Daniel. Un livre, c'est un détonateur qui sert à faire réagir les gens.
Je n'ai jamais été assez intelligente pour faire semblant d'avoir lu un livre.
L'effort de guerre de l'Université consiste à bloquer les promotions.
Depuis le temps que je suis en enfer, comment ne serais-je pas devenue démoniaque ? L'enfer, c'est le froid, et si vous saviez combien le froid s'est installé au fond de moi !
A quoi sert-il d'exposer une vision du monde si le monde s'en fout ?
On a le sens de l’éternité ou on ne l’a pas: c’est inné
Vous êtes belle. Vous êtes démoniaque.
MARINA (sortant des bras de Daniel. et reculant avec une sorte d’exaspération). Ah non ! Pas de considérations littéraires ! J’ai froid, je veux du feu.
LE PROFESSEUR. Voyez-vous, Daniel, c’est ainsi que parlait la femelle préhistorique quand elle rentrait au bercail.
MARINA. Après l'éternité, vous invoquez l'Occident ! Vous avez le talent de parler de grands machins qui n'existent pas.
LE PROFESSEUR. Admirable, Marina ! Il faut proposer cela aux dictionnaires : "Occident : grand machin qui n'existe pas. Voir Éternité" - éternité serait écrit en gras. Oh, pardon.
MARINA. Pourquoi vous excusez-vous ?
LE PROFESSEUR. Parler de gras, devant vous, c'est de mauvais goût. Autant parler d'une chute d'eau au Sahel.
LE PROFESSEUR. Et puis merde ! C'est la guerre.
DANIEL. Alors ça, non ! C'est devenu votre tarte à la crème ! Quoi que l'on vous dise, vous rétorquez : "C'est la guerre." On vous reproche de brûler des chefs-d’œuvre, vous répondez : "C'est la guerre." On vous reproche d'encenser des romans de gare, vous répondez : "C'est la guerre." On vous reproche de séduire la fiancée de votre assistant, vous répondez : "C'est la guerre."
LE PROFESSEUR. Le fait est que c'est la guerre !
DANIEL. Et en quoi cela vous excuse-t-il ?