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EAN : 9782283036945
480 pages
Buchet-Chastel (09/02/2023)
3.93/5   27 notes
Résumé :
"Après les aventures d'Emile Ajar, plus de quarante années se sont écoulées, durant lesquelles j'ai dû vivre. Avant qu'il ne soit trop tard, j'ai décidé d'assembler les souvenirs de ceux que j'ai aimés et qui ont disparu". Paul Pavlowitch se souvient de ceux qui ont partagé sa vie, les icônes Romain Gary et Jean Seberg. Parcourant sa mémoire et ses carnets de notes, il raconte le destin de ces deux magnifiques immortels et l'histoire de leur tribu familiale. Tous en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
5 juin 2023 - Librairie Périple2- Boulogne-Billancourt


Un texte épatant, lumineux, bienveillant...loin du récit raccoleur, que je craignais. Rien de tout cela.

Ce livre m'a ramenée 40 ans en arrière, alors que j'étais dans mes tout premiers temps de jeune libraire...et qu'éclatait ce sacré coup d'éclat éditorial et pied de nez jubilatoire d'un auteur( malmené toute sa carrière ) au petit monde littéraire parisien...avec son double , inventé, Émile Ajar, et recevant le Goncourt !

"La fragile tentative d'Ajar passait pour un canular ? Qu'est-ce qui n'était pas un canular ? Où se planquait
l'authenticité ? Ajar répondait : " On la cherche partout. le premier qui la trouve aura droit à la Croix et à la Couronne d'épines. "
" Si vous continuez comme ça, remarquait le psy, vous serez irrécupérable. Il existe une limite à la simulation au-delà de laquelle l'authenticité de la folie est un appel irrésistible "
Entre fiction et réalité, secrétaire quotidien de Romain je me trouvais au plus près de la création littéraire, dans l'étrange " no man'land" des personnages en cours d'apparition, sur le mode si justement appelé par Nabokov le " possessif auteur"."

L'auteur, Paul Pavlowitch, petit cousin du grand Romain Gary, a accepté de l'aider dans cette immense supercherie, en devenant " en chair et en os ", le faleux et mystérieux Émile Ajar... quelques années. Ce qui impacta aussi leurs relations....et pas toujours dans la sérénité !

Toutefois , l'auteur reste bienveillant, lucide et honnête dans ses propos.Vouant une véritable adoration pour ce petit- cousin si brillant , si talentueux , reconnaissant aussi son soutien et ses aides multiples au fil des années, aussi bien, il exprime ses immense tendresse et respect pour sa petite - cousine par alliance, la célèbre actrice, Jean Seberg...

Document très vivant, plein d'émotions ainsi que des informations pour l'histoire littéraire et L Histoire tout court ( ***entre les missions diverses de " Consul" de Romain, à travers le monde, comme les engagements très précoces de son épouse pour les droits civiques de la communauté noire aux États-unis), de magnifiques portraits de Romain et Jean, avec leurs failles, leur mal-être, et leurs talents, leurs engagements jusqu'au-boutistes, à tous les deux !

Une très belle publication rendant " hommage et Mémoire" à une tribu familiale et à une tribu littéraire, artistique...exceptionnelle. Cette saga des livres, des mots et de l'édition se poursuit puisque les deux filles de Paul, Julia et Anna, sont elles-mêmes éditrices, aujourd'hui .
L'auteur jongle , dans sa narration, entre 3 voix...la sienne, et en alternance, il laisse la parole à Romain et à Jean....tour à tour !

Du mal à quitter ce livre foisonnant...je vais me précipiter sur les romans de Romain Gary que je n'ai pas lus...et il en reste de nombreux !

J'achève à contre coeur ces lignes par un extrait important à mes yeux...:

Il lisait comme il mangeait : vite, avec voracité, annotant en marge de ses lectures.Je pensais souvent à lui, hypnotisé par ce cavalier seul pour qui écrire était la création permanente de soi. Il fallait se refaire, comme on le dit d'un joueur impénitent, inventer ses nouvelles vies, gagner son oeuvre.Exister.
(...)
Le vice de la lecture ne flanche pas.Au contraire, les millions de titres disponibles vous encouragent, attendent patiemment le moment de vous nourrir. Tous immortels, ils ont l'éternité pour eux."












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Dix ans à rédiger ce livre , à la fois biographie celle de Romain Gary, de Jean Seberg, et autobiographie composée de souvenirs personnels, intimes, familiaux.
Quarante ans pour digérer (un goût de bile subsiste ) ce qui restait à digérer de son passé d'Emile Ajar – pour le meilleur et pour le pire du pire, celle de "sa vie après lui".
Un livre qui confirme la relation amicale entretenue entre Albert Camus et Romain Gary, deux hommes qui avaient de nombreux points en commun.
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Ceci est un témoignage ; celui d'un homme de 80 ans qui veut laisser une trace, qui veut dire sa vérité ou plutôt ses vérités.
Il a incarné Emile Ajar.
Il a aimé son "oncle" Romain Gary, l'a détesté aussi.
Les pages transpirent de son affection par Jean Seberg ; elle es fragile, lumineuse et tellement attachante.
Et puis sa relation, son amour pour sa mère, sa grand-mère, sa femme et leur mode de vie atypique.
Leurs filles, leurs petit-fils sont là aussi, discrets en toile de fond.
C'est un récit très personnel, décousu parfois, bourré de nostalgie, d'un homme à l'orée de sa vie, témoin d'un monde révolu.
Je me suis un peu perdue comme dans l'oeuvre de Romain Gary, si belle mais parfois délirante.
Paul Pavlowitch, ici, se démarque d'Emile Ajar pour raconter sa vie, ses joies, ses peines et ses deuils.
C'est réussi.
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Paul Pavlowitch est célèbre pour avoir incarné Émile Ajar à la demande de son oncle Romain Gary (qui était en fait son grand cousin) il y a de ça une cinquantaine d'années. L'histoire est extraordinaire parce qu'il a été le double littéraire de celui qu'il admire, seul écrivain à avoir reçu le prix Goncourt deux fois ("Les racines du ciel" en 1956 sous le nom de Romain Gary et "La vie devant soi" en 1975 sous le nom d'Émile Ajar, ce dernier prix ayant été refusé par Paul Pavlowitch qui n'a pas écrit le roman). Cela a duré une dizaine d'années jusqu'au suicide de Romain Gary en 1980.

Mais l'intérêt de l'autobiographie de Paul Pavlowitch justement intitulé "Tous immortels" n'est pas de raconter cette histoire qui prend peu de place dans ce gros livre mais la vie des membres de la famille Owczynski-Kacew-Pavlowitch dont les plus anciens ont émigré de Russie pour s'installer à Nice (l'auteur a judicieusement inclut un arbre généalogique à la fin du livre). Même s'il écrit "J'allais mieux connaître Romain que je n'avais connu mon père" ce qui sous-entend que leurs vies sont liées, ce n'est pas qu'une histoire de famille. On traverse le 20ème siècle avec l'auteur et ses proches et ce qui est appréciable c'est l'amour qu'il porte à celles et ceux dont ils parlent, son attachement aux lieux et à la littérature.

Il y a des vies que je trouve passionnantes notamment si elles sont différentes de la mienne. Je ne partage pas vraiment la façon de vivre de Paul Pavlowitch ni son milieu mais comme j'aime les romans de Romain Gary et admire l'engagement et le cinéma de Jean Seberg je ne peux que m'intéresser à ce qu'il écrit avec sincérité.


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Présence de Paul Pavlowich à l'émission La grande librairie le 02 février 2023 ; il a 81 ans et vient témoigner de son récit dont l'élaboration a débuté il y a environ 10 ans : « Après les aventures d'Émile Ajar, plus de quarante années se sont écoulées, durant lesquelles j'ai dû vivre. Avant qu'il ne soit trop tard, j'ai décidé d'assembler les souvenirs de ceux que j'ai aimés et qui ont disparu ». Pour la mise en pages du concentré de souvenirs de sa vie, dont ceux avec un surdoué de la littérature avec qui la proximité affective, parce que familiale, fut au sommet du rocambolesque, 465 pages ne démentiront pas l'intensité du contenu.
Les premières images retour en arrière sont en noir et blanc, 1959. JP Belmondo meurt sur l'asphalte du Boulevard Raspail. Jean Seberg, 21 ans, éclatante de jeunesse et de beauté débute sa romance amoureuse avec l'homme qui deviendra son époux, Romain Gary, encore Consul de France à Los Angeles.
Page 461 : « La tombe de Jean Seberg reste une de mes étapes. J'y retourne à chacun de mes passages à Paris ».
Dans cet espace temps, les personnages cheminent, conduisent leur destin, sont parfois malmenés par les événements, mais chacun continue, jusqu'au renoncement fatal de deux d'entre eux.
L'arbre généalogique des familles Owczynski-Kacew-Pavlowitch représenté en fin de volume, est l'indicateur indispensable à la compréhension des générations du clan des « rescapés » des ghettos. Plus ou moins cabossés, en recherche de légitimité sur le sol français, voire de leur identité, ils transmettront, car c'est aussi cela le rôle du groupe lié par l'histoire familiale. Sans jamais se le dire, ils s'aiment, et Paul les aime. Il leur accorde ainsi de longs et nombreux passages dans ses souvenirs ; Romain et Jean y auront une place centrale ; il n'oublie pas la présence de Lesley et sa charge dans le couple Gary-Blanch ; sans oublier Annie, son épouse à qui il dédie l'ouvrage.
Paul Pavlowitch est un conteur, un passeur de mémoire. Dans cette rétrospective lucide et tendre, sincère et lumineuse, il ne règle pas de comptes, sauf avec une certaine caste de critiques littéraires qui démolissaient quasi systématiquement le dernier Gary à sa sortie, et malgré l'épisode Ajar dans lequel il fut l'acteur volontaire, happé car manipulé et parfois malmené.
Pour ceux qui n'ont pas lu son premier opus « L'homme que l'on croyaitAjar » écrit en 1981 après le décès de Romain où il expose longuement l'épisode du livre « Pseudo », ils le retrouveront dans celui-ci car il l'a reproduit à l'identique, un copié-collé d'une vingtaine de pages. Signe que toute l'aventure « Pseudo » a fortement déstabilisé et humilié, non pas Emile Ajar, mais Paul Pavlowitch. Romain s'en est-il excusé ?

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critiques presse (3)
LeDevoir
24 avril 2023
Quelques mois après la mort de Romain Gary en décembre 1980, Paul Pavlowitch, petit-cousin de l’écrivain, révélait dans L’homme que l’on croyait (Fayard, 1981) qu’il n’avait fait qu’incarner Émile Ajar
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LeSoir
02 mars 2023
Paul Pavlowitch, qui incarna Emile Ajar, reconstitue une étonnante tribu.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LaCroix
20 février 2023
ans ses Mémoires, Paul Pavlowitch, qui incarna Émile Ajar, raconte l’extrême désespoir du romancier et la fragilité de l’actrice dont il fut l’un des proches.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Temps mort pour Romain.On commence à connaître ce type d'origine obscure, confuse: un juif russe ? Lituanien ? Polonais ? En tout cas pas français, ça c'est sûr.On sait qu'il a fait la guerre et qu'il y eu peu d'écrivains volontaires pour se battre.Ses éditeurs sont déçus par son manque de succès. Seuls certains artistes contestés l'apprécient: : André Malraux, Arthur Koestler, Joseph Kessel, Roger Martin du Gard et surtout Albert Camus, dont il partage le pessimisme.
Les autres, les faiseurs de réputation, suiveurs, critiques littéraires, la troupe increvable des " hussards" et dandys de la droite littéraire française , les maîtres existentialistes plus staliniens que Staline, irremplaçables "idiots utiles" du PCF, eux et leurs catégories abstraites
( l'antisémite, le bourgeois...), tous trouvent en Gary leur bête noire à piétiner à chaque nouvelle parution, jusqu'à sa mort.Et encore, sa mort ne les a pas tous calmés.

( p.80)
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La fragile tentative d'Ajar passait pour un canular ? Qu'est-ce qui n'était pas un canular ? Où se planquait
l'authenticité ? Ajar répondait : " On la cherche partout. Le premier qui la trouve aura droit à la Croix et à la Couronne d'épines. "
" Si vous continuez comme ça, remarquait le psy, vous serez irrécupérable. Il existe une limite à la simulation au-delà de laquelle l'authenticité de la folie est un appel irrésistible "
Entre fiction et réalité, secrétaire quotidien de Romain je me trouvais au plus près de la création littéraire, dans l'étrange " no man'land" des personnages en cours d'apparition, sur le mode si justement appelé par Nabokov le " possessif auteur".

( p.428)
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Il lisait comme il mangeait : vite, avec voracité, annotant en marge de ses lectures.Je pensais souvent à lui, hypnotisé par ce cavalier seul pour qui écrire était la création permanente de soi. Il fallait se refaire, comme on le dit d'un joueur impénitent, inventer ses nouvelles vies, gagner son oeuvre.Exister.

(...)
Le vice de la lecture ne flanche pas.Au contraire, les millions de titres disponibles vous encouragent, attendent patiemment le moment de vous nourrir. Tous immortels, ils ont l'éternité pour eux.

( p.266)
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L'an 2021 est entamé alors que je continue de rédiger ce témoignage. Voici longtemps qu'ils sont partis.Tous envolés. Beïla, Boris, Dinah, Jean, Piotr, Romain.Disparus. (...)

Au moins mes disparus n'auront- ils pas subi la " tchouma", la peste, comme l'appelaient les Russes du temps de la Grande Catherine, ni son plus récent avatar baptisé Covid, qui s'est réveillé en Orient et parcourt le monde en tous sens, virus passant des bêtes aux hommes, décimant les faibles, malades et vieillards, obligeant les populations du globe à vivre sous le masque sanitaire, confinés que nous sommes ; " séparés " par décision de " pouvoirs publics",fort ignorants, tous ou presque devenus autoritaires sinon tyranniques face à bouleversement qui les dépasse. La ligne rouge entre bêtes et humains est donc rompue, mais qui est la bête ? Et qui aurait cru un instant à cette solitude ? Romain ?


( p.247)
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Aimé ou détesté, Gary le patriote demeure sinon un étranger en France, du moins un type à l'écart. Exotique.
(...)

Un homme dans lequel l'ancien monde d'avant-guerre et le monde nouveau s'additionnaient.Enfant de son siècle, juif laïc, perplexe , cultivé, cosmopolite, déterminé. Un être ingénieux et sensible
C'est ainsi que je commençais à le percevoir. Indésirable en Russie, importun en Pologne, étudiant en France, traversant le temps de guerre de la façon la plus honorable qui fût et accédant aux Affaires étrangères en dépit des tenaces préjugés, tout en bâtissant une oeuvre originale. Un chemin sans égal.
Et je n'oublie pas l'essentiel: sa liberté d'esprit alliée à une douceur inattendue.

( pp.88- 89)
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Vidéo de Paul Pavlowitch
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