1. Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas lu une plume comme celle-là !
Alors, tu ne le sais peut-être pas, mais avant de me lancer dans la littérature indépendante, je lisais énormément de « classiques ». Je déteste ce terme qui veut tout et rien dire, mais en gros, je lisais de vieux romans écrits il y a fort, fort longtemps, à une époque où l'on se concentrait davantage sur le style que sur le scénario. Bon, là je fais une grosse généralité, parce que résumer des siècles de littérature par cette phrase, c'est quand même du foutage de gueule, mais tu captes l'idée.
Grosso merdo, dans ces bouquins, tu peux avoir une histoire classique mais être transporté rien que par les mots, la mélodie des phrases etc… et trouver que c'est un chef d'oeuvre. Je ne dis pas qu'on ne fait plus de roman comme ça aujourd'hui (la preuve avec
Chimère(s) !), mais disons que la priorité est plutôt dans l'intrigue désormais.
Bref, tout ça pour dire que lorsque j'ai lu
Chimère(s), j'ai retrouvé cette sensation d'être transportée par les mots, les phrases. Il y a un je-ne-sais-quoi dans la plume qui me fascine. Pourtant l'auteur utilise des phrases longues, chose qui me perd habituellement, mais pas ici. Non, j'ai vraiment aimé et savouré ce roman pour le style.
Je dis pas que c'est ultra lyrique, que c'est poétique etc… parce que ça tend légèrement sur l'horreur, c'est cru par moment mais on peut tout aussi bien savourer une plume pour sa beauté que pour sa brutalité. Et ici, c'est clairement la brutalité que tu dégustes.
2. Cliché, tu dis ? Reste jusqu'au bout !
Alors, ça fait plusieurs fois que je te parle de clichés dans cette chronique et tu vas finir par croire que ce roman en est un ! Mais c'est justement là le génie de l'histoire. Je ne sais pas si c'est fait exprès ou non, mais l'auteur te pose quand même pas mal les codes du genre dès le début, donc tu penses direct pouvoir prévoir tout ce qui va se passer. Paul apprend que l'amour de sa vie, femme qu'il a perdu en même temps que son job de flic, a disparue ? Qu'à cela ne tienne ! A la fin du roman il l'aura retrouvée, sera sobre et ils reprendront leur histoire là où elle s'était arrêtée !
…
Si seulement ! Ah ! Pauvre enfant naïf !
Et c'est ça que j'ai beaucoup aimé. Pendant une grande partie du roman, tu te crées une vision de cette femme perdue, une image idéalisée à la fois par les souvenirs de Paul, mais également par tous ces films qui te gavent de représentations de la femme parfaite, douce et si fragile qu'il faut sauver. Et puis, bon, il y a bien deux trois trucs qui te mettent la puce à l'oreille. Et puis, le récit avance. Et tu découvres des éléments. Et la petite Evelyne… bah elle est pas toute blanche en fait !
Tu l'auras compris, finalement,
Simon Perdrix te sert sur un plateau les clichés du genre pour mieux t'écraser la face dedans et les détruire au passage. J'ai beaucoup aimé cette petite manipulation qu'il a su opérée.
3. du coup, fantastique ou pas ?
Là encore, il a été sadique ! Décidément,
Simon Perdrix joue avec tes nerfs dans ce roman.
Lorsque j'ai commencé le bouquin, j'étais persuadée qu'il s'agissait d'un policier fantastique, sans vraiment me rappeler d'où me venait cette certitude. En fait, j'ai dû voir l'info à la fois sur les réseaux sociaux mais également en lisant le résumé. Mais grosse relou que je suis, je ne relis JAMAIS les résumés avant de me lancer dans ma lecture.
Du coup, arrivée milieu du roman, j'ai commencé à questionner ma santé mentale. « Attends, d'où j'ai cru que c'était du fantastique ? Il y en a pas une pointe ! ». Alors oui, on te donne de temps à autre une miette de fantastique, mais c'est pour mieux te démontrer qu'en fait il y a rien de paranormal là dedans. Encore une fois, Simon joue avec toi. (J'ouvre d'ailleurs une parenthèse pour indiquer que c'est en grande partie ce qui ajoute de la tension dans le roman. Je veux dire, c'est encore + effrayant lorsque tu te rends compte que ce qui te terrifiait au point de te chier dessus est… bien réel et non un démon issu de la fiction ! Je referme la parenthèse.)
Et puis… Je te laisse découvrir par toi-même ce qui se passe, mais je peux te dire que ça te surprend et que tu n'es pas déçu du voyage. Finalement, est-ce que la conclusion sera paranormale ou non ?
4. L'après-lecture
Mon avis sur la qualité du roman n'a pas changé durant ma lecture puisque dès le début j'avais compris que ça allait totalement être ma came, mais par contre mon expérience de lecture a été multiple. Entre la période « cliché » et le retournement de situation, le fantastique et le thriller ancré dans la réalité…
Simon Perdrix arrive à te balader d'un genre à un autre, d'un mode de pensée à un autre et ça rend l'expérience d'autant plus complète.
Le roman est court (environ 200 pages) et pourtant il arrive à toucher de nombreuses facettes de la littérature. C'est un vrai coup de génie.
Pour revenir à la plume, lorsque je lisais
Chimère(s), j'étais dans une vraie bulle, comme cela ne m'est pas arrivé depuis longtemps. C'est peut-être le moment où je vais passer pour une tarée, mais au niveau de mon cerveau, je me sentais comme… Je n'arriverai pas vraiment à décrire ça, mais… J'étais enivrée ? J'en sais rien ! Toujours est-il que la construction des phrases de
Simon Perdrix a un effet apaisant sur mon cerveau alors qu'il nous parle d'horreur. Va comprendre !
Du coup, lorsque j'ai fini ma lecture, je n'ai pas voulu quitter cet état de transe et je suis restée comme ça à fixer mon mur tout en savourant ce que je ressentais. J'avais pas envie de quitter cette sensation.
5. PÉPITE OU PAS PÉPITE ?
Je vais te dire oui, forcément ! Il y a tellement de bons éléments dans ce bouquin que je ne peux que te recommander de le lire. Alors, même si
Chimère(s) n'est pas de l'horreur pur, faut quand même que tu saches qu'il contient une dose de frisson et du cul. Mais vraiment, il n'y a rien de choquant (à mes yeux).
J'ai cru comprendre que certains lecteurs préféraient son recueil de nouvelles et connaissant ma passion pour le genre, ça risque aussi d'être mon cas. Mais quand je vois déjà l'effet que me procure ce roman, j'ai qu'une hâte : Lire le recueil ! Donc reste dans le coin si tu veux connaitre mon avis sur tous les bouquins de
Simon Perdrix et savoir si ce génie se retrouve à chaque fois.
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