A travers une analyse psychologique minutieuse des membres de d
eux familles du Midwest, l'auteur nous invite à une confrontation binaire entre les pro-avortement et les pro-vie, mais aussi entre les pro et les anti-peine de mort.
L'obscurantisme et le fanatisme évangélistes, pour qui être laïc et servir les autres sont dignes d'un « Etat socialiste », « Etat athée impie », sont au coeur du récit.
Les différents éclairages et témoignages permettent de cerner graduellement la personnalité de chacun, notamment:
- Luther: c'est d'abord un adolescent pervers, lubrique, violent avec déjà des pulsions de meurtre. C'est ensuite un demeuré, égoïste et illuminé, embrigadé comme “soldat de Dieu”, sur le chemin d'une rédemption convoitée après un parcours de quasi délinquant. Sa vocation de révérend s'inscrit dans une démarche essentiellement égoïste. Pourtant il passe pour un brave homme et un bon chrétien dans la communauté chrétienne. « Ne pas défier la volonté de Dieu » tel est le fil conducteur de Luther. Mais paradoxalement, ceci lui permet de justifier tous ses gestes et son comportement. Sa lâcheté met Dieu au défit sans cesse. Luther a en effet de plus une mémoire sélective: il occulte aussi bien la présence de sa fille Daphne dans l'accident de voiture mortel que le meurtre du chauffeur du « tueur d'enfants ».
- Gus (Augustus) chirurgien obstétrique engagé pour la santé publique militant des droits des femmes, du droit à l'avortement, “tueur d'enfants socialistes et athées” pour les fous de Dieu, et “grand homme” pour les intellectuels et libéraux de gauche. Profondément altruiste et bon, il porte l'arrogance d'avoir raison et de faire le bien malgré tous et malgré tout. Il est perçu comme tel, arrogant, par les pro choix.
Le choc entre d
eux mondes: les fous de Dieu, des chrétiens fondamentalistes (« leur foi fait d'
eux des monstres ») et les médecins laïcs du
Planning Familial, paradoxalement fanatiques à leur manière aussi.
J'apporte d
eux restrictions de taille:
- le style est confus et ceci n'a rien à voir avec la traduction. Des cascades de répétitions de mots, de phrases, de points de vue, des montagnes de propos placés entre parenthèses, des pages entières en italique rapportant un point de vue extérieur au propos précédent. Ce style et cette construction confus rendent le propos également confus et altère lourdement à mon avis le(s) message(s).
- Un épilogue étrangement heur
eux et improbable qui tranche complètement avec la dureté de la confrontation des d
eux mondes, objet des trois quarts du récit. Si j'osais pousser le bouchon plus loin, je dirais une fin américaine.
Je suis très partagé après lecture.
C'est un récit utile et prenant qui permet d'appréhender et de mi
eux comprendre d
eux Amériques mais qui restent pour moi irréconciliables.
Reprenant une phrase du récit, la pensée moderne peut se résumer ainsi: « Des questions, des paradoxes déroutants, et pas de réponses ».