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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans son nouveau roman, Judith Perrignon ausculte une ville et ses habitants. En reliant plusieurs moments de l'histoire commune de Detroit, la romancière capte les espoirs et les déceptions des individus et de la communauté. Elle parle autant du groupe, de ce mouvement uni qui promeut l'égalité et veut s'épanouir, que des êtres mus par une volonté intime. le groupe, ici, c'est la famille, c'est le parti politique. Par exemple, Eleanor Roosevelt, épouse du président démocrate américain, Franklin Delano Roosevelt, dont elle était aussi une parente, a un rôle marquant. Elle représente celle qui sort du groupe, de l'institution pour exprimer sa parole et défendre une opinion. Elle se détache de son rôle de femme de président pour esquisser celui d'un être déterminé à faire entendre sa vision du monde. Il y a également l'histoire d'un des premiers groupes féminins, The Supremes, qui rencontre le succès et atteint la gloire. Rapidement, une personne se détache, c'est Diana Ross. Judith Perrignon suit ces destins individuels marquants tout en notant les liens et les conséquences sur l'équilibre d'un groupe. L'union fait la force et l'individualisme bouleverse le mouvement collectif. On ne peut pas oublier les fragilités. L'autrice, par son écriture captivante et précise, écoute avec attention les aspirations. L'un des personnages de ce roman, Sarah, légiste de Detroit, tente de retrouver l'identité du corps d'un jeune homme. Cette quête intime exprime ici un besoin salvateur de réalité. Elle veut redonner un nom et par conséquent, une histoire et une humanité à des corps qu'il est facile de dissimuler. le roman déploie une sonorité enivrante, par son rythme et sa musique. Visuellement, le temps s'exprime grâce à l'organisation du roman en saison. Les couleurs changent, l'ambiance évolue et au coeur de celle-ci, nous passons d'une époque à l'autre. Nous sentons alors le regard des habitants évoluer sur leur propre ville et sur leur propre condition. Tout cela est symbolisé par cet ensemble d'immeubles, le Brewster Project, qui devait réparer des inégalités au début du XXe siècle et a fini par être détruit. Les espoirs étaient peut-être trop grands. La réalité est plus complexe, plus insaisissable et donc plus passionnante. Judith Perrignon n'éteint pas la force des êtres, celle de vouloir rétablir la vérité, d'apporter la lumière de leur conscience et de bien nommer les particularités du monde.
Lien : https://piao.fr/2021/03/la-o..
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Judith Perrignon a le talent magique de me transporter vers des sujets inattendus, les rendant passionnants à la fois humainement socialement et historiquement ! Tout est si habilement relié croisé entremêlé, un vrai petit bijou magnifiquement ciselé
Avec elle j'ai erré dans les ruines délabrées du Détroit de 2013,
j'ai été choquée par le meurtre sordide du jeune graffeur français,
j'ai admiré la ténacité d'Ira, de Sarah, de ces habitants qui encore aujourd'hui n'ont pas déserté leur ville,
mais j'ai aussi remonté le temps et arpenté le quartier noir du « Project » des années 50,
vibré avec ses habitants pour des rêves et des espoirs en dansant dans les pas des futures stars de la Motown.
Magique je vous dis !
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L'histoire : Detroit, aux Etats-Unis, a bien changé depuis l'époque où Eleanore Roosevelt inaugurait le Brewster Project, ce grand ensemble d'immeubles destinés à sortir les Noirs des ghettos. 2013, au même endroit, on a retrouvé un cadavre inconnu, et Sarah cherche qui il était. Elle a l'aide d'Ira, dont la famille vivait au Brewster. Entre retours en arrière, bonds en avant, récits passés et présents de tous temps, nous allons entrer dans la vie de ce quartier, dans la déchéance de Detroit, aussi.



Mon avis : un livre plein de vie sur l'ambiance, à échelle humaine, d'une ville en perdition. Alors que le Brewster était un rêve, un confort inespéré, pour de nombreuses familles, les luttes syndicales, la violence, l'usure, la prise de conscience que ça n'a fait que déplacer le ghetto, etc., vont le faire dériver. On parle aussi de Diane, Flo et Mary, qu'on entendait chanter dans la cage d'escalier, et qui deviendront Diana Ross et les Supremes, qui partiront en tournée avec Stevie Wonder et d'autres, tous enfants du quartier, tous sortis de ce Detroit des années où tous les rêves étaient permis. Et puis on parle d'Archie, jeune et vieux, de sa soeur Géraldine, jeune puis vieille, de leurs souvenirs. On parle aussi de Sarah, qui devient obcessionnelle pour trouver qui est celui qu'elle a surnommé Frat Boy à la morgue, ce jeune homme assassiné dans les ruines en 2013. Ira va l'aider, Ira, ce jeune policier noir pour qui être policier est une réussite, quand son oncle Archie ne voit pas les choses de la même manière... Les chapitres se succèdent, sans chronologie ni ordonnancement structuré, on s'y perd parfois dans les époques, dans les liens de parenté, dans les histoires, et ce meli-melo qui pourtant suit un fil participe comme une pensée à rendre l'ouvrage vivant, remuant, secouant.

Un très beau livre, agréable à lire, très instructif, doux aussi malgré le contexte qui ne s'y prête pas de prime abord, un peu amer aussi, et comme incrédule de cette amertume, par touches éparses.
Lien : http://ploufsurterre.canalbl..
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Pour une fois, ce n'est pas vraiment le destin d'un personnage ou d'un groupe de personnage que l'on suit.
Ici, c'est le destin d'une ville entière que l'on suit. Détroit.
La ville que tout collégien ou lycée a étudié en géographie comme étant l'exemple type de la ville en faillit et en crise après la grande période d'industrialisation. Elle fut d'ailleurs la première à se déclarer en faillite.

Personnellement, je n'avais jamais lu de livre parlant de cette ville. Et surtout pas un livre qui entre autant dans les détails, et qui à travers la ville parle du destin de ses habitants. C'est ça, en réalité, c'est à travers le destin d'une ville que l'auteure nous fait par de celui de ses habitants, et ce, sur plusieurs génération (environ quatre il me semble).

J'ai adoré ce livre, d'abord pour les sauts dans le temps entre chaque chapitre, mais aussi parce que on suit plusieurs personnages, plusieurs "familles". D'ailleurs, on peut d'un chapitre à l'autre se retrouver en présence d'un personnage, mais pas au même âge. Donc je dois avouer que une ou deux fois, j'ai dû réfléchir deux minutes pour me resituer : "alors, si lui a 6 ans, alors elle en a .... et lui il existe pas encore ...". C'est le seul bémol du roman. Au début il y a des dates au début de chaque chapitre, mais vers la fin il n'y en a plus ....

Bref. Hormis ce détail, j'ai adoré ce roman. Il tourne autour de plusieurs sujets importants, l'industrialisation (et sa chute évidemment), le racisme, la construction de tour qui deviendront des "cités", la musique (elle a une très grande place dans cette ville et donc dans ce roman), et aussi la criminalité... Tout un tas de sujets divers et variés qui permettent une immersion profonde dans cette ville, et à tout point de vue.
Le point de départ de ce livre est un homicide au "Project", d'un jeune garçon, d'un artiste vraisemblablement, cette enquête est aussi un genre de fil conducteur qui aide à nous montrer comment ce "Project" qui était révolutionnaire il y a plusieurs décennies est devenu le lieu d'atrocités pareilles.

Les personnages sont attachants, du début à la fin, et que ce soit en 1930, ou de nos jours. Sarah, Archie, Ira, Géraldine, Eleanor, Mary, Diane, Flo, Tim, Phyllis, Roselle.... Tous.

Je conseille fortement ce livre !
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« La musique, elle est à eux, c'est tout ce qui reste quand il n'y a plus rien. La musique ne blesse personne »
Le grand rêve industriel, symbole de la grande puissance américaine fait de Détroit une ville fière de ses chaînes de montage dans les années 30. Fière, certes mais un parasite reste une ombre au tableau…On a besoin de leur force de travail mais pour la belle image de cette ville, il va falloir trouver une solution, leur trouver un toit.
En 1935, Eleanor Roosevelt, au côté de Joséphine Gomon, descend du train présidentiel pour l'inauguration d'un quartier, le Brewster Project.
Il sera ce dortoir de l'usine Chrysler, ce lieu où les noirs américains seront parqués car on ne mélange pas les territoires.
En aout 2013, les travaux de démolition du Brewster Project, où ne logent plus que les aigles à tête blanche, sont lancés. Ses habitants seront relogés dans les Brewster Homes construits dans les années 90.
Ainsi le cours de leur vie ne cesse d'être délibéré…
« …il n'y a de douceur de vivre et de sécurité que dans la soumission.
Le chaos du capitalisme… »
Judith Perrignon dépeint avec minutie, sur trois générations, l'histoire de ce quartier.
Cette peinture sociale nous amène à la rencontre d'Ira, fils de Géraldine, neveu d'Archie et petit fils de Roselle. Flic et collègue de Sarah, il trouve, au détour de chez John King, deux livres. L'un d'entre eux porte sur l'histoire des Suprêmes.
Sarah, sa collègue, va enquêter sur l'identité d'une victime « Frat Boy » dont le corps a été retrouvé.
Vous l'aurez compris, de là démarre une gigantesque fresque musicale et artistique pour décrire ce quartier où ils dansaient, parler de l'abandon organisé, le fatalisme, le chômage, la pauvreté, les homicides, la délinquance, la corruption, le racisme, une communauté sacrifiée. On marche sur les traces de la Motown de Berry Gordy (Les Suprêmes, Diana Ross, Marvin Gaye, Steevie Wonder,…),de Diego Rivera et sa fresque à la gloire de l'Industrie, de Tyree Guyton, Zoo project…
Ce livre est d'une richesse incroyable et on ne peut s'empêcher de fredonner tous ces titres au fil des pages et de vouloir danser à leur côté.
Éditions Rivages
Lien : https://blogdelecturelepetit..
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Excellent !
Quand un roman mêle une enquête sur la mort d'un ado dans les ruines d'une cité désaffectée de Détroit en 2013 et l'histoire de cette ville dans les années 40, les sources de la Motown, de la musique de ces années là, dans cette époque où les droits civiques des Noirs sont à peine une question encore...
Savamment mêlées, les deux époques nourrissent l'histoire et construisent un personnage principal très attachant..

Une belle écriture et une plongée passionnante à l'origine de cette musique héritée du Blues...
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Roman lu dans le cadre du « Prix des lecteurs du Var ».

Il n'est plus vraiment nécessaire de présenter la ville de Détroit dans l'Etat du Michigan.

Des romanciers ont déjà raconté l'apogée et le déclin de cette ville. Mais Judith Perrignon a pris comme angle d'attaque l'histoire d'une cité : le Brewster Douglas Project, mettant en éclairage trois périodes.

Au milieu des années 30, elle est construite à l'initiative d'Eleanor Roosevelt alors Première Dame des Etats-Unis.

La ville connaissait à ce moment là un essor économique et il fallait loger les familles des ouvriers, principalement Afro-américains. Beaucoup venaient des Etats situés dans la Bible Belt et espéraient vivre plus libres dans le Michigan.

Dans les années 60, c'est l'essor de la Motown et de tous ses artistes, souvent issus du Brewster, qui rend la ville célèbre. Diana Ross y a grandi et a formé avec ses deux amies d'enfance le groupe Les Suprêmes.

Sans oublier bien sûr la prospérité économique des usines de voitures.

En 2013, Détroit a profondément souffert de la crise . Les usines ont fermé. le chômage et la violence ont ravagé la ville. le Brewster Douglas a été vidé de ses habitants et n'est plus qu'un lieu désert devenu terrain de jeu des gangs.

C'est là que le corps sans vie d'un jeune homme vient d'être trouvé sans aucun papier d'identité sur lui. La policière chargée de dessiner et diffuser son portrait robot, Sarah, va tout mettre en oeuvre pour retrouver qui est ce jeune homme, qui ressemble à un étudiant, et découvrir pourquoi il se trouvait là et pour quelle raison il a été assassiné.

Elle sera aidée dans son enquête par l'inspecteur Ira, issu de la communauté noire. Ce super flic est né et a grandi dans la cité du Brewster. Grâce à ses souvenirs, nous découvrons la vie quotidienne dans la cité.

J'ai beaucoup apprécié ce roman, à l'écriture puissante de Judith Perrignon que je découvrais.

» Je me dis qu'ils ont tout fait pour nous empêcher de prendre trop de place, trop d'importance. Ils ont rasé nos quartiers, nous ont obligés à nous recaser ailleurs, à laisser nos commerces derrière nous. Et après ils sont partis pour leurs banlieues chics, ils ont quitté la ville, ils nous l'ont laissée avec ses squelettes d'usines, ou plutôt ils nous ont mis en quarantaine en attendant je ne sais quoi, qu'on meure peut-être, qu'on s'entretue. Ils veulent revenir maintenant. C'est ça qu'ils veulent avec leur mise en faillite, leur manager. Ils veulent nous la reprendre. Ben, tu sais quoi ? Après tout ce temps, faut qu'ils sachent un truc. Cette ville est noire. Si noire que les écureuils aussi sont devenus noirs ! «

» le bus longe maintenant un ancien quartier blanc. Il y a de moins en moins de lumières aux fenêtres, des commerces au bord de la fermeture définitive, et plus de gamins dans les rues, ils s'en sont allés pour toujours avec leurs parents, leurs frères, leurs soeurs, dans une voiture chargée (…) Si l'on se repassait ces départs successifs en mode accéléré, on dirait qu'une tempête ou qu'une soucoupe volante menaçait de les emporter. Ils ne sont pas loin pourtant, dans des maisons neuves de la banlieue alentour où leurs familles se sont installées. Ce qu'on ne rafait pas en ville, des promoteurs le construisent à quelques miles, en laissant entendre que là-bas au moins les Blancs seront tranquilles. »
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Roman remarquable, magnifié par l'écriture de  Judith Perrignon, le lecteur y trouve un univers de bitume et de rythme and blues, un  tourbillon de vies entrecroisées, où le paradis d'hier côtoie l'enfer d'aujourd'hui.  
Un style puissant très documenté évoque la décadence de la ville de Détroit, véritable eldorado industriel , qui a vu naître tous les musiciens de la célèbre Motown.
Diana Ross, les Suprêmes, Aretha Franklin , Stevie Wonder:  vous vous en souvenez  ? " là, il y avait  de quoi faire danser l'Amérique ,peut être le monde entier, pour des siècles".
C'est  sur une tonalité nostalgique  que l' auteure  entrechoque les souvenirs, les espoirs, les désillusions des habitants de Détroit sur  plusieurs décennies. le tout pimenté par la découverte d'un jeune homme assassiné dans les décombres de la ville en 2013 et la longue enquête pour retrouver son identité.( personnage ayant existé lui aussi )
C'est justement à Detroit qu'en 1935 Eleanor Roosevelt annonce la construction d'un ensemble d'habitations et commerces  "le Brewster Project", où seront logés les ouvriers travaillant pour Ford et Chrysler, une population pauvre, surtout  Noire venant du Sud.
Dans les années 60 la ville produit autant d'usines que de groupes musicaux. Les concours de chant  fleurissent.
Vous connaîtrez Ira enfant du "Project" devenu un flic d'élite, Sarah, artiste médico-légale , Jeff son compagnon. Vous aimerez Géraldine, Archie, et toutes ces futures vedettes du showbiz des années 60/70.
Tous les espoirs étaient permis , mais  les trafics en tous genres :dealers, gangs, magouilles des promoteurs ont brisé la ville et les rêves de ses habitants bercés par trop de chansons et d'espoir. 
Tout sera démantelé pour éloigner cette population qui prenait trop d'importance. On a rasé les écoles, les commerces pour construire  une autoroute. Il n'y a plus que des "squelettes d'usines".
Pourtant la  musique de la Motown ne s'oubliera jamais ! C'était une des meilleures scènes du pays"
un roman passionnant à découvrir .
Autres citations  "La ville se noie dans ses colères et ses divisions, Detroit est en combustion lente" " une ville dépecée qui dépèce tout à son tour "
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Une plongée passionnante dans un quartier de Détroit à travers le siècle dernier. Ce roman "investigation" est écrit comme un reportage, au présent, ce qui renforce la sensation d'être au plus près des personnages, attachants, comme Sarah et Ira, les investigateurs sur un meurtre et sur un passé qui sont bien plus liés qu'ils ne le pensent. Ou comment la destruction de l'âme d'une ville peut conduire des individus sans âme, ni avenir, tuer pour rien. J'aime beaucoup le style de Judith Perrignon qui m'avait déjà étonné avec son roman historique sur l'enterrement de Victor Hugo.
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Une belle découverte, je ne connaissais pas cet auteure et le livre m'a été recommandé par une amie. On peut dire en effet Grandeur et décadence des grandes cités de l'automobile aux USA, mais vu de l'intérieur c'est totalement poignant...il y a ceux qui ont le pouvoir et l'argent et en face ceux qui en pâtissent, et c'est toujours d'actualité, c'est notre histoire de tous les jours. Je recommande.
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