aller au bout d'eux-même... Et quand ça ne fait plus, ben, le spectateur assiste alors en direct à la mise à mort... Heureusement qu'il y a Pannonique, jeune fille prisonnière, qui saura amener un peu de tendresse, de justesse, de dignité à ce jeu cruel... Un livre difficile à lire, parce qu'il résonne sur le ''en vouloir toujours plus'' des spectateurs qui s'abreuvent de téléréalité, souvent débiles, mais qui permet de décrocher d'une vie à 100 à l'heure... Une belle critique sur le monde de la télé et son manque de classe...
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