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sur 239 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il y a quelques mois, j'ai découvert, sur grand écran, la vie Chris Kyle, héros de l'Amérique, mis en scène par le grand Clint Eastwood..
American sniper.
L'histoire de ce Navy seals, au palmarès incroyable (enfin, on parle ici de vies humaines qu'on supprime, ce qui donne une notion particulière à "palmarès") et multi-médaillé.
Bel hommage cinématographique, comme savent en rendre les producteurs américains.
Tout à la gloire du soldat.
Dans cet album, qui, même s'il prétend, dans le titre, s'intéresser à "L'homme qui tua Chris Kyle", ce dernier reste bel est bien le personnage central.
Nury et Brüno nous offrent un autre regard, sur l'homme, son entourage et L'Amérique.
Une Amérique pleine d'ambiguïté.
Capable de militer violemment contre l'avortement, aux noms de vies que l'on détruit, mais s'accommodant quotidiennement de carnages dans les écoles, supermarchés, églises ou autres usines, en défendant la liberté de prolifération d'armes de toutes sortes.
L'Europe n'est pas l'Amérique et je suis fier d'être européen, au moins pour cette différence.
Les auteurs précisent que c'est leur vision qu'ils exposent ici.
Basée, bien sûr, sur des éléments et interviews d'époque.
Ils nous livrent là un récit sans concessions.
Ils ne défendent pas, évidemment, l'assassin de Kyle.
Ils expliquent son parcours, ou du moins ce que l'on croit savoir.
Ce qui m'a le plus irrité, et mis mal à l'aise, je dois le dire, ce sont les propos de la femme de Chris.
À mes yeux, elle n'en sort pas grandie.
Mais encore une fois, je vois ça avec mon regard et ma mentalité de bon (Enfin, j'espère) Francais.
Et que dire du Gouverneur
Jesse Ventura, abject personnage, qui crache sur le héros après que celui-là ait reçu les honneurs de la nation.
Un roman graphique qui ne laisse pas indifférent.
Nury est allé à l'essentiel dans le scénario et les dialogues. Brüno, dans les traits de ses personnages complétés par la sobriété des couleurs de Laurence Croix les illustre parfaitement.
Je conseille.
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Chris Kyle est une légende typiquement américaine : célébré à son retour de la seconde guerre d'Irak comme le plus grand sniper de tous les temps, il s'engagera pour venir en aide aux vétérans qui, comme lui, ont subi ou subissent un Stress Post Traumatique. Jusqu'où jour où il viendra en aide à l'un d'entre eux, Eddie Ray Booth, qui, très ironiquement, le tuera, ainsi que Chad Littlefield, un ami accompagnant Chris, sur un champ de tir. C'est, dans cette BD documentaire – même si le parti pris finit par pointer le bout de son nez au fil des pages, et c'est tant mieux -, ce que présentent Fabien Nury et Brüno, et plus encore les conséquences de ce fait divers.

Ainsi, l'on remonte l'histoire de Kyle, dans le même temps que celle d'Eddie, jusqu'à leur rencontre fatale du 2 février 2013, qui mènera ensuite Taya, la femme de Chris, à entrer dans la danse des médias en lieu et place de son mari, et pour promouvoir les mémoires de celui-ci, et pour présenter les siens, tout en prenant le temps de faire des publicités apologétiques sur les armes à feu, par l'intermédiaire des champs et des concours de tirs. Incroyable cynisme à mon sens, éminemment américain, sur lequel insistent particulièrement les auteurs, en revenant notamment sur des extraits d'interviews télé faites par la veuve, ou encore sur la genèse du tournage d'American Sniper de Clint Eastwood – d'ailleurs mis en exergue de chaque partie par une citation provenant de divers rôles -. Insistance qui permet une critique, plutôt juste, extrêmement subtile, de la mainmise des lobbies des armes à feu aux Etats-Unis, ainsi que de l'image qui s'est faite, ici, d'un « héros » martyr, grâce aux médias et à un storytelling parfaitement huilée.

Cependant, autant j'ai été plutôt convaincue par le fond, autant la forme m'a laissée de marbre : je n'ai en effet pas trouvé que ce style graphique, au plus proche pour moi des comics « noirs », se mariait particulièrement bien au sujet. A mon goût, trop d'appui et de manque de détails, surtout quant aux personnages, dans le trait ; le décalage n'a pas fait mouche, et c'est bien dommage.

Il n'en reste pas moins que j'ai apprécié la découverte, surtout le travail journalistique qu'a demandé un tel projet, notamment pour parvenir à porter, le plus subtilement et précisément possible, une image différente, plus nuancée, de l'engouement pour Chris Kyle – et dans le même temps, une image également plus nuancée de son assassin, Eddie Ray Booth.
Lien : http://lartetletreblog.com/2..
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Un matin de février 2013, dans un ranch texan, un double meurtre est commis. le meurtrier et ses victimes ne se connaissaient même pas le matin du meurtre. du moins, ils s'étaient jamais vus. Eddie Ray Routh. Chad Littlefield. Chris Kyle. Ce dernier n'est pas inconnu des Américains. Militaire déployé en Iraq, il est le sniper le plus prolifique - si l'on ose utiliser ce terme - de l'histoire militaire américaine, avec plus de 160 cibles atteintes en quatre séjours, soit trois ans. de cette expérience, Chris Kyle en a tiré un livre, American sniper, dont les droits ont été vendus à Hollywood pour une adaptation au cinéma, qui verra le jour deux ans après la mort de Kyle, lequel sera interprété par Bradley Cooper sous l'oeil de Clint Eastwood. Voilà une histoire qui semble très simple. Un homme tue deux autres hommes, qui voulaient lui venir en aide, et commet par là une double faute : celle de tuer, celle du choix de ses victimes. En sous-titrant leur récit Une légende américaine, Brüno et Nury visent juste, car c'est bien de la société américaine dont il est question. de la trajectoire de deux hommes - Routh et Kyle -, les auteurs déroulent le fil d'une société malade et volontairement aveugle. En vérité, il s'agit d'une histoire complexe, toute en morale et en ambiguïtés. D'une part il y a l'acte de tuer, le passé de Routh et celui de Kyle ; d'autre part, il y a la symbolique, ce que les auteurs appellent la légende, c'est-à-dire la représentation déformée, amplifiée ou atténuée de la réalité. Les auteurs montrent ainsi comme, d'une certaine façon, la perception de la réalité remplace, officiellement pourrait-on dire, cette dernière.

Le style graphique et le ton sont clairement réalistes. le récit se place clairement dans la veine documentaire, en retranscrivant respectueusement les interviews télévisés, les minutes du procès de Routh ou encore les publicités et les tweets. Aux côtés d'un graphisme assez froid, sans détails, aux couleurs brutes, la narration est, elle aussi, réduite aux faits. L'exposé des auteurs ne prend pas parti. Il laisse au lecteur le soin de se faire un avis. En exergue aux différents chapitres, cependant, apparaissent des citations, extraites de films qui s'incrivent tous dans la construction d'un imaginaire américain, de L'homme qui tua Liberty Valance à Gran Torino en passant par Sudden Impact et, évidemment, Americain sniper. Ces phrases décrivent un monde - l'ouest américain, l'esprit américain - par nature divisé, violent, sans pitité. A bien des égards, elles font écho à l'histoire d'Eddie Ray Routh et à celle de Chris Kyle.

Chris Kyle est un héros de guerre. Multiple médaillé d'honneur par l'armée, il aurait tué au moins 160 personnes. Dans tout autre contexte, Chris Kyle serait considéré comme un tueur de masse. Son meurtrier, Eddie Ray Routh, a aussi servi dans l'armée américaine, en Iraq, dans la manutention des armes. Il n'a jamais combattu. II a aussi participé - de façon assez floue - à l'intervention américaine en Haïti pour enterrer les victimes du tremblement de terre. Plusieurs événements, dans sa vie familiale et personnelle, à son retour de service, tendent à prouver qu'il souffre d'un stress post traumatique sévère. Les chemins de Routh et de Kyle se croisent à l'initiative de la mère de Routh, laquelle demande de l'aide à Kyle pour sortir son fils d'une spirale qui semble infernale. Routh abat Kyle et l'un de ses amis, Chad Littlefield, par armes à feu, lesquelles sont aussi au centre de cette réflexion américano-centrée. Tout accable Routh : meurtrier, et avant cela drogué, alcoolique, lâche et violent avec les siens. Pourtant, ses anciens camarades en parlent comme d'un bon soldat, de quelqu'un d'intégré dans la troupe. Son stress post-traumatique est imputable, sans aucun doute, à la politique étrangère américaine hasardeuse. Kyle, lui, a une image de héros. C'est un bon père de famille, un époux aimant, et un vrai Texan élevé dans les valeurs du wild west. Mais son héroïsme tient en ce qu'il a tué, à distance, un nombre terrifiant d'hommes. On peut aussi le soupçonner de mensonge, comme lorsqu'il déclare qu'il a frappé l'ex-catcheur et ex-gouverneur Jesse Ventura. On ne saurait toutefois oublier qu'il vient en aide à ses frères d'armes, qu'il invite dans des camps où les armes à feu endossent un rôle thérapeutique. de cet état des choses complexe, hybride, où les personnalités, les parcours personnels, les valeurs intimes, une légende et une narration simple sont extirpés.

Là est probablement la partie la plus intéressante du récit de Brüno et Nury. Car il convient de dissocier Kyle l'homme, et Kyle la légende. L'homme a ses contradictions, ses contradicteurs - Michael Moore qui dénonce l'héroïsme d'un tueur à distance, Jesse Ventura qui entend récupérer son honneur et des dollars dans un procès pour diffamation -, la légende n'en souffre aucun. de héros interne à l'armée américaine, Chris Kyle est devenu un héros national, grâce à une campagne médiatico-culturelle savamment orchestrée. Kyle a d'abord co-écrit un livre, dont il a vendu les droits pour un film - avec ce paradoxe que Kyle représente les valeurs d'une Amérique conservatrice tandis que le film est produit par un Hollywood largement progressiste, sinon gauchiste ainsi que le décrivent Kyle et les siens. La mort de Kyle ne gêne d'ailleurs pas la sortie du film, ce qui montre bien à quel point l'homme et la légende sont déjà détachés. Bradley Cooper déclare, d'ailleurs - sérieux ou ironique ? -, qu'il n'a rencontré Kyle qu'une seule fois. La légende prend ensuite clairement le pas sur l'homme. le film réalisé par Clint Eastwood est un succès populaire considérable, car le Kyle interprété par Bradley Cooper renvoie l'Amérique à ses valeurs refuge : le combat pour la liberté, le combat pour la sécurité des proches - qu'on peut identifier comme la famille ou les frères d'armes -, le combat pour une certaine idée de la justice et de la civilisation (le vrai Kyle, interviewé à la télévision, parle de ses victimes comme de sauvages, ce qui est révélateur d'une certaine déshumanisation), sans que ces valeurs, et leurs conséquences, ne soient interrogées, ou remises en cause. le moindre esprit critique convoquerait au moins les victimes iraqiennes, ou contesterait la politique étrangère américaine, ou encore déplorerait les milliers de soldats américains traumatisés par la guerre. Même mort, Kyle occupe le paysage médiatique. Sa veuve, Taya Kyle, s'affiche à la télévision : pour vendre ses livres, affichés clairement par l'éditeur comme les suites du livre originel de son défunt mari, ou pour faire la promotion de fusils d'assaut. La légende est une marque, qu'il convient de protéger et de développer. Sans doute a-t-on là un aspect particulièrement dérangeant de cette société américaine. Business as usual, diraient les Américains. Et la légende est un bon filon.

Cette vision fantasmée du héros pourrait n'être que l'énième preuve de l'indubitable force de l'esprit à la fois patriote et capitaliste américain. Hélas, la légende déborde. Elle oublie les hommes. Elle oublie d'abord Kyle, comme on l'a vu, soldat émérite, certes, mais peut-on glorifier l'acte de tuer, même s'il est justifié d'un point de vue militaire ? Elle oublie aussi Chad Littlefield, ami de Chris Kyle et mort, avec lui, tué par le même meurtrier. Ni Chad ni sa famille ne sont au procès. Ni Chad ni sa famille ne sont présents aux funérailles quasi nationales réservées par le Texas - le cercueil est exposé à l'AT&T stadium de Dallas - à Chris Kyle. Ni Chad ni sa famille ne sont présents dans le film de Clint Eastwood. Chris Kyle / Bradley Cooper y meurt seul. Enfin, la légende oublie Eddie Ray Routh. Elle oublie que ce drame aurait pu être évité, s'il n'y avait pas, pour le seul Etat du Texas, environ 13 000 soldats souffrant de stress post-traumatique dus aux guerres menées en Iraq et en Afghanistan. Elle oublie que la famille de Routh fut aussi victime des dérangements mentaux d'Eddie, que cette famille implora de l'aide pour quelque chose qui la dépassait. La légende prend le pas sur tout, y compris sur la justice. La grande majorité des membres du jury du procès d'Eddie Ray Routh ont vu le film de Clint Eastwood. Les risques de confusion entre la légende - incarnée par Bradley Cooper - et l'homme sont immenses. Mais la justice texane balaie cela d'un revers de main. Ainsi la construction narrative du héros se substitue aux faits, aux différentes interprétations possibles, et elle évacue les culpabilités annexes (notamment celles de l'Etat américain).

A bien lire l'album de Brüno et Nury, le lecteur se désole d'abord du sort de deux hommes qui, s'ils ne doivent être ni héroïsés ni excusés, n'ont peut-être pas mérité leur sort. Ensuite, on peut lire le meurtre de Kyle par Routh comme la vengeance d'une Amérique invisible, déclassée, méprisée car faible, trop faible pour supporter ce que son pays attend d'elle, pour supporter ce que son pays lui fait vivre. L'histoire du meurtre de Chris Kyle montre une Amérique aveugle, qui vit dans le culte de ses valeurs historiques et de ceux qui les portent. Mais, derrière la légende, celle de l'ouest, celle de Chris Kyle, il demeure des hommes, avec leurs lâchetés, leurs errements, leurs faiblesses. Des hommes qui ne prennent pas toujours les bonnes décisions. Des hommes qui prennent parfois franchement les mauvaises. L'Amérique se cache. Ne restent, hélas, que des coups de feu pour lui redonner la vue.
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Comme beaucoup, j'ai vu le film "American sniper", une histoire vraie, celle du skipper ayant officiellement tué le plus d'ennemis dans l'armée américaine. On apprend qu'il s'est fait tuer par un déséquilibré quelques années après, et puis on ne se pose pas trop de questions, juste que c'est un peu con de mourir comme ça. J'ai aimé la démarche du roman graphique qui fouille les faits, en fait il s'agit d'une enquête. J'ignorais que Chris Kyle avait tué des civils pillards après l'ouragan Katrina. L'auteur s'intéresse donc à Eddie Ray Rough et à son parcours. Il explique bien le lien entre les deux hommes. Il appuie également sur le coté business autour du "héros" militaire, sociétés, livre, et les procès liés. le tout avec une bonne publicité pro arme. La moralité de cette histoire très américaine est assez décevante.
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Complément au film American Sniper dont il est beaucoup question ici, il s'agit de l'histoire de Chris Kyle, héros du film et personnage réel ayant été assassiné par un ex soldat souffrant de stress post traumatique. Chris était un sniper, fier de ses actes et cette BD retrace ses derniers moments , mais aussi les conséquences de sa mort sur sa femme et bien sur surtout de son assassin, qui a un parcours identique à Chris mais qui n'a pas été écouté.
Critique acerbe de la gestion du retour des soldats US? Critique aussi du personnage Chris Kyle qui n'a jamais éprouvé le moindre remord (selon les auteurs) à propos de son métier de sniper. Critique aussi sans doute du personnage de la femme de Chris, à la fois femme digne et femme d'affaires avisée (très)?
Bref c'est une sorte de reportage sur les raisons de la mort de Chris Kyle et ses conséquences. On en ressort de la avec un gout amer et une morale bien malmenée.
Dessin de Bruno qui colle bien au roman reportage.
C'est de la belle ouvrage mais qui génére un malaise persistant.
Difficile d'avoir un avis tranché sur cette BD.

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N'étant ni américain, ni américanophile (sans pour autant être américanophobe) je n'avais jamais entendu parler de Chris Kyle avant de voir le film American Sniper, réalisé par Clint Eastwood ; film basé sur l'autobiographie homonyme du fameux Chris Kyle.

Je ne vous cacherai que j'ai beaucoup aimé ce film, et que c'est lui qui m'a donné envie de creuser davantage autour du personnage de Chris Kyle, notamment concernant son exceptionnel parcours militaire et sa fin aussi tragique qu'injuste.

Bien qu'étant un inconditionnel de Clint Eastwood, en tant qu'acteur aussi bien qu'en tant que réalisateur, je me méfie de ses prises de position parfois très très conservatrices sur certains sujets. Je souhaitais donc corroborer ma propre vision avec une autre approche du personnage de Chris Kyle, une approche plus détachée, sans obscurantisme militant mais sans toutefois que cela devienne un réquisitoire à charge.

Autant je suis totalement inapte à une vie militaire (j'ai quand même été réformé P4), autant je ne suis absolument pas antimilitariste ; j'ai même un profond respect pour les militaires, quel que soit leur corps d'armée, et plus encore quand ils ont été sur le terrain.

Mais assez parlé de moi, revenons à nos moutons et à ce roman graphique.

Les auteurs commencent tout naturellement par nous brosser un rapide portrait de Chris Kyle en allant au-delà de ses « exploits » en tant que soldat. Sa difficulté à retrouver une vie normale après ses campagnes en Irak, son engagement auprès des vétérans souffrant d'un syndrome de stress post-traumatique, son investissement dans une société de protection… Mais aussi sa part d'ombre, dont un tempérament plutôt bagarreur et un certain côté affabulateur (certains faits mentionnés dans son autobiographie sont invérifiables, d'autres sont carrément contestés par ceux qui y ont prétendument pris part).

On sent dans la démarche des auteurs qu'il n'y a aucune volonté de ternir l'image du héros 100% made in USA ; au contraire, ses défauts tendraient à le rendre plus abordable et plus humain. Après tout même un héros est fait de chair et de sang, même un héros a le droit d'avoir ses faiblesses… et dans la vraie vie aucun héros n'est invulnérable.

C'est ensuite au tour de Eddie Ray Routh de passer sur le grill. S'il est lui aussi un vétéran, son parcours n'a rien de commun avec celui de Chris Kyle. Quasiment aucune expérience de terrain, sinon une mission humanitaire à Haïti. À son retour, il vit aux crochets de ses parents, passe son temps à picoler et/ou à fumer de l'herbe tout en entretenant une relation houleuse avec sa petite amie.

Du coup forcément quand tu mets d'un côté de la balance un héros de guerre et de l'autre un loser puissance 10, et que le second tue le premier, il n'est pas difficile de deviner de quel côté penchera l'opinion publique et que, même au niveau judiciaire, le sort d'Eddie Ray Routh était scellé avant même l'ouverture du procès.

Au-delà du drame et du procès, les auteurs s'attardent aussi sur les « à-côtés » de l'affaire. Notamment sur l'implication de Taya Kyle, la veuve de Chris, et j'avoue que c'est le personnage qui m'est apparu le plus ambigu dans cette histoire. J'aimerai penser qu'elle n'agit que pour sauvegarder et honorer la mémoire de son époux mais je ne peux m'empêcher d'y voir une course au profit quelque peu dérangeante.

Chapeau bas à Fabien Nury pour l'énorme travail de documentation qu'il a dû fournir afin de nous restituer un regard aussi objectif que possible sur les différents aspects de ce drame et en le replaçant dans son contexte sociétal et politique.

Le trait du Brüno est en totale adéquation avec le thème développé. Brut et anguleux, il laisse planer sur l'ensemble une ambiance façon western spaghetti qui fonctionne impeccablement.

Si vous avez vu American Sniper, je ne peux que vous recommander de lire ce roman graphique qui vous propose d'aborder l'histoire via une approche différente et surtout de découvrir les suites du crime (le film s'arrête avant le procès d'Eddie Ray Routh).

Évidemment, je le recommande aussi aux lecteurs n'ayant pas vu le film de Clint Eastwood, je suppose que ceux-ci aborderont l'affaire avec un esprit plus neutre.
Lien : https://amnezik666.wordpress..
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Moi qui n'ai pas encore vu le film American Sniper dont j'avais beaucoup entendu parlé, j'ai lu avec grand plaisir L'homme qui tua Chris Kyle. Nous sommes sur de la bande-dessinée à la limite du documentaire et de l'enquête. Les dessins sont épurés mais explicites. L'ouverture sur des tombes au nombre des morts imputées au sniper Chris Kyle m'a tout de suite intéressée. Les auteurs retracent le meurtre de ce sniper, héros américain de la guerre en Irak, par un jeune paumé depuis son retour de zones de combat. A travers le déroulé des faits (selon les rapports de la police), les interviews dans les médias ou encore les interrogatoires, ce fait divers devient un portrait des Etats-Unis : ses héros célébrés et ceux qui tombent dans l'oubli, l'importance des armes et du lobby exercé, le traitement des vétérans. Une bande-dessinée très instructive sur l'Amérique profonde. #LHommequituaChrisKyle #NetGalleyFrance
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Je n'ai jamais vu le film, ni lu le livre et ce n'est pas sûr que ça arrive bientôt. Ici, on a un point de vue extérieur au événement, celui des auteurs Fabien Nury et Bruno, à travers les interviews accordées aux médias américains. le récit s'articule autour de 4 personnages:
-Chris Kyle, le héros américain dans sa splendeur : arrogant, mythomane, sûr que la réponse à la violence est la violence, mais qui s'occupe d'essayer d'aider les autres anciens combattants.
-Eddie Ray Routh, jeune homme fragile, élevé au stéréotypes guerriers de l'armée américaine, traumatisé de guerre même sans combattre
-Jesse Ventura personnage que seul les États Unis peuvent produire: acteur, catcheur, gouverneur....
-Taya Kyle, femme de Chris Kyle, qui continue l'oeuvre de son mari (pour être gentil).
On retrouve ici la guerre dans ce qu'elle propose de pire: ce qu'elle laisse aux hommes (traumatismes, angoisse, cauchemars).
Une vision des États Unis actuels, du moins d'une partie, qui fait froid dans le dos...
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Infographie Américaine


J'aime bien accompagner mes lectures avec un CD. Je voulais me coller Born in USA de Bruce Springsteen dans les oreilles en lisant L'homme qui tua Chris Kyle. Impossible de remettre la main dessus. Moi qui comptais débuter ce post par l'incompréhension autour de cette chanson, un brûlot devenu un cantique reaganien, une ode au patriotisme burné et une blessure ouverte dans la carrière du Boss...


En revanche, nulle ambiguïté dans le propos de Chris Kyle, il est patriote jusqu'aux poils de cul. Drapé dans le drapeau, il revendique fièrement son amour de la nation, amour qui passe nécessairement par une méfiance des autres, de l'Autre.

Chris Kyle est connu mondialement par l'adaptation cinématographique sans nuance de Clint Eastwood.

De nuances, l'album de Nury et Brüno n'en manquent pas. Loin de l'invective, ils adoptent une distance, quasi clinique, une volonté de comprendre qui se mesurent tant à la forme qu'au fond. Brüno crayonne en son style bien à lui, cases claires, traits fins et ligne aérée, frôlant l'infographie, un bel ouvrage.

Nury lui explicite le destin de Chris Kyle. Sans le diaboliser, le réduire à un Redneck soulevant de la fonte. Chris Kyle est un personnage plus complexe que son parcours, son rapport complexe à la réalité, tordant les faits ou les inventant carrément, pouvaient le laisser croire.

L'autre grand atout de cette BD est de nous montrer Eddie Ray Routh, l'homme qui flingua la légende. Un homme sévèrement atteint mentalement, un homme qui souffre de syndrome post-traumatique alors même qu'il n'a jamais participé au combat. Un homme que l'on imagine aisément être traité de fiotte par Kyle et ses potes.

Nury et Brüno n'excusent rien, un meurtre est un meurtre, illégal tant qu'il n'est pas couvert par des faits de guerre, n'est-il pas ?

Eddie Ray Routh est un individu se débattant dans un monde qui n'admet pas la fragilité. L'épilogue, seul moment où l'on sent poindre une réflexion personnelle, est l'un des beaux moments de cette BD qui n'en manquent pas. Il pointe que traiter la faiblesse par le mépris est rarement une bonne idée.

Magistral.
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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Ceux qui ont vu le film de Clint Eastwood, "American sniper" se souviennent de cette dernière séquence extraite d'archives de la télévision US dans laquelle on voyait une foule amassée le long des routes, tels des spectateurs du Tour de France dans la montée de l'Alpe d'Huez, saluant le cercueil du héros national Chris Kyle abattu quelques jours plutôt dans un stand de tir par un autre vétéran de la guerre en Irak.
Tout comme le film de Clint Eastwood, la bande dessinée de Fabien Nury et Brüno revient sur le parcours de Chris Kyle, une fine gâchette qui, en guise de reconversion, est devenue un "soutien" pour des hommes qui comme lui ont perdu pied de retour à la maison, victimes du SSPT (le fameux syndrome de stress post-traumatique).
Dans ce livre en forme de documentaire, Fabien Nury raconte de manière très détaillée les dernières heures de la vie de Chris Kyle, avec, en parallèle, le portrait de son meurtrier, Eddie Ray Routh, lui-même un vétéran de la guerre en Irak mais qui, contrairement à Kyle, a sombré corps et âme dans la folie.
En fond, on redécouvre le portrait de cette Amérique d'aujourd'hui telle qu'on la connait, qui glorifie autant Dieu que les armes - à ce sujet, l'interview de la femme Kyle sur FoxNews vaut le détour.
On découvre aussi procès, là aussi hallucinant, qui oppose Jesse Ventura à la veuve de Kyle, ce dernier accusant son mari d'avoir menti à propos d'une bagarre dans un bar à Coronado en Californie où il aurait eu le dessus sur son adversaire.
Un bon complément au film "American Sniper", qui soit dit en passant, reste un des films les plus réussis de Clint Eastwood au cours de ces dernières années.
Lien : https://www.hop-blog.fr/lhom..
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