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3,79

sur 1443 notes
Après avoir savouré son original roman "Eden" (paru en 2023), j'ai eu envie de piocher dans les oeuvres antérieures de cette auteure hors normes. Va pour Miss Islande, Prix Médicis Étranger en 2019 !
Encore une claque littéraire vivifiante. Difficile d'expliquer le charme de cette écriture. On retrouve l'art de l'ellipse narrative. Pas trop de détails mais on comprend tout, on imagine. Quelques coups de pinceaux suffisent à nous décrire un personnage, un paysage, une scène, une attente.... Ce n'est pas linéaire, c'est une toile d'araignée tissée autour des héros, comme il est dit dans le roman lui-même par un personnage.
L'auteure aime la poésie, la langue, son pays. On découvre l'Islande des années 60 en suivant l'apprentissage de la vie de ces jeunes héros, liés par une grande amitié.
Quitter la campagne et ses moutons pour la capitale Reykjavík, s'émanciper en tant que femme (destinée a priori à la maternité) voulant devenir écrivaine, souffrir en tant qu'homme de son homosexualité...
On boit beaucoup de café, on mange beaucoup de gâteaux ou des plats qui nous sont inconnus et même des oiseaux marins dont le macareux ! le pays chasse la baleine (en fait le rorqual) et on peut donc se faire embaucher dans l'usine puante qui débite ces énormes mammifères ! Il y a aussi l'incontournable éruption volcanique.
Tout ce qui caractérise l'Islande est présent ; j'ai souvent repensé à mon séjour itinérant dans ce pays dans les années 70.
Le titre m'avait un peu effrayée, mais à tort. La fin du roman, improbable, m'a cependant paru énigmatique.
Il va me falloir poursuivre la lecture de cette artiste de l'écriture. Trop classe cette Audur Ava Olafsdottir, la fille d'Olaf ,car si j'ai bien compris dottir=daughter !
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Un roman qui surprend et déroute un peu au début, puis très rapidement on s'attache aux quelques personnages que l'on y découvre et qui deviennent des compagnons de route que l'on suit avec plaisir. Une écriture riche et originale qui nous parle de l'Islande des années 60, de poésie, d'écriture, de liberté, de féminisme, d'homosexualité contrariée, de tendresse, et de tant d'autres choses.
Merci à Audur Olafsdottir de nous surprendre agréablement à chacun de ses romans.
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On suit dans ce livre l'histoire d'Hekla, jeune adulte et romancière, dans l'Islande des années 60.
J'ai beaucoup aimé le rythme de ce livre, les courts chapitres, la voix d'Hekla qui semble chuchoter à l'oreille du lecteur. Je suis rentrée facilement dans l'histoire et j'aurais voulu qu'elle dure encore un peu plus longtemps !
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Avec ce livre on se retrouve à un point de bascule. L'histoire se déroule en Islande en 1963, c'est-à-dire à un moment où les révolutions qui vont faire émerger nos sociétés contemporaines se mettent en marche. Les choses vont bientôt bouger pour la condition féminine, pour la liberté des minorités ethniques comme pour celles des communautés non-hétérosexuelles. Pour être écrivain, Helcka, la narratrice se doit encore d'utiliser un pseudo masculin comme Sand, Colette, Brontë... Pour son ami de coeur, Jøn, c'est pire. Son orientation sexualité le rend hors la loi.
Le roman pourrait être larmoyant ou militant. C'est-à-dire écrit dans un registre déjà connu, sur-utilisé. Seulement voilà. le sujet n'est pas pris en mains pas n'importe qui. Audur Ava Ólavsdóttir, au nom aussi flamboyant qu'un geyser, a décidé de manier la poésie avec la plus grande des finesses pour décrire scènes et personnages. Restant toujours l'observatrice, sans jamais juger ni moraliser, elle décrit de son oeil bienveillant l'évolution de cette société islandaise des années 60, que les marginaux de l'époque doivent fuir s'ils veulent se protéger. Une splendide ballade humaine pleine de tolérance et d'amour.
Une mention spéciale au traducteur Éric Boury, qui par son talent à su transcrire cette ambiance à merveille.
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Très beau roman encore une fois, toujours délicat et poétique. Je l'ai trouvé un peu différent des autres que j'ai pu lire d'elle précédemment, mais toujours aussi plaisant.
J'ai beaucoup aimé le personnage d'Hekla, les sujets abordés et la prédominance de l'écriture et de la poésie à travers ses personnages.
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Auður Ava Ólafsdóttir va vous hypnotiser dès les premières pages, avec l'histoire de Hekla, cette femme à qui sied parfaitement le nom d'un des volcans islandais les plus actifs, avec plus de vingt éruptions connues depuis 874, culminant à près de 1500 mètres d'altitude au sud de l'île.
PHOTO cf. BLOG
« Miss Islande » se déroule en Europe mais pas n'importe où. Sur une « terre de glace » (la signification littérale en islandais de « Island ») L'Islande, c'est quoi? Plus de 100 000 km2. L'une des dernières terres colonisées au monde, bien après le Groënland. Un pays insulaire aux paysages spectaculaires formés de volcans, de geysers, de glaciers, de montagnes, de champs de lave et d'aurores boréales... [SUITE cf. BLOG]

PHOTOS (capitale, volcan,etc.)

En 1963, Hekla a 21 ans, la tête pleine de rêves, lestée de sa remington, elle prend le car pour la capitale, laissant la ferme de ses parents derrière elle. Des projets plein la tête. Accomplir son destin. Devenir écrivain. Elle écrit depuis toujours, elle a ça dans le sang. Mais rien n'est possible à la campagne alors elle s'en va rejoindre Jón John, son ami de toujours.

Jón John est un incompris. Un être né au mauvais endroit, à la mauvaise époque comme elle. Trop tôt. Ils se comprennent. Sensibles à la beauté de ce monde, leur solitude et leur énergie créatrice se font écho. Chacun se cache pour vivre sa passion, en secret. Elle fait danser les mots, il joue de la machine à coudre comme un virtuose jouerait du violon. Mais il faut bien payer les factures alors ils travaillent. Un emploi de serveuse pour elle. Helka fait sensation. Sa beauté ne laisse pas insensible. Elle doit affronter les regards insistants, les mains baladeuses, les remarques machistes, les tentatives de ces messieurs parfois ivres et tout simplement irrespectueux pour la gente féminine… Certains se sont même mis en tête de l'inscrire au concours de Miss Islande. Elle n'est pas intéressée. la femme-objet ce n'est pas pour elle. Ils lui font miroiter les voyages, les cadeaux, les avantages. Voyager, ça fait rêver quand on est sans le sou. Un homme insiste, jour après jour. Elle a toutes ses chances, elle doit participer. Il lui promet monts et merveilles. Helka doit-elle accepter? Serait-ce un tremplin pour sa carrière d'écrivain? Ou est-ce incompatible?

CITATIONS

En attendant, elle continue à supporter les clients masculins qui se frottent, font du rentre-dedans, des gestes et des remarques déplacées mais comme le souligne sa collègue, inutile de se plaindre, cela se retournerait contre elle. C'est l'époque qui veut ça. Heureusement, Helka est forte comme le volcan dont elle porte le nom. Elle évolue dans une société patriarcale où l'émancipation féminine n'a pas sa place. Les femmes gagnent deux fois moins pour le même travail. Elle s'échappe à travers la littérature, dévore les livres et profite de ses heures de liberté pour profiter de la vie.

» – C'est un poète, dis-je.

– Les poètes aussi mettent les femmes enceintes. […]
P.99

Helka fréquente son amie d'enfance, Isey, à la capitale, l'entraînant aussi dans sa fièvre créatrice. On assiste à l'évolution de son amie mariée au fil des pages et de son goût pour l'art et la littérature. Une femme, qui accepte sa condition d'épouse mais en souffre. Isey s'évade comme elle peut.

« – de quoi as-tu le plus envie? D'avoir un petit ami ou d'écrire des livres?

Je réfléchis. Dans le monde de mes rêves l'essentiel serait: du papier, un stylo-plume et le corps d'un homme. Quand nous avons fini de faire l'amour, je me dis qu'il pourrait aussi remplir le réservoir d'encre de mon stylo. […]

– Les femmes doivent choisir, Hekla. »
P.109

« Je suis en vie. Je suis libre. Je suis seule. »

Jón John, de son côté, pour faire bouillir la marmite, est marin…Il embarque sur des cargos mais rêve de ne jamais revenir. On souffre à ses côtés de ses expéditions en mer difficiles. L'équipage n'est pas tendre avec lui n'acceptant pas sa différence. Il puise au plus profond de lui pour survivre, rêvant de meilleurs lendemains et de pouvoir vivre de sa passion.

« Les enfants sont sans pitié mais les adultes sont pires encore. »
P.152

« Je n'arrive pas à trouver ma place. Je ne sais pas d'où je viens. Cette terre n'est pas la mienne. Je ne la connais pas sauf quand on m'y enfonce le visage. Je suis le goût de la poussière. »
(réflexion de Jón John)

Et un autre personnage entre en scène, le poète. Tourmenté, amoureux de notre belle et solaire Helka. Il va découvrir son secret et la jalouser. Une idylle amoureuse, tendre et touchante.

» – La vérité c'est qu'il ne me vient rien. […] Je n'ai rien sur le coeur. Tu sais ce que ça fait d'être banal? Non, tu l'ignores. Tes pages sont traversées par les torrents impétueux et dévastateurs de la vie et de la mort, moi je suis un ruisseau qui murmure. Je ne supporte pas l'idée d'être un poète médiocre.

– Tu es ivre?

– Tu ne voudrais pas, Hekla chérie, m'offrir quelques mot de ta corne d'abondance… me prêter ta plume acérée qui s'abat comme un éboulis sur un village endormi?

[…]
P.200

« Je suis réveillée.
Le poète dort.
En dehors des étoiles qui scintillent au firmament, le monde est noir.
Une phrase vient à moi puis une autre, une image se dessine, cela fait tout une page, tout un chapitre qui se débat dans ma tête, pataud comme un phoque pris dans un filet. J'essaie d'accrocher mon regard à la lune par la lucarne, je demande aux phrases de s'en aller, je leur demande de rester, il faut que je me lève pour les écrire avant qu'elles s'évanouissent. »

CITATIONS cf. BLOG

Ce roman parle de personnages en décalage avec la société, qui doivent surmonter les obstacles pour s'accomplir. D'êtres sensibles, qui illuminent l'espace autour d'eux, si on les laisse être eux-mêmes. Une écriture poétique pour traiter de thèmes importants comme la liberté , la différence et l'homosexualité dans l'Islande conservatrice et sexiste des années soixante. « Miss Islande » chante l'amour des mots avec insolence et grâce, force et finesse à la fois. Un roman aux personnages attachants et hors cases, qui prône la liberté.

« Nous sommes faits de l'étoffe de nos rêves »
titre p.208 et citation de Shakespeare

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Quel roman inspirant ! On suit tranquillement la vie d'Hekla dans les années 60, alors qu'elle quitte sa campagne islandaise et la ferme tenue par son père pour rejoindre la capitale. Accompagnée de ses lectures et de sa machine à écrire, elle rejoint son ami de toujours Jòn John, qui peine à assumer son amour des hommes dans une société peu ouverte à ce sujet. Sur place, elle partage sa vie entre ses visites à sa meilleure amie déjà maman et conditionnée par l'époque, et son travail de serveuse dans un grand hôtel. Seulement si Hekla a rejoint la ville, c'est pour écrire et devenir l'écrivaine indéniable qui a toujours vibré au fond d'elle. Ce métier d'homme auquel elle n'a pas le droit à cette époque.
Ce récit est résolument féministe, emprunt de poésie et de liberté. Un plaisir à découvrir.
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Une lecture dépaysante.
Après avoir vu beaucoup de critiques dithyrambiques je m'attendais à autre chose. Mais si ce  n'est pas un coup de coeur ni une lecture marquante, j'ai bien aimé.
On est projeté dans la société islandaise de 1960, avec l'homophobie et la place des femmes quasiment inexistante.
Ce livres est une ode à l'amitié et à la tolérance. Il véhicule un beau message. le style est sobre mais l'auteure arrive à merveille à retranscrire les émotions. On s'attache à ces 3 âmes qui luttent pour s'épanouir et faire ce qui leur plaît vraiment, malgré le carcan étriqué dans lequel ils vivent.
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Une petite pépite venue du grand Nord, du pays des aurores boréales et du vent glacé. Un magnifique roman épris de liberté, de féminisme, de tolérance et de poésie. Un beau roman d'amitié entre Hekla, Jon John et Isey, aux destins liés mais divergents. Un beau portrait de femme libre que celui d'Hekla, montée à la capitale, Reykjavik, avec l'espoir d'être éditée, à une époque et dans un pays étriqué où le droit et la liberté des femmes était plus un rêve qu'une réalité. Une belle relation père-fille aussi entre Hekla, qui porte le nom d'un volcan, et son père, fermier passionné de volcans. Une belle ode à la tolérance et la différence, en la personne de Jon John, homosexuel à une époque où cela n'était pas si facile, qui rêve de devenir costumier de théâtre mais doit affronter la mer pour gagner sa vie sur des bateaux de pêche. En bref, un merveilleux roman venu du froid et d'une infinie poésie.
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Ce roman raconte l'Islande de 1963.
Hekla quitte en car, la ferme de ses parents située dans la la province des Dalir, pour Reykjavík. Hekla rêve de devenir écrivaine. Malheureusement, à cette époque, une femme auteure n'est pas prise au sérieux et aucun éditeur ne veut de ses romans. de plus, sa beauté naturelle pousse les hommes à vouloir qu'elle participe au concours de Miss Islande !
Isey, son amie d'enfance, mène une vie de femme soumise, à 22 ans, elle a déjà un mari et 2 enfants. Hekla et Isey s'échangent une correspondance. Isey envie parfois le courage et la liberté d'Hekla.
Jon John, le meilleur ami d'Hekla, est gay. Il souhaiterai vivre librement, sans se cacher, sans avoir besoin de se justifier de ne pas être marié.
A travers ses trois personnages et quelques autres secondaires, Auður Ava Ólafsdóttir dresse un portrait pertinent de l'Islande de cette époque. En 1963 en Islande, la société est très conservatrice et le féminisme comme l'homosexualité n'ont pas leur place.
Miss Islande est également un hommage à la création littéraire car dans ce pays, le moins densément peuplé d'Europe occidentale, il se publie le plus de nouveaux titres par habitant au monde et un Islandais sur dix publie un livre au cours de sa vie.

J'ai également beaucoup aimé les passages de ce livre évoquant les volcans : Hekla porte le nom d'un volcan, son père étant passionné par le sujet, ainsi durant le roman il est question de l'apparition soudaine d'un nouveau volcan en mer, c'est une histoire vraie : en novembre 1963, c'est la naissance d'une île volcanique Surtsey !
Lien : https://aproposdelivres.word..
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