En rythme avec le solo du grillon, j’ai frappé une fois le bol chantant puis j’ai joint les mains.
Le grillon avait fait venir l’automne.
Une brise fraîche soufflait de nulle part.
Les flammes nous libéraient de la nécessité de parler. Elles nous invitaient à prêter l’oreille à notre voix intérieure.
L’écriture, c’est comme une réaction physiologique. On a beau vouloir écrire joliment, quand la main ne suit pas, on n’y arrive pas.
Simplement, je voulais tout transmettre de lui à Sakura, sa gentillesse, sa façon de s’exprimer, son image et jusqu’à son odeur. Parce qu’une lettre, c’est comme l’incarnation d’une personne.
Tous ces gestes, je les ai accomplis moi-même, comme j'avais vu l'Aînée le faire. Sous mes yeux s'alignaient une pierre à encre, un bâton d'encre, des pinceaux et du papier. Ce qu'on appelle les "quatre trésors du lettré";
(...)Enfin, il a été temps de préparer l'encre. Avec la verseuse, j'ai déposé quelques gouttes d'eau sur le mont de la pierre à encre. Fabriquer de l'encre ! J'attendais ce moment depuis longtemps. J'adorais la sensation froide du bâton d'encre entre mes doigts. J'avais toujours rêvé d'essayer. (p. 23)
Oui, l’écriture révélait la personnalité de son propriétaire, j’y croyais dur comme fer. Mais j’avais tort. Comme Karen, certaines personnes étaient tout simplement incapables d’écrire correctement. Imaginer qu’une vilaine écriture était la marque d’une laideur intérieure, c’était d’une violence inouïe.
"_On croirait une boîte à bijoux, a remarqué Seitarô, un peu gêné.
En effet, les pétales multicolores disséminés à la surface de la carte ressemblaient à des pierres précieuses.
_Elles sont encore vivantes, n'est-ce pas ? a-t-il demandé en me scrutant du regard, comme pour obtenir confirmation.
_A mon avis, oui.
Même si le processus de photosynthèse était désormais stoppé, ces fleurs coupées étaient bien vivantes sous leur forme actuelle. Mourir, c'était peut-être vivre éternellement."
Si tu utilises une belle plume
mais que personne n'arrive à te lire,
cela n'a rien d'élégant
c'est juste impoli martelait-elle.
Si possible, j’aimerais moi aussi gagner le paradis ensevelie dans les lettres de quelqu’un qui m’aimait.
Compte tenu des particularités de la plume de verre, j’ai choisi du papier lisse. Les fibres apparentes, et encore plus les textures proches du papier japonais ne se prêtent pas à la calligraphie à la plume de verre. Avec sa pointe dure, elle accroche les fibres.
J’ai opté pour du vergé crème fabriqué en Belgique, un type de papier utilisé depuis longtemps par les familles royales et nobles d’Europe. Les vergeures — les marques laissées par les fils du tamis utilisé pour fabriquer le papier, qui lui donnent son nom — forment des aspérités ténues, pareilles à des rides, qui projettent de subtiles ombres sur la feuille blanche. Au toucher, ce papier a la chaleur du fait main, il en émane bienveillance et douceur.