Impression mitigée pour ce roman.
D'abord le positif. Son principal intérêt c'est de présenter de manière réaliste la cohabitation entre deux cultures, deux modes de vie, française et sénégalaise. Cohabitation parfois difficile tant les codes sociaux peuvent être différents. On voit vivre la famille d'Awa et Ernestine avec intérêt. Les auteures,
Sabine Panet et
Pauline Penot, savent rendre le récit vivant, les personnes attachants. Mais cette matière première riche, ce thème qui interpelle, sont desservis selon moi par plusieurs points négatifs. L'histoire manque de fluidité (est-ce du à l'écriture à quatre mains ?), la manière de raconter (le style) m'a souvent interpelé, agacé. Certains personnages sont un peu caricatural à l'exemple de M. Mérindol, le professeur de français d'Ernestine (en 6e) et d'Awa en 1ère (tiens, ça existe ça ?), qui aime son métier mais qui souffre de problèmes de peau et d'une grande maladresse vis à vis des femmes. Certaines situations aussi sont un peu caricaturales, comme celle du théâtre (la description du public endimanché, peu habitué à ce genre de lieu est presque désobligeante, ainsi que l'allusion aux chaussures, trop étroites et bruyantes du père des filles...). Autre question et sujet d'agacement : pourquoi Dado, la tante des filles, célibataire de 34 ans, qui a refusé un mariage forcé, est-elle considérée même par Awa (menacée de la même chose) comme "une vieille fille" ("je ne veux pas avoir 34 ans, comme toi, et être une vieille fille desséchée qui fait honte à sa famille", dixit Awa). Une femme, vivant en France, qui ne se soumet pas à cette coutume, peut quand même avoir une vie amoureuse "normale" !?
Enfin, certains passages manquent d'application, de précision dans l'écriture. Ainsi, chapitres 17-18, l'écriture donne l'impression qu'Awa découvre (le matin) ses résultats au bac pour se retrouver peu après au théâtre... le soir.
Un bon sujet, mais un peu gâché selon moi par l'écriture. Dommage.