Une histoire vieille de trente ans, pour rester captivante, doit pour le moins être bien racontée, s'appuyer sur un rythme soutenu et se débarrasser de tous les détails devenus encombrants avec le temps.
Mais, ici, la plume d'
Edouard Peisson, peut-être par nostalgie des jours en mer, peut-être même par ennui, n'en finit pas de musarder.
Elle en rajoute, et en rajoute, pour finir par perdre son récit dans de mornes longueurs ennuyeuses.
Pierre Isarn est officier dans la marine marchande.
Il est aussi
le narrateur du récit.
Dans le cabinet du greffier du tribunal de commerce de Bordeaux est réuni l'ancien équipage de l'Aldébaran, un vieux voilier à moteur, sorte de schooner fait de bois mal étuvé et équipé d'un diesel capricieux.
Presque trente ans auparavant, deux hommes sont morts durant une traversée de l'Atlantique-nord, entre le golfe de Saint-Laurent et le Verdon.
Le second-capitaine Grin, après avoir assommé Cordick le cuisinier, s'est jeté à la mer.
Le rapport de mer rédigé sur le journal de bord indique une cause qui n'a, à l'arrivée, donné lieu à aucune enquête.
Sur ordre du commandant Roy, Pierre Isarn l'a rédigé.
Est-ce un mensonge ?
Le drame est resté un secret du bord ...
L'histoire est celle d'un jeune lieutenant fraîchement promu qui embarque sur un navire où l'équipage disparate est formé depuis quatre mois.
Mais au contraire de son habitude,
Edouard Peisson ne s'attarde que trop peu sur ses personnages.
Ce qui aurait été nécessaire pour installer l'ambiance qu'il tente de distiller dans son livre.
L'équation si bien réussie dans "
Hans le marin" est ici devenue un long exposé sans intérêt, et sans rebondissement.
Bien sûr, c'est bien écrit.
Edouard Peisson, comme
Roger Vercel, est une des plus belles plumes attachées à la "marmar".
Le métier de lieutenant au long cours est ici bien décrit.
Mais le long périple du jeune homme pour embarquer et l'interminable ronde du chef-machine Camou autour d'un moteur rétif qu'il nomme Belzebuth s'enfoncent dans de longs paragraphes qui finissent par lasser le lecteur.
Le récit d'
Edouard Peisson s'est encalminé dans un terrible pot au noir dont aucun souffle épique ne vient le sortir.
Déboire d'écrivain ou fortune de mer ? ...