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EAN : 9782369560258
277 pages
Editions Intervalles (18/03/2016)
2.75/5   6 notes
Résumé :
Bienvenue dans le monde de Clou et Moaï. Ces deux adolescents sont les heureux exclus d'une bande dont le leader, Chisu, les persécute au quotidien. Mais à force de coups, ils ne sentent plus la peur ni même la douleur. Jusqu'au jour où ils découvrent une table de ping-pong perdue en plein milieu d'un champ, coincée entre une armoire et un vieux canapé en cuir. Ce lieu deviendra leur repère. Ils y rencontreront Secrétin, un Français qui leur apprend l'existence d'un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Bénis soient la littérature et les écrivains, qui permettent ces incursions dans des univers que nous ne pénétreront probablement jamais en réalité, qui nous immergent dans l'intimité d'individus que nous n'aurions sans doute jamais eu l'occasion de croiser...

C'est le billet d'Yv', et ses promesses d'originalité, d'inattendu, qui ont suscité ma curiosité pour Park Min-kuy, auteur sud-coréen. Des promesses tenues par ce texte en effet surprenant.

"Ping-Pong" est le journal de Clou, collégien et surtout bizuth, ainsi qu'il se définit lui-même. Il forme avec Moaï, camarade de fortune, un "set", comprenez un "duo" : les deux adolescents partagent les coups, les humiliations, le racket, et peu à peu, une complicité tacite mais profonde. Souffre-douleurs de Ch'isu et de sa bande, Clou et Moaï sont de ceux que l'on ne remarque pas, qui subissent les diktats d'une poignée de dominants.

La découverte d'une table de ping-pong trônant au coeur d'un terrain vague donnent une nouvelle impulsion à la relation entre les deux garçons, le jeu devenant un moyen de communication, le catalyseur de leurs échanges. Et leur rencontre avec Secrétin, un français féru de tennis de table, le dote d'une dimension métaphysique : le ping-pong se fait métaphore de l'existence, planète à part entière, condensé de l'univers dans lequel se jouerait l'avenir de l'humanité...

Le propos, en lui-même insolite, est de plus servi par un ton singulier. Clou énonce vicissitudes et souffrance avec une lucidité analytique qui confère à son journal une distance qui rend son récit d'autant plus glaçant. Tous les faits, banals ou violents, sont évoqués avec précision, parfois avec crudité, mais sans excès d'éloquence, voire avec une espèce d'atonie. Ce décalage entre le fond et la forme génère de fait un humour grinçant, suscitant un certain malaise.

Associant dans ses raisonnements simplicité enfantine et acuité douloureusement mature, le narrateur s'interroge sur la possibilité et le sens du bonheur, d'un point de vue individuel aussi bien qu'universel. Ses doutes quant à la probabilité qu'il devienne un jour un adulte comme les autres, père de famille assurant la subsistance de son foyer grâce aux fruits de son travail, côtoient ainsi de régulières allusions au délitement du monde engendré par la pollution, la corruption, les inégalités.

Aussi, malgré des particularités stylistiques -onomatopées, ponctuation fantaisiste plaçant les virgules à contretemps, brièveté des paragraphes- qui font de Ping-Pong un texte vif, rythmé, il émane du journal de Clou une détresse profonde. Porte-parole de la majorité silencieuse, de ceux que l'on écrase et massacre comme s'ils n'existaient pas, l'adolescent, face au constat de la constance du mal et du non sens de la vie, est comme envahi d'un vide abyssal qu'il se sent incapable de combler.

"Ping-Pong" est un roman riche et déroutant, à propos duquel j'émettrai un unique (et léger) bémol : les incursions dans le surnaturel -là aussi inattendues- qui émaillent le dernier tiers du récit, à mon sens peu compréhensibles, m'ont laissée dubitative...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Clou et Moaï sont deux adolescents coréens. Rejetés par la bande de Ch'isu, ils sont régulièrement frappés, persécutés, utilisés pour des demandes farfelues parfois et dégradantes souvent. Étrangement, ils vivent cette situation sans se plaindre, vont au collège, étudient un peu et sortent beaucoup. Un jour, ils découvrent un terrain vague et dans ce terrain, une table de ping-pong, un sofa et des cabinets fermés. Ils rencontrent également Secrétin, un Français qui les initie au tennis de table et leur révèle l'existence d'une planète nommée Ping-Pong. Ce jeu les absorbe totalement au point d'en perdre parfois leurs repères.

Au jeu de la perte des repères, le lecteur ne sera pas en reste, tant ce roman est barré, décalé, totalement fou et loin de mes lectures habituelles, même si depuis quelques années je me suis frotté avec bonheur à de la littérature de ce genre notamment publiée chez Christophe Lucquin. Je rapprocherais également ce livre d'un autre, coréen lui aussi, L'art de la controverse où l'auteur part également dans des sentiers originaux et décalés, à croire que c'est une des caractéristiques du pays ou alors du prénom puisque tous les deux ont le même : Park. Ils sont fous ces Coréens (pour les étrangers qui me lisent et surtout les Coréens, je ne vous insulte pas, je fais un emprunt légèrement détourné à Obélix), Park Min-kyu particulièrement qui dresse un portrait assez navrant du monde actuel : violence, abrutissement, cruauté, pauvreté et capitalisme à outrance, ... A travers ces deux jeunes gens qui subissent la violence des plus forts, il parle du monde, de l'extrême violence des plus forts envers les plus faibles, ces fameux 2 % de riches qui mènent le monde comme ils le veulent et toujours pour que ça leur rapporte plus. Les autres, les 98%, subissent, profitent parfois de quelques moments d'accalmie avant de subir de nouveau, puis aiment les bassesses et les compliments des plus riches qui après demanderont -exigeront- encore plus.

Park Min-kyu peut être d'un réalisme cru et passer dans le même paragraphe à un délire total, une sorte de science-fiction qui permet de sourire mais aussi de mettre l'accent sur la cruauté du monde et des hommes. Car il s'agit bien de cela, les relations entre nous, la part d'humanité qu'il nous reste et dont nous devons nous servir pour tenter de contrer les décisions des 2%. Si l'on pousse le raisonnement jusqu'à l'absurde, la fin peut être explosive, radicale, c'est ce que fait très habilement Park Min-kyu. Son écriture est comme son histoire, barrée, décalée : beaucoup d'onomatopées -les traductrices expliquent très bien dans la préface que la langue coréenne en est truffée, ce qui la rend vive, d'ailleurs avant de lire ce roman, je conseille très fortement la lecture de la préface en entier, qui explique le travail de traduction et la langue coréenne-, du konglish -ce qui correspond à notre franglais... mais en coréen-, des paragraphes courts qui ne débutent pas forcément par une phrase mais au milieu d'icelle, des changements de police de caractère, de taille des lettres, enfin, plein d'inventions de toutes sortes qui lui donnent un côté moderne et vivant.

Ce roman, je vous le conseille fortement, car il ne ressemble à rien de ce que vous avez lui jusqu'ici, sauf à avoir déjà lu Park Min-kyu. Essayez, se laisser surprendre parfois ça a du bon, surtout en littérature.
Lien : http://lyvres.fr
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J'ai beaucoup aimé le début du livre. On suit un ado coréen qui se fait bizuter au collège. On est pris dans la psychologie déroutante d'un personnage très différent de nous, l'histoire est prenante. Par contre plus on avance et plus il y a des longueurs, quant à la fin ça part un peu dans tous les sens, peut-être que c'est moi qui n'aie pas compris la métaphore du ping pong surnaturel mais bon... j'ai lâché l'affaire.
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