AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,72

sur 117 notes
5
6 avis
4
9 avis
3
7 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  

Vents de carême est le second tome de la tétralogie intitulée Les quatre saisons de Leonardo Padura.

L'action se déroule à La Havane au printemps 1989 et on retrouve un Mario Conde encore plus proche de la dépression qu'aux premiers jours de l'année (voir Passé parfait et mon avis) :

"Je rêve que je pourrais rêver d'autres rêves heureux : construire quelque chose, avoir quelque chose, donner, recevoir, créer quelque chose : écrire.  Mais c'est un délire inutile pour qui vit ce qui est détruit. C'est pour cela que la solitude du policier est la plus redoutable des solitudes : c'est la compagnie de ses fantômes, de ses douleurs, de ses fautes... Si au moins une femme avec un saxophone pouvait composer une berceuse pour endormir le policier. Mais, silence !... La nuit est venue. Dehors le vent maudit ravage la terre." (P29)

Comme pour Passé parfait, je réitère ma mise en garde... Les livres de Leonardo Padura ne sont pas des romans policiers mais des chroniques de la vie cubaine.
Leonardo Padura est un "écrivain havanais, et donc cubain. Les particularités, les tribulations de l'histoire et de la vie cubaines sont sa nourriture artistique" (voir P11 - L'eau de toutes parts -  Leonardo Padura)

Et il y a beaucoup à dire sur La Havane :
"Henry Miller disait que Paris est comme une pute, mais La Havane est encore plus pute : elle ne s'offre qu'à ceux qui la payent avec de l'angoisse et de la douleur, et même ainsi elle ne se donne pas toute, même ainsi elle ne livre pas l'ultime intimité de ses entrailles." (P145)

Avec Vents de carême, l'écriture de Leonardo Padura s'est affirmée, la plume est devenue beaucoup plus poétique : un grand auteur est né !


Vents de carême de Leonardo Padura
Traduit par François Gaudry
GF : Éditions Métailié (indisponible au 18/01/2023)
Poche : Éditions Métailié
Poche : Éditions Points
Commenter  J’apprécie          444
La Havane, printemps 1989 : le lieutenant enquêteur Mario Conde se voit confier par son supérieur hiérarchique, le major Rangel, une affaire qui « pue » selon son expression. Il s'agit de l'assassinat d'une jeune professeure de chimie âgée de vingt-quatre ans, militante de la Jeunesse communiste et fille d'une journaliste connue. le lycée où enseignait Lissette Núňez Delgado est l'établissement où a été autrefois scolarisé Conde et où il a lié une indéfectible amitié avec Flaco Carlos, le Conejo et Andrés, compagnons de jeunesse.
L'enquêteur est sombre. À trente-cinq ans, l'avenir qui s'offre à lui n'est pas radieux, il se voit déjà vieillir en célibataire aigri, buvant trop, voué à prendre soin du Flaco cloué dans son fauteuil roulant quand sa mère Josephina aura disparu. Ses états d'âme lui brouillent l'humeur comme les vents de Carême, âpres et violents, qui balaient les rues de la ville. Cependant quand il croise Karina, une fringante jeune femme, il s'enflamme, persuadé d'avoir trouvé la femme de sa vie.
Ouvrir un roman de Leonardo Padura, c'est se trouver précipité dans un chaudron où mijote un ragoût fabuleux, tels ceux mitonnés par Josephina. Il y en aura pour dix, assaisonné à l'excès pour nos langues délicates et avec un fumet à faire claquer les mandibules. Un relecteur en sensibilité aurait fort à faire devant le texte de Padura, car ses personnages ne s'embarrassent pas de précautions de langage et la fièvre latine incendie leurs esprits et leurs corps enfiévrés. Ah, quelle plume ! Truculente, poétique, salace, caressante, et paradoxalement empreinte de pudeur, elle nous embarque dès les premières lignes.
Commenter  J’apprécie          182
A l'image d'un Corto Maltesse se confondant avec son créateur Hugo Pratt, on pourrait presque s'attendre à croiser Mario Conde dans une pittoresque rue de la Havane, tant Leonardo Padura est parvenu à insuffler une certaine densité dans l'univers de cet emblématique enquêteur cubain, représentatif d'une génération désenchantée perdant toutes ses illusions révolutionnaires avec l'effondrement des pays du bloc de l'est qui sont à l'origine des privations frappant durement tout l'ensemble de la population cubaine. Il n'est d'ailleurs pas anodin que le cycle des quatre saisons se déroule en 1989, année marquante de ce déclin économique dont Leonardo Padura évoque les conséquences au travers du quotidien de ses personnages sans pourtant l'aborder de manière frontale avec un arc narratif tournant autour d'une affaire de corruption affectant une partie des policiers travaillant au commissariat où est affecté Mario Conde et qui n'est donc pas sans corrélation avec le climat social d'un pays ravagé par les privations. Débutant en hiver avec Passé Parfait, on retrouve donc Mario Conde au printemps avec Vents de Carême nous permettant de faire plus ample connaissance avec un policier cultivé qui se questionne au sujet de son engagement lui qui se remémore encore sa carrière d'écrivain avortée dans sa jeunesse avec une nouvelle censurée dans le journal de son lycée. C'est d'ailleurs une nouvelle fois autour de son ancien lycée que Mario Conde va enquêter à l'occasion de la mort terrible d'une enseignante retrouvée assassinée dans son appartement donnant l'occasion à cet enquêteur nostalgique de se pencher sur les brumes de son passé.

Annonciateurs d'un printemps agité, les vents de carême s'engouffrent dans les rues de la Havane depuis plusieurs jours en troublant l'esprit de ses insulaires dont le lieutenant Mario Conde tombant soudainement amoureux d'une splendide ingénieure, amatrice de jazz qui joue du saxophone à ses heures perdues. Quelque peu désoeuvré sur le plan professionnel, il se voit confier par le major Rangel, une enquête portant sur le meurtre sordide d'une professeur qui enseignait dans son ancien lycée, lui donnant ainsi l'occasion de se replonger dans la nostalgie de sa jeunesse tout en découvrant une structure en pleine décomposition où règne l'arrivisme et le trafic d'influence ainsi que toutes sortes de fraude, ceci jusqu'à mettre à jour un trafic de drogue qui pourrait devenir le mobile du crime. Jaloux de ses talents d'enquêteur, Mario Conde doit également se confronter à un collègue irascible qui semble vouloir le provoquer. Un conflit qui pourrait remettre en cause son engagement au sein d'une corporation dans laquelle il ne se reconnaît guère.

Avec une intrigue se déroulant à nouveau dans le contexte de l'ancien lycée de Mario Conde, tout comme c'était le cas pour Passé Parfait, il émane de Vents de Carême une sensation de déjà lu pour ce qui a trait notamment à cette nostalgie qui caractérise la personnalité de ce policier atypique qui ne cesse de s'interroger sur le sens de sa vie, au gré de digressions philosophiques qu'il partage avec son ami d'enfance le Flaco Carlos, en dégustant des plats mémorables concoctés par Josefina et arrosés de généreuses rasades de rhum que le Conde consomme plus que de raison. Avec ce second volume, c'est donc l'occasion pour Leonardo Padura de consolider les caractéristiques d'un personnage attachant qui au-delà de son apparence machiste, se révèle plus sensible qu'il n'y paraît comme le révèle sa relation avec Karina, une ingénieure aussi séduisante qu'émancipée, dont il tombe fou amoureux. Lors une telle relation, se déroulant en dehors du cadre de l'enquête, Leonardo Padura tend à doter son héros d'une vie sentimentale intense en lui conférant ainsi davantage d'épaisseur tout en évitant l'écueil du stéréotype de la femme fatale qui peuple les intrigues policières.

En enquêtant sur le meurtre de Lisette Núñez Delgado, une enseignante du lycée de la Víbora, Mario Conde retourne donc sur les lieux de son adolescence pour mettre à jour toute une série manipulations et d'incartades qui deviennent le reflet d'une société cubaine désemparée qui doit déjà recourir à quelques expédients pour survivre. Ainsi de victime encensée, Lisette Núñez Delgado devient l'incarnation de la fille d'édile combinarde, abusant de ses privilèges pour parvenir à ses fins ce qui la conduira à sa perte. On s'achemine ainsi sur une enquête assez classique, bien éloignée d'un ancrage social ou historique qui caractérise l'oeuvre de Leonardo Padura pour découvrir les entrelacs d'un trafic de drogue plutôt banal. On s'intéressera donc plutôt aux rapports particuliers qu'entretient Mario Conde avec la hiérarchie policière et ses collègues du commissariat dont l'animosité avec le lieutenant Fabricio qui ne supporte pas sa manière de travailler ainsi que ses relations privilégiées avec la major Rangel qui confie à son protégé les affaires sensibles. Pourtant les rapports entre Rangel et Conde se révèlent bien plus complexes et ambigus avec ce supérieur intègre qui décèle chez son subalterne un certain désappointement quant à sa carrière au sein de la police.

Ouvrage charnière du cycle des quatre saisons, Vents de Carême consolide donc les bases d'un héros peu commun et attachant qui va traverser l'oeuvre de Leonardo Padura sur l'ensemble d'une série composée de neuf romans passionnants reflétant les caractéristiques sociales de l'île de Cuba.

Leonardo Padura : Vents de Carême (Vientos de Cuaresma). Editions Métailié 2004. Traduit de l'espagnol (Cuba) par François Gaudry.

A lire en écoutant : Easy Living de George Benson. Album : The New Boss Guitar of George Benson. 1990 Fantasy, Inc.
Lien : https://monromannoiretbiense..
Commenter  J’apprécie          161
Du Padura pur jus, concis mais dense, une histoire touchante, Mario Conde porte le poids de la vie à La Havane sur les épaules, le délabrement, la précarité. Dieux qu'il est attachant! ce Conde. Ses doutes, ses relations de travail, ses amis son refuge, ses amours, il tombe amoureux comme un adolescent, vit une passion, mais quelque chose lui dit que c'est trop beau pour durer, il n'est pas fait pour tant de bonheur..
L'intrigue est simple, sert de fil conducteur mais l'essentiel est ailleurs. L'atmosphère qui se dégage de ce roman, comme des autres de la série, est emprunt de nostalgie, de mélancolie, vivre à La Havane, c'est subir cette pesanteur, c'est naviguer entre précarité, roublardise et désillusion, et pour s'évader, Conde peut compter sur des bonheurs simples, le rhum et les amis, son havre. Bref, j'adore.
Commenter  J’apprécie          50
Un vent charriant de la mélancolie refroidit les rues de la Havane. Mario Conde, le flic qui se voulait écrivain, doit résoudre l'énigme du meurtre d'une jeune prof de chimie. La victime enseignait dans le lycée où Conde a fait ses études. L'enquête s'annonce difficile car la victime multipliait les relations sexuelles.
Le sexe est d'ailleurs un élément central du roman puisque Conde, follement épris, d'une jeune femme, va connaître des moments d'extase mais, hélas, la mélancolie reprendra le dessus.
Dans ce deuxième opus de la série, Padura nous livre davantage de clefs pour comprendre la personnalité de Conde. le style devient également plus flamboyant et poétique. Un magnifique roman noir mais aussi d'amour.
Commenter  J’apprécie          25
Bonne pioche que ce policier cubain!

Mario Conde , son inspecteur vaut le détour. Il se voulait écrivain , il est policier. Plein de mélancolie (et de charme, on imagine), il tombe amoureux comme il respire. Il aime les longues dicussions où l'on refait le monde avec ses amis et du bon rhum, il aime la musique, les livres et raconter La Havane, Cuba , ses désillusions. Et l'enquête dans tout ça , elle va tranquillement , au gré de ses souvenirs de jeunesse ...

Ce livre fait partie d'une série : Passé Parfait , Vents de carême, Electre à la Havane, L'automne à Cuba puis Adios Hemingway et Les Brumes du passé...

J'ai également lu Electre à la Havane et Adios Hemingway. Vents de carême reste le plus abouti , à mon avis, pour son charme , sa sensualité presque, le mélange de douceur nostalgique et de chaleur étouffante.

Lien : http://mesbettys.over-blog.c..
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (241) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2868 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}