Ce qui est passé nous manque et ce qui dure nous lasse, voilà l’homme. Devenir et demeurer tout ensemble, voilà son rêve.
Voilà un effet secondaire de la cécité où les a plongés le mensonge: ils ne lisent pas.Ils n'ont pas besoin de lumière.
M'arracher à ce silence. Combien de temps aurai-je perdu à trouver ce fichu début! Par quoi commencer? Tout est là. Par quel bout attraper le réel? Vieux débat. Les possibilités de début sont innombrables! Incalculables, à vrai dire. C'est ce qui distingue la réalité de la fiction. Décider de raconter une histoire, c'est se soumettre à un début. Dire le réel, c'est envisager tous les réels possibles.
En fait, je voyais se réaliser la prophétie d'Alceste : "Ce n'est pas moi que vous fuyez, Malaussène, c'est le réel ! Mais il vous rattrapera, faites-lui confiance ! Il n'en a pas fini avec vous, le réel !"
Le divisionnaire Silistri a dû tendre son portable par une fenêtre ouverte parce que le capitaine Adrien Titus entend nettement le monde du travail souhaiter la mort des financiers, l'extermination des actionnaires et la sodomie de la police nationale.
- A vous la liberté, Alceste, ai-je dit, en lui montrant le tas de meules sur la remorque de Robert. Il y a une planque pour vous là-dedans. Elle est parfaitement sûre. [...]
- Je ne me fourre pas dans le foin. J'ai mes allergies. [...]
Robert a dû me sentir fatigué parce qu'il est descendu de son perchoir, s'est planté devant Alceste, et a rompu la consigne en lui adressant la parole :
- Hé Monte-Cristo, tu grimpes dans ta planque vite fait ou à nous quatre on t'y enfonce comme un thermomètre dans le cul d'un épouvantail.
Il n'y a de vérité qu'explosive.
En temps ordinaire, il ne l'aurait pas laissée faire, mais elle est venue avec ses seins. Ses seins ! Ses seins, nom d'une vierge ! Cette fois-ci, sûr et certain, il n'en a jamais vu d'aussi émouvants. Et Dieu sait ! Jamais.
Ecouter, sans décourager la jeunesse. C'est leur tour, après tout. Les laisser jouir de leurs illusions, sans leur dire qu'elles ne sont que les herbes aromatiques sur le grand hachis financier
Silistri y allait de la tête et des poings mais il était tombé dans une bande dessinée : plus il en assommait, plus il en arrivait. Ils lui sautaient dessus de tous les côtés. Des gars qui défendaient leur gagne-pain, leurs droits, l'avenir de leur progéniture, leur honneur, le devenir de l'entreprise française, le passé et tout le reste.