Les enfants que ne reconnaît pas leur père en souffrent. Mais il existe une souffrance plus grande : celle d'un père que son enfant ne reconnaît pas.
Le 6 octobre 2010, L'Illégal fêtait ses dix ans. J'avais profité de la foire d'empoigne pour infiltrer cet anniversaire auquel je n'étais pas invitée.
Des magiciens du monde entier étaient venus au club cette nuit-là. Paris n'était plus une capitale de la magie, mais la puissance de sa nostalgie agissait toujours. Les habitués échangeaient des souvenirs.
- Habile, votre déguisement d'Amélie Nothomb, me dit quelqu'un.
- Regarde-moi, Joe. Est-ce que je ne suis pas une belle femme?
- Oui, maman.
- Alors, dis-moi pourquoi je n'en garde pas un !
Joe se tait. Mais il aurait plusieurs réponses à lui proposer. D'abord, le coup des prénoms. Ensuite, son haleine de tabac et d'alcool. Enfin, les choses qu'il se formule ainsi : "Moi aussi je te quitterais, maman. Parce que tu es égoïste. Parce que tu parles fort. Parce que tu te plains tout le temps."
Les sages affirment que rien n'a de sens.Les amoureux possèdent une sagesse plus profonde que les sages. Qui aime ne doute pas un instant du sens des choses.
Les sages affirment que rien n’a de sens. Les amoureux possèdent une sagesse plus profonde que les sages. Qui aime ne doute pas un instant du sens des choses.
- Tu as peur de lui.
- Non. J'ai peur pour lui.
- Alors, il est ton fils.
— Oui. Il m’adore comme un gamin de quinze ans adore son père. Donc, il a envie de me tuer.
— Et toi, tu le considères comme ton fils ?
— Il y a de ça. J’ai beaucoup d’admiration et d’affection pour lui. Quand je pars, il me manque. Quand je reviens, il m'énerve et il m'exaspère.
— Tu as peur de lui.
— Non. J’ai peur pour lui.
— Alors, il est ton fils.
Le magicien aime et estime son public; le tricheur méprise celui qu'il plume.
Qui voyait Norman et Christina ensemble était frappé par leur point commun : ils avaient une même façon de se taire. On observait leur manière hiératique de siéger silencieux l'un à côté de l'autre, tels un roi et une reine de l'époque mycénienne, n'échangeant rien que leur beauté et leur majesté. La fascination qui émanait de la juxtaposition de ces deux êtres superbes les identifiait à des totems.
On n'écrit pas l'histoire avec des si.