Et bien ça y est, je viens de terminer ce roman qui, une fois encore, me laisse un goût de trop peu malgré les 690 pages de ce presque chef d'oeuvre.
Diable que j'aime Oates ! Presqu'une passion.
C'est un bien grand et bien beau livre que voici.
Triste de l'avoir terminé, de quitter Rébecca (Hazel) et tous les autres...
Des références aux Chutes, un de ses plus beaux romans, quoique celui-ci est également magnifique...
C'est le destin de Rebecca, et c'est tout car on ne peut réellement résumer ce roman.
Un destin qu'aurait pu écrire Douglas Kennedy, mais dans ses meilleurs livres, ceux d'il y a fort longtemps car malheureusement cet auteur, pour moi, ne possède plus le talent des ces premiers romans. (Mais revenons à nos moutons, c'est de la fille du fossoyeur dont je fais la critique et non Kennedy !).
A partir d'un fait divers sordide, un atroce drame familial que Rebecca a vécu en direct si je puis dire, à 13 ans, c'est le point de départ de la reconstruction de cette jeune fille. Cette résilience est quasi miraculeuse, et d'ailleurs ce livre est l'histoire même de cette magnifique résilience. Un livre plein d'espoir donc.
Et oui, elle devient même une très bonne mère avec son fils unique, elle a réussi le pari de "casser la chaîne" du malheur familial, sans thérapie, bravo ! (On pourrait penser donc avec ironie qu'Oates est tout de même un peu optimiste, mais bon...).
C'est le livre d'une mère avant tout, qui aime son enfant d'un amour incroyable, de cet amour si rare qui est un don de soi total et inconditionnel. Elle encouragera son fils dans la voie musicale, et effectivement, il devientdra un grand pianiste (encore une petite goutte d'optimisme...).
Quelle ascension fulgurante, surtout lorsque l'on pense aux origines plus que modestes de Rebecca.
C'est vivant, vivifiant, entraînant, comme une danse, oui c'est cela, ce livre est une danse dans laquelle on se perd, mais les yeux émerveillés, et l'on tourne tourne, jusqu'à la fin, étourdis mais heureux.
Justement, cette fin incroyable, un échange de lettres où transpire la culture de cette femme d'une soixantaine d'années, Rebecca, étonnante culture quand on connaît sa Vie.
A chaque fois que je termine un roman de Oates, immanquablement, je me pose toujours une question qui me taraude : mais comment fait-elle, cette magicienne, ce génie qu'est cette grande dame américaine ? Mystère...
Merci.
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e constate qu'il y a eu peu de critiques des Babeliotes pour ce très beau livre de Madame Joyce !
Une belle romance triste et piquante comme le sait si bien faire cette grande dame du polar américain.
Rebecca - qui est loin d'être l'héroïne de Daphné du Maurier - est née sur un bateau d'émigrés juifs allemands qui ont fui la deuxième guerre mondiale et l'extermination par les nazis...
Elle arrive sur le sol américain avec une nouvelle identité, son père ayant changé de nom de famille - trop reconnaissable pour ceux qui n'aiment pas cette race maudite.
Le père est aussi obligé de prendre le premier emploi qui se présente à lui : fossoyeur dans une petite ville très raciste ! alors qu'il était professeur dans son autre vie.
Et bien sûr les ennuis s'enchaînent pour la petite Rebecca et toute sa famille.
Elle fera contre mauvaise fortune bon coeur et se jouera de toutes les embûches avec brio.
J'ai adoré ! Et aussi la fin du livre qui est un échange épistolaire très brillant.
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On ne connaîtra jamais l'origine de Rebbeca que l'on suit de sa naissance en 1936 à New-York, sur un bateau d'immigrants, ni sa fin dans le silence en 1999 en Floride. C'est peut-être ce qui rend ce roman si fort, les mystères, les zones d'ombre qui donnent aux personnages leur dimension si humaine et qui hante cette histoire poignante. La violence du père de Rebbeca, les secrets de son fils prodige, pianiste accompli, les angoisses de Rebbeca qui nous étreignent tout au long de la fuite de son premier mari sont décrits sans que se dénouent tous les noeuds de la vie des personnages. Les non-dits de l'autrice sont d'une subtilité qui donne à ce roman une saveur unique, une retenue, comme si elle voulait nous laisser compléter le portrait de ces vies en mouvement. On admire la force de caractère de Rebbeca qui finit par accepter d'être aimée sans jamais abdiquer sa vigilance. On appréhende la réapparition de son premier mari. On visualise les bords du Saint-Laurent des «Mille îles» sous les vents d'hiver. On réécoute la sonate «appasionata» de Beethoven pour le concours de piano de son fils...Du grand art, comme tous ses romans où elle nous plonge longuement dans des portraits en demi-teintes marqués par l'histoire.
Son épilogue sous forme de correspondance entre Rebbeca et sa «cousine» met un terme de façon magistrale à cette saga remarquable sur la quête des origines qui hante tout le récit.
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