Sur le livre et pourquoi j'ai décidé de le lire
Encore un roman d'Amélie, vous me reprocherez à raison. Mais je ne peux pas éviter de continuer à me plonger dans son oeuvre. Ce roman est d'ailleurs son tout premier et il est différent de ceux que j'ai lus jusqu'à présent.
Amélie Nothomb est sans doute la révélation des dernières années pour moi. Je ne m'en lasse pas. Dans ce post, je passerai les détails de sa biographie et de ses chapeaux. Pour une fois, on ne fera pas de référence au Japon ni à sa culture. Il n'y en a pas encore car c'est le premier roman d'
Amélie Nothomb, publié en 1992. Vous aurez entre vos mains quelque chose de différent.
Avis:
Ce livre est plus basé sur la conversation que les autres. Les décors sont inexistants et peuvent se réduire à la chambre dans laquelle un groupe de journalistes interviewent tour à tour un célèbre prix de littérature au caractère aigri mais au génie suprême.
L'
Hygiène de l'assassin est jusqu'à présent le livre le plus abstrait et dialectique que je n'aie jamais lu. le langage de Prétextat Tach, le personnage principal, est aussi prétentieux que lui-même. C'est un être ignoble, détestable dès le début ; il est tellement repoussant et révoltant qu'il nous donne envie d'arrêter de lire si bien que -je dois le reconnaître- j'ai été tenté de sauter des pages. Proie d'un petit effort, je me suis retenu afin d'accorder à Amélie l'opportunité de créer en moi cet effet désiré de dégoût envers Prétextat.
Je sens qu'avec ce roman je me suis débarrassé d'un moule ou d'un carcan. J'ai franchi une frontière qui me permettra maintenant de lire des histoires différentes avec plus de dialogue et moins d'action, plus rhétoriques peut être. Autrement dit, c'est un tournant dans ma vie littéraire. Et je crois que je suis prêt à me diriger vers les classiques. Mais, j'irai peu à peu.
Résumé:
Pretextat Tach, quatre-vingt-trois ans, prix Nobel de la littérature, n'a plus que deux mois à vivre. Monstre d'obésité et de misanthropie, il joue avec une cruauté cynique à éconduire les journalistes venus l'interviewer. Les quatre premiers fuient épouvantés. La cinquième, Nina, aura raison de lui et de son secret : sous les mots se cachent le crime, et sous l'oeuvre, l'imposture. La littérature, la vraie, est faite de larmes et de sang.
Remarques:
Je ne sais pas si c'est un défaut de ma part ou une réussite d'Amélie, mais le livre a un début aride. Je ne suis pas analyste littéraire, mais si je l'étais, je dirais que la première partie du livre se veut un reflet du style ardu qui caractérise l'oeuvre de Prétextat Tach. En effet, comme il s'agit d'un personnage imaginaire dont l'oeuvre n'existe pas,
Amélie Nothomb parvient à nous faire vivre ce que serait sa façon d'écrire. Ces passages constituent les interventions des premiers journalistes et servent à nous montrer le caractère de Prétextat Tach et à éveiller en nous des sentiments doubles envers la production écrite d'un personnage imaginaire et envers sa personnalité. En effet, on ressent le dégoût, la solitude, l'incompréhension, la folie, l'absurde de la vie et des actes de Monsieur Tach. Les romans de Nothomb comportent toujours ce type de passages plus ou moins lourds mais auxquels il faut se plier pour apprécier le roman.
À partir de l'intervention du quatrième journaliste, Nina, l'histoire devient plus sympa et captivante. Leur conversation devient un beau duel où les formes sont toutes aussi importantes que le contenu. Une confrontation dialectique qui montre les profondes connaissances philologiques de madame Nothomb et à quel point elle manie la langue et ses nuances. Son apparition est capitale et provoque un changement qui mène au dénouement de l'histoire. Je trouve que cela se fait trop vite et par à coups. Après s'être montré coriace, j'avale mal certains passages où Prétextat Tach semble céder trop facilement devant Nina.
Finalement, une deuxième métamorphose se fait et une histoire prend forme dans l'histoire. Si j'étais homme de lettres, je dirais que c'est de l'inter-texte.
Autres côtés positifs
Livre court de 180 pages
Ce livre est à mon avis et jusqu'à présent le plus philosophique de Nothomb et aussi celui qui a réveillé en moi le plus de sensations.
Remarques pour les étudiants
- Langage soigné et cultivé d'accès à des étudiants de niveau intermédiaire
- Dialogues qui peuvent parfois sembler ennuyeux
À conseiller: pour lecteurs avertis / connaisseurs. Si vous aimez les romans dialogués ou qui pourraient être des pièces de théâtre
D'autres romans d'
Amélie Nothomb:
Ni d'Ève ni d'Adam
Métaphysique des tubes
Lien :
http://jelislanuit.wordpress