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4,3

sur 661 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est grâce à la communauté de Babelio que j'ai découvert Joyce Carol Oates et "Le livre des martyrs américains", aux critiques élogieuses.
L'auteure traite ici de la question de l'avortement aux Etats Unis, à partir de l'engagement de deux personnages : Augustus Vorhees, médecin exerçant dans une clinique pour femmes, qui pratique entre autres des avortements et de l'autre Luther Dunphy, anti avortement qui considère de son devoir de tuer les criminels que sont les médecins avorteurs, au nom de Dieu.
La première partie du roman décrit donc les points de vue diamétralement opposés de chacun des deux personnages, leurs motivations et leur "rencontre".
Puis est détaillé le procès qui s'en suit et les moyens que dmles membres de leur famille trouvent pour survivre, se construire ou se reconstruire après le drame.
Mon sentiment sur ce livre est mitigé. En effet, j'ai trouvé le sujet passionnant, les points de vue et l'engagement des personnages très bien exposés Oates réussit à ne pas prendre partie et à exposer les faits, la psychologie des personnages, et décrit parfaitement les représentants de deux "Amérique" des vingt dernières années. Cela a fait écho en moi à d'autres événements où faits divers que nous pouvons suivre.
Cependant, et bien que j'apprécie énormément les pavés (ici 850 pages), je n'ai pas réussi à m'attacher particulièrement à certains personnages. La lecture a donc été pour moi par moment laborieuse, ce qui me conduit à donné un 3.5 seulement.

#challenge globetrotter
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Je me souviens Des Chutes (prix Femina étranger) lu au Sénégal et de Mud woman, généreusement offert par l'éditeur pour le Café Littéraire: les deux m'avaient beaucoup plu mais l'autrice est prolifique: plus d'une cinquantaine de romans...Un livre des martyrs américains me conduit à un avis mitigé: c'est beaucoup trop long, j'ai eu l'impression de tourner en rond: il y a deux camps qui s'affrontent avec de plus en plus de violence allant jusqu'au meurtre...
Les pro-vie et les pro-choix...
J'ai du mal avec les américains contre l'avortement, pour la peine de mort et le port d'arme, racistes et machos...et qui votent Trump!
Ici, c'est romancé, les clans sont personnifiés: d'un côté un médecin avorteur et de l'autre un assassin illuminé qui croit obéir à la voix de Dieu (perturbé par un accident où sa petite fille trisomique de trois ans a perdu la vie, sans qu'il se souvienne de sa présence dans la voiture et la dépression réactionnelle de sa femme) Il tue le médecin et un autre, en martyr.
L'autrice va alors développer les familles des deux hommes: comment les épouses et les enfants réagissent au drame Après deux procès et un long temps dans le couloir de la mort, Luther est exécuté; l'autrice raconte avec force détails l'agonie d'une mort par injection létale; ça donne froid dans le dos!
Naomi, fille du docteur, se sent revivre après l'exécution de l'assassin de son père; la mère les a abandonné à la mort de son mari, elle, son frère et Mélissa la petite dernière d'origine asiatique adoptée.
Joyce Carol Oates ne juge pas mais décrit (trop) longuement ce drame qui divise l'Amérique (Merci Simone Veil!)Je ne suis pas sure que les chapitres sur la boxe soient vraiment utiles. 200 à 300 pages de moins , j'aurai apprécié...
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Un matin de novembre 2009, dans la petite ville de Muskegee Falls, Ohio, Luther Dumphy tire sur le Dr Augustus Vorhees et son garde du corps, devant le Centre des femmes où le médecin pratiquait des avortements. Il est arrêté et sera à l'issue d'un second procès condamné à mort, puis exécuté après être resté plus de quatre ans dans le couloir de la mort.

Joyce Carol Oates nous fait découvrir les différents acteurs du drame. D'abord, c'est Dumphy, ses moments d'errance et sa foi profonde qui l'amène à fréquenter assidument une église anglicane où se réunissent également des militants pro life, qui martèlent devant les centres des femmes ou sur les réseaux sociaux : "Cessez de vous mentir, aucun bébé ne choisit de mourir.". Petit à petit, il se convainc d'être la main de Dieu. C'est Dieu qui veut qu'il agisse afin de sauver la vie d'enfants innocents que l'assassin Vorhees a tués. Nous entrons ensuite dans l'univers de la famille Vorhees, jusqu'au drame qui fait littéralement éclater les relations entre la mère et ses enfants qu'elle ne parvient plus à élever. Les choses sont racontées par Naomi, la cadette, qui entreprend de réunir toutes les archives concernant son père. La parole est ensuite à Dawn, la fille de Dumphy, sensiblement du même âge que Naomi, terriblement mal dans sa peau, fervente chrétienne elle aussi, qui narre les péripéties du procès. L'auteur donne ensuite à voir le parcours croisé des deux jeunes filles, l'une découvrant sa grand-mère paternelle tandis que la deuxième devient boxeuse, sous le nom de "Marteau de Jésus".

Joyce Carol Oates a le talent d'entrer dans la tête de ses personnages et de ne jamais prendre parti pour l'un ou pour l'autre. Pro life, pro choix, elle ne se positionne jamais. Par ailleurs elle donne à voir certains aspects de la société américaine contemporaine, en particulier l'horreur des exécutions pratiquées par des amateurs puisqu'aucun personnel médical n'accepte de se charger des injections létales. L'exécution de Dumphy tient à ce titre le hit parade de l'horreur absolue. Dans ce livre bien fait mais à mon sens beaucoup trop long, on voit bien à quel point les deux protagonistes, assassin et victimes, sont les martyrs d'une cause à deux faces.

Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
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A travers une analyse psychologique minutieuse des membres de deux familles du Midwest, l'auteur nous invite à une confrontation binaire entre les pro-avortement et les pro-vie, mais aussi entre les pro et les anti-peine de mort.
L'obscurantisme et le fanatisme évangélistes, pour qui être laïc et servir les autres sont dignes d'un « Etat socialiste », « Etat athée impie », sont au coeur du récit.
Les différents éclairages et témoignages permettent de cerner graduellement la personnalité de chacun, notamment:
- Luther: c'est d'abord un adolescent pervers, lubrique, violent avec déjà des pulsions de meurtre. C'est ensuite un demeuré, égoïste et illuminé, embrigadé comme “soldat de Dieu”, sur le chemin d'une rédemption convoitée après un parcours de quasi délinquant. Sa vocation de révérend s'inscrit dans une démarche essentiellement égoïste. Pourtant il passe pour un brave homme et un bon chrétien dans la communauté chrétienne. « Ne pas défier la volonté de Dieu » tel est le fil conducteur de Luther. Mais paradoxalement, ceci lui permet de justifier tous ses gestes et son comportement. Sa lâcheté met Dieu au défit sans cesse. Luther a en effet de plus une mémoire sélective: il occulte aussi bien la présence de sa fille Daphne dans l'accident de voiture mortel que le meurtre du chauffeur du « tueur d'enfants ».
- Gus (Augustus) chirurgien obstétrique engagé pour la santé publique militant des droits des femmes, du droit à l'avortement, “tueur d'enfants socialistes et athées” pour les fous de Dieu, et “grand homme” pour les intellectuels et libéraux de gauche. Profondément altruiste et bon, il porte l'arrogance d'avoir raison et de faire le bien malgré tous et malgré tout. Il est perçu comme tel, arrogant, par les pro choix.

Le choc entre deux mondes: les fous de Dieu, des chrétiens fondamentalistes (« leur foi fait d'eux des monstres ») et les médecins laïcs du Planning Familial, paradoxalement fanatiques à leur manière aussi.

J'apporte deux restrictions de taille:
- le style est confus et ceci n'a rien à voir avec la traduction. Des cascades de répétitions de mots, de phrases, de points de vue, des montagnes de propos placés entre parenthèses, des pages entières en italique rapportant un point de vue extérieur au propos précédent. Ce style et cette construction confus rendent le propos également confus et altère lourdement à mon avis le(s) message(s).
- Un épilogue étrangement heureux et improbable qui tranche complètement avec la dureté de la confrontation des deux mondes, objet des trois quarts du récit. Si j'osais pousser le bouchon plus loin, je dirais une fin américaine.

Je suis très partagé après lecture.
C'est un récit utile et prenant qui permet d'appréhender et de mieux comprendre deux Amériques mais qui restent pour moi irréconciliables.

Reprenant une phrase du récit, la pensée moderne peut se résumer ainsi: « Des questions, des paradoxes déroutants, et pas de réponses ».
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Quelle lecture ! Quelle écriture ! le 2 novembre 1999, Luther Dunphy tue Augustus Voorhees et son accompagnateur. Quelles sont les circonstances de ce drame ? Qui sont les protagonistes ? Voilà ce que propose Joyce Carol Oates dans ce roman dur et hyper intéressant. Luther Dunphy est un soldat de Dieu autoproclamé qui doit arrêter le médecin avorteur Gus Voorhees. Sa religion – son fanatisme – lui ordonne d'agir pour ne plus qu'un seul enfant soit victime de la loi des hommes. Car c'est bien là ce qui se joue : la loi de Dieu qui doit se trouver au-dessus de la loi des hommes. Dans chaque chapitre, le point de vue des uns et des autres est mis en avant sans aucun jugement de la part de l'autrice. Plus de 800 pages sur les différentes facettes des êtres humains dont il est question.
Un livre qui connaît une deuxième vie suite à la remise en cause par la Cour Suprême américaine de l'arrêt Roe vs Wade fin juin 2022. Et en effet, ce roman pose bien les bases de la dichotomie de ce grand pays que sont les Etats-Unis : un pays moderne mais profondément religieux. Et il y a vrai grand écart entre les croyants et les non-croyants.
C'est admirablement bien écrit, avec parfois des scènes très difficiles mais sans doute un livre indispensable. le point négatif : les 200 dernières pages qui n'apportent pas grand chose à cet immense roman.
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Un travail colossal pour décrire cette lutte entre les "pro-vies" financés et dirigés par les nombreuses églises évangélistes, baptistes, presbytériennes et toutes celles qui s'en ramifient.
D'un côté, ceux qui estiment que la femme est maîtresse de son corps, de l'autre ceux qui sont persuadés que le cadeau que dieu leur fait ne leur appartient pas.
Ne nous voilons pas la face en se disant que seuls les ricains sont capables de telles extravagances.
Pour rappel en France, Simone Weil a dû se battre pour l'avortement, Badinter aussi pour la peine de mort... quant au mariage pour tous il a provoqué des manifestations énormes.
Le ciel n'est pas rose pour le changement.

Dans l'histoire ici contée, le 2 novembre 1999, le médecin gynécologue Gus Vorhees est abattu par le fanatique chrétien Luther Amos Dunphy devant le Centre des femmes de Muskegee Falls dans l'Ohio.
L'auteure nous fait vivre l'après des familles dévastées. C'est parfois long et le lecteur pourrait se demander où cette plume veut en venir ?
Mais tout est déjà dit... et la fin de ce très gros livre est parfaitement orchestré par une lueur d'espoir ?
Ou alors par une infinie tristesse !

Lecture difficile mais qui mérite qu'on s'y arrête !

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La quatrième de couverture résume fort bien le roman, je n'en rajouterai pas.

C'est d'une façon magistrale que Joyce Carol Oates nous raconte le destin de la famille Mulvaney. Elle prend le temps de nous raconter la genèse de cette famille de façon à bien définir le caractère et la personnalité de chacun des personnages. Elle nous raconte ensuite le drame qui a touché cette famille d'une façon très sobre sans sensationnalisme mais sans nous laisser aucun doute sur la façon dont la chose s'est passée. J'ai trouvé sa façon de faire d'une grande sensibilité et d'une grande sobriété. Suit ensuite la description des effets de ce drame sur chacun des membres de la famille, la façon de chacun d'y faire face. Elle nous décrit à la perfection à quel point ce qui arrive à un membre de la famille arrive à tous les autres d'une certaine façon. Vous aurez compris que l'ambiance est lourde, qu'il n'y a pas beaucoup de place pour la joie et encore moins pour le bonheur. L'autrice à une plume extraordinaire pour dépeindre ce genre d'ambiance, son habileté à nous décrire les faits et gestes de chacun nous permet de déceler les sentiments de chacun sous les apparences et les comportements destinés à donner le change et nous permet de comprendre ce qui n'est pas exprimé.

Je suis sorti un peu secoué de cette lecture en constatant à quel point la société peut être dure envers les affligés et les perdants et à quel point le succès et le confort d'aujourd'hui peuvent disparaître demain. Et ce n'est pas toujours la victime qui réagit le plus mal. On sait que souvent dans nos sociétés on fait plus souvent le procès de la victime que du coupable, on en a ici une belle démonstration. le roman fait près de six cent pages mais on ne peut se plaindre de sa longueur. La seule chose qui m'empêche de lui donner cinq étoiles est la façon dont je me sens après la lecture même si l'épilogue nous réserve une fin consolante.
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Forcement, le sujet du livre ne laisse pas indifférent. Ce que j'ai bien aimé, comme plusieurs lecteurs, c'est la mise en parallèle du tueur et de la victime, je dis la victime parce qu'il est très peu question du deuxième mort. On part du meurtre et l'on remonte petit a petit les vies de chacun des membres des deux familles. Cet événement terrible: tuer un médecin avorteur provoque un raz-de-marée. Les deux pères disparus ouvrent un grand vide en chacun des enfants, épouses, mères...Joyce Carole Oastes ouvre une réflexion sur la peine de mort aux États-Unis, l'avortement, les religions sectaires, mais aussi la place des femmes dans les sports de combat. L'auteur décrit parfaitement les évènements, les personnages, à tel point que parfois on est en apnée, tellement on est immergé dans l'histoire. On ne ressort pas indemne de cette lecture.
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Le 2 novembre 1999, au petit matin, Luther Dunphy, se sentant investi d'une mission divine, se dirige vers le Centre des femmes de Muskegee Falls, une petite ville de l'Ohio et tire sur le Dr Augustus Voorhees et son chauffeur. Sa raison : Augustus Voorhees est un « docteur avorteur » et « aucun bébé ne décide de mourir ». Son chauffeur est une victime collatérale. Au terme d'un long procès mouvementé, Luther Dunphy sera condamné à mort.

Dans son roman, Joyce Carol Oates confronte deux points de vue sur un sujet qui clive l'Amérique : l'avortement. Chaque camp est convaincu du bien fondé de ses actions. Mais qui sont les martyrs ? Ceux qui meurent pour leurs convictions? S'il nous est facile de dire qui est le martyr, qu'en est-il des victimes collatérales ? Femmes et enfants des survivants ? Eux aussi sont les martyrs du combat de leurs parents. Un roman très intéressant, dans un style où JCO excelle, un brin trop/très long à mon goût.
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C'est brillant, adroit, vivant, riche et documenté, volontairement équilibré entre l'assassin et sa victime (créant parfois un certain malaise sans doute voulu) et très (trop ?) riche en détails.
Un livre important.
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