« Orgueil » ? « Préjugé » ? Pas de doute, le premier tome de la saga "Les Soeurs Charbrey" se veut un hommage à
Jane Austen. Et aussi un pari audacieux ! Cassandra O'Donnell, l'une des rares auteures françaises à se distinguer sur la scène éditoriale d'urban fantasy avec sa célèbre série "Rebecca Kean", s'attaque cette fois à la romance historique en espérant rompre l'exclusivité américaine du genre.
À l'époque de la Régence, Morgana Charbrey, l'héroïne de ce premier volume, boude obstinément les conventions en refusant de participer aux bals, réceptions et autres simagrées de la bonne société dont elle est issue. Pour elle, point de mari ! Elle n'a de toute façon guère le temps de minauder : à vingt-trois ans, elle assume déjà de lourdes responsabilités. Depuis la disparition de ses parents, elle règne sur le domaine familial et s'occupe de ses trois jeunes soeurs, Rosalie, Daphné et Mary.
Le féminisme et les prédispositions peu communes de Morgana pour les expériences scientifiques sont autant d'obstacles au mariage à mettre sur le compte de son caractère indépendant et passionné. Son désir de solitude est accepté par sa tante et son oncle bienveillants qui la libèrent de ses obligations sociales en la faisant passer pour malade et alitée.
Cependant, lorsque la belle Morgana sort de son antre et se rend à Londres afin de servir de chaperon à sa soeur Rosalie, le séduisant et orgueilleux lord Malcolm Greenwald fait douloureusement osciller son coeur et sa raison…
Si l'héroïne peut parfois agacer au début (trop belle, trop riche, trop douée, trop parfaite !), on se laisse facilement emporter par l'écriture fluide de Cassandra O'Donnell et la relation amour/haine qui se tisse entre Morgana et Malcolm. L'époque de la Régence est fascinante, et l'histoire de la famille Charbrey promet des suites fort intéressantes sur les autres soeurs. Ma préférée reste pour l'instant Rosalie (peut-être parce qu'elle est romantique, qu'elle aime la nature ainsi que les longues promenades solitaires et qu'elle écrit).
Cassandra O'Donnell voulait que son livre soit léger et pétillant comme une coupe de champagne, son pari est réussi ! Un excellent moment de lecture qui ravira une fois de plus les fans de la Régence et de l'époque victorienne. Décidément, les admiratrices de
Jane Austen sont gâtées en cette année 2013 qui célèbre les 200 ans d'"
Orgueil et préjugés".