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3,3

sur 113 notes
Un roman qui me laisse mitigé. le quatrième de couverture (J'ai enfreint ma règle « Ne jamais lire quatrième de couverture ») m'annonçait « une ambiance kafkaïenne ».
J'attendais Kafka… mais rendre l'absurdité du monde et du monde du travail est un exercice assez difficile.
Et le roman reste très longtemps sur un registre très réaliste, descriptif et concret.

> C'est l'histoire de trois nouveaux employés à l'« Usine ».
> On ne saura jamais ce qui se fabrique dans ce monde presque autosuffisant.
> On découvrira par contre l'absolue vacuité de trois emplois qui semblent complètement vains et abrutissants.
> Mais l'usine semble un monde à part, un monde avec d'étranges animaux comme en marge de la réalité humaine.

Il parle d'abord longuement du travail morne, répétitif des trois employés.
Il y avait un piège : raconter l'ennuyeux quotidien sans être soi-même ennuyeux. Vaste question.
Hélas, le roman n'évite pas complètement ce piège.
Le livre verse dans l'onirisme. Il sort de la réalité d'une très juste façon. Mais bien trop tardivement.

Le roman reste une peinture acerbe de la société qui impose un travail pour le travail. Un travail déshumanisant, aliénant.
La convention sociale vous impose de travailler, même à temps partiel, même pour rien, même pour en perdre son âme, son humanité.

Si la question du travail inutile vous intéresse alors je vous recommande chaudement, très chaudement « Bullshit Jobs » de David Graeber.
Si vous cherchez des romans japonais où la frontière entre la réalité et le rêve (ou le cauchemar) s'efface mieux, je vous conseille :

* Tous les romans de Ryû Murakami qui penchent délicieusement côté cauchemar.
* Un coup de coeur : « Les Miracles du bazar Namiya » de Keigo Higashino
* Si Tokyo vous fascine comme moi : “L'île des rêves” de Keizo Hino
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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"L'Usine" m'a happée dans un univers déstabilisant, comme le font si bien certains romans japonais.

Raconté à la première personne, le récit croise les points de vue de plusieurs employés ayant rejoint l'Usine.

Au départ, on peut imaginer un roman sur la culture d'entreprise nippone. Et par certains aspects, le sujet est bien abordé même si dès le départ, ce sont les trois nouveaux employés qui éveillent notre intérêt, avec leur embauche, la découverte de leur poste. Puis le rythme s'accélère. La temporalité n'est plus si évidente. L'absurdité de certaines situations ressort.

Ce roman aux accents kafaïens m'a rappelé mes quelques lectures de Murakami où l'impossible (ou l'improbable) se mêlent au quotidien. Ici, la perte de repères est progressive. L'inattendu pressenti rapidement prend de l'ampleur au fur et à mesure que le récit avance.

Malgré son étrangeté, le texte reste vif et centré en apparence sur les rapports humains, l'analyse des situations personnelles, le quotidien d'employés de l'Usine. Je m'attendais à un texte sombre. Il l'est, en quelque sorte, sans pour autant tomber dans une atmosphère pesante. La toute puissance de l'Entreprise et l'impact de l'activité économique sur la nature sont deux thèmes auxquels je m'attendais en ouvrant ce roman. Les voilà détournés dans un récit trompeur où l'ont suit avec fascination trois personnages – dont on ne sait au final rien ou presque – dans leurs missions répétitives et aberrantes.

Très particulier (comme souvent avec les récits japonais) mais passionnant si vous aimez vous laisser surprendre .

(Avis complet sur le blog - davantage de détails sur l'intrigue)
Lien : http://www.myloubook.com/202..
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Une lecture brève mais intense... Il faut se concentrer pour lire "L'Usine", l'autrice propose en effet un roman choral sans support visuel, ce n'est qu'au ton que l'on différencie les trois membres du personnel de l'Usine. Dans cette entreprise tentaculaire qui a bien mérité sa majuscule, la vie grouille, les gens travaillent, certains même y vivent, on y voit des drôles d'animaux. C'est impersonnel sous le confort, c'est abrutissant malgré la sécurité de l'emploi, c'est étrange sous le vernis de la normalité du travail.
Hiroko Oyamada signe ici une jolie fable sur le travail et les travers de la société japonaise (mais pas que). A lire (quasi) d'une traite.
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J'espérais pas mal de l'idée du roman qui confronte ses personnages à l'absurde de l'Usine, espace où le travail perd son sens et déboussole les employés...
Mais si au début du livre, on est intrigué par cette mystérieuse entité et ses desseins finaux, ils ne sont pas révélés et du coup, c'est peu à peu le sens du récit qui se délite.

Alors, au passage, vous apprendrez pas mal de choses sur les mousses et les cormorans, mais je pense que la lecture de cet ouvrage ne restera pas gravée dans ma mémoire.
Ce fut assez évanescent et vide.
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L'Usine est un roman qui ne ressemble à nul autre. Un roman à charge contre l'aliénation au travail ; un roman qui prend tout son sens dans un pays comme le Japon, où la relation de l'individu au travail et à la culture d'entreprise est bien plus prononcée qu'en Occident.

Dès les premières pages le roman installe un sentiment diffus de malaise. La mise en page minimaliste y est sans doute pour beaucoup (un chapitrage succinct où les chapitres ne sont pas numérotés, peu de renvois à la ligne (les dialogues sont bien identifiés par des guillemets et des tirets mais ne font l'objet d'un saut de ligne systématique quant l'intervenant change). Au sein d'un même chapitre la chronologie est bousculée, l'auteure passe du coq à l'âne sans crier gare.

Écrit à la première personne, le roman alterne entre les points de vue des trois protagonistes récemment recrutés par l'Usine. Des individus confrontés à un travail qui n'a ni queue, ni tête. Une Usine dont l'activité reste floue mais dont on devine l'importance d'un point de vue économique. Un personnel dévoué à son Usine, tant pis si celle-ci tend progressivement à les déshumaniser.

Le fantastique s'invite aux portes de l'Usine avec la présence d'une faune endémique inquiétante au coeur même du site industriel. Qu'il s'agisse d'énormes ragondins qui nichent dans les canalisations des égouts ou d'inquiétants cormorans au plumage intégralement noir et visqueux.

Difficile de trouver un sens à toute cette histoire, et pourtant on s'y attache. Une fable sociale et sociétale qui prend parfois des aspects absurdes (voire burlesques) fortement teintés de noir, Une fable qui ne prête pas vraiment à sourire vu la société qu'elle nous décrit.

L'Usine est quasiment une lecture expérimentale (au même titre que l'on parle parfois de rock expérimental). Une expérience qui ne devrait laisser aucun lecteur indifférent, personnellement c'est bien un sentiment de malaise qui ne m'a pas quitté de la première à la dernière page.

Le roman est court (moins de 200 pages) et il n'en fallait pas davantage au risque de deve
Lien : https://amnezik666.wordpress..
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L'usine. En voilà un roman assez étrange. Non pas que celui-ci est bizarre ou bien mal écrit, mais tout au long de ma lecture, j'ai eu comme d'étranges perceptions. La première fût que l'usine ressemblait à un gigantesque endroit vétuste, sale, malpropre, peint de noir, de teintes vert mousse, vert bouteille et vert tapis ainsi que de gris souris. Un endroit profondément déprimant où la beauté semble être disparue. Etrangement bien que ce livre fût écrit au Japon, j'ai l'impression qu'il parle d'usines en Chine. L'autre sensation que j'ai eue fût de me retrouver dans l'un des centres de tri d'Amazon. Je vais avouer que j'ai bien été imprégné par l'usine depuis mon canapé. L'autrice a bien réussi à faire dominer l'usine à son lectorat dans toutes ses aspérités.

Mais au fond l'usine, c'est quoi ? Et bien l'usine, c'est le taylorisme. Une vie à perdre la raison pour pas grand chose, pour des roupies. Une vie où le travail compte et uniquement le travail. J'ai beaucoup aimé le fait que l'usine produit tout. Tout comme une toile d'araignée. Tout se passe à l'usine et tout se fait à l'usine. Aucune alternative existe. le récit est assez fort, car les trois protagonistes principaux font des choses routinières qui n'ont aucun sens. Végétaliser des toits sans aucune consigne. Corriger des textes qui seront ensuite corrigés par d'autres personnes avec de nouvelles fautes. Détruire des documents sans arrêt. C'est absurde. Un peu comme le monde actuel et sa valeur de travailler pour l'économie d'un pays.

Et cette satanée usine se voit affublée d'étranges oiseaux embourbés qui semblent ne pas pouvoir quitter l'usine. Englués sans fin dans un travail faisant perdre la raison et à y laisser des plumes. Un livre qui plaira à ceux qui ne veulent pas travailler où qui ont envie de dire à leur patron de bien aller se faire foutre avant de claquer la porte. Après tout, quitte à y laisser des plumes - autant que ce soit l'entreprise qui y perde.
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Le Hibook a lu « L'Usine» de Hiroko Oyamada. le monde du travail au Japon est un sujet porteur tant il est dépaysant pour nous . Essai, et fictions (« Stupeur et tremblements » par exemple) s'y complaisent. Ce roman de Hiroko Oyamada en fait un portrait aussi onirique qu'inquiétant . Trois personnages (une femme , deux hommes) sont embauchés sous des statuts divers dans « L'Usine » , entreprise aussi tentaculaire que totalitaire ( en ce sens qu'elle pourvoie à tout) . Les tâches proposées sont répétitives,vides de sens ( déchiqueter des documents ,corriger des textes improbables, répertorier les mousses présentes dans l'établissement). Chaque personnage narre son quotidien de manière minutieuse mais curieusement décousue ( rapports entre collègues , interrogations sur le sens de leur travail). Peu à peu ,suinte un sentiment d'étrangeté , comme s'insinuent dans l'espace indéfini de l'Usine d'étranges animaux . le récit se détache du réel pour glisser vers le conte métaphysique , ces vies privées de sens ne seraient-elles pas les nôtres ? On pense bien entendu à Kafka , mais aussi au Ionesco de « Rhinocéros » ,dans un ouvrage qui est un chef d'oeuvre de suggestion.
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L'usine est un complexe si vaste qu'on n'en voit pas la fin. Un fleuve la traverse, surplombé d'un pont que l'on évite de traverser à pied tant il est long. Comme une ville, elle a ses restaurants et ses hôtels, ses stations-service et ses logements, sa ligne de bus et ses commerces. Son influence s'étend sur toute la région, tout le monde y travaille ou connait quelqu'un qui y travaille.

Nous suivons, dès leur embauche, trois de ces employés.

L'une, diplômée, a postulé pour un CDI, et se retrouve avec un emploi de contractuelle consistant à actionner une déchiqueteuse à documents. Un autre -Furufué- est étudiant-chercheur à l'université. Il est recruté par l'usine pour analyser les mousses présentes sur son site en vue de végétaliser les toits. le dernier, ex-ingénieur système inscrit dans une agence d'intérim, obtient un poste de correcteur, chargé de traquer les fautes dans divers documents.

Le roman alterne, sans transition, d'un personnage et/ou d'un moment à l'autre, surprenant d'abord le lecteur qui trouve ensuite rapidement ses marques. Les épisodes se succèdent, en une temporalité elle-même un peu floue, qui transcrit parfaitement l'idée d'une routine immuable, plaçant dans une sorte d'éternel présent, répétitif et mortifère.

Les tâches confiées nécessitent peu d'effort physique ou intellectuel. Elles sont rapidement comprises et maîtrisées, et pourraient sans doute être accomplies par des machines. Mais surtout, elles sont dénuées de sens. Il est révélateur que nous ne sachions jamais ce que produit précisément l'usine –"à la fois tout et rien". Les employés d'ailleurs n'ont aucune idée de l'utilité de leur fonction, le cloisonnement de chacune d'entre elles instaurant une décorrélation entre postes individuels et objectif commun.

La notion même de production ne trouve pas ici sa place, mais semble avoir été remplacée par une série de missions sans lien les unes avec les autres, qui auraient pour seul but d'occuper les travailleurs. Notre correcteur réalise que les manuscrits qu'il a déjà vérifiés, dont il ne connait ni la provenance ni la destination, ni s'ils ont une destination, lui reviennent avec des erreurs encore plus grossières… Furufué, à qui aucune contrainte ni délai ne sont imposés, apprend après des années d'études des mousses que les toits de l'usine ont déjà été végétalisés…

Il en résulte, pour l'ensemble des protagonistes, un sentiment de vacuité et d'insatisfaction.

Donner le meilleur de soi-même n'a ici aucune valeur, le travail n'étant qu'un moyen de subsistance, la réponse à une injonction sociétale. Ce n'est pourtant que par son prisme que sont décrits les personnages, comme s'il était au centre de leurs vies.

L'auteure insère dans son texte, avec l'évocation de l'inexplicable multitude d'animaux -ragondins, cormorans et étranges insectes- constatée dans certains lieux de l'usine, une touche fantastique qui conclut le roman, et dont je n'ai pas vraiment compris l'utilité (le sens en est peut-être trop symbolique pour moi). Il est aussi question à un moment d'un "déculotteur" que la rumeur indique sévir dans le parc aux abords de l'étang du site, dont il n'est plus question par la suite. Ces éléments incongrus m'ont laissé l'impression d'un manque de rigueur de l'intrigue, comme si l'auteure, une fois son sujet lancé, n'avait pas su quelle orientation lui donner… Par ailleurs, cela gâche à mon avis la tonalité subtilement absurde qu'elle avait jusqu'alors instaurée, en faisant perdre toute crédibilité à l'intrigue.

Dommage, car j'ai sinon apprécié les parties relatives au non-sens du travail et à ses effets sur les trois héros
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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L'Usine est le lieu où obtenir un poste de travail équivaut à une réussite sociale. Trois nouveaux salariés obtiennent un contrat à des postes qui semblent répondre à des objectifs abstraits: spécialiste des mousses, commis à la déchiqueteuse de papier ou correcteur d'oeuvres variées et diverses. On les suit de leurs débuts timides à leur installation dans une routine ennuyante, où peu à peu le sens de leur activité se dilue. Mais qu'est ce que l'Usine ? Immense, parcourue d'un pont, d'un fleuve et d'un océan, on ne connaît pas réellement son activité. Cette ville-usine tentaculaire abrite en son sein d'étranges animaux endémiques : lézards de sèche linge, ragondins aux dimensions dantesques et oiseaux noirs immobiles. Mais pourquoi prolifèrent ils autant en ce lieu ?

C'est un roman qui m'a fait penser aux oeuvres de Abe Kobé: derrière l'étrangeté du récit se cache une critique acerbe de la société japonaise. Critique du monde du travail aliénant où dans des entreprises aux dimensions inhumaines, la perte de sens devient la norme: la majorité des activités est déléguées à des prestataires; l'entreprise auto-entretient de taches administratives et/ou inutiles. L'employé devient alors une variable, interchangeable, perdant peu à peu sa personnalité et son individualité. de plus, l'auteure évoque l'emploi à vie qui semble limiter le dynamisme et la créativité; il est remplacé par une précarisation des employés qui doivent souvent se satisfaire de poste contractuels. de même, l'auteure semble dénoncer l'hyperspécialisation des tâches et une hiérarchie totalement omniprésente et en même temps transparente. Beaucoup d'autres thèmes sont aussi évoqués dans ce livre : l'écologie évidemment avec une adaptation de la nature à la destruction de notre environnement mais aussi la place omnisciente du travail dans la société japonaise.
L'écriture est aussi étrange que le récit: on passe d'un personnage à l'autre sans véritable transition, il faut donc beaucoup d'attention pour ne pas perdre le fil de cette histoire. Peu à peu, elle semble se distordre et devenir de plus en plus floue, comme la réalité.
J'ai beaucoup apprécié ce style fluide où l'étrangeté permet d'appréhender de multiples thèmes de façon originale.

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Je me suis assez ennuyée à la lecture de ce livre. Même si j'y vois là une intention délibérée de l'auteur de refléter la vie professionnelle monotone et absurde des 3 protagonistes fraîchement recrutés, l'ensemble manquait d'envergure. C'est dommage parce que le cadre de l'Usine permettait de multiples développements.
L'aspect "fable" contemporaine développé sur la toute fin manquait également de finesse. Sur le fond comme sur la forme, ce fut une lecture sans saveur.

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