Quel serait le livre de votre bibliothèque que vous brûleriez en dernier ? Tous, certainement – si vous êtes inscrits sur ce site, c'est sûrement parce que vous aimez vos bouquins. Mais si vous n'aviez pas le choix ? Si c'était une question de vie ou de mort ?
En d'autres termes, vos livres valent-ils plus que quelques minutes de chaleur ? Telle est la question que pose
Amélie Nothomb à travers cette pièce de théâtre. Lors d'un hiver normal, avec radiateurs électriques, cheminées et réserves de bois, la question ne s'envisage même pas. Évidemment qu'un livre vaut plus qu'un peu de chaleur ! Même le dernier nanar ne mériterait pas qu'on l'immole – en tout cas, tel est mon avis.
Mais si vous n'aviez plus de radiateurs électriques ? Plus de réserves de bois (partons du principe que nous sommes en ville) ? Et plus de moyen d'en acheter parce que c'est la guerre ? Supposez un instant que l'hiver soit particulièrement rude cette année-là : que feriez-vous une fois que vous aurez brûlé presque tout votre mobilier ?
Moi je me le demande…
Ainsi que Daniel, Marina et leur professeur. Tous membres de la fac de lettres (en tant qu'enseignant ou qu'élève), ils vouent un grand amour pour les livres. Et tous sont réduits à ce choix déchirant : améliorer mon confort ou sauver ma bibliothèque ? Les disputes vont bon train et les avis divergent. L'animalité ressort, tout particulièrement chez Marina, la plus sensible au froid et la plus désespérée.
Donc la plus réceptive à l'idée de flamber les oeuvres du programme.
Les dialogues sont piquants – c'est ce que je préfère chez Nothomb, sa prose est beaucoup plus plate –, et donc le format pièce de théâtre lui convient parfaitement. Les personnages sont déchirés, ils sont poussés aux dernières extrémités, et c'est ça qui les rend intéressants. C'est une situation qui pourrait très bien arriver dans la réalité. Un jour, peut-être perdrons-nous tout notre confort et tous nos acquis – c'est même certain. Et ce jour-là, réduits à l'état de brutes épaisses (comme dans Walking Dead), nous brûlerons nos livres pour avoir un peu plus chaud.
Les Combustibles est un petit bouquin qui se lit sans grands efforts et en un temps record (52 minutes pour moi, en prenant mon temps). C'est le genre d'ouvrage qui a l'avantage de ne pas nous monopoliser longtemps, même pour une pièce de théâtre. En revanche, le sujet n'est pas très approfondi. On ne sait pas dans quel pays se passe l'action, ni en quelle année et encore moins quelle guerre fait des ravages. Je pense que c'est volontaire, afin d'universaliser la situation, mais du coup, ça manque de consistance.
Malgré tout, l'idée reste intéressante et les personnages sonnent vrais. J'ai bien aimé, c'est un vrai bouquin de vacances, pas prise de tête et pas chronophage pour un sou. Finalement, c'est une bonne découverte, mais pas très marquante.