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sur 1119 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après Soif et Premier sang, consacrés l'un au Fils (le Christ), l'autre au Père (le sien), Amélie Nothomb clôt sa trilogie christique avec le Saint-Esprit, figuré par un oiseau psychopompe (elle-même), passeur d'âmes entre la vie et la mort.


Tout commence, sur un ton léger, par l'enfance cosmopolite de cette fille de diplomates qui, du Japon à la Thaïlande en passant par la Chine, le Bengladesh ou la Birmanie, se prendrait presque pour l'un de ces oiseaux qu'elle se plaît depuis toujours à observer. Ainsi le fabuleux engoulevent oreillard, aux oreilles pointues le faisant sembler, à ses yeux d'enfant, un dragon courroucé de devoir de temps à autre se poser. Mais l'oeuf qu'est encore la narratrice est brisé par un viol, à ses douze ans, lors d'un bain de mer au Bengladesh. La fulgurance de la scène, tout entière contenue dans « Les mains de la mer s'emparèrent de moi », s'éteint dans un quasi non-dit, une ellipse refermée par sa mère en moins de mots encore : « pauvre petite ».


« Quelque chose s'éteignit en moi. On ne me vit plus dans aucune eau. » « La violence des mains de la mer avait arraché la coquille, je n'étais plus l'oeuf que j'avais été. Oisillon dépourvu de plumes, il me faudrait accéder au statut d'oiseau. Cela serait monstrueusement difficile. » A cet exact mitan du livre, le ton s'est fait plus grave mais, concis jusqu'à l‘épure, conserve la grâce d'un vol en apesanteur. Pour sortir, tel Orphée psychopompe, des Enfers de l'anorexie, la jeune Amélie Nothomb doit trouver la force de déployer ses ailes d'adulte, et cet envol, c'est l'écriture qui le lui permet. Dès lors, le récit autobiographique se fait exégèse, dégageant rétrospectivement la cohérence de l'oeuvre de l'auteur et s'attachant à une réflexion, elle aussi à l'aune de la métaphore aviaire, sur l'acte d'écrire.


Question pour elle de « vie ou de mort », l'écriture est un vol libre qui « comporte l'énorme péril de la chute », mais « privilège absolu », « grâce » la plus élevée, elle doit, par son style, éviter « tout excédent de bagages », ne « s'embarrasser [que] d'un minimum de matière », pour « empêcher [ses] phrase[s] de sombrer ». Elle que l'écriture a fait revenir des morts - « la morte, c'était la moi d'avant » -, raconte comment son livre Premier sang lui a aussi permis de nouer un dialogue post-mortem avec son père.


Avec ce livre autobiographique qui, à la fois grave et léger, tout en élégance et en épure, s'enveloppe de la métaphore pour un récit à la fois intimiste et éclairant sur les vertus essentielles, salvatrices et psychopompes de l'écriture, c'est une clé ouvrant les espaces les plus secrets de son oeuvre que nous offre l'inimitable Amélie Nothomb.

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Psychopompe, opus 2023 de l'oeuvre d'Amélie Nothomb, n'est pas un roman. On y retrouve la petite mélodie familière, au coeur de laquelle on ne peut manquer d'entendre la voix de l'autrice. On suit à nouveau les étapes d'une vie d'errance officielle, une vie d'expatriée au gré des nominations de son père. Pas de doute, on est bien chez la famille Nothomb.

Des oiseaux au désir, du désir à l'angoisse de la mort, le chemin est tracé.

Alors, Psychopompe ? L'amour des mots rares est tout entier exprimé dans ce choix. Et celui-là tombe à pic pour parler des obsessions récurrentes de l'autrice, affectée par des deuils récents. le « conducteur des âmes vers la mort » est ici conducteur des pensées morbides qui hantent Amélie.

J'ai une préférence pour les premiers romans de l'autrice, qui utilisait la fiction pour transmettre ce qui constituait l'essentiel de sa personnalité. Un récit comme Psychopompe est plutôt un recueil de confidences, une confession, que l'on découvre sans surprise, puisque la récurrence annuelle de ses publications a déjà levé beaucoup de voiles sur son intimité.
On y lit aussi le rapport passionnel à l'écriture, véritable thérapeutique et indispensable pour survivre

« Quand Rilke dit que l'écriture doit être une question de vie ou de mort , je n'y vois aucune métaphore"

Mais la lecture n'est pas désagréable, l'érudition transparaît ans la recherche des mots et des mythes, l'universel pour éclairer le trivial.

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C'est une amie qui m'a prêté cet ouvrage afin que je puisse le lire durant mes vacances et avant d'en faire don à la médiathèque pour laquelle je travaille. Heureusement que je connais mon débit de lecture, surtout avec les livres d'Amélie Nothomb qui, pour moi, se lisent généralement en quelques heures (parfois même pas) et que j'ai été prévoyante en empruntant d'autres livres pour combler les quelques jours de repos qu'il me reste. C'est d'ailleurs la raison aussi pour laquelle j'ai fait traîner cette lecture afin de ne pas l'avoir lu trop vite, je tenais à la savourer et, encore une fois, je n'ai pas été déçue (cependant, je regrette de ne pas avoir relu juste avant son ouvrage "Premier sangs" puisqu'elle y fait souvent allusion, concernant sa relation avec son père.

Ici, l'auteure protagoniste nous raconte sa passion pour les oiseaux et tout ce qu'elle mit en place, depuis l'âge de l'enfance en passant par celle de l'adolescence pour tenter de devenir elle-même oiseau. Certes, vous l'aurez compris, c'est une métaphore car elle est bien consciente que même si elle ne pourra jamais voler, elle pourra néanmoins parvenir à cette fin qu'elle s'est fixée par d'autres moyens - à elle de trouver les moyens par lesquels y parvenir. Puis, autre chose qui passionne notre héroïne, le passage de l'état de vivant à celui de mort. Elle nous plonge alors dans la mythologie en se faisant elle-même psychopompe, d'où le titre de ce récit, en accompagnant le vivant dans son dernier voyage. Pour cette dernière mission qu'elle s'est fixée, cela a été une réussite mais pour celle d'oiseau, le lecteur, en lisant les dernières ligne de ce roman, peut espérer que l'histoire est encore en cours et qu'une suite viendra bientôt !

Un roman rempli de symboles dans lequel l'auteure nous donne une note d'espoir quant à la mort que nous redoutons tous tant puisqu'elle nous est inconnue ! Pour elle, ce n'est pas une fin mais une transformation et pour ma part, j'ose y croire ! Un roman autobiographique qui se lit très bien et très vite mais un conseil, ne lisez cet ouvrage que si vous avez lu son dernier livre (avant celui-ci j'entends) au préalable ! A découvrir ! Amélie Notomb égale à elle-même ici et le lecteur (moi j'entends) s'en délecte !
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Un livre étrange, pas un roman, plutôt une conversation (même si à sens unique) faite des confidences de la plus célèbre des Amélie.
Madame Nothomb reprend le récit de sa vie que nous connaissons tous plus ou moins à la lecture de ses romans, mais cette fois, elle redéroule le fil de son histoire au travers du prisme aviaire.
Car Amélie ne nous l'avait jamais dit, mais elle est folle des oiseaux qui sont pour elle un guide, une vision de la vie, qui l'attirent tantôt vers l'aube dorée, tantôt vers la mort.
Au milieu du livre surgit une scène monstrueuse, rapidement survolée et noyée sous d'autres lignes, celle d'une agression sexuelle collective qu'elle subit de la part de quatre hommes à l'âge de douze ans lors d'un bain de mer. Cette violence va faire éclater la vie d'Amélie ; à la douleur physique et psychologique s'ajoute la douleur de l'anorexie pour reprendre le contrôle de ce corps perdu. C'est abordé avec tristesse et pudeur, sans s'attarder, le traumatisme étant encore trop présent pour complétement libérer la parole. Cette évocation passée, Améline reprend le cours de sa narration.
Bien sûr, il est impossible de résumer une conversation, j'en aurai probablement oublié la plus grande partie dans quelques semaines, mais celle-ci s'est avérée agréable, comme si une vieille amie perdue de vue me racontait ses souvenirs.
Comme à chaque fois, le livre est court, ne manque pas de piquant ni d'un humour acide bien caractéristique.
Une lecture pas inoubliable cette fois, j'espère que l'année prochaine un roman un peu plus consistant sera au rendez-vous…
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* AMELIE #2023 vol et viol *

Amélie, c'est comme le beaujolais nouveau. Ca revient tous les ans à la même période. C'est un peu une fête, on critique entre copines. Parfois ça a le goût de banane, parfois c'est bon. C'est rarement exceptionnel.
L'Amélie cru 2023 est correct, voire bon. Ca se laisse bien déguster.

Il ne s'agit pas ici d'un roman à proprement parler, mais plutôt d'une autobiographie. Amélie nous parle et nous raconte sa passion des oiseaux depuis sa petite enfance. Passion qui se développe et se métamorphose au gré des affectations de son père. Les oiseaux deviennent le miroir de sa vie. Elle nous raconte quelques épisodes douloureux de sa vie aussi : viol, anorexie, mort de son père. Elle revient aussi sur l'écriture de ses anciens romans dont "Soif" et "Premier sang".

Magicienne des mots, plume incomparable, Amélie Nothomb nous accompagne sur son cheminement telle la psychopompe qu'elle est. Sa vie d'écrivaine, sa vie d'oiseau. C'est beau, souvent poétique.
On ne ressent pas ce livre comme étant de papier, mais bien comme une conversation à sens unique avec l'autrice qui l'est tout autant.

Amélie reste Amélie... et moi je serai au rendez-vous l'an prochain !


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« Écrire, c'est voler »

Ajoute le « i » d'Intimité
Tu liras le mot violer
… Tellement violent
Lourd comme l'enclume
Pour survivre : s'alléger.
Alors elle a pris la plume…

Elle s'est voulue oiseau
Transparente comme l'air,
Sortir la tête de l'eau
Oublier enfin l'amer…

Impunis les salauds,
« Les mains de la mer »
La résilience venue par les mots
À l'aube, du fond de sa théière

Année après année,
D'abord les romans
Succès après succès
Et un jour, enfin, raconter…

À sa manière, toujours un peu perchée,
Entre érudition, pudeur et originalité,
Amélie s'est dévoilée pour se dévioler.

Tel un phénix, elle a ressuscité.
Le psychopompe s'est alors éloigné.

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Cette année j'ai décidé de céder à la tentation ! le passage d'Amélie Nothomb à La Grande Librairie m'a plus touchée que d'habitude et comme il était disponible à la médiathèque je n'ai pas résisté, d'autant plus que la quatrième de couverture était trop alléchante.

« Écrire, c'est voler. »

Le livre s'ouvre sur un joli conte chinois, donc tout commençait bien, puis les descriptions d'oiseaux aux noms étranges (du moins pour moi vue l'ampleur de mes connaissances ornithologiques), leurs chants, leur plumage m'ont un peu laissée sur ma faim mais la magie des sons m'a donné envie de continuer.

Et là, bingo ! entre les descriptions des voyages au gré des mutations de son père, Japon, Chine, Birmanie, Bangladesh, l'auteure nous fait entrer dans son intimité : le viol collectif qu'elle a subi adolescente sur une plage et la manière dont elle a sombré dans l'anorexie, dont l'écriture l'a sauvée.

J'ai aimé, la manière dont elle se connecte avec son père (psychopompe est un joli mot pour désigner le conducteur des âmes vers la mort ) et dont elle en parle avant de le laisser partir et c'est assez tentant.

Il y a longtemps que je n'avais pas ouvert un de ses romans, j'ai tendance à la snober, je le reconnais, car elle revient chaque année, comme le beaujolais nouveau disent certains, et il y a tellement de romans qui m'attendent ! j'aimais beaucoup ses premiers romans, notamment « L'hygiène de l'assassin », « Métaphysique des tubes » ensuite je me suis lassée, puis bref regain d'intérêt à la sortie de « La nostalgie heureuse ».

J'ai passé un bon moment, j'ai lu ce livre en une soirée (couche-tard car insomniaque alors j'avais tout mon temps), la deuxième partie m'a touchée donc un bon cru quand même… Je lirai peut-être « Premier sang » pour ne pas avoir de regrets…
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Les livres d'Amelie Nothomb m'intimident toujours et celui-ci n'échappe pas à cette règle qui m'est propre. Ils se racontent difficilement, se vivent plutôt.
Mais tentons quand même d'évoquer Psychopompe, livre ovni à l'état pur, à l'image de son autrice.

« Écrire, c'est voler ».

Amelie Nothomb a compris dans son enfance que son espèce totémique n'est autre que les oiseaux. Les oiseaux deviennent sa passion d'enfance quand elle était un oeuf et d'adolescence quand elle était un oisillon, elle souhaite tellement se confondre en eux qu'elle cessera pendant deux ans de s'alimenter, tentant ainsi de devenir légère pour un futur envol.

Mais l'envol va évidemment se faire par un autre moyen que celui qu'on imagine : à travers l'écriture. Psychopompe est autant un livre sur la passion de l'autrice que sur sa nécessité vitale d'écrire, chaque jour, très tôt. Et la notion vitale de son écriture lui permet de faire une nouvelle fois le parallèle avec la mort et notamment avec celle de son père, une évidence quand on connaît l'autrice. Ce livre c'est tout ça, un peu mélangé, façonne et imbriqué de manière surprenante et surtout déroutante.

Incapable de statuer sur le fait d'avoir « aimé » ou « pas aimé » Psychopompe, et je crois que c'est là aussi une force dans les histoires de Nothomb, il m'a fait passer un moment incongru de lecture, le sourire aux lèvres car elle use d'un humour assumé.

« Quand Rilke dit que l'écriture doit être une question de vie ou de mort, je n'y vois aucune métaphore. »
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Quelle étrange lecture. Tout elle : inclassable et des reflexions originales. Ici, on est certes plutôt dans sa biographie (j'avoue avoir une préférence pour ses fictions mais peu importe présentement). Certes, elle nous livre ses "petites morts" (viol, anorexie), mais ne retenir que cela, c'est bien réducteur (hein ! les médias et autres réseaux sociaux). Elle nous dit encore, à quel point les langues "mortes" lui ont été d'un grand secours. Et surtout, surtout, elle nous parle de l'écrivain-oiseau. Tout se parallèle entre l'écriture et le vol de l'animal est superbe. Elle se met à nue sur son métier et c'est un festival. Si tu veux écrire un livre : lit d'abord celui-ci. En plus, elle a une passion pour les oiseaux et elle nous apprend pas mal de choses. Évidement, vous saurez pourquoi ce titre, encore une fois excellemment trouvé. Enfin, cerise sur la gâteau, quelques grilles de lecture de ses oeuvres passées... qui donnent envie de les relire du coup (n'en déplaise à certains lol).
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Le roman 2023 d'Amélie Nothomb n'est pas un roman. C'est plutôt une autobiographie à petites touches. Au gré des mutations de son Père, diplomate, Amélie grandit dans des pays très différents les uns des autres. Elle a toujours eu une vie intérieure riche, une curiosité intellectuelle vive, et un élan vital puissant.
Il est impossible de faire un résumé de cet ouvrage. Il faut le déguster comme il vient. On y découvre l'enfance de l'auteure au travers de multiples anecdotes (dont une qui sera tragique), puis son évolution vers le métier d'écrivaine.
Dans ce livre, Amélie se livre beaucoup plus que dans ses autres ouvrages. Elle dévoile (courageusement parfois) ses souffrances, son parcours psychologique, sa relation à la mort, et le lien avec son Père, que la mort de celui-ci fera évoluer de façon très particulière..
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