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Dix ans à rédiger ce livre , à la fois biographie celle de Romain Gary, de Jean Seberg, et autobiographie composée de souvenirs personnels, intimes, familiaux.
Quarante ans pour digérer (un goût de bile subsiste ) ce qui restait à digérer de son passé d'Emile Ajar – pour le meilleur et pour le pire du pire, celle de "sa vie après lui".
Un livre qui confirme la relation amicale entretenue entre Albert Camus et Romain Gary, deux hommes qui avaient de nombreux points en commun.
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5 juin 2023 - Librairie Périple2- Boulogne-Billancourt


Un texte épatant, lumineux, bienveillant...loin du récit raccoleur, que je craignais. Rien de tout cela.

Ce livre m'a ramenée 40 ans en arrière, alors que j'étais dans mes tout premiers temps de jeune libraire...et qu'éclatait ce sacré coup d'éclat éditorial et pied de nez jubilatoire d'un auteur( malmené toute sa carrière ) au petit monde littéraire parisien...avec son double , inventé, Émile Ajar, et recevant le Goncourt !

"La fragile tentative d'Ajar passait pour un canular ? Qu'est-ce qui n'était pas un canular ? Où se planquait
l'authenticité ? Ajar répondait : " On la cherche partout. le premier qui la trouve aura droit à la Croix et à la Couronne d'épines. "
" Si vous continuez comme ça, remarquait le psy, vous serez irrécupérable. Il existe une limite à la simulation au-delà de laquelle l'authenticité de la folie est un appel irrésistible "
Entre fiction et réalité, secrétaire quotidien de Romain je me trouvais au plus près de la création littéraire, dans l'étrange " no man'land" des personnages en cours d'apparition, sur le mode si justement appelé par Nabokov le " possessif auteur"."

L'auteur, Paul Pavlowitch, petit cousin du grand Romain Gary, a accepté de l'aider dans cette immense supercherie, en devenant " en chair et en os ", le faleux et mystérieux Émile Ajar... quelques années. Ce qui impacta aussi leurs relations....et pas toujours dans la sérénité !

Toutefois , l'auteur reste bienveillant, lucide et honnête dans ses propos.Vouant une véritable adoration pour ce petit- cousin si brillant , si talentueux , reconnaissant aussi son soutien et ses aides multiples au fil des années, aussi bien, il exprime ses immense tendresse et respect pour sa petite - cousine par alliance, la célèbre actrice, Jean Seberg...

Document très vivant, plein d'émotions ainsi que des informations pour l'histoire littéraire et L Histoire tout court ( ***entre les missions diverses de " Consul" de Romain, à travers le monde, comme les engagements très précoces de son épouse pour les droits civiques de la communauté noire aux États-unis), de magnifiques portraits de Romain et Jean, avec leurs failles, leur mal-être, et leurs talents, leurs engagements jusqu'au-boutistes, à tous les deux !

Une très belle publication rendant " hommage et Mémoire" à une tribu familiale et à une tribu littéraire, artistique...exceptionnelle. Cette saga des livres, des mots et de l'édition se poursuit puisque les deux filles de Paul, Julia et Anna, sont elles-mêmes éditrices, aujourd'hui .
L'auteur jongle , dans sa narration, entre 3 voix...la sienne, et en alternance, il laisse la parole à Romain et à Jean....tour à tour !

Du mal à quitter ce livre foisonnant...je vais me précipiter sur les romans de Romain Gary que je n'ai pas lus...et il en reste de nombreux !

J'achève à contre coeur ces lignes par un extrait important à mes yeux...:

Il lisait comme il mangeait : vite, avec voracité, annotant en marge de ses lectures.Je pensais souvent à lui, hypnotisé par ce cavalier seul pour qui écrire était la création permanente de soi. Il fallait se refaire, comme on le dit d'un joueur impénitent, inventer ses nouvelles vies, gagner son oeuvre.Exister.
(...)
Le vice de la lecture ne flanche pas.Au contraire, les millions de titres disponibles vous encouragent, attendent patiemment le moment de vous nourrir. Tous immortels, ils ont l'éternité pour eux."












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Ceci est un témoignage ; celui d'un homme de 80 ans qui veut laisser une trace, qui veut dire sa vérité ou plutôt ses vérités.
Il a incarné Emile Ajar.
Il a aimé son "oncle" Romain Gary, l'a détesté aussi.
Les pages transpirent de son affection par Jean Seberg ; elle es fragile, lumineuse et tellement attachante.
Et puis sa relation, son amour pour sa mère, sa grand-mère, sa femme et leur mode de vie atypique.
Leurs filles, leurs petit-fils sont là aussi, discrets en toile de fond.
C'est un récit très personnel, décousu parfois, bourré de nostalgie, d'un homme à l'orée de sa vie, témoin d'un monde révolu.
Je me suis un peu perdue comme dans l'oeuvre de Romain Gary, si belle mais parfois délirante.
Paul Pavlowitch, ici, se démarque d'Emile Ajar pour raconter sa vie, ses joies, ses peines et ses deuils.
C'est réussi.
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Paul Pavlowitch est célèbre pour avoir incarné Émile Ajar à la demande de son oncle Romain Gary (qui était en fait son grand cousin) il y a de ça une cinquantaine d'années. L'histoire est extraordinaire parce qu'il a été le double littéraire de celui qu'il admire, seul écrivain à avoir reçu le prix Goncourt deux fois ("Les racines du ciel" en 1956 sous le nom de Romain Gary et "La vie devant soi" en 1975 sous le nom d'Émile Ajar, ce dernier prix ayant été refusé par Paul Pavlowitch qui n'a pas écrit le roman). Cela a duré une dizaine d'années jusqu'au suicide de Romain Gary en 1980.

Mais l'intérêt de l'autobiographie de Paul Pavlowitch justement intitulé "Tous immortels" n'est pas de raconter cette histoire qui prend peu de place dans ce gros livre mais la vie des membres de la famille Owczynski-Kacew-Pavlowitch dont les plus anciens ont émigré de Russie pour s'installer à Nice (l'auteur a judicieusement inclut un arbre généalogique à la fin du livre). Même s'il écrit "J'allais mieux connaître Romain que je n'avais connu mon père" ce qui sous-entend que leurs vies sont liées, ce n'est pas qu'une histoire de famille. On traverse le 20ème siècle avec l'auteur et ses proches et ce qui est appréciable c'est l'amour qu'il porte à celles et ceux dont ils parlent, son attachement aux lieux et à la littérature.

Il y a des vies que je trouve passionnantes notamment si elles sont différentes de la mienne. Je ne partage pas vraiment la façon de vivre de Paul Pavlowitch ni son milieu mais comme j'aime les romans de Romain Gary et admire l'engagement et le cinéma de Jean Seberg je ne peux que m'intéresser à ce qu'il écrit avec sincérité.


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Magnifique moment en compagnie de Paul et de ses souvenirs.
Merci à lui de nous livrer ses souvenirs de Romain Gary. Je remercie d'abord encore ici madame S. professeur de français du lycée Galilée de Cergy Saint Christophe de m'avoir fait découvrir Romain et Emile en classe de seconde. J'ai depuis passé beaucoup de temps en ses compagnies.

Paul nous livre un récit qui semble parfois un peu décousu, il m'a fallu quelques efforts de concentration parfois pour m'y retrouver et savoir quelle année était évoquée. Mais cet effort est finalement tout à fait plaisant : il nous donne un contexte familier d'un moment à écouter pépé ou mémé vagabonder dans ses souvenirs et ses pensées.
Gary y est dévoilé dans toute sa complexité, dans ses zones d'ombre aussi, , un peu, le récit reste mesuré et n'est pas tapageur.

Beaucoup de noms évoqués aussi, des vedettes, des gens connus. Oui mais voilà des gens pas toujours connus de moi. Alors cela ajoute à la complexité, l'évocation de ces personnages, parfois très brève. Mais là aussi cela fait partie du charme, car s'il fallait pour chacun donner une biographie, expliquer le pourquoi du comment, le livre serait trop long et deviendrait imbuvable. Donc là encore je pense que Paul a fait le bon choix. Et j'irai sûrement me renseigner sur certains, certaines, à l'occasion.
Jean Seberg apparaît aussi avec ses contradictions, ses faiblesses, ses blessures. J'ai aimé les dialogues, je suppose approximatifs, mais qui donnent vie et épaisseurs aux personnages j'allais dire, aux personnes donc. On apprend aussi les coulisses de l'affaire Ajar. Et puis Gary finit par se désincarner au fil des pages de sa vie jusqu'au final inéluctable. Il y a une mise en perspective intéressante de ses livres, mais sur ce point je ne pense pas avoir appris beaucoup, ayant plusieurs fois fait le voyage gariesque complet, la dernière fois de terminus à terminus.

Ma vraie, belle découverte ici, c'est Paul Pavlovitch. Et dire que cet homme a écrit des romans que je n'ai pas lu… On le découvre lui aussi dans toute sa complexité, homme capable de se regarder et de se juger à côté de la plaque parfois, capable d'admettre ses propres contradictions ou ses côtés moins glorieux. Paul Pavlovitch un homme tolérant et empathique, atypique aussi, qui se dévoile presque entièrement, avec pudeur. Il parle d'Annie sa femme, il évoque ses filles et Boris leur ami. Un article sur Tous immortels parle de Boris comme l'amant d'Annie. Paul ne le dit pas ainsi et même s'il le laisse penser, je m'étais dit que c'était peut-être son amant à lui. Ou à lui aussi. Et finalement amant de corps pour lui, ou pour elle, amant de coeur pour les deux assurément. de toute façon on voit bien avec ce livre qu'on peut prendre corps au détour d'un récit, ce qui est bienheureux car la vie se charge de nous faire perdre corps.

Alors Tous immortels et tous les autres, ils ont charge d'âme.

Lien : https://chargedame.wordpress..
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Présence de Paul Pavlowich à l'émission La grande librairie le 02 février 2023 ; il a 81 ans et vient témoigner de son récit dont l'élaboration a débuté il y a environ 10 ans : « Après les aventures d'Émile Ajar, plus de quarante années se sont écoulées, durant lesquelles j'ai dû vivre. Avant qu'il ne soit trop tard, j'ai décidé d'assembler les souvenirs de ceux que j'ai aimés et qui ont disparu ». Pour la mise en pages du concentré de souvenirs de sa vie, dont ceux avec un surdoué de la littérature avec qui la proximité affective, parce que familiale, fut au sommet du rocambolesque, 465 pages ne démentiront pas l'intensité du contenu.
Les premières images retour en arrière sont en noir et blanc, 1959. JP Belmondo meurt sur l'asphalte du Boulevard Raspail. Jean Seberg, 21 ans, éclatante de jeunesse et de beauté débute sa romance amoureuse avec l'homme qui deviendra son époux, Romain Gary, encore Consul de France à Los Angeles.
Page 461 : « La tombe de Jean Seberg reste une de mes étapes. J'y retourne à chacun de mes passages à Paris ».
Dans cet espace temps, les personnages cheminent, conduisent leur destin, sont parfois malmenés par les événements, mais chacun continue, jusqu'au renoncement fatal de deux d'entre eux.
L'arbre généalogique des familles Owczynski-Kacew-Pavlowitch représenté en fin de volume, est l'indicateur indispensable à la compréhension des générations du clan des « rescapés » des ghettos. Plus ou moins cabossés, en recherche de légitimité sur le sol français, voire de leur identité, ils transmettront, car c'est aussi cela le rôle du groupe lié par l'histoire familiale. Sans jamais se le dire, ils s'aiment, et Paul les aime. Il leur accorde ainsi de longs et nombreux passages dans ses souvenirs ; Romain et Jean y auront une place centrale ; il n'oublie pas la présence de Lesley et sa charge dans le couple Gary-Blanch ; sans oublier Annie, son épouse à qui il dédie l'ouvrage.
Paul Pavlowitch est un conteur, un passeur de mémoire. Dans cette rétrospective lucide et tendre, sincère et lumineuse, il ne règle pas de comptes, sauf avec une certaine caste de critiques littéraires qui démolissaient quasi systématiquement le dernier Gary à sa sortie, et malgré l'épisode Ajar dans lequel il fut l'acteur volontaire, happé car manipulé et parfois malmené.
Pour ceux qui n'ont pas lu son premier opus « L'homme que l'on croyaitAjar » écrit en 1981 après le décès de Romain où il expose longuement l'épisode du livre « Pseudo », ils le retrouveront dans celui-ci car il l'a reproduit à l'identique, un copié-collé d'une vingtaine de pages. Signe que toute l'aventure « Pseudo » a fortement déstabilisé et humilié, non pas Emile Ajar, mais Paul Pavlowitch. Romain s'en est-il excusé ?

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En passant les doigts sur la très belle couverture jaune or de ce « Tous immortels », on sent en relief les lettres dispersées et invisibles du nom d'E-m-i-l-e A-j-a-r.
C'est une jolie trouvaille de l'éditeur qui suggère que derrière Paul Pavlowitch, neveu ou petit-cousin de Romain Gary, subsiste toujours cette histoire affolante de prête-nom et de manipulation littéraire trop bien connue.
Pourtant ce tour de passe-passe n'occupe qu'une part infime de ce « Tous immortels » qui, comme le titre l'indique, relève du devoir de mémoire et de la volonté de l'auteur de ne pas laisser filer dans les abîmes du temps les personnes qui ont compté pour lui : Gary bien sûr, Jean Seberg, sa mère Dinah, sa famille.
C'est une « histoire d'amour » comme le dit Pavlowitch, parue quarante ans après les faits et rédigée en une dizaine d'années.
Il faut lire attentivement l'Avant-propos, très poignant, et très intéressant, car l'auteur y parle du style et de la raison d'être de l'écriture.
S'agissant « d'assembler les souvenirs », il faut surtout éviter la « pompe funèbre », l'« apothéose emphatique » qui vous fait « mettre le paquet » avant qu'il « ne soit trop tard ».
Pavlowitch a parfaitement réussi à éviter ces écueils. Même si son récit suit les méandres de la mémoire, il ne perd jamais le lecteur qu'il associe intimement à sa quête bouleversante distillée en courts chapitres où les dialogues occupent une grande part laissant entendre les voix vivantes de la tribu de l'écrivain.
Un très beau livre !


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C'est le récit des vies de Romain Gary et de Jean Seberg par un de leur proche, Paul Pavlovitch, écrit sans animosité, sans amertume, avec beaucoup d'amour et de sincérité. Il évoque leur parcours artistique et amoureux et aussi, avec sensibilité, leur désespérance. L'écriture est admirable, pleine de finesse et d'érudition. Une oeuvre magnifique.
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Le livre qui manquait pour percer le mystère du dédoublement Gary/Ajar. Paul Pavlowitch nous parle de ses souvenirs, de l'histoire de son incroyable famille... on avance peu à peu, avec lui, dans les rets du "diabolique" oncle/cousin Romain. L'auteur est serein, il n'y a aucun règlement de compte. On assiste juste à une histoire triste où se mele le génie, l'amitié, l'amour, la soumission volontaire et parfois un peu la révolte...
Le tout dans le maelstrom de l'après guerre et dans l'époque libertaire soixante huitarde.
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