Doté d'une couverture sombre, portant sur un sujet dans l'absolu effrayant, les crimes commis par
Gilles de Rais, ce tome 15 de la série BD "L'Homme de l'année" de Delcourt n'avait rien de bien attirant.
Que nenni…
L'habilité du scénario est de ne pas sombrer dans l'étude criminologique des enlèvements d'enfants dans l'Ouest de la France au moyen-âge. Pas d'images de cadavres d'enfants enlevés à leurs familles, de fours faisant disparaître toute trace, d'alchimie tournant à la magie noire.
Les auteurs imaginent un chevalier chargé par le pape de soutenir l'enquête lancée par l'évêque de Nantes. Ce gentilhomme, Gwen, apporte son expérience, sa science des armes, et un solide bon sens. Dés lors, le lecteur n'assistera pas à une enquête en bonne et due forme, mais à un enchaînement de scènes d'action, dans un contexte de manipulations.
Gilles de Rais est certainement cet être exalté, vivant encore dans le souvenir de Jeanne d'Arc, mais c'est aussi un très grand seigneur, propriétaire d'immenses territoires à la marche du duché de Bretagne et du Royaume de France. Une zone tampon que tout le monde convoite. Comme ses richesses, considérables...
L'histoire est portée par des dessins très réussis de
Lajos Farkas, notamment les décors de Nantes et des châteaux, et bien mise en couleur.
Loin d'être une BD nauséeuse pour amateurs de gore, cet album est vivant, agréable de lecture et très intéressant par la relecture qu'il fait de l'histoire de la fin de Gilles de Rais.