AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,95

sur 583 notes
5
17 avis
4
27 avis
3
2 avis
2
2 avis
1
0 avis
Superbe récit de l'académicien poursuivant l'histoire de madame Bâ et de son petit-fils.
Plongez au coeur de l'Afrique, de sa culture, de ses difficultés et de ses joies. Un continent qui a tant à nous apprendre.
Un autre très bon roman d'Éric Orsenna, bonne lecture !
Commenter  J’apprécie          00
Merveilleuse Madame Bâ qui ouvre pour nous le grand livre de l'Afrique vraie. Un livre dont le papier provient à n'en point douter des arbres généalogiques dont sa maman maîtrisait parfaitement les racines, les troncs et les branches. « Ma mère était une forêt » dit elle-même Marguerite Bâ.

Kayes, un petit village typique de l'Ouest du Mali, du côté où le fleuve Sénégal se la coule douce. C'est là que notre héroïne – le mot n'est pas usurpé – a vécu une enfance rude mais heureuse. Désormais grand-mère après avoir abandonné ses études de droit pour élever huit enfants sans beaucoup d'aide de « son trop beau mari », extra –conjugalement très sollicité et aujourd'hui décédé, elle mène un combat pour retenir ses compatriotes, la plupart d'entre eux rêvant d'une vie en France. Un miroir aux alouettes lui indiquent son instinct, sa sagesse et son instruction.

Or, son petit-fils Michel, exfiltré par un oncle un peu véreux, se trouve justement dans ce supposé eldorado pour y assouvir sa passion du foot avec la certitude rêvée d'y faire une immense carrière, à l'image de ses idoles qu' étant petit il distinguait entre les parasites sur l'écran télé du village. Madame Bâ ne veut pas laisser un enfant vulnérable sous l'emprise de trafiquants aussi prompts à s'enrichir sans vergogne sur le dos des rares jeunes sportifs qui percent que de se débarrasser sans fioriture des nombreux autres. Elle a donc décidé d'aller arracher elle-même son petit-fils à ce réseau malfaisant.

Mais pour voyager en France, elle doit d'abord obtenir un visa par le biais du formulaire ad hoc. le hic, c'est qu'il lui est absolument impossible de décliner son identité sans raconter ce qui la constitue. Ni de mentionner sa profession sans la resituer dans le cadre local. Et ainsi pour chaque rubrique. Bref, ce formulaire 13-0021 n'est pas du tout adapté à sa situation.

Un avocat français, venu chercher une expérience en Afrique, accepte de l'aider dans ses démarches, mais il va de soi que chaque minute est facturée, fût-ce en tenant compte de la réalité économique locale. Principe très vite abandonné, sa cliente n'ayant pas les moyens de payer en proportion de sa verve intarissable. Au début angoissé par le temps non rentabilisé qui passe, il va peu à peu se décrisper, écouter, encourager Madame Bâ à poursuivre son histoire et terminera subjugué.
Tout comme le lecteur d'ailleurs.
Commenter  J’apprécie          00
Ce qui m'a plu dans ce livre c'est l'évocation du fleuve Sénégal et à quel point il est important pour les gens;l'évocation des divers peuples de ce pays également et enfin ce que représente la France pour eux. Je n'ai toutefois pas assez aimé pour lire la suite: Mali ô Mali
Commenter  J’apprécie          00
Qu'est-ce qu'une femme ?

Madame Bâ veut retrouver son petit-fils parti en France pour faire du football. Malienne, née sur les rive du fleuve Sénégal, la voilà contrainte de faire une demande de visa.

Ce fût une lecture très agréable. Nous sommes plongés dans la lettre qui accompagne la demande de visa de Madame Bâ. C'est qu'elle a beaucoup de choses à dire, ce qu'un petit formulaire administratif ne peut pas retransmettre. C'est que sa vie, de sa naissance jusqu'à sa demande de visa, a été bien remplie.

Erik Orsenna a fait de nombreuses recherches et cela se ressent. Nous y croyons à cette femme africaine, à la vie rythmée par le fleuve Sénégal, puis par son trop beau mari et enfin par son petit-fils adoré, bien plus aimé que ses enfants. La vie de Madame Bà est un écho à l'histoire du Mali et de l'Afrique en général. Née dans une colonie française, elle a connu la décolonisation, les troubles et violences, les coups d'État, à vu l'irrésistible tentation de l'exil en Europe et la disparition irréversible des traditions ancestrales.

J'ai trouvé cette femme touchante, j'ai ri avec elle et j'ai partagé ses malheurs. Son histoire devient universelle, c'est tout simplement la vie avec ses hauts et ses bas. Madame Bâ n'est pas parfaite mais nous voulons qu'elle ait ce visa pour retrouver ce petit-fils qu'on lui a enlevé.

En somme, un agréable roman à la fois touchant et dépaysant.
Commenter  J’apprécie          270
La structure s'appuyant sur un imprimé administratif est originale. On y découvre l'histoire de maliens presque ordinaires loin de la capitale, des gens fiers de leur région, de leur ethnie. La mafia et les politiques locaux ne sont pas épargnés. La France non plus même si on sent parfois une certaine indulgence. L'histoire est longue et on découvre les évènements heureux ou malheureux qui font de Mme Bâ ce qu'elle est. Mme Bâ est bavarde à moins que ce ne soit l'auteur et le roman est parfois un peu long mais c'est sans doute à ce rythme qu'on découvre le mieux le Mali.
Commenter  J’apprécie          160

Madame BÂ est malienne et souhaite venir en France pour récupérer son petit-fils.
Je ne vous en dirai pas davantage sur ses motivations.
Confrontée à un formulaire CERFA pour rédiger sa demande de visa, elle s'adresse directement au Président de la république française en lui démontrant que sa vie ne peut pas tenir dans les maigres cases qui se présentent à elle.
C'est ainsi que le récit est construit, autour de ce formulaire 13-0021, orchestrant la vie de Marguerite Bâ, ses parents, son pays, les oiseaux et le fleuve.
C'est une invitation au voyage, une ode à la culture africaine.
C'est aussi une condamnation de la colonisation au mieux condescendante sans pour autant occulter le paradoxe du désir d'indépendance et du mirage des pays du Nord, la France en l'occurrence.
C'est un curieux mélange d'humour et de tristesse, de philosophie au quotidien et de pragmatisme.
Madame Bâ est truculente, elle force le respect pour la femme africaine dont elle symbolise la force et la servitude.
Une relecture qui m'a apporté au moins autant de plaisir qu'à la première découverte.
Commenter  J’apprécie          90
L'histoire d'un formulaire administratif en forme de conte africain.


J'ai lu ce roman il y a une dizaine d'années, après un long sevrage de lecture et alors même que n'accrochais pas avec cet auteur. Je l'ai lu parce qu'on me l'avait offert, en sachant qu'il ne correspondait pas à mes lectures habituelles de l'époque. Pourtant, contre toute attente, je m'étais prise au jeu de ce récit, dans la peau de cette Madame Bâ. Même si je ne suis sûrement plus exactement la même lectrice depuis, je ne retouche rien à l'avis suivant que j'avais écrit à l'époque sur mon blog, n'ayant pas relu ce roman récemment ; Par ailleurs, et malgré les 20 ans de ce roman, le fond de cette histoire fait toujours écho à l'actualité, et l'auteur a su le traiter de manière originale, sensible et drôle. Bref, avec génie :


Madame Bâ est malienne, et son petit-fils a été embarqué en France par des recruteurs pour jouer au foot. Pour avoir déjà vu des reportages sur la manière dont sont déracinés ces jeunes pour être abandonnés ensuite dans leur pays « d'accueil » s'ils ne sont pas assez bons, je comprends l'inquiétude de Madame Bâ : Il n'est pas question qu'elle laisse son petit-fils tout seul dans ce pays inconnu et entre les mains d'hommes d'affaires sans moralité.


Elle cherche donc à le rejoindre en France, mais pour ça elle doit remplir le formulaire 13-0021 pour une demande de visa. Et remplir ses nombreuses cases, trop petites pour contenir ses réponses : L'administration française tient à savoir qui entre sur son territoire mais ne laisse pas de place à ces personnes pour se présenter vraiment dans les formulaires !


Qu'à cela ne tienne, Madame Bâ rédigera donc une longue lettre – que dis-je, un roman, c'est le cas de le dire ! - au chef de la France, afin de se présenter et de demander à venir. Dans cette lettre, elle reprend point par point les questions du formulaire et y répond par chapitres entiers. Et son histoire, tellement instructive, mérite d'être entendue, fut-ce par le Président de la République.


A la demande de son nom, encore faut-il préciser d'où il provient, à quoi et à qui il est associé, sans quoi il ne la représenterait pas vraiment. A l'occasion de la case « métier », c'est encore tout un pan de Madame Bâ qui nous est dévoilé et, avec elle, du Mali tout entier ; et ainsi de suite.


Nous découvrons au fil des pages la beauté de ce pays, mais aussi ses malheurs et ses turpitudes. Son administration corrompue, les quelques bonnes volontés, les traditions, etc… Tout ce qui fait le charme et le malheur de ce pays et de ses habitants qui ont presque tous attrapé une maladie très contagieuse : l'envie de migrer vers la France, au grand dam de Marguerite Bâ qui, elle, voudrait bien ramener son petit-fils.


C'est presque un conte africain que je vous incite à découvrir en tournant ces pages – si ce n'est déjà fait. Madame Bâ parviendra-t-elle à obtenir son visa ? Vous n'êtes pas au bout de vos surprises, foi d'Onee-Chan…
La suite, donc, au prochain épisode avec Mali, Ô Mali !
Commenter  J’apprécie          5661
Babelio m'aura appris qqch avec ses insignes : je lis bcp de livres d'auteurs africains ou qui se passent en Afrique car j'ai eu la surprise de voir l'insigne "Afrique" arriver dans mes tout premiers insignes.... Je ne m'étais pas rendue compte de cet attrait pour ce continent.... Quand j'ai dit ça à mon mari, il était mort de rire : manifestement mon attrait paraît évident....
.
Et me voila partie avec ce roman en voyage au Mali !
Ah que l'écriture d'Erik Orsenna est belle, envoûtante. J'aime son style si velouté, plein de jolies expressions.
Ajoutez une histoire racontée de manière très originale : Mme Ba dévoile sa vie via un document Cerfa qu'en bonne Française je n'aurai jamais à remplir, le nécessaire document qui permet d'avoir un visa temporaire pour la France.
Une vie simple, un voyage en Afrique, le tout en 2003. le pire (car certaines pages sont particulièrement cyniques surtout celles concernant la Françafrique) : rien n'a changé, au contraire.....
Ce livre a été un beau voyage.......

Merci à FredMartineau qui m'a rappelé que j'aimais l'écriture d'Orsenna.... et que j'aimais l'Afrique ! Son commentaire m'a donné envie d'emprunter ce livre.
Commenter  J’apprécie          295
La grande majorité des bouquins d'Orsenna, j'adore ! A part deux qui m'avaient déçue, la langue est fantastique, cela semble si facile pour lui d'enchaîner ces tournures et ces expressions qui ne ressemblent à nulle autre ! Ce livre-là nous plonge dans les méandres de l'administration française et de la culture malienne. Nous suivons la vie de madame Bâ, de sa naissance à sa vieillesse. le roman est articulé autour de chapitres qui sont en fait les cases à remplir du formulaire de demande de visa du Mali pour pouvoir aller en France, c'est super original et super bien fichu. Donc madame Bâ choisit de raconter sa vie, par l'intermédiaire de son avocat, à monsieur le président de la république, pour montrer qu'un formulaire ne peut condenser l'histoire et les raisons de la demande de visa. Oui, assez éblouissant ce bouquin, et pourtant, je ne sais pourquoi, parfois cela m'a semblé long et j'ai "déconnecté" (d'où mes petites 4 étoiles).
Commenter  J’apprécie          50
J'aime cet auteur, je lui dois beaucoup, le retour du plaisir de la lecture, de l'envie de raconter des histoires. Cette fois encore je n'ai pas été déçu. Dans Madame Bâ, j'ai retrouvé tout le talent d'Erik Orsenna, son imagination, sa force symbolique lorsqu'il traite un sujet ... le rapport à l'Afrique est toujours un thème d'actualité en France, il plonge ses racines dans le passé colonial, la politique d'influence économique et culturelle qui lui a succédé. Les maux et les travers de ces relations qui oscillent entre l'amour et le haine, l'intégration et le rejet, l'exploitation des ressources y compris humaines et les tentatives de développement local sont restitués par la plume de l'académicien et s'incarnent parfaitement dans l'histoire de son héroïne, cette Madame Bâ qui porte en elle l'humanité toute entière. L'intervention au Mali, les mines d'uranium, le Tchad et tant d'autres évènements récents entrent en résonnance avec ce roman...
Commenter  J’apprécie          504




Lecteurs (1354) Voir plus



Quiz Voir plus

Erik Orsenna, presque...

Erik Orsenna est un pseudonyme ?

vrai
faux

5 questions
104 lecteurs ont répondu
Thème : Erik OrsennaCréer un quiz sur ce livre

{* *}