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LC Avec Bellonzo

Chapitre 1 – Cuba – années 70, un homme assiste à l'enterrement de sa femme. Ce sera pour lui l'occasion de se remémorer son passé. Un ouragan tropical, Ivan (le même nom que le narrateur), menace La Havane. Il nous racontera plus tard sa première rencontre avec un mystérieux homme rencontré sur une plage, l'homme qui aimait les chiens.

Chapitre 2 – 1929 – Sibérie – Trotski et sa famille viennent de recevoir leur lettre d'exil, ils se dirigent vers une destination inconnue pendant une tempête de neige avec moins 40 degrés au thermomètre.

Chapitre 3 : 1936 – présentation de Ramon Mercarder, la guerre fait rage en Espagne, Ramon est révolutionnaire, il nous présente son parcours : de bonne famille bourgeoise, il semblerait tenir de sa mère, anarchiste (et héroïnomane) convaincue.

Dans ces trois premiers chapitres, nous avons devant nous la construction (tout en alternance) de ce roman historique : Trostski, Ivan, Ramon … trois hommes, trois destins…

800 pages que je n'ai pas vu passer même si j'ai souvent posé ce livre pour lire d'autres sources sur le net. L'auteur sait rendre l'Histoire passionnante, et rendre palpable l'évolution de ces personnes (ayant réellement existé pour un grand nombre d'entre elles).

Il m'a semblé que Padura était très proche des faits. Les purges staliniennes font froid dans le dos, Trotski a semblé prendre vie devant moi…

Ce roman (récit ?) est très addictif, en effet même si la fin est connue (Mercader va assassiner Trotski), le cheminement que Leonardo Padura va nous faire suivre est digne d'un roman à suspense…

Une fois le livre posé, je suis restée un moment ébahie de voir comment les gens étaient manipulés et bien peu maîtres de leurs actes …

Un livre passionnant et édifiant, à lire !
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La lecture commune avec La jument verte de Val c'est toujours un grand plaisir. C'est un très beau roman que L'homme qui aimait les chiens. Il m'a demandé attention, patience et temps. Mais il apporte sur les idéologies du siècle passé un éclairage d'une grande profondeur. Je n'ai pu le lire que pas à pas et j'ignore à cette heure ce qu'en dira ma copilote régulière Val.📚😊 Faire connaissance avec cet homme, celui qui aimait les chiens, cest s'embarquer pour 802 pages et plonger dans le monde des années trente dans toute sa complexité. Mais ils sont plusieurs dans ce roman à aimer les chiens à commencer par ce mystérieux inconnu promenant deux slendides barzoïs sur une plage de la Havane. Je ne suis pas sûr qu'ils soient si nombreux à aimer les hommes. Ivan, écrivain en panne, recueille les confidences de cet homme malade, affaibli, qui aurait connu Ramon Mercader/ Jacques Mornard/ Frank Jacson/ Ramon Pavlovitch Lopez. Pas de panique, il s'agit du même homme, qui assassina Trotsky, réfugié à Mexico, le 21 août 1940.

Trotsky n'est jamais désigné autrement que Lev Davidovitch, probablement Leonardo Padura a voulu appuyer sur la double appartenance de l'homme politique, juif et russe. Mais tout est compliqué dès le départ dans l'horrifique histoire de la Russie du XXème siècle. L'auteur cubain, assez au fait des tyrannies, dissident de l'éternel régime castriste, explore les trois vies, deux réelles et la fiction Ivan Cardenas avec la précision d'un entomologiste. Curieux insectes que ces trois personnages en quête de leur propre vérité.

L'homme qui aimait les chiens passionne, mais en mode transsibérien (pas d'allusion autre que la longueur du voyage). On finit par saisir, certes partiellement, les infinis méandres du stalinisme dans toute sa grandeur, mais aussi les rivalités entre les différentes factions des républicains espagnols auxquels appartient Ramon Mercader. Un livre bouillonnant, à mille lieues des insipides leçons moralisantes qui font florès. Personne n'en sort grandi, grand ou petit, un nom dans L Histoire ou pas. Pour Staline, Mercader, Trotsky lui-même, on le sait maintenant depuis assez longtemps. La célèbre Passionaria non plus, loin de là, et le No pasaran souvent repris par bien des défilés a connu des heures sombres. Quant aux "immenses" Diego Rivera et Frida Kahlo, qui un temps hébergèrent Trotsky...bof.

Rien n'est simple à l'évidence. Mais le roman de Padura, si bien construit, nous conduit intelligemment à un peu moins d'ignorance. Cette ignorance parfois abyssale dans notre siècle, le XXIème qui semble n'avoir rien a ppris. J'encourage vivement à prendre le temps de faire connaissance avec Ivan Cardenas, notre guide, sensible et fragile, des plages cubaines aux geôles soviétiques, en passant par les jeux si troubles des différents services secrets et les haines tenaces qui menèrent au fatal piolet de Mexico.
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L'homme qui aime les chiens c'est cet homme qui dans les années 80 sur une plage de Cuba voir un homme avec deux beaux barzoi. Attiré, il discute avec lui, perçoit le non-dit. L'Homme qui aimait les chiens, c'est ce jeune homme lors les prémices de la guerre civile en Espagne qui dois renoncer à son amour des chiens pour une destinée qui lui échappe. L'homme qui aimait les chiens c'est cet exilé de l'URSS, celui que Staline chasse à travers les continents, c'est Troski dont tout le monde connaît la fin tragique. Leonardo Padura réussit à tracer trois vies qui se rencontrent et qu'il nous raconte avec force details historiques qui parfois sont difficiles à appréhender tant les nuances du marxisme sont fines quand elles sont l'enjeu du pouvoir. Comme dans Hérétiques, Padura jongle avec le temps.
C'est un livre un peu long, de ceux qui laissent des traces parce que justement on ne les a pas lus d'une traite. Au-delà de la grande histoire, on y découvre des hommes qui doutent, parce que justement, leurs actes vont laisser une trace. Sauf peut-être le cubain. Lui, il est peut-être le double de l'auteur, qui, justement, peut avoir l'âge et le métiers de son héros, avoir traversé ces années où l'île était fermée et où elle s'est ouverte.
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De l'assassinat de Trostky, je ne connaissais quasiment rien si ce n'est le lieu, la date approximative et l'arme du crime dont le choix m'est toujours apparu comme particulièrement cruel. Je savais aussi qu'il avait été commandité par Staline. Je suis donc entrée dans ce roman avec quelque difficulté ne voyant a priori pas de rapport immédiat entre la guerre d'Espagne et l'assassinat de Trostky au Mexique quelques années plus tard. J'ai dû m'armer d'un peu patience avant de me rendre compte que les trois trames narratives (celle de la vie d'exil de Trostky, celle du parcours militant de Mercader, l'assassin ,et celle de la rencontre entre ce dernier et l'écrivain — Comment ne pas y voir un double de Padura ? ) étaient les trois facettes de la même histoire, comprenant au fil de ma lecture que Mercader était un espagnol catalan. C'est alors que j'ai pu appréhender tout le travail d'archiviste que Padura avait dû effectuer et surtout toute son habileté pour me faire vivre tout un pan d'histoire, une des périodes le plus tragiques du XXè siècle et pas seulement pour les Soviétiques.
Même si je connaissais l'issue (la mort tragique de Trotsky), j'ai lu le roman presque comme une enquête policière et le savoir-faire de Padura connu comme écrivain de romans policiers n'est certainement pas étranger à cette impression. Les personnages m'ont paru extrêmement vivants et crédibles, tous à l'exception de Sylvia Ageloff (car j'ai eu bien du mal à l'imaginer aussi sotte et naïve que Padura nous la présente, capable d'avaler les incohérences de comportement de son compagnon Mercader et ses changements d'identité sans le moindre soupçon. J'aurais plutôt tendance à voir en elle une complice…)
Le roman s'étend, en fait, bien au-delà de la mort de Trostsky puis qu'on retrouve Mercader en URSS, après qu'il ait purgé 20 ans de réclusion au Mexique, donc après l'ère stalinienne. Et c'est l'occasion de conversations édifiantes avec son mentor du NKVD, lui même emprisonné pendant plusieurs années sous différents prétextes. Au delà de l'odieux du crime, Padura a su parfaitement remettre l'assassinat de Trostky dans le contexte des folies meurtrières du régime de Staline qui réussissait à faire de ses plus proches collaborateurs des traîtres à la cause communiste. Ceux qui échappaient à la mort en sont restés, comme Mercader que Padura nous montre à la fois assassin et victime d'un système ignoble, meurtris à vie.

Il y aurait beaucoup plus à dire sur ce roman extrêmement dense et je ne peux qu'en recommander la lecture tant pour la reconstitution des faits historiques que pour la qualité littéraire intrinsèque.
Padura a signe ici une oeuvre qui le classe au rang des très grands écrivains contemporains.
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Un roman-récit exceptionnel, fruit de la combinaison d'un colossal travail de recherche et d'une extraordinaire aptitude à donner vie et consistance à des personnages dont la grande histoire, malmenée par les hommes, n'a parfois gardé que des traces insuffisantes. Leonardo Padura nous emmène à sa suite dans un récit qui ne peut que nous laisser abasourdis, sans voix, et qui ne nous quittera pas avant longtemps. Au-delà des destins croisés de l'assassin, de sa victime et du narrateur, ce pavé est comme un monument indispensable à tous les anonymes "dont le destin est commandé par des forces supérieures qui les dépassent et les manipulent au point de les anéantir", et dont la vie et les rêves ont été "happés par la fatigue historique et l'utopie pervertie".
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excellent roman, bien écrit, bien rythmé, qui croise les destins de Trotsky, de son assassin, d'écrivains à la peine, d'agents soviétiques, de Frida Kahlo, Diego RIVERA....
à travers ce pavé de 800 pages, se déroule au fil des pages, les évènements majeurs du XXème siècle: la révolution russe, la guerre d'Espagne, Cuba, .... Il permet de comprendre, de faire le lien dans la diversité des mouvances politiques et de découvrir la récupération des utopies les plus altruistes par des personnalités aux aspirations de pur pouvoir, ne reculant devant aucune manipulation, aucune élimination,..... La réal politik dans toute sa noirceur. Une monstrueuse partie d'échec.
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« D'où m'est venue l'idée que moi, Ivan Cardenas Maturell, je voulais écrire et même peut-être publier ce livre ? D'où avais je sorti que dans une autre vie lointaine, j'avais prétendu et cru être écrivain ? L'unique réponse à ma portée était que cette histoire m'avait poursuivi parce qu'elle avait besoin que quelqu'un l'écrive. Et cette sacrée garce m'avait choisi moi, justement moi ! »

La Havane en 2004. Ivan regarde les fossoyeurs descendre, avec désinvolture, le cercueil d'Ana dans la fosse ouverte. Ana, si essentielle à l'existence d'Ivan. Ana pour qui vivre était devenu un enfer. Ana qui s'était battue jusqu'au bout de ses forces, venait enfin d'obtenir ce qu'elle et lui avait tant souhaité et que murmurait le Pasteur « Repos et Paix ».
C'est toujours Ana qui avec sa force de conviction, après avoir lu les quelques feuillets, qu'Ivan avait écrits sous une subite impulsion, puis mis de côté, sans parvenir vraiment à retranscrire, tétanisé, le souvenir de ces différentes rencontres qui avaient débuté au printemps 1977 avec l'homme qu'Ivan avait surnommé « L'homme qui aimait les chiens ». Donc, Ana lui avait dit « qu'elle ne comprenait pas comment il était possible que lui, justement lui, n'ait pas écrit un livre sur cette histoire que Dieu avait mise sur son chemin. Ivan lui fit la réponse qu'il avait tant de fois éludée mais la seule qu'il pouvait donner « Je ne l'ai pas écrite parce que j'avais peur » !

Léonardo Padura nous offre un livre remarquable que je ne suis pas prête d'oublier. Sous la forme d'un thriller de six cent cinquante pages, il nous raconte l'endoctrinement et la préparation d'un individu éduqué dans le seul but d'assassiner un autre être humain, Lev Davidovitch Trotsky. Ce dernier mourra des suites de cette agression à l'Hôpital de Mexico, le 22 août 1940.

La construction du roman est conçue de façon à ne jamais lasser le lecteur, bien au contraire, celui-ci tourne les pages avec avidité, impatient de découvrir la suite. Les chapitres sont alternatifs et sont divisés en trois récits distincts mais qui finiront pas se recouper. On assiste à l'ascension en politique de Trotsky, puis à son exclusion et enfin à ses différents exils, pourchassés par la haine de Staline. Un autre récit relate l'histoire de Ramon Mercader, recruté par les agents de Moscou, dans le camp républicain lors de la guerre civile espagnole, et l'impact qu'à eu sa mère, Caridad Mercader, sur la destinée de son fils.

Et enfin Ivan, personnage fictif mais essentiel à la narration, cubain, écrivain émasculé par la censure cubaine qui va être amené à rencontrer « L'homme qui aimait les chiens » et qui, pour qui, pourquoi, à force de conversations intimes, gravement malade, va lui confier son histoire. Une histoire faite de haine, de souffrance, de manipulation, de crime, une véritable plongée au coeur des ténèbres, vision sinistre des machinations élaborées par des hommes. Ivan, dans ce Cuba où l'homme est tout particulièrement contrôlé, où la misère se faufile partout, va se sentir étouffer de peur sous le poids de ses révélations.

Et heureusement, il y a les chiens, ce fil rouge qui unit ces hommes. le chien qui est le symbole de la fidélité jusque dans la mort, guide de l'homme pendant le jour jusqu'à la nuit de la mort.

Au cours de son premier voyage au Mexique, l'auteur a visité, à Coyoacan, la maison fortifiée de Lev Davidovitch Bronstein dit « Trotsky ». Devant son ignorance quant à l'histoire de l'ex-dirigeant bolchevick, Léonardo Padura a ressenti le besoin de s'intéresser de plus près à la destinée des acteurs de ce crime.
Bien que ce récit soit basé à la fois sur l'Histoire de l'Union soviétique mais aussi sur certaines supputations, l'auteur ne laisse rien au hasard, tout est parfaitement maîtrisé lorsque l'on s'est intéressé à la personnalité de Staline. La paranoïa, la manipulation, les purges, les procès truqués, tout y est décrit avec précision et clarté. Ce fut un long travail, quinze ans d'étude, de recherches, à la fois pour s'appuyer sur ce que l'on sait avec certitude mais aussi pour envisager un récit spéculatif qui puisse conserver toute sa cohérence dans l'histoire dramatique de l'utopie du XXème siècle. Léonardo Padura s'est aussi appuyé sur la vie de Ramon Mercader racontée par son frère, Luis Mercader, avec l'aide du journaliste German Sanchez.

Au cours de ma lecture, j'ai retrouvé un passage qui fait référence « au complot des blouses blanches », de Jonathan Brent. J'ai ce livre dans ma bibliothèque. J'ai du renoncer à sa lecture tant j'ai trouvé la narration touffue.

On peut aussi retenir la leçon que dégage ce livre, je dirai sa quintessence, « ne jamais perdre son esprit critique ».
Ce fut un réel plaisir que cette lecture, instructive et passionnante, une plongée dans l'enfer de l'Union Soviétique et le mode d'emploi pour créer un assassin convaincu de la nécessité de son crime. Absolument mémorable!

« Ces dix années furent aussi celles qui virent naître et mourir les espoirs de la perestroïka et, pour beaucoup, celles qui plongèrent dans la stupeur, provoquées par les révélations de la glasnost soviétique, par la découverte des vrais visages de personnages comme Ceausescu, et par le changement d'orientation économique de la Chine, avec la divulgation des horreurs de génocide de la Révolution culturelle menée au nom de la pureté marxiste. Ce furent les années d'une rupture historique qui changerait non seulement l'équilibre politique du monde mais jusqu'aux couleurs des cartes géographiques, jusqu'aux vérités philosophiques et, surtout, qui transformerait les hommes. Ces années furent celles où on traversa le pont qui menait de la croyance enthousiaste en une amélioration possible à la déception devant le constat que le grand rêve mortellement touché et qu'en son nom, on avait même commis des génocides, comme dans le Cambodge de Pol Pot. Ce fut le temps ou se concrétisa la grande désillusion ».


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En 1977, Ivan, écrivain cubain raté, rencontre sur une plage un étrange personnage qui dit avoir connu Ramòn Mercader, l'assassin de Trotski, et qui lui raconte cette histoire incroyable, inconnue à cette époque, du jeune communiste Espagnol fervent qui fut recruté par la police secrète de Staline pour en faire un de ses agents, dont la mission sera aussi difficile qu'historique, celle d'assassiner le renégat Trotski en exil au Mexique.

À travers le prisme de cet épisode troublant, l'auteur raconte le mensonge effroyable du régime soviétique, qui pervertit la révolution du peuple et s'en servit comme d'un paravent pour cacher au monde pendant soixante-quatorze ans l'une des pires dictatures de l'histoire, faisant des millions de morts dans son sillage et enterrant avec fracas la plus belle et grande utopie des temps modernes.

Le roman en montre les victimes à divers degrés: Trotski, initiateur de la révolution, qui n'hésita pas à utiliser le meurtre contre les «ennemis du peuple» mais qui comprend par la suite en avoir dès lors légitimé l'usage qui se tourna rapidement contre les camarades dits dissidents, et dont il finit par être lui-même la cible; Mercader, dont la foi révolutionnaire fut détournée sans scrupule au profit de la soif de pouvoir de Staline; enfin Ivan qui à Cuba souffre de la pauvreté socialiste avec une certaine acceptation jusqu'à ce que la vérité de l'histoire le rattrape et lui montre à quel point ce fut en vain ! La découverte de l'histoire de Mercader lui inflige également un dilemme qui le fait souffrir et qui nous fait réfléchir: un assassin politique peut-il avoir droit à la compassion ? et que dire d'un révolutionnaire qui fut responsable de quantité de meurtres ?

Un grand roman, qui demande un certain effort, mais dont l'envergure, l'humanité et la compréhension de l'Histoire vous récompenseront largement.
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La lecture de ce livre, chaudement recommandé par un ami, m'a transporté dans les premiers chapitres : cet entrelacement de trois histoires apparemment sans lien (Trotski au début de son exil, un jeune militant engagé dans la lutte pour la république espagnole au moment de la guerre d'Espagne, et un écrivain cubain raté dans les années 70) dont on sent qu'elles doivent bien avoir, en fin de compte, un rapport entre elles, me rappelait la beauté formelle de la construction de "la nuit sous le pont de pierre" de Perutz.
Malheureusement, cette si belle construction ne tient pas vraiment la longueur de ce livre. Assez rapidement, deux de ces trois plans fusionnent pratiquement, en se rejoignant dans le temps et l'espace, avec une nette prédominance pour les pérégrinations de l'un des personnages , que l'on suit à travers des chapitres dont la longueur, sauvée par le style et la psychologie fouillée des personnages, nuit à l'équilibre général du livre.
Pendant un long moment, l'on ne suit plus que l'un des trois fils, déroulé de manière traditionnelle, avant qu'in extremis ne réapparaisse l'écrivain raté, dans sa sphère propre, puis que ne soit brusquement propulsé au premier plan, peu avant la fin, un quatrième personnage.
Bref, un livre très prenant à bien des égards, mais qui déçoit la promesse de perfection formelle que l'on croit ressentir en l'entamant.
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Que du lourd ce livre ! Déjà, 730 pages à avaler. Mais impossible de s'en détacher. C'est un récit romancé comme le précise bien Padura. Il aura mis 3 années pour l'écrire, entre les multiples recherches, certainement hasardeuses et grâce à la collaboration de nombreuses personnes, ce livre magistral a pris forme, et quelle forme ! J'y ai presque tout appris sur les différents lieux d'exil de Lev Davidovitch Bronstein, dit Trotsky, de 1928 à 1940, date de son assassinat à Mexico. Il fut le juif errant de Staline, des plaines de Sibérie, passant par la Turquie, Paris, la Norvège et enfin le Mexique à la Casa Azul à Cayaocan, appartenant aux peintres Diego Rivera et Frida Kahlo, transformée en camp retranché. J'y ai aussi tout appris de son assassin et de son parcours saisissant. La forme du récit est surprenante aussi : ce Cubain, né en 1955 qui n'a connu que l'aire castriste et toutes les oppressions, l'obscurantisme, la dictature, la manipulation, la famine (et ses conséquences) des années 90 après la chute du mur, écrira ce livre après avoir rencontré sur une plage en 1977, un an avant sa mort d'un cancer des os, un individu qui promenait ses 2 lévriers Barzoïs, (c'était aussi les chiens préférés de Trotski), le véritable assassin de Trotski, Ramon Mercader, alias James Lopez.
Dense, puissant, révoltant, répugnant, sordide. Il décrit toute la solitude de Trotski durant ses années d'exil, la disparition de tous ses enfants, éliminés les uns après les autres par les hommes de Staline. En parallèle de cela, la guerre des Républicains Espagnols, perdue contre le fascisme et Franco, car Staline s'était désengagé de son accord, laissant les républicains eux aussi sur les routes de l'exil, dont en France. Mauvaise pioche pour eux, Vichy les as parqués dans des camps (Gurs, Vernet, Argelès-sur-mer), avant de les envoyer en déportation en Allemagne, notamment à Mathausen. Durant cette guerre, Ramon Mercader, jeune communiste, se laisse manipuler par sa mère, Caridad Mercader, passonaria communiste et son amant le donneur d'ordre du NKVD, Nahum Léonid Eitingon, pour assassiner le traître à la cause du peuple, Trotski. Pendant trois années, il suivra un entrainement psychologique pour le préparer à tuer, utilisant aussi une jeune femme Américaine, Sylvia Ageloff, activiste Trotskiste qui l'aidera à entrer en contact avec Trotski à Mexico. Tout est préparé, millimétré, depuis Moscou.
La dernière partie du livre est aussi édifiante. En 1960, Quand Mercader a purgé ses années de prison au Mexique, il rentre à Moscou car aucun pays au monde ne veut le recevoir, Staline est mort, et l'URSS a bien changé même si Khrouchtchev au pouvoir est aussi corrompu que les précédents. Il a été à bonne école. Reste alors la vérité. L'humiliation, le déshonneur, l'identité perdue également et le désenchantement de ces militants communistes, revenus de toutes les trahisons et dont la vie entière fut bâtie sur des mensonges : les cubains, les espagnols, les russes… car comment croire que des figures aussi "extra-ordinaires" qu'Africa de las Heras, Caridad Mercader ou Leonid Eitingon puissent avoir existé en dehors de l'imagination folle d'un romancier ? Pourtant la réalité ici a dépassé la fiction sur les ossements éparpillés de vingt millions de morts exécutés par le régime stalinien.


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