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Critiques filtrées sur 5 étoiles  

Tokyo. Pour s'extirper d'une vie dont elle est absente, Ruriko s'enfuit pour rejoindre le chalet familial.
Ici, dans cet environnemental, tout est vivant. La forêt bruisse, les murs se racontent, les instruments vibrent, l'air et l'eau, l'hiver et la neige, les sons, cette latte de bois qui geint sur la terrasse et révèle tous ces flous du passé, la famille, la jeunesse et les jeux, les frères et les soeurs, les cousins...
Un soir que Ruriko est alertée par des coups frappés à la porte, des cris stridents et répétés, elle s'échappe par une porte dérobée à l'arrière de l'habitat. Et, en pleine nuit dans la forêt mouvante, elle court parmi les ombres. Mais le danger est au-devant plutôt qu'en arrière. Ce n'est qu'un jeune homme éméché, qui, ayant trop bu tambourine à la porte d'une maison qui n'est pas la sienne. Tandis que Ruriko vole dans les bras de Nitta, il la reçoit avec toute la tendresse, la douceur dont il est enclin. Soignant ses pieds blessés, coupés par des herbes folles et la comblant à mesure de sa demande. Elle, qui fut privée si longtemps d'attention auprès d'un mari violent et dispensant ses élans ailleurs.
Mais, même si Nitta est aimant, il partage un amour plus fort encore avec Kaoru. C'est une complicité de tous les instants, une gestuelle, un langage et une expression dont sera étrangère à jamais, Ruriko. Elle le découvre lorsque Nitta est à la fabrique des clavecins. Quand Kaoru joue ‘'les tendres plaintes'' et que corps et âme, tous les deux, ils se vouent à leur passion. de la création instrumentale à l'édification du clavecin né de leurs mains, jusqu'à la naissance du son.
Et quand les doigts de Nitta effleurent avec sensualité toutes les parties de cet instrument, dont aucun des recoins ne lui échappe, Ruriko est troublée.
Elle s'émeut parce qu'elle rêve que ses mains parcourent son corps, à elle. Il n'est pas un endroit de sa peau qui ne crie cette pulsion, ce besoin. Toutes ces années de vide, de non-vie. Et quand cette nuit d'amour avec Nitta se rappelle à son souvenir, elle n'aura plus d'écho. Au moment des ébats, lors de leur seconde étreinte, l'image de Kaoru se fixe et envahit l'instant. Dans un halo de lumière, la jeune femme lui intime cruellement qu'elle occupe la première place auprès de Nitta.
Et puis, il y a Dona. le baveux, l'affectueux, le généreux qui remue la queue. Il est au coeur de l'histoire, en notre compagnie. Celle que lui prête l'auteure en l'associant au trio. Toute une réalité affective, de celle que partage généralement l'ami de l'homme, en présence. Cela va des caresses qu'il s'auto-prodigue lui-même en se frottant à une jambe ou en reposant sa tête sur des pieds avenants, laissant ça et là, un mince filet de bave. Ce regard expressif et tendre qu'il projette en toute circonstance, y compris, quand piteux, il s'éloigne, nécessiteux et atteint de cécité ou poitrinaire s'époumonant. On viendra chacun son tour lui verser, qui une goutte de lait dont-il se pourléchera les babines en couinant en guise de remerciement, ou réajuster sa couette dans son panier.
Puis, un jour, Kaoru et Nitta sont prosternés devant le résultat de leur travail. Un travail de longue haleine, un travail qui a demandé beaucoup de temps et de soins. Ayant construit de concert, un clavecin dont le son est défectueux, ils vivent ensemble cette situation comme un échec, voire comme une tragédie. Tandis qu'ils se consacrent alors à une sorte de cérémonial en brûlant le clavecin, banni de toute destinée possible, Ruriko arrive et comprend qu'en aucun cas, elle ne pourra de près ou de loin s'immiscer dans leur intimité.
Désespérée, elle s'enfuit alors en courant avec Dona qui, en bon éclaireur la précède et la mène dans une plaine, auprès d'un arbre au tronc creux, dans lequel, doucement, elle s'introduit pour penser à Nitta. Sans le savoir, elle se trouve dans un lieu bien connu de lui. Son lieu de prédilection, un endroit mis à découvert par Dona où curieusement, Ruriko s'imagine qu'il viendra la rejoindre. Elle y pense si fort et même de toutes ses forces. Un peu comme le font de jeunes adolescents rêveurs. Mais Nitta ne viendra pas. Et, à y bien réfléchir, ne sont-ce pas toujours les femmes qui introduisent les conditions et les circonstances propices à la réunion de deux êtres ? Nitta la reçoit et l'aime sans compter, mais uniquement lorsqu'elle vient à lui. Jamais, il ne s'improvisera de lui-même, en quelque partition où l'amour eut pu se jouer.
Et quand, une ultime fois, Ruriko entend jouer la douce mélodie qui résonne en son coeur, ‘'les tendres plaintes'' d'un amour impossible, ses mains comme des notes courent sur le corps de Nitta, chaque muscle et chaque veine de sa peau vibrent et s'animent...
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A la lecture de ce beau livre « Les tendres plaintes », je ressens profondément ce qu'offre la culture Shinto afin d'évoquer l'immuable. Ce qui est important c'est le ressenti, la sensation, une notion indéfinissable du tout, du prégnant. Oui, "La vie est courte et le désir sans fin". Délicatesse, onirisme, entrelacement secret entre douleur et douceur, sensualité, dualité entre simplicité apparente et complexité en profondeur, voilà quelques ingrédients de ce livre apaisant.

Ruriko, jeune femme tokyoïte, trompée, battue, blessée par son mari, quitte du jour au lendemain le foyer conjugal pour s'isoler dans la maison familiale, un chalet en pleine forêt. Pour mieux se concentrer aussi, Ruriko étant calligraphe et travaillant sur la biographie étonnante d'une nonagénaire. Là-bas, les sons, notamment cette latte de bois sur la terrasse qui geint ou encore le bruissement du vent, les vibrations de l'air, de l'eau et des instruments de musique, la lumière, les paysages sylvestres et montagnards, sertissent les souvenirs de jeunesse et des anciens liens familiaux.

Mais finalement cette fuite va surtout lui permettre de rencontrer Nitta et son assistante Kaoru. Nitta habite près du chalet, et tous deux se consacrent à l'art méticuleux de la fabrication des clavecins. Peu à peu vont naitre entre les trois personnages une forme de complicité, les trois, à leur manière, portent une histoire douloureuse. Trois coeurs discrètement cabossés pour lesquels le retrait, le refuge, le retour aux choses simples, les mélodies sont nécessaires. S'unir pour de tendres plaintes. Enfin en façade. Car ces plaintes sont en réalité plus violentes, envahissantes, que ne le laissent présager la politesse convenue toute japonaise ainsi que l'écriture épurée. C'est sans doute le charme de ce livre, et souvent de la littérature japonaise : nous faire deviner, en vibrations discrètes, la violence que crie l'inconscient sous l'apparat de sérénité, de calme et d'osmose. J'ai également retrouvé dans ce livre, comme dans beaucoup de livres de Haruki Murakami, l'art de dompter l'inconscient en réalisant son art (la calligraphie pour Ruriko, la fabrication de clavecins pour Nitta et Kaoru), ces gestes appris et structurants, orchestrés avec minutie et perfection, avec concentration. J'ai chaque fois l'impression moi-même de me redresser et de m'aligner à l'évocation subtile de ces gestes. Comme ceux du quotidien (cuisiner, laver, ranger), ils permettent de nous ancrer dans l'instant présent.

Le regard de Ruriko sur ces deux amis est sensuel, aussi bien sur Nitta, dont elle s'éprend, que sur son assistante : « La peau de Kaoru serait douce comme un pétale qui vient de s'ouvrir. Selon l'orientation de son visage, la couleur de ses iris changerait subtilement, chaque cheveu de sa coiffure recevrait la lumière, et nous parlerions toutes les deux en remuant les yeux. Nitta, ses longues jambes repliées, nous montrerait son dos. Il me suffirait de tendre un peu la main pour le toucher mais en réalité je n'aurais pas le courage de le faire. A la place, j'évoquerais mes bras qui avaient touché les os de son dos, le poids de son torse qui m'étouffait et la douceur obsédante de nos jambes mêlées. »
Le souvenir de ce moment d'amour ne cesse d'être présent, souvenir d'une sensualité à la fois élégante et torride, mais sans l'once de la moindre vulgarité : « Je me sentais prisonnière du désir de plonger entre ses bras moites de transpiration. Chaque fois, il me fallait le réprimer, les bras serrés fermement sur ma poitrine. Malgré cela, je me sentais sur le point d'être transpercée par le souvenir de ses lèvres et de ses doigts vagabondant sur tous mes interstices, mes cavités, mes protubérances et mes courbes ». Une sensualité qui se fera subtilement plus sauvage ensuite.


Ce livre parle de l'affranchissement aux contraintes, de notre liberté, du retour à notre moi intime. de notre droit à nous retrouver et à prendre le temps. de notre capacité à réaliser nos désirs et à écouter son corps, son coeur, son inconscient. Loin de la frénésie, des convenances. le tout serti d'une écriture poétique et ensorcelante. D'un style simple et épuré. Car la vie est courte et le désir sans fin.
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Trompée, maltraitée par son mari, Ruriko quitte Tokyo pour se réfugier dans la résidence secondaire de ses parents, un chalet à la montagne. Recroquevillée sur sa douleur, elle calligraphie sans relâche l'autobiographie d'une nonagénaire. Tout bascule lorsqu'elle fait la connaissance de Nitta, un ancien pianiste devenu incapable de jouer en public, reconverti en facteur de clavecins. Cet homme calme et exigeant vit avec son vieux chien aveugle et son assistante Kaouru, tout près de chez elle.

Une étrange complicité lie ces coeurs cabossés. Tout se passe dans une tranquilité impressionnante, en osmose avec la nature et la musique, chacun faisant face à sa solitude et à la fragilité des sentiments et du désir. le récit se déroule dans un écrin de verdure mais c'est un huis-clos oppressant d'une grande justesse. C'est un mélange constant de douceur et de douleur et lorsque Ruriko surprend Nitta en train de jouer Les tendres plaintes à Kaouru, on frissonne avec elle…
Yôko Ogawa signe une roman subtil, son style est délicat, incisif, sensuel.

Écoutez Les tendres plaintes, elles sont d'une grande intensité et d'une beauté saisissante.




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Aaaah la douceur des romans japonais ! Leurs descriptions de la nature, les dialogues épurés, les sentiments forts réduits à l'essentiel…

« Les tendres plaintes » ont le titre approprié à ce que je viens de dire, n'est-ce pas ?
Il s'agit d'une pièce pour clavecin de Couperin, que l'héroïne écoute avec ravissement et vague à l'âme.
Cette jeune femme, en butte à un mariage malheureux (mari violent et volage), se réfugie dans le chalet familial dans la montagne. Non loin de là, deux « facteurs » de clavecins officient, en pleine nature : un homme d'une quarantaine d'années, Mr Nitta, et Kaoru, sa jeune aide.
Une amitié se crée, favorable à l'état d'esprit de notre héroïne, calligraphe de profession.

Eh bien je vous ai induits en erreur car les apparences sont bien trompeuses, et je me suis souvent dit que la courtoisie japonaise cache bien des violences, dans ce roman ; violences physiques mais aussi psychologiques.
La simplicité de surface dissimule de profondes plaintes et le choc avec le style épuré et gracieux n'en est que plus brutal.
Il va sans dire que j'y ai adhéré totalement, car c'est de manière progressive que ces plaintes envahissent l'espace.

Laissez-vous donc effleurer par la tranquillité illusoire pour pénétrer comme moi dans cet univers intense et ardent…
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La narratrice de ce roman s'appelle Ruriko, c'est une femme blessée par l'infidélité et la violence conjugale de son mari. Elle décide de quitter Tokyo pour se réfugier dans un chalet familial en pleine forêt. Elle n'a pas d'autre but que de fuir. C'est ici qu'elle va accomplir un travail patient et minutieux consistant dans la calligraphie d'un manuscrit, la retranscription du récit autobiographie d'une ancienne médium nonagénaire...
Dans cette solitude choisie, Ruriko va cependant rencontrer deux autres personnes avec lesquelles nous allons la voir cheminer tout au long du récit, Nitta un ancien pianiste reconverti en facteur de clavecin, et Kaoru une jeune femme en apprentissage chez lui.
Le rythme lent de ce très beau texte de Yôko Ogawa m'a pris par la main, sa sonorité, sa musicalité. Les tendres plaintes, c'est le nom d'une suite en ré pour clavecin et violoncelle de Jean-Philippe Rameau, qui a donné le titre à ce surprenant et beau roman. C'est aussi cette musique qui m'a accompagné durant ma lecture et à présent pour en rédiger cette chronique.
Cette musicalité voyage d'ailleurs entre les personnages.
Mais avant que n'entre la musique, ce sont les mains qui m'ont invité au récit, qui m'ont fasciné, des mains qui soignent, qui guérissent, qui calligraphient, qui rabotent, qui effleurent, qui caressent, qui éveillent le désir, qui aiment, qui frappent hélas, abiment les visages et les clavicules, qui savent faire le mal comme cela...
Des mains sous nos yeux vont fabriquer un clavecin, une oeuvre d'art, comme on construit l'édifice d'une existence...
Les mots de ces pages ressemblent à des pas dans la neige. Parfois on ne sait pas d'où viennent ces pas, où ils vont après... La légèreté de la neige les recouvre peu à peu. On se retrouve là dans ce paysage à apprécier cette lenteur, attendre, guetter, sentir qu'à tout moment il peut se passer quelque chose...
Les tendres plaintes est un texte que j'ai aimé dans ses vibrations, sa sensualité...
Le paysage joue un rôle important... Les saisons aussi qui traversent le roman....
C'est la douceur qui m'a accueilli dans les premières pages d'une écriture belle, apaisante, épurée. On se croit ici protégé du reste du monde. Les paysages m'ont rappelé des endroits où je me suis senti bien, une forêt, le bord d'un lac...
Ruriko aurait voulu entrer dans l'univers de Nitta et de Kaoru. Elle se sent misérable et abandonnée, comme à la porte d'un bonheur qu'elle sait déjà ne jamais pouvoir franchir.
Dans les entrelacements de ces trois personnages principaux, solitaires et passionnés, c'est le sentiment d'un amour pur qui prévaut ici, mais où résonne déjà le bruit des blessures anciennes.
J'ai vécu ce roman presque comme un huis-clos, tantôt doux, tantôt oppressant.
L'attitude de Ruriko, sous une apparence de douceur, cache un besoin violent d'être aimée. On sent, on pressent des douleurs, des blessures en arrière-plan. le désir s'installe alors, la jalousie aussi...
Elle se sent peu à peu déchirée par une détresse souterraine.
Il y a une délicatesse tourmentée dans ce texte, qui tient peut-être à des plaies non guéries.
Le paysage du livre ressemble à un coin isolé du monde. Je me suis senti démuni devant le désarroi de Ruriko, son besoin d'aimer, d'être aimé, sa jalousie qui fait mal, qui fait peur, ses blessures qui donnent envie de la protéger, son désir de violence sans doute à la hauteur de ce qu'elle a subi... C'est un chemin intérieur alors, parmi la blancheur de la neige et l'ombre de la forêt.
La solitude du personnage de Ruriko m'a hanté. Sa vie ressemble à une calligraphie, faite de pleins et de déliés, le trait du pinceau dans la courbe qui se délie accueille peu à peu quelque chose qui ressemble à un vide sidéral...
On avance pas à pas vers quelque chose de mystérieux, d'angoissé. Comme des pas dans la neige, comme les feuilles qui glissent à la surface d'un lac.
Les mots de Yôko Ogawa sont des notes de musique qui ressemblent à des codes secrets que l'on déchiffre pour parvenir à l'envers d'un paysage onirique oublié de tout.
C'est une histoire où les mots se retiennent tout en disant beaucoup. J'ai trouvé cela magique.
Je me suis senti être suspendu au temps jusqu'à la dernière ligne...

Merci à HundredDreams (Sandrine), Prisca (Pris), DianaAuzou, et Pirouette pour cette belle lecture commune à cinq voix, nos échanges étaient très riches, complémentaires avec chacun son regard comme une petite note de musique qui vient s'associer aux autres dans une partition harmonieuse.
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Un roman qui rassemble trois êtres solitaires et un chien. Trois blessures.
Au fond de la forêt, leurs chalets les abritent avec leurs passions. Loin du monde.
L'une est calligraphe et les deux autres facteurs de clavecins. Ils fabriquent avec soin des lettres ou des notes. le tout s'allie merveilleusement bien à la nature environnante. Une poésie de sons et de couleurs.

Un roman sur la nature, la sensibilité, la fragilité. L'écriture est délicate, comme si la plume du calligraphe et les doigts du pianiste s'étaient joints à la musique de la nature pour jouer Les Tendres Plaintes.
Une lecture paisible et tellement poétique.
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Comme elles ont résonné en moi, ces tendres plaintes! Un coup de coeur absolu pour cette histoire frémissante et subtile, d'une douceur ineffable.

Ruriko , blessée dans son corps par un mari qui la frappe et la trompe,décide de se réfugier dans le chalet, où enfant, elle allait passer ses vacances en famille.Elle y rencontre, habitant tout près, Nitta, facteur de clavecins et la jeune Kaoru , son assistante. Eux aussi ont leurs blessures...

Durant quelques saisons, ces trois personnages vont s'effleurer, se chercher, se trouver parfois, au sein d'une nature sereine, au rythme envoûtant de la musique, réconfortante et pourtant aussi source de tourments... Car Ruriko se sent souvent de trop, jalouse de cette entente secrète entre Nitta et Kaoru, réunis par leur travail de conception des instruments. Nitta l'attire tellement...

Sensualité, souffrance amoureuse, angoisses liées à des souvenirs difficiles, solitude, tout dans ce beau roman est transcrit avec pudeur et délicatesse. Et l'on tremble avec Ruriko, et on pleure avec elle.

Un monde singulier, celui de la création des clavecins, qui personnellement m'a séduite et passionnée. Des personnages magnifiques de sensibilité, qui touchent en nous cet accord fragile des notes, ce frisson mélodieux mais poignant, cette tendre plainte...qui me poursuit encore.
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Trompée et méprisée par son mari, Ruriko décide de quitter Tokyo sans prévenir pour se réfugier dans le chalet familial, inoccupé depuis plusieurs années.
Là où il n'y a que des arbres, de l'eau et le ciel, elle va tenter de retrouver un sens à sa vie.
Pour ce faire, elle se plonge dans son travail de calligraphe et retranscrit la biographie d'une vieille dame anglaise.
Au fil de ses promenades, elle fait la connaissance de Nitta, facteur d'instruments, qui occupe une maison à peine distante de la sienne, un peu plus haut dans la colline.
Ancien pianiste, il met toute son ardeur et son talent dans la fabrcation de clavecins.
Il est secondé, dans ce travail, par Kaoru, jeune apprentie et musicienne.
A leur contact, Ruriko se sent transportée dans un univers où l'harmonie et la puissance libératrice de la musique forment une bulle de douceur qui l'enchante.
Au contact de ce couple étrange, unis par une mystérieuse et évanescente complicité, elle se trouble et ses sentiments se cristalisent tels le son du clavecin.

Un récit d'une grande intensité, frémissant de sensualité, vibrant d'amour au rythme de la nature et des tendres plaintes de J.C. Rameau.
On retrouve ici toute la délicatesse teintée de pudeur de la culture japonaise, symbolisée par les arts délicats de la calligraphie et de la musique.
Il émane de ce roman une merveilleuse sérénité dans laquelle se diluent blessures et désenchantements.
Cinq étoiles sans hésiter !!
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* Publié pour la première fois en 1724, “Les Tendres Plaintes” sont deux suites pour clavecin écrites par Jean Philippe Rameau.

Lorsqu'on est blessé, triste, on a souvent le goût d'aller ailleurs … se reposer, réfléchir pour panser nos plaies. Après plusieurs années d'un mariage devenu sans âme et d'avoir subi les coups de son mari, Ruriko, calligraphe, décide de quitter Tokyo pour le chalet de son enfance. Entourée d'une forêt, des chants d'oiseaux, elle fait la connaissance d'un facteur de clavecin (artisan qui les construit, les restaure et les entretient) et de son assistante. Des amitiés se tissent et la musique vient s'immiscer dans la vie de Ruriko.

D'une poésie, d'une douceur, d'une beauté …
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Les romans japonais sont souvent lents et doux. Celui-ci n'échappe pas à la règle même si, parfois, une certaine violence naît dans le coeur de Ruriko. Mais celle-ci est contenue et passe tant l'univers que Monsieur Nitta et Kaoru créent autour d'eux est paisible.

L'histoire est simple, sans artifices. Les descriptions qui contribuent à créer le décor dans lequel évoluent ces trois personnages sont magnifiques et s'immiscent en nous pour nous apaiser à notre tour. C'est ainsi que la fabrication d'un clavecin, la musique et la calligraphie s'unissent pour guérir les blessures de Ruriko et Kaoru. Je sors de cette lecture avec la sensation d'un plus grand bien-être. J'ai beaucoup aimé.
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