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4,14

sur 383 notes
Du grand Oates ! Quelle profondeur dans ce roman, ce roman d'une résistance acharnée à toutes les épreuves, à tous les chocs, à tous les accidents qui font l'histoire. Rebecca Schwart, née dans la crasse d'une cale de bateau dans le port de New-York, de parents allemands fuyant le régime nazi. Rebecca Schwart qui va supporter de grandir dans la maison en pierre du cimetière dont son père est le fossoyeur. Rebecca qui va résister à tout, les humiliations et les violences de toutes sortes. Des violences sociales dans cette Amérique qui ne voit pas d'un très bon oeuil l'installation de ces familles de miséreux arrivant d'Allemagne. Des violences physiques et morales quand jeune adulte elle va s'engager dans une liaison amoureuse toxique.

Et si tout cela ne forge pas le caractère ! Et pourtant, jamais elle ne perd espoir. Son fils sous le bras, elle reconstruira tout, pas à pas, pierre après pierre ... La survie à tout prix. Comme ces autres restés en Europe (ou renvoyés parce qu'indésirables aux USA) et qui furent enfermés dans des camps.

L'écriture dense, intense, profonde de l'auteure nous entraîne complètement, nous bouleverse parfois, nous malmène souvent. C'est de l'art en 650 pages, dont aucune n'est à jeter. Un roman qui brille d'intelligence dans un propos accessible à tous mais qui joue en permanence avec notre propre capacité de résistance.
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En 1936, la famille Schwart quitte l'Allemagne pour les États-Unis. Elle s'installe dans la vallée de Chautauqua. le père, qui était professeur dans un lycée allemand, est contraint d'accepter un emploi de fossoyeur. le rêve américain ne se réalise jamais pour lui et son épouse. Jacob Schwart est un père odieux, violent et mauvais, haï par tous ses enfants. « Il était un homme brisé. Un homme dont les rats avaient mangé les tripes. Mais il était aussi têtu. Retors. » (p. 87) Rebecca, la cadette, échappe de peu au drame qui anéantit sa famille. Désormais sans racines, elle fait de son mieux pour survivre et oublier d'où elle vient. « Elle avait un air têtu, une dignité raide. Elle ne se laissait marcher sur les pieds par personne. » (p. 43) Elle croit trouver le bonheur avec son époux, Tignor, mais ne l'attendent encore que danger, violences et désillusions. Rebecca doit se sauver et sauver son enfant. Elle s'enfuit à nouveau et devient une autre. Mais le passé n'a de cesse de la rattraper de différentes façons. Quelle que soit sa nouvelle identité, elle sera toujours la fille du fossoyeur.

Joyce Carol Oates sait écrire de très beaux destins féminins et des personnages puissants. Ce roman est la fabuleuse histoire de la résilience et de la survie d'une femme courageuse, solide et déterminée. de 1936 à la veille des années 2000, Rebecca Schwart gagne son indépendance et sa place. La fin du roman est une question lancée aux vents mauvais et au spectre hideux des génocides. La fille du fossoyeur est une claque littéraire qui interroge l'histoire, l'identité et la société.
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La fille du fossoyeur a été inspiré à l'auteur par la vie de sa grand-mère, avec un changement d'époque, puisque Rebecca, narratrice et personnage principal, est née en 1936, presque comme Oates elle-même.
La première partie présente Rebecca jeune maman obligée d'aller travailler à la chaîne pour nourrir son petit Niley, dont le père n'est guère présent. le retour de l'usine le long d'un chemin de halage où elle est suivie par un inconnu à l'allure étrange met déjà dans l'ambiance, et quelle ambiance !
La suite renvoie dans l'enfance de Rebecca, où elle est la dernière enfant de la famille Schwart venue d'Europe de l'Est et débarquée à New York juste au moment de la naissance de la petite fille.
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Dès le premier chapitre on est conquis : le rythme est rapide (on essaie d'échapper à la situation, avec Rebecca on s'essouffle…), le style est parfait, l'histoire est « lancée »… quel bel ouvrage ! J'ai découvert Joyce Carol Oates avec ce superbe roman dans lequel on va suivre toute la vie de Rebecca/Hazel, superbe personnage résilient féminin. Que d'émotions ! J'en suis sorti bouleversé. À lire d'urgence.
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Étrange roman où - comme dans un roman policier - il faut attendre les dernières pages pour comprendre les 600 pages de lecture précédentes.
On suit une famille d'émigrés ayant fui l'Allemagne en 1936 pour les "You Esse". le père ne trouve qu'un emploi de fossoyeur dans un cimetière.
En quelques années la famille Schwart va basculer dans l'horreur. Seule Rebecca, la fille, sera épargnée. Dans la seconde partie du roman elle parviendra à fuir pour tenter de se reconstruire.
Joyce Carol Oates une fois encore nous emmène là où elle veut. Elle multiplie les angles de vue, brouille les pistes, vraies ou fausses, bouleverse les chronologies et infuse des vérités contredites par la suite. La difficulté de la famille Schwart - mais est-ce même son nom? - à verbaliser ses ressentis se heurtera à une mauvaise maîtrise de la langue anglaise, à une peur face à l'autre. Les paroles prononcées d'une voix blanche par Rebecca sont déconnectées de sa pensée profonde. Ambivalence, confusion, trouble pour Rebecca et le lecteur. Lumineuse et fiévreuse à la fois Rebecca traîne avec elle une part d'opacité. Un drame imminent plombe son quotidien.
Trop rugueux d'un prime abord ce roman va basculer dans une success story à l'américaine. le début et la fin sont particulièrement réussis. Qui n'est pas pris de panique lors de la scène initiale de poursuite le long du canal? La pression est à son comble. On en sort lessivé. Brillant moment.
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Etoiles Notabénistes : ******

The Gravedigger's Daughter
Traduction : Claude Seban
Préface : Véronique Ovaldé

ISBN : 9782757812143

Alors là, il faut le proclamer haut et fort : c'est du grand, de l'excellent Oates. Nous sommes pourtant loin des vastes fresques comme "Maudits" ou" Bellefleur" qui prouvèrent, avec "Nous Etions Les Mulvaney" ou encore "Blonde", que Joyce Carol Oates était l'un des plus grands auteurs états-uniens du XXème siècle et du début du XXIème. A la limite, on pourrait même juger l'intrigue minimaliste. Mais la technique utilisée ici l'est de façon remarquablement habile.

L'ouvrage se divise en trois parties et l'auteur nous donne, çà et là, quelques indices sur la période sur laquelle s'étend l'action. Ce qui remet tout en question (à moins qu'on ne prenne le parti d'une fin réaliste), c'est la chute, ces quelques lettres échangées entre les deux cousines, Rebecca et Freyda, la dernière demeurant sans réponse ... A part cela, je le répète, tout est précis, on est même tenté d'écrire "carré." Il n'y a pas de ces fantasmes, de ces délires poétiques, oniriques, magiques même, auxquels Oates nous a habitués et que nous aimons tant dans son oeuvre.

La première partie a pour héroïne Rebecca Schwart, de son enfance jusqu'au moment où, pour des raisons bien précises, elle choisit de disparaître avec son fils et de prendre le nom de Hazel Jones. Tout n'est pas linéaire mais les flash-backs ne dérangent guère car l'action reste cohérente. Rebecca est née sur un bateau de migrants allemands (d'origine juive ou opposants à Hitler) qui venait d'entrer dans le port de New-York. Officiellement, ainsi que cela se passe en pareilles circonstances, elle sera déclarée étant née à New-York. Son père est professeur de mathématiques, sa mère, femme au foyer et elle a deux frères. Son père, homme poli et cultivé, espère évidemment trouver un emploi conforme à celui qu'il occupait en Allemagne. Malheureusement, dans ce nouveau pays, les choses sont différentes et M. Schwart se décide, pour nourrir sa famille, à accepter le poste de fossoyeur - et l'horrible petite maison allant avec - à Milburn, dans la vallée de la Chautauqua. On imagine la déchéance. D'autant que, au départ, pour faire tenir sa femme, Hannah, Jacob Schwart assure que ce ne sera que pour un an, puis pour deux, puis pour ...

Cette première partie est hantée par le cimetière, le statut de semi-indigents qui s'attache à celui qui s'en occupe et aux membres de toute sa famille, et aussi l'effrayante rapidité avec laquelle sont susceptibles de déchoir les membres d'une famille. Très touchée par sa dernière grossesse, qui fut très difficile, Hannah la musicienne sombre peu à peu ... Jacob Schwart met plus de temps, en apparence, car lui, il a la haine. le problème, c'est qu'il se met à haïr à peu près tout le monde. Cet homme débonnaire, gentil, éduqué, bascule dans l'alcool, le tabac et se transforme en véritable déchet, qui se lave à peine et porte toujours des vêtements en piteux état. L'un après l'autre, les deux frères de Rebecca quittent la maison. La petite reste seule pour assumer la maladie de sa mère, la tyrannie de son père et la sournoiserie méchante des habitants du coin.

C'est dur, très dur, une enfance pareille. Surtout pour un être intelligent. Or, Rebecca est très intelligente.

Et c'est encore plus dur de survivre à une enfance de ce type. Mais l'on peut y parvenir.

Rebecca y parviendra parce que le Destin, cruel certes mais salvateur, se met de son côté. Dans la foulée, elle rencontre un bel homme de vingt ans son aîné, Niles Tignor, dont elle tombe éperdument amoureuse, et qu'elle finit par épouser (du moins le croit-elle : en fait, ce sont les ombres de sa sinistre enfance qu'elle épouse) avant d'avoir de lui un enfant, nommé Niles et, plus simplement, Niley.

Dans la deuxième partie, Rebecca, devenue Hazel Jones et ayant réussi à leur procurer, à elle et à son fils, deux extraits de naissance tout ce qu'il y a de plus légaux, entreprend de mettre toute la distance possible entre ces ombres et la petite famille qu'elle forme avec Niley, rebaptisé Zacharias, un enfant qui a hérité son intelligence et le talent qu'avait sa grand-mère pour la musique. de jour en jour, de semaine en semaine, de mois en mois, d'année en année, Hazel fuit ses souvenirs et les Ombres. Elle a pour rêve de faire de Zack un grand pianiste. Et le plus étonnant, c'est que, non sans se remarier avec un pianiste de jazz, Chet Gallagher, contraire absolu de son premier mari comme de son père, et en outre héritier d'une grande famille, elle y parvient.

Mais, si elle est aimée par Chet - ou plutôt adorée - elle perd peu à peu l'affection de son fils, hanté par les propres ombres et les souvenirs hachés de son enfance cahotique. Alors même qu'il atteint au statut de plus jeune virtuose dans l'un des concours les plus célèbres des Etats-Unis, il se détache de Rebecca-Hazel et rêve de déployer ses ailes dans une vie nouvelle où sa mère, devenue belle-mère, ne tiendra plus que le second rôle.

Evidemment, je passe les détails. Sauf celui-ci car il recèle la clef de la correspondance finale : alors que les USA s'apprêtaient à entrer en guerre avec l'Axe, les Schwart avaient reçu des nouvelles de cousins allemands qui leur demandaient asile lorsqu'ils arriveraient à leur tour aux Etats-Unis. Hélas ! Pour des raisons diverses, le bateau n'a pu accoster et il a sombré. Avec tous ses passagers. Je vous laisse imaginer l'horreur de la petite Rebecca apprenant que sa cousine, Freyda, du même âge qu'elle et en qui elle voyait déjà une soeur, ne la connaîtra jamais ...

Mais un jour, bien plus tard, Freyda, devenue professeur dans une université californienne, publie ses mémoires. Et Hazel, qui ne se tient pas de joie de la savoir toujours en vie, ose lui écrire en signant, bien sûr, de son vrai nom. Au début, Freyda ne croit guère en cette parenté inattendue. Et puis, elle s'adoucit. En outre, précisons que Hazel-Rebecca a conservé précieusement la vieille photo que, en 1940, avait envoyée à sa famille celle de leurs cousins allemands.

Quand s'achève le roman - Oates est toujours très subtile - le lecteur doit se faire tout seul son opinion :

1) ou presque tout est faux et Rebecca-Hazel a "rêvé" sa vie dans quelque obscur centre psychiatrique où on l'aurait placée après le drame qui marqua son enfance et dont je ne vous ai rien dit.

2) ou tout est vrai et Rebecca-Hazel ne répond plus à sa cousine tout simplement parce que la maladie l'a emportée.

3) ou alors, fantasmant toujours, Rebecca-Hazel a fini par s'écrire à elle-même avant de mourir (suicide ou maladie).

Quoi qu'il en soit, "La Fille du Fossoyeur" est un roman superbe, digne, fier, une merveille de construction et d'analyse psychologique. On s'attache à Rebecca, malgré ses raideurs, ses préjugés, ses craintes et son entêtement : c'est que, de quelque façon que ce soit, elle a réussi à survivre dans un monde qui n'admet que les Forts. En conséquence, au contraire de ce qu'elle croit et de ce que croyait son père, elle appartient elle-même à l'espèce de ces Forts que rien ne peut abattre. Attention cependant et Oates nous le rappelle plus d'une fois : être un Fort, ce n'est pas forcément être heureux.

Mais qu'importe puisque l'on a survécu aux coups du Destin, aux cartes et / ou aux dés pipés qu'il s'était complu à nous distribuer. Survivre, telle est la seule satisfaction, la seule grâce que le Destin accorde aux Forts mais c'est une distinction rare et durement acquise. Une distinction d'une telle valeur que, le Jour venu, elle permettra à votre esprit de quitter ce monde dans l'envol, splendide et gracieux, du Phoenix que vous n'avez jamais cessé d'être. ,o)
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Rebecca est la fille de juifs allemands immigrés lors de la seconde guerre mondiale. Son père, ancien professeur va exercer le travail de fossoyeur. de maltraitances en maltraitances, Rebecca va finalement changer de nom, et fuir d'état en état..Un très beau livre aux personnages mythologiques. Beau portrait de femme.
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L'histoire de Rebecca Schwart...
Petite fille née sur un bateau fraîchement arrivé à New-York, des parents allemands et juifs fuyants les répressions envers ce peuple en 1936...
Une naissance à l'image de ce que sera sa vie : un combat.
Un combat pour la survie, un combat contre les autres, un combat contre ce destin funeste qui va l'accompagner longuement...

Quelle claque que ce roman ! J'avoue avoir eu du mal au début... Cette enfance hâchée, si douloureuse, où voulait me mener l'auteure ?
Et puis, vient le mariage de Rebecca, avec un homme violent...
Puis la fuite, la reconstruction, mais toujours les mêmes fantômes... Ceux de son passé, de son enfance...
Joyce Carol Oates nous plonge dans ce qu'il y a de plus sombre dans notre société avec une plume si adroite !
J'ai oscillé durant toute la lecture entre nausée, écoeurement, peur, violence, espoir, amour (un peu)...
La fille du fossoyeur, un livre à lire, doucement, en prenant son temps pour que chaque mot vous imprègne...
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Il y a toutes sortes de livres. Et l'opinion que l'on en a est finalement subjective. Mais il y a les grands livres. Quoi qu'on en pense, qu'on ait aimé ou pas. Et ce qui est sûr, c'est que "la fille du fossoyeur" est un grand livre.
Bien sûr, avec Joyce Carol Ouates, le risque est modéré...
Le récit de la vie de Rebecca, petite fille juive née sur le bateau à bord duquel sa famille a fuit l'Allemagne nazie. de son enfance difficile à son épanouissement de femme adulte, en passant par une jeunesse chaotique, on assiste à la métamorphose d'une enfant rebelle et souillon en une femme accomplie.
Un récit émouvant, des personnages qui ne laissent pas indifférent en font un livre passionnant et riche.
De la très belle littérature.
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Rebecca Schwart est la fille du fossoyeur, ancien professeur de mathématiques que la menace nazie a contraint à l'émigration aux Etats-Unis. Comment sa jeunesse miséreuse et humiliante la conduira-t-elle à se réaliser, sans oublier ses origines?

C'est un récit passionnant, témoignant que tout est toujours possible, à condition de s'obstiner.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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