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4,28

sur 29466 notes
Est-il besoin d'ajouter une critique sur ce livre fabuleux? Probablement pas car tout a été dit et voici un chef d'oeuvre qui fait l'unanimité. Donc, en faisant bref, j'en retiens un certain optimisme malgré la machine à d'asservissement de l'humain, quelle que soit son idéologie, un certain cynisme également dans le comportement inexorablement moutonnier de ces humains sans gloire, fliqués du matin au soir, et même une histoire d'amour, interdit bien sûr, puisque pour aimer, il faut a minima avoir le droit de penser.
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C'est avec une certaine appréhension - et disons le tout net, au prix d'un énôôrme effort de volonté - que je me suis enfin lancée dans la lecture de 1984.

Pourtant, j'avais adoré La Ferme des Animaux, mais 1984, pas moyen de m'y mettre, ça faisait bien dix ans que je me disais que j'allais le lire, tellement j'en entendais parler.

Et j'ai pris une claque.

Parce que bien que je n'avais jamais lu ce roman, il métait familier, car la plupart des éléments marquants qui le constituent ont été repris par les uns et les autres et on les retrouve aujourd'hui à toutes les sauces : Big brother, la novlangue, la Police de la Pensée, les télécrans et j'en passe...

Et puis parce que je n'avais pas saisi de quoi ça parlait vraiment. Des anticipations, des dystopies, oui, bon, je sais ce que c'est. Mais là, en fait, au sortir de la seconde guerre mondiale, alors que l'URSS fait partie des vainqueurs et que le socialisme gagne du terrain, Orwell ose répondre à la question : Et si le socialisme régnait sur le monde ?

Alors l'Angleterre ferait partie d'un super continent appelé l'Oceania, et la doctrine y serait l'Angsoc. Elle serait perpétuellement en guerre contre l'un de ses deux voisins, l'Eurasia, avec le neo-bolchevisme, ou l'Estasia avec le Culte de la Mort (ou Oblitération du moi). Mais pas la guerre pour se défendre ni pour conquérir des richesses, non, ce serait trop beau. La guerre permanente pour maintenir les dirigeants au pouvoir, en laissant la population mariner dans la peur, et écouler les surplus de production, aussi.

Et dans tout ce cauchemar, que deviennent les individus ? Dans 1984, on suit Winston Smith, 39 ans, qui s'interroge sur le monde dans lequel il vit : est-on vraiment plus heureux maintenant qu'avant, au temps du capitalisme ? Et on voit comment l'engrenage va se refermer sur lui.. et le digérer.

Bref, pas une lecture plaisante, ah non, pas du tout, mais ô combien édifiante ! Au lycée, j'ai dû lire le Meilleur des Mondes, d'Aldous Huxley. On aurait dû aussi me faire lire 1984. Ce sont loin d'être des lectures distrayantes, certes, mais question impact, ça vaut tous les JT et tous les cours d'histoire qu'on peut imaginer !
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Quelle histoire fabuleuse et réaliste ! Nous suivons Winston Smith qui est un homme comme un autre qui vit dans un monde dominé par la haine, la peur et le triomphe. Un culte de la personnalité est réalisé autour de Big Brother qui est caractérisé par une épaisse moustache noire. La population est tout le temps surveillée. Un jour, il rencontre Julia dont il va tomber follement amoureux. La société se divise en trois parties : le parti intérieur, le parti extérieur et les prolétaires. Orwell montre à merveille comment on peut être influencé par la propagande et par autrui. Chaque fait et geste est surveillé par des télécrans et il faut obéir aux lois de l'Océania. On découvre un peu plus tard un autre personnage qui n'est autre que O'brien. Un regard suffi pour que Winston lui accorde toute sa confiance, il croit qu'ils ont les mêmes idées. Néanmoins, il faut se méfier des apparences.. 1984 est le premier livre de science-fiction que j'ai adoré et dont je ne pouvais me passer. J'ai passé un moment de lecture très agréable et d'y voir une société très réaliste mais exagéré. Orwell a vu la guerre, les besoins, les manques, les rations. Il sait à quel point c'est difficile de vivre sous un régime totalitaire. Je vous conseille ce livre mille fois !
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Jeune lecteur dévorant tout ce qui lui passait entre les mains, j'ai lu comme beaucoup 1984...Et près de cinquante ans après j'ai éprouvé le besoin, ce qui est assez rare en ce qui me concerne, de le relire avec le recul de l'adulte dans le dernier quart de sa vie...et j'avoue que mon regard a été tout autre,...un regard s'appuyant sur les actualités, les événements historiques, politiques, culturels, les mutations technologiques qui se sont déroulées au cours de ma vie, Cambodge, Dictateurs africains, Talibans et Daesh, Prague, Varsovie, Cuba, les écrans télé, Internet, nos smartphones, les cameras de surveillance dans nos rues....la liste est longue..Et j'en oublie
A 16 ans je ne pouvais l'imaginer....J'en avais gardé un souvenir, il est bon d'actualiser ce souvenir...on découvre alors avec un regard marqué par les actualités vécues, et un regard d'adulte, toute la pertinence, toute la lucidité, tout le travail de réflexion et d'anticipation réalisé par George Orwell.
En 1984, le monde est composé de trois blocs principaux, tour à tous alliés ou ennemis, Océania, Eurasia, et Estasia. Ce partage du monde s'est mis en place après les guerres nucléaires des années 50. Londres sert de cadre au roman, et de cadre de vie au personnage central Winston, petit fonctionnaire, petit rouage du système.
Oceania est dirigée par un homme, Big Brother, personne ne l'a jamais vu, on ne sait pas où il vit, on connait seulement seul son portrait, affiché partout, son regard perçant surveille tout le monde...il ressemble bizarrement au petit père Staline. Existe-t-il réellement? le slogan affiché partout "Big Brother is watching you !" – "Big Brother vous regarde"-, est le slogan symbolique du régime. de nos jours quand on parle de Big Brother, on imagine un ordinateur géant, ce n'est pas le cas dans le livre.
Tout le monde est surveillé, l'État organise la vie et l'emploi du temps de chacun, du lever au coucher, dont celle de Winston cet agent de l'État, la Haine est un moteur de la vie : Chacun doit, chaque jour, écouter à la radio les deux "minutes de la Haine" au cours desquelles sont critiquées les pensées du leader d'opposition "Emmanuel Godstein",-…seule référence raciste dans le livre - qui chercherait à déstabiliser le pays. Heureusement chaque jour ses espions et les saboteurs à ses ordres sont démasqués par la Police de la Pensée.
La vie est organisée autour de trois maximes : " La guerre c'est la paix ", " La liberté c'est l'esclavage ", " L'ignorance c'est la force ". Trois beaux thèmes de dissertation de philo.
L'administration d'Oceania est organisée autour de quatre ministères – le "Ministère de la vérité" : ayant pour charge les divertissements, l'information, l'éducation, les beaux arts – le "Ministère de la paix" qui s'occupe de la guerre – le "Ministère de l'Amour" en charge du respect de la loi et de l'ordre….et de la torture – le "Ministère de l'Abondance" gérant les aspects économiques.
La population quant à elle est répartie en trois classes – Les dirigeants appartiennent au "Parti intérieur", les subalternes au "Parti extérieur" et "les prolétaires" regroupent les ouvriers et les travailleurs et le reste du peuple…Ces derniers vivent à l'écart dans des taudis. "Comme l'exprimait le slogan du Parti : «Les prolétaires et les animaux sont libres»"
Winston travaille au Ministère de la Vérité et a pour mission de réécrire l'histoire...Dès qu'une personne tombe en disgrâce, elle est "vaporisée" par le système, son nom est effacé de toutes le références de l'Histoire, les journaux sont réécrits, les photos sont retouchées... Il trafique également les chiffres statistiques, les prévisions doivent en effet coller à la réalité...Grâce à lui le Parti pourra annoncer que les prévisions de fabrication de lacets de chaussures, ont été réalisées à plus de 98%. Tous auront ainsi la confirmation que le Parti et son leader Brig Brother ne se trompent jamais. Des clins d'oeil évidents, pleins d'humour, à l'organisation, aux manipulations des chiffres du plan soviétique, aux trucages photographiques staliniens, mais pas seulement..
Même le langage est réécrit, l'Ancilangue est remplacée par la Novlangue qui simplifiera tout. Des mots seront abandonnés, verbes adverbes, adjectifs seront remplacés par un seul concept, "mauvais" deviendra "Inbon" et meilleur deviendra "Plusbon"….
Winston, appartient au Parti extérieur…il en porte l'uniforme. Il n'est pas heureux, mais connaitra quelques temps l'amour avec Julia.
Winston sera cependant arrêté et torturé jusqu'à ce qu'il admette que la seule vérité est celle écrite par le Parti, et non la réalité historique dont il se souvient, ou celle qui se voit
Personne ne peut dire que le régime soviétique et stalinien est seul visé par ce roman d'anticipation ….d'autres sont concernés par ces pendaisons de masse auxquelles toute la population doit assister…Qui n'a pas entendu un homme politique revenir avec force et conviction sur des paroles ou des actes anciens….Réforme de la langue, imposée par un ministère….tiens tiens…..-"Référentiels bondissants" ou "nénufars"- Même nos démocraties ne sont pas épargnées : Surveillance de chacun par les caméras, géolocatisation (dont Orwell ne parle pas) et cerise sur la gâteau " Il existait toute une suite de départements spéciaux qui s'occupaient, pour les prolétaires, de littérature, de musique, de théâtre et, en général, de délassements. Là, on produisait des journaux stupides qui ne traitaient presque entièrement que de sport, de crime et d'astrologie, de petits romans à cinq francs, des films juteux de sexualité, des chansons sentimentales composées par des moyens entièrement mécaniques sur un genre de kaléidoscope spécial appelé versificateur" (P. 62)…Ouf…ça se passait en Oceania…
Totalitarisme, pensée unique, dérives et prolifération de la technocratie, information de masse, politique des blocs sont autant de dérives montrées du doigt par Orwell. Il y a 70 ans quand il a été écrit, ou 50 ans quand je l'ai lu ces écrits pouvaient passer pour une certaine forme de politique fiction…
Chaque nouvelle lecture de ce roman écrit en 1948, il y a presque 70 ans délivrera de nouveaux messages mais nous confirme tout le talent, toute la réflexion, toute la capacité d'anticipation de l'auteur

Et aujourd'hui les meilleurs esprits sont vaincus par des ordinateurs…
Quel est l'auteur de 2015 qui sera l'Orwell de 2084


Lien : http://mesbelleslectures.com..
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LE classique de la science-fiction, du roman d'anticipation, de l'oeuvre engagée, qui bâtit un des mondes les plus cauchemardesques qu'il ait été donné de voir dans la littérature (et dans le reste de l'art), en pointant du doigt, de façon éternelle et intemporelle, les ravages du totalitarisme. Une lecture très dure, tant le monde d'Orwell est cohérent, structuré, pensé, justement pour que l'absence de pensée et l'incohérence la plus kafkaïenne y règnent. C'est un livre à brandir au nez des régimes politiques qui ont oublié la seconde guerre mondiale, l'exemple suprême de ce qu'il faut à tout prix éviter, et reculer lorsqu'on s'en rapproche! Et de nos jours, la technologie facilite malheureusement certaines pratiques à la Big Brother, avec toujours l'excuse sécuritaire... Certains feraient mieux de se replonger dans cette oeuvre qui fait peur, tant elle est plausible. Orwell a laissé un testament ô combien précieux à notre humanité absurde.
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Parfois, la volonté ne suffit pas...
Je voulais lire "1984". Je voulais moi aussi accéder à l'impressionnant succès d'une oeuvre unanimement vénérée et ça y est, c'est fait.

Ce fut douloureux mais, je le crains, pas pour les bonnes raisons. Je ne souffris pas de découvrir ce monde noir et sans espoir dominé par le Parti, je souffris en tant que lectrice.

Je vais me faire lyncher, je le sens mais je vais quand même oser le dire : je n'ai pas aimé.
J'en suis la première désolée mais c'est la stricte vérité. Je me suis ennuyée, j'ai lutté dans ma lecture ; j'ai cherché la beauté d'un style tant applaudi, j'ai essayé de m'attacher à Winston et à Julia, j'ai tenté de me mettre à leur place... tout cela en vain.

Evidemment, je comprends parfaitement pourquoi "1984" a été un succès. Je comprends qu'un tel roman écrit en 1948, dans le contexte politique de la Guerre Froide, au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, ait paru et ait été révolutionnaire dans son genre, provocateur dans son style, précurseur dans son thème MAIS aujourd'hui, pour moi lectrice du XXIème siècle, le constant effort épuisant de me remettre dans ce contexte d'après-guerre en faisant abstraction des avancées technologiques qui font mon quotidien m'a demandé tellement de concentration qu'il en a gâché ma simple appréciation du récit.

C'est dommage ; il ne me reste que la très faible satisfaction de pouvoir dire "je l'ai lu donc je peux en discuter", c'est peu.

Pour modérer mon propos, je vais préciser que certains passages, malgré la terrible lenteur de la narration et le nombre infiniment petit de rebondissements au fil du récit, m'ont intéressée et que j'ai notamment pris du plaisir à découvrir l'organisation administrative du fonctionnariat du parti, l'invention du novlangue ou encore la description de la surveillance des actes et des pensées mais à aucun moment je n'ai ressenti le "froid dans le dos" qu'on m'avait promis ; je n'ai pas vibré, même dans les scènes de torture. Suis-je inhumaine pour autant ? S'il-vous-plaît, ne me lynchez pas et ne me livrez pas à Big Brother pour insoumission à la pensée unique...


Challenge ABC 2012 - 2013
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Ce roman est puissamment évocateur. Les premières pages avec la cérémonie quotidienne Les deux minutes de la Haine, m'ont irrésistiblement fait penser à Hitler et à la fascination qu'il exerçait sur les foules. La suite m'a suggéré la Chine, bien qu'il semble qu'Orwell se soit plutôt référé à la Russie.
Dans un monde partagé entre trois entités Océania, où se passe notre histoire, Estasia et Eurasia, la société est dominée par le Parti, symbolisé par Big Brother, dont on voit l'image partout, sans avoir finalement de preuves de son existence. Les cadres dirigeants appartiennent au Parti intérieur, les techniciens au Parti extérieur, les autres sont les prolétaires. L'appartenance est décidée à 16 ans par un examen. Un passage sur l'existence de trois groupes dans toute société humaine m'a rappelé l'expérience sur les rats et l'établissement systématique de ces fameux trois groupes, dans le livre du regretté Pelt « La raison du plus faible ».
Le Parti intérieur désire un monde parfait, au sens de fini, d'immobile. Ainsi, il n'y a pas d'Histoire. Si les évènements exigent qu'Océania soit en guerre avec Estasia, il l'est depuis toujours. « Lorsque toutes les corrections qu'il était nécessaire d'apporter à un numéro spécial du Times avaient été rassemblées et collationnées, le numéro était réimprimé. La copie originale était détruite et remplacée dans la collection par la copie corrigée. Ce processus de continuelles retouches était appliqué, non seulement aux journaux, mais aux livres, périodiques, pamphlets, affiches, prospectus, films, enregistrements sonores, caricatures, photographies. Il était appliqué à tous les genres imaginables de littérature ou de documentation qui pouvait comporter quelque signification politique ou idéologique. Jour par jour, et presque minute par minute, le passé était mis à jour. On pouvait ainsi prouver, avec documents à l'appui, que les prédictions faites par le Parti s'étaient trouvées vérifiées. […]. L'histoire tout entière était un palimpseste gratté et réécrit aussi souvent qu'il était nécessaire. »
Ce qui m'a le plus frappée dans ce roman, c'est le contraste entre le flou dans lequel vivent les gens, (Winston Smith, personnage principal, n'est même pas sûr de l'année où il vit), l'impossibilité de connaître vraiment le passé et donc le début ou la raison de la Révolution, de savoir qui est ennemi ou ami, à peine ce qui est permis ou non car beaucoup de règles sont sous entendues… et le contrôle total dont ils font l'objet. Dans les lieux publics mais chez eux aussi, des télécrans leur dispensent des messages et de la musique (comment réfléchir dans ce cas) mais aussi est susceptible d'enregistrer leurs gestes, leurs expressions corporelles ou faciales et leurs paroles. du moins, pour les membres du Parti extérieur, car à mon étonnement une partie de la population, les prolétaires, sont laissés hors du contrôle total de l'État. Bien sûr, ils subissent les pénuries, (malgré les chiffres toujours plus satisfaisants de la production) mais ils disposent d'une certaine liberté, en fait parce qu'ils ne valent pas la peine que l'on se soucie d'eux. « On n'essayait pourtant pas de les endoctriner avec l'idéologie du Parti. Il n'était pas désirable que les prolétaires puissent avoir des sentiments politiques profonds. Tout ce qu'on leur demandait, c'était un patriotisme primitif auquel on pouvait faire appel chaque fois qu'il était nécessaire de leur faire accepter plus d'heures de travail ou des rations plus réduites. Ainsi, même quand ils se fâchaient, comme ils le faisaient parfois, leur mécontentement ne menait nulle part car il n'était pas soutenu par des idées générales. Ils ne pouvaient se concentrer que sur des griefs personnels et sans importance. »
Le contrôle de la pensée exige aussi un contrôle du langage, d'où l'existence du novlangue. « - Ne voyez-vous pas que le véritable but du novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? À la fin, nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée car il n'y aura plus de mots pour l'exprimer. Tous les concepts nécessaires seront exprimés chacun exactement par un seul mot dont le sens sera rigoureusement délimité. Toutes les significations subsidiaires seront supprimées et oubliées. » On ne peut s'empêcher de penser au livre du philologue allemand et juif Victor Klemperer « LTI » sur la langue utilisée par le IIIème Reich.
La moindre pensée non orthodoxe est punie par la non-existence. Un jour, plutôt une nuit, vous disparaissez. Toute trace de votre vie est effacé, cela s'appelle être vaporisé. « Indubitablement, Syme sera vaporisé » […]. Quelque chose lui manquait. Il manquait de discrétion, de réserve, d'une sorte de stupidité restrictive. On ne pouvait pas dire qu'il ne fut pas orthodoxe. Il croyait aux principes de l'angsoc, il vénérait Big Brother, il se réjouissait des victoires, il détestait les hérétiques… »
Une partie du roman est la reproduction du livre, censé avoir été écrit par Goldstein, l'opposant. Cet ouvrage présente le pourquoi d'une telle organisation en la mettant en perspective avec l'histoire des sociétés. C'est la partie qui m'a le plus accrochée.
Finalement le lecteur aussi est laissé dans l'incertitude, même la dernière page tournée, on ne connait vraiment ni la genèse, ni le pourquoi de la révolution. Eurasia et Estasia connaissent elles vraiment une société identique comme il est assuré aux habitants d'Océania ? La Corée du Nord, par exemple, a bien une vision totalement erronée de tout ce qui extérieur à elle.
Il y a forcément des éléments de ce monde dans notre réalité, mais en définir les limites ne m'a pas paru si évident.
Un livre qui pour moi vaut la peine d'être lu deux ou trois fois dans une vie. Et du coup, afin de mieux connaître l'oeuvre d'Orwell, je me suis replongée dans la lecture d'Animal farm. Il y en aura d'autres.

Challenge ABC
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Nous sommes en 1984 sous une dictature anglaise nommée « l'angsoc » : ce mot signifie socialisme anglais ; Il fait partie de la « novlangue », ce nouveau langage qu'essaye de diffuser le Parti pour remplacer l'actuelle : Une langue avec un minimum de mots, afin d'exprimer le moins de choses possible et donc d'empêcher la population de pouvoir critiquer le gouvernement : pas de mot, pas de pensée.


Mais le Parti ne veut pas seulement contrôler les moyens d'expression, il vise aussi à contrôler chaque fait et geste de ses membres par le biais de microphones et de caméras dans chaque foyer ; Pire encore, par la contrainte et le lavage de cerveau, le Parti aspire à contrôler les pensées de chacun : La propagande, les menaces, la torture, tous les moyens sont bons pour tuer dans l'oeuf toute possibilité de perdre le pouvoir.


Si quelqu'un s'écarte du comportement voulu par le Parti dirigeant, il est « vaporisé » : Il disparaît, comme s'il n'avait jamais existé, et le Parti efface toute trace écrite de son passage. Il encourage d'ailleurs la délation dès le plus jeune âge, incite les enfants à surveiller leurs parents. Tous les sentiments humains sont interdits : Personne n'a le droit d'aimer, le parti forme des couples pour enfanter puis les interchange à volonté… Bref, il maîtrise chaque instant de la vie des individus.


Et pour occuper la population à quelque chose en commun, le Parti encourage la haine contre l'ennemi à qui il fait la guerre : le fait que le pays soit continuellement en guerre ou dise l'être est donc essentiel pour mobiliser les troupes. En sus, la guerre permet de détruire les richesses et donc d'occuper perpétuellement la population à les reconstruire. Tout le monde est occupé, se sent utile et est contraint de vivre avec peu de moyens sans que ce ne soit la faute du Parti !


*****

Comment peut-on en arriver là sans rébellions ? Serait-ce réellement possible ? Nous voudrions croire que non. Hélas, ce roman parvient très aisément à nous convaincre du contraire. La terreur, l'habitude, le contrôle des informations nationales, la surveillance, les punitions et la police des pensées : Tout cela s'est installé et est bien rodé.


Tout au long du livre, nous suivons Winston Smith. Son âge lui permet d'avoir le vague souvenir que la vie d'avant était meilleure ou, du moins, que l'actuelle ne devrait pas être comme ça. Il va tenter de se rebeller malgré le peu de marge de manoeuvre qu'il est conscient d'avoir : C'est son amour pour une jeune femme qui le décide à intégrer une organisation secrète. Mais une telle organisation est-elle viable dans un tel pays sous surveillance ? Winston trouvera la réponse à ses dépens. La fin est à la fois terriblement épatante et tellement révélatrice de ce genre de gouvernement qui réussit l'exploit de vous convaincre de tout et son contraire…


Voici donc un excellent livre sur la pensée totalitaire, qui détaille vraiment chaque étape de l'engrenage et qui parvient à démontrer à quel point et de quelle manière ça peut fonctionner si on la laisse s'installer… Il met l'accent sur l'importance de la langue pour installer une dictature : Sans mot, pas de pensée, avec peu de mots, une pensée réduite au strict nécessaire, c'est le but de Big Brother dans ce roman.


Ce roman peut, par conséquent, être également intéressant pour les professeurs de français qui tentent d'enseigner l'importance de la subtilité du langage à leurs élèves dubitatifs (Au commencement était le verbe...), ou même pour les profs d'histoire tellement ce roman est pédagogique, car certaines théories sur la société y sont également exposées avant le dénouement.

Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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Frissons et damnation. J'ai lu et j'ai su... J'ai touché du doigt la solitude inacceptable de Winston, j'ai vu son regard hébété dans la foule... j'ai même cru reconnaître, au détour d'une page, Aliide agenouillée dans la noirceur d'une cave salie... j'ai entraperçu, dans la foule, une jeune fille qui s'appelait Anne et qui écrivait son journal... la photo de la petite Sarah traînait là, imuable. et puis, j'ai vu aussi, j'en suis sûre, Rudolph Lang chausser les bottes de l'Homme au visage de cire... j'ai entendu la voix aigre d'un Primo Lévi évoquer l'Armée des ombres... une vague de violence s'est abattue sur mon visage... et, même, j'ai cru voir, j'en suis certaine, dans le bas-fond de l'affiche de Big Brother, j'ai vu, dis-je, vu de mes propres yeux, tapi dans l'ombre de l'affiche écornée, le petit homme moustachu au teint verdâtre...

Quelle ne fut pas ma délivrance, chers amis, lorsque j'ai tourné la dernière page de cet ouvrage et que j'ai compris que... ce n'était qu'un livre !
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Faut-il relire “Mille neuf cent quatre-vingt-quatre” ?
Ma réponse est clairement oui.
Et pour de bonnes raisons :

Cette édition est une meilleure traduction de l'oeuvre originale
le monde évolue et « Mille neuf cent quatre-vingt-quatre » n'a en rien perdu de son acuité. Il est même encore plus juste !
J'ai changé. J'ai trouvé dans cette relecture des thèmes, des passages qui m'ont échappé

De plus quelques vidéos récentes m'ont apporté des éclairages plus que très utiles

Monsieur Phi : le plus terrifiant dans 1984… est une idée philosophique
Monsieur Phi : Orwell avait-il tout prévu ? 👁️👁️
Linguisticae : La NOVLANGUE de 1984 (G. Orwell)
Arte : George Orwell, Aldous Huxley : « 1984 » ou « Le meilleur des mondes » ?

Alors lire 1984 en 2022 ?

George Orwell étire la réalité des régimes autoritaires pour en faire un régime absolu, total.
Alors oui l'Angsoc n'est pas le parti qui domine notre vie politique et non les journaux officiels ne sont pas en Novlangue… mais…

Parfois grâce à liberté de la Science-fiction on peut en exagérant sur les mécanismes de la société, nous montrer ce qu'on ne voit pas aujourd'hui comme…

Le parti qui veut le pouvoir… pour le pouvoir. La classe dirigeante du roman n'a pas vraiment beaucoup d'avantages matériels mais aucune hypocrisie ou faux semblant : le parti veut écraser l'individu pour écraser l'individu. Pas d'avenir radieux. Pas de promesse de paradis pour le travailleur, le sur-homme ou l'entrepreneur (rayez les mentions inutiles).
Le pouvoir pour le pouvoir pour toujours.

Le parti s'appuie entre autres sur la langue. le parti s'approprie les mots, les détourne, les vides de leur substance. Cette volonté est affichée et motivée (et même expliquée en annexe).
Très pertinente lecture qui expose à nu des manipulations que l'on croise dissimulées.

Le parti s'appuie sur la surveillance. Un sujet qui a dépassé la fiction.

La grande force du récit ?

Incarner de si grands thèmes, un point de vue si large avec seulement trois personnages centraux.

En conclusion

Une oeuvre riche à redécouvrir encore et encore
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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