"_Vous ne regretterez pas votre lettre ? Vous en êtes sûre ?
Parce que les mots restent. Une fois que l'autre aura lu sa lettre, plus aucun retour en arrière ne serait possible."
La très recherchée Madame Barbara, invitée à nombre de rendez-vous galants, était fort occupée.
Au bout d'un moment, son téléphone a sonné. Rien que son "allo" était sexy, c'était renversant. Sans doute est-ce ainsi qu'elle ensorcelait l'autre sans le vouloir. Moi qui l'entendais, à ses côtés, je commençais à me sentir toute chose, comme si j'étais amoureuse.
Mange amer au printemps, vinaigre l'été, piquant l'automne et gras l'hiver.
L"adresse est le visage d'une lettre, répétait -elle. C'est pourquoi il faut y apporter un soin particulier, la tracer d'une belle main claire.
Les cerisiers n'allaient pas tarder à fleurir. Le ciel avait un sourire rose tendre.
Le timbre devait être humecté avec des larmes de chagrin pour une lettre triste, et avec des larmes de joie pour une lettre gaie. C'est ce que m'avait appris l'Aînée, je m'en souvenais. Mais je n'y arrivais pas encore. Je recourais aux quelques gouttes d'eau suspendues au bec du robinet.
Elle habite au dessus du café. Moi aussi j'habite à la papeterie Tsubaki, et c'est le cas pour beaucoup d'autres commerces de Kamakura où la boutique occupe une partie de la maison : on travaille là où l'on vit. C'est peut-être pour ça que la vie est douce ici.
Malgré le nombre de commandes qu'elle avait honorées en tant qu'écrivain public, l'Ainée ne s'était jamais perdue de vue. Jusqu'à sa mort, elle avait été elle-même. Et maintenant que son corps avait disparu, elle continuait à vivre dans les calligraphies qu'elle avait laissées. Son âme les habitait. C'était ça, l'essence de l'écriture.
Sous nos yeux la nuit s’installait, imposante. Comme pour nourrir l’être vivant qu’était la nuit tout juste tombée, des enfants s’amusaient à allumer des feux d’artifice sur la plage. Les vagues avec la douceur fredonnée, caressaient langoureusement le sable. Un chien nageait vers le large.
Je me suis laissée aller à contempler la mer enveloppée de nuit.
Rien ne nous oblige à fréquenter quelqu’un si on n’en a pas envie, n’est-ce pas ? Les hommes tergiversent, pèsent le pour et le contre, mais les femmes sont libres. Elles peuvent choisir elles-mêmes leurs amies. Se forcer à fréquenter quelqu’un qu’on déteste, c’est une source de tension et ça fatigue les deux parties. Voilà ce que je veux éviter. Parce que je suis adulte.