Le tango de la vieille garde

Le lecteur qui s'attend à une intrigue haletante sera déçu car ce roman déroule sa trame avec lenteur à l 'image de ces tournois d'échecs où chaque joueur réfléchit longuement avant d'avancer une pièce.
Les échecs sont au centre de l'intrigue. A l'occasion d'un tournoi qui se déroule dans un hôtel de Sorrente, Max le héros désabusé, danseur mondain, voleur élégant, canaille sympathique, revoit une femme avec laquelle vingt neuf années auparavant, il a entretenu une liaison aussi brève que torride entre une traversée transatlantique sur un paquebot luxueux et un bar à tango des faubourgs pouilleux de Buenos Aires.
Il faut dire que pour lui rappeler ce moment privilégié, il y a eu cet air de tango célébrissime composé par le mari de la belle , qui a été joué dans le monde entier depuis sa création et sur lequel il a dansé sous toutes les latitudes.
Max a tout connu et tout expérimenté mais il se trouve à présent au seuil de la vieillesse, déclassé dans un emploi de chauffeur de maître, mais toujours aussi soucieux de préserver les apparences, même s'il lui faut pour cela emprunter les costumes chics et la belle voiture de son patron.
Un dernier petit vol, peut être celui du fabuleux collier de perles encore porté par celle qui a fait battre son coeur il y a bien longtemps ?
Mais les temps changent et la belle Dulcinée est maintenant mère d'un brillant jeune joueur d'échecs qui rêve de battre le champion soviétique...et pour cela tous les moyens sont bons.
Pour la gloire et en souvenir du passé, Max va reprendre du service...
Un beau roman mélancolique qui insiste quelquefois un peu lourdement sur les méfaits du temps qui passe mais qui met toujours en évidence la permanence des émotions.
Avec la minutie qu'on lui connaît Perez-Reverte instruit le lecteur tant sur la science des échecs que sur l'historique du tango , en nous entrainant dans des circonvolutions rythmées et musicales.
Parfois c'est vrai, les ficelles sont un peu grosses et la crédibilité des personnages quelque peu malmenée, mais il reste cette langue élégante, ce sens de la narration, cette magie de l'instant décrypté qui constituent la marque de fabrique de l'auteur et procurent un beau moment de lecture.
Au début, on se dit: "ah, non,ce livre n'est pas pour moi, parce primo les échecs, je n'y connais rien et deuxio, je ne sais pas danser le tango ( ni aucune autre danse d'ailleurs" , puis au fil des pages, on se laisse prendre et l'intérêt est relancé par le procédé narratif qui consiste à alterner les scènes se déroulant dans le présent et celles du passé qui illustrent des moments clés de la vie des deux personnages principaux.
Saluons une fois de plus la créativité des auteurs ibériques qui font l'honneur du roman contemporain et qui témoignent d'une inventivité culturelle multiforme allant jusqu'à porter leurs séries télé sur le devant de la scène médiatique.

Costa aime les croisières... où il peut exercer son métier de gigolo-danseur mondain et 29 ans plus tard croit reconnaître à Sorrente la merveilleuse danseuse Mecha.
Et moi, j'aime les auteurs qui savent décrire et faire vivre avec peu de mots, choisis, colorés, évitant les ternes remplissages ....et j'adore sanctionner les autres!

Au cours des quelque 17 heures de froide écoute, Reverte, à la vitesse d'un paquebot à rame nous livre une d'histoire d'amour bien tartinée de sa culture générale et vous saurez tout sur les stratégies d'échecs et l'histoire du tango.

Je n'ai pas aimé les personnages, et pourtant j'aime tant danser;-)

J'ai adoré! Comme toujours avec Perez-reverte, on ne suit pas les personnages on est AVEC eux. On voit ce qu'ils voient, on entend, on sent comme eux.

Cette histoire d'amour et d'aventure, sur 3 époques particulières (l'avant guerre insouciant, la guerre d'Espagne et les années 60) se développe au fur et à mesure de la vie des deux protagonistes. Ces deux là se sont aimés au premier regard mais n'ont jamais osé se l'avouer!

En italien, on dit "il lupo perde il pelo ma non il vizio", et c'est justement décrit par PR qui fait vieillir et murir ses personnages tout en leur conservant leur nature profonde. C'est peut-être cela qui touche à la lecture du Tango de la vieille garde, surtout si on n'est plus un adolescent... l'âge oblige à prendre du recul, certains appellent cela la sagesse, mais au fond, on a toujours 20 ans, surtout quand on aime!

Perez-reverte démontre de manière éclatante qu'il est à l'aise avec toutes les époques et avec tous les genres.

DANSE AVEC LA VIE.

Du grand art !
C'est un très beau roman, c'est une très belle histoire…

Ce livre transpire la sensibilité.
Dès les premières pages, le rythme, la fausse lenteur de l'action et les postures des principaux personnages accompagnent cette sensibilité à fleur de beau.

C'est l'histoire d'un homme blessé par la vie et par l'amour.
L'origine de la blessure sensuelle sera révélée à la fin du livre. Mais cette blessure subie durant l'adolescence du héros du roman, Max Costa, le suivra durant toute son existence.

Ainsi, à chaque instant Max va tricher avec la vie. Afin de compenser la pauvreté de l'enfance et d'échapper aux faubourgs de Buenos Aires. Afin de surmonter la blessure amoureuse de l'adolescence et de demeurer dans une posture de contrôle avec ses relations amoureuses. Afin d'exorciser les blessures physiques du début de sa vie d'homme et d'oublier la guerre en Afrique.

Et il y arrive remarquablement bien. Parce que Max est doué. Parce que Max est sensible, patient et sent les choses. Il sait toujours jusqu'où aller et se retirer à temps. Et en plus, il danse remarquablement bien. Et tout spécialement le tangO. Celui avec un grand O. C'est un esthète dans son domaine. Et les femmes aiment cette combinaison : sensibilité, beauté physique, classe, patience et tangO. Ensuite, Max fuit. Toujours bouger, ne jamais rester statique, comme les commandos. Comme le tangO.

Tout marche bien pour Max jusqu'à ce qu'il rencontre Mecha Inzunza, une splendide aristocrate espagnole mariée à un célèbre compositeur de musique. Là se produit un déclic entre ces deux âmes sensibles. C'est le ying et le yang du tangO. Et c'est là que commence le très beau roman, la très belle histoire.

Le récit est construit autour des trois rencontres du couple, espacées dans le temps. L'habillage du roman est riche et dense: paquebot de luxe, Buenos Aires, Nice, la Suisse, bijoux, rat d'hôtel, tournoi et champions d'échecs, agents du KGB, voyous, musique et tangO.

Et ce tangO originel, le « TangO de la vieille garde », celui des bouges de Buenos Aires. Tout y est. La passion, la provocation, la retenue calculée, le rythme, la domination, la soumission, les pulsions, la violence. La vie originelle.

Conclusion : un superbe roman - ce livre transpire le tangO et sa sensibilité : langoureux, sexuel, rythmé, régi par des rapport de forces, fusionnel – durant cette danse, les interdits sont permis – comme dans la vie de Max – sa vie avec ses montagnes russes, succès-pauvreté - en fait, Max danse avec la vie…

P@comeux - 2014/09 ©

Ils se sont rencontrés au milieu de l'Atlantique, en dansant le tango dans le salon d'un paquebot de luxe, destination Buenos Aires. Elle, richissime épouse d'un richissime compositeur, lui, danseur professionnel, gigolo, cambrioleur et escroc sans scrupules, vivant de son charme et de la naïveté des femmes fortunées. Elle aurait dû être la proie et lui le prédateur mais les choses entre eux deux seront bien plus complexes - un pas de deux brillant, dangereux, passionné, ambigu, entamé sous le regard complice d'un époux que la jalousie n'étouffe guère.
Un pas de deux en trois mouvements. le premier se termine en 1928 dans les bas-fonds de la capitale argentine, au terme d'une folle nuit dont Armando de Troeye tirera son chef d'oeuvre, le Tango de la Vieille Garde, hommage à une danse originelle qui ne se danse déjà presque plus. le dernier s'esquisse presque quarante ans plus tard, lors d'un tournoi d'échecs en Italie où les deux amants se retrouvent par hasard, déjà vieux, égarés dans un temps qui ne leur ressemble plus. Entre ces deux rencontres, à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, une mission d'espionnage bancale aux conséquences imprévisibles.

Entrelaçant les époques en écho les unes des autres, Pérez-Reverte tisse son histoire avec un art consommé du suspense et un sens très romanesque du destin. Par ses incursions vers l'aventure (jeux dangereux, cambriole et espionnage), par la puissance de ces deux personnages que tout attire et tout oppose, qui s'offrent en se dissimulant, qui ne cessent de se manipuler chacun à sa manière, l'histoire d'amour frôle le thriller psychologique et est aussi puissante que passionnante. Libre, forte, sensuelle, superbement amorale et d'une classe exquise, sachant cacher ses troubles sous des atours impérieux, Mecha est une femme comme on aimerait en croiser plus souvent. Charmeur, vénal, malhonnête et se fichant pas mal des sentiments des femmes qu'il utilise, Max est au fond moins mauvais garçon que sa carrière ne le laisserait entendre, un garçon né dans la misère, résolu à utiliser toutes les armes que la chance lui a offertes pour forcer sa place dans le monde brillant, sans coeur, qui l'écrasait autrefois. Pas de pitié en lui pour les riches, mais pas de méchanceté, pas de hargne, pas même de véritable amertume - et c'est sans doute ce qui lui permet de se couler si bien dans le moule doré qu'il s'est forgé.
La dimension sociale qui sous-tend (qui permet et qui gâche) les rapports de ces deux-là, est un des éléments les plus intéressants de l'histoire, d'autant plus habile et efficace qu'aucun engagement ne s'y attache. Ni, ostensiblement, de la part de l'auteur, ni de la part des personnages eux-mêmes, qui se contentent de vivre une réalité sur laquelle ils ne prétendent exercer aucune influence.
Une réalité, hélas, sur le point de disparaître. le monde des casinos et des paquebots de luxe, des tangos, des robes de soie et des colliers de perles, le monde de l'élégance racée et du détail parfait, monde futile, égoïste, fascinant, auquel ils appartiennent tous deux jusqu'à la moelle et que la guerre va balayer. Aussi intéressante soit-elle, l'histoire d'amour n'est au fond que le symbole le plus fort de ce temps perdu dont la nostalgie s'impose, dévorante, jusqu'aux dernières pages. Née sous l'étoile d'une danse tombée dans l'oubli, ce vieux tango des bouges de Buenos Aires, elle est la jeunesse, la passion, la vigueur qu'on découvre un jour derrière soi, déjà lointaine, en surprenant dans un miroir ce visage qui ne nous ressemble plus.

Un roman superbe, mélancolique, riche et captivant, parmi les plus réussis de cet auteur qui m'a déçue parfois mais que j'aime tant, toujours, pour son habileté à mêler la nuance au suspense, la tristesse à la vigueur et la force du réel aux puissances de l'imagination.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..

Me voici revenue à bord d'un paquebot transatlantique voguant vers Buenos Aires dans les années '20 (voir l'élégant roman "Argentina" de Dominique Bona)... Et ça me plait !

Arturo Perez-Reverte, dont c'est mon 2e livre après "La patience du franc-tireur", nous livre un joli roman un peu long mais foisonnant. La construction est un rien surprenante, puisque les époques alternent sans repère et couvrent quarante années ; un petit temps d'adaptation m'a été nécessaire.

Max Costa, danseur mondain, et Mecha de Troeye, riche et belle aristocrate, se rencontrent sur le paquebot Cap Polonio, où ils entament leurs premiers tangos, sous le regard appréciateur du mari de Mecha. A Buenos Aires, Max fait découvrir au couple le tango originel, celui de la Vieille Garde, qui ne perdure que dans certains bas-quartiers populaires et "underground".
Qui est donc ce Max ? Danseur émérite de tango, il a grandi dans ces quartiers pauvres de Buenos Aires, et s'est façonné un personnage de faux gentleman, mais vrai gigolo et détrousseur. Un gentleman cambrioleur.
Max disparaît du jour au lendemain de la vie de Mecha, non sans s'être lesté du magnifique collier de perles de la belle.

Presque dix ans ont passé quand les deux se retrouvent à Nice au moment de la guerre d'Espagne et à l'avant-veille de la 2e guerre mondiale. Gentleman toujours, cambrioleur encore plus... Max se trouve mêlé contre son gré au vol de documents compromettants du gendre de Mussolini, le comte Ciano, dans une villa de Nice appartenant à une amie de Mecha. Leurs retrouvailles sont brèves et l'adieu rapide...

Troisième période, 1966, guerre froide : Max a perdu de son allant, la soixantaine, fatigué, sans le sou et sans perspectives, il est devenu chauffeur du riche propriétaire d'une villa à Sorente, en Italie.
Le hasard fait que, dans cette ville, est programmé un tournoi international d'échecs opposant un champion russe à un jeune sud-américain, qui n'est autre que le fils de Mecha. Max et Mecha se retrouvent mais le temps a fait son travail d'usure. On s'interroge sur la vraie nature de leurs sentiments...

Un bon livre, où le tango est roi.
Lien : http://coquelicoquillages.bl..

" Une femme n'est jamais seulement une femme, mon cher Max .Elle est aussi, et surtout, les hommes qu'elle a eus, ceux qu'elle a et ceux qu'elle qu'elle pourrait avoir.."

Bonjour à toutes et à tous,

Le tango de la vieille garde est l'avant dernier roman de PEREZ-REVERTE, auteur que j'apprécie particulièrement et dont j'ai lu, presque tous les livres.

A mon avis, c'est l'un de ses meilleurs roman. Il nous raconte l'histoire de Max Costa, tantôt danseur de tango, ou escroc, cambrioleur, un peu gigolo qui ambitionne, lui enfant pauvre d'un quartier de Buenos Aires, d'accéder à la haute société de son époque. L'histoire se déroule en 1928, 1937 et 1966.

Il rencontre, au début du roman, Mecha Inzunza, jeune femme belle et troublante,issue d'un milieu fortuné et marié à un compositeur.

A travers l'histoire romanesque de ces deux personnages, histoire au sein de laquelle, il introduit une intrique d'espionnage et du suspens, il décrit, avec une grande précision, le milieu de la haute bourgeoisie des années d'avant guerre et qui disparaitra progressivement après celle-ci.

Avec un sens du récit qui est sa principale qualité et une parfaite maitrise de son histoire, PEREZ-REVERTE contruit un livre passionnant de bout en bout avec des personnages romanesques et attachant, du suspense et des rebondissements.

Pour émettre une note critique, je reprocherai au livre certaines scènes sentimentales peut être un peu conventionnelles et une forme de récit alterné qui revient un peu trop fréquemment sur la fin.

Mais dans l'ensemble, n'hésitez pas à le découvrir, c'est un vrai plaisir de lecture.

Alors bonne lecture à tous.

La belle, riche et canaille, le beau, pauvre et voyou, en trois épisodes jeunesse, âge mûr et 3è âge, en trois lieux différents, qui s'entrecoupent et qu'on a du mal à différencier. La fin est assez émouvante, mais elle synthétise tous les échecs des 2 héros.
Malgré des longueurs fatigantes, le livre se lit, preuve que l'auteur a du style...

J'ai beaucoup aimé ce roman qui déroule des années trente aux années soixante un tango aussi sensuel que dangereux entre un Arsène Lupin mondain et une femme fascinante ( qui a pour moi la beauté d'Ava Gardner) . Libertinage , espionnage , rythme ces deux vies aventureuses entre grandeur et décadence , entre séduction et vieillissement .

Un excellent roman d'aventures !
Comme toujours, le style est fluide, riche, élégant. Dans cette étrange partie, Arturo Pérez-Reverte tisse le destin de deux personnages sur trois époques, dans une trame extrêmement efficace. A l'image des échecs ou du tango qui sous-tendent cette oeuvre, l'intrigue semble parfois reculer, prendre des tangentes ou des chemins de traverse, mais le tout finit par s'assembler réellement, pour le plus grand plaisir du lecteur.
C'est un de ses meilleurs titres, on se régale à la lecture des pérégrinations de Mecha et Max. Un vrai bonheur de lecture !
Lien : https://encresetcalames.word..