Etant donné que j'apprécie l'écriture et l'érudition d'
Amélie Nothomb, je n'ai pas le coeur à douter des qualités de son dernier livre traitant de sa passion pour les oiseaux tout au long de sa vie.
J'ai préféré n'en conserver que deux citations qui, à mes yeux, sont de remarquables passages.
Citations :
- P 144-146 « Mon père était dans l'amour et l'amitié, il aimait les gens, tout le monde peut en témoigner… J'essaie de me mettre à sa place. Il avait déjà un pied dans la tombe et voilà que sa fille chérie lui dit : ‘'Je t'aime''. A l'évidence, il en avait été ému…
Bref, je me félicite de lui avoir dit ‘'je t'aime'' à temps. Ce sont des mots qu'il vaut mieux entendre de son vivant. Cela étant, si vous n'a eu cette audace ou cette possibilité , dites-le aussi à vos morts. Je suis persuadée qu'il n'est jamais trop tard. Ce sont des mots qui ont des propriétés particulières.
Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir, dit le proverbe avec justesse. J'étendrais, pour ma part, son champ d'action. La mort n'est pas la limite des transformations. Ce serait d'autant plus absurde qu'elle en est une elle-même. Un lien raté dans la vie peut sinon se réparer, au moins se métamorphoser dans la mort. Non, ce n'est pas une tentative béate de consolation. C'est un constat. Je le répète, il vaut mieux régler ses problèmes avec un vivant qu'avec un mort, mais si vous ne l'avez pas fait, ce n'est pas irrémédiable.
Dans le cas de mon père, il ne s'agissait pas de problèmes à régler. Les nôtres étaient insignifiants, du moins, ils ne m'obsédaient pas. Il s'agissait de vivre enfin l'effusion de deux êtres qui, après tant d'années, s'étaient déclaré leur amour. Avis à tous ceux qui croient que les paroles sont inutiles quand on se sait aimé. Oui nous nous savions aimés l'un de l'autre. Il n'empêche, quelle ivresse de le dire et de l'entendre.
…Fusionner les êtres au point de ne plus savoir ni qui parle ni qui entend. Toucher une main sans pouvoir trancher si c'est à soi ou à l'autre. Je souhaite à tout le monde de découvrir cette indétermination. »
- P 83 « Au détour d'une version j'appris qu'Hermès, le dieu messager aux pieds ailés, pouvait être qualifié de
psychopompe. le
psychopompe était celui qui accompagnait les morts dans leur voyage. Ce nom formidable jouait également chrétienne, il y avait un oiseau
psychopompe qui permettait d'illustrer le Saint-Esprit - la fameuse colombe qui rendait la Vierge enceinte de Jésus. »
Pas de critique car le reste du livre n'est qu'un ensemble de souvenirs de sa passion des oiseaux. Celle-ci est essentiellement liée aux circonstances de vie, à l'éducation dans la famille Nothomb, aux déménagements dans de multiples et différents pays et surtout à son aptitude à rêver, imaginer la vie et les choses.