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sur 474 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
La Maison, dans laquelleMariam Petrosyan***
LC avec HundredDreams (Sandrine), berni_29 (Bernard), HordeduContrevent (Chrystèle), Yaena (Doriane)
Pages : 954 exactement, le temps : il ne s'est pas laissé compter ni conter comme il faut, d'ailleurs c'est quoi « comme il faut » ?, un temps facétieux un vrai marionnettiste qui n'a pas arrêté de m'accrocher à ses ficelles âpres et soyeuses, le ressenti : épuisement et des moments d'envol, dans la tête et dans le corps, labyrinthe éprouvant entre paradis, enfer et purgatoire que j'ai vécus avec eux les louveteaux comprimés dans la Maison, imparfaits éclopés infirmes sans bras, mais bons marcheurs, sans jambes mais bons rouleurs, aveugles mais voyants, jeunes fauves dans une jungle encadrée, dont une certaine vie et ses lois jouent avec les extrêmes aux grands risques et périls de tous ses locataires petits et grands.

Roux porte corset, Chacal Tabaqui est roulant et porte lunettes, Fumeur roulant aussi, Lord porte béquilles, Sauterelle est sans bras , Sphinx est sans bras et chauve, chacun sa Maison de rêves ou rêveries, obsessions, fantômes, cauchemars, jeux mais chacun n'existe guère et ne se définit que par le groupe auquel il appartient.
La maison, comme un orphelinat accueille tous ces jeunes en manque de quelque chose de très important.

La lecture a été très difficile, je l'avoue, un marathon qui a failli m'avoir avec des hauts pics grisants et beaucoup de bas gouffres étouffants et une longueur qui m'a fait KO ou pas loin.

La Maison une double mise en abyme des espaces, d'un isolement dans un autre isolement, une mise en exergue de la différence qui condamne, un intérieur enfermé qui rime avec liberté, par opposition à un dehors une vraie prison où les lois ne sont pas créées, mais imposées.
Dans la Maison, triste, grise pas jolie, tout est hideux et répugnant, la perfection de l'ordre et de l'interdit semble avoir élu domicile permanent, et pourtant elle m'attire insidieusement, l'humain a disparu, l'animal prend toute la place, le miroir d'une fable métaphorique ? Comme dans une prison, des clans se forment, des approvisionnements s'infiltrent et se gardent secrets. Chaque personnage un éclopé, pas assez sauvage pour vaincre, pas assez dompté pour se soumettre, pas encore adulte pour comprendre ou accepter.
La Maison une scène aux portes fermées, une tragi-comédie dont les personnages jouent aux cartes qui peuvent s'appeler amitié, antipathie, liberté contrainte, bandes ou clans, la capacité ou l'impossibilité de se faire accepter par un groupe et, avec le temps, la peur de l'avenir, la peur de quitter la Maison, être effacé de la mémoire. Une forêt avec ses Oiseaux, ses Rats, ses Faisans, animaux plus ou moins dangereux, des clairières quand on s'approche pour les découvrir.
La différence, l'isolement, les clans, les bandes d'amis, les bandes ennemies, autant de frontières dans la Maison qui protège et isole, un retrait du monde extérieur, un enfermement, une ouverture vers le monde intérieur où se crée une liberté avec ses propres lois et règlements, un monde complexe surprenant contradictoire, ensorcelant, souvent lourd à porter, pas loin du risque de l'implosion à tout moment. Une forêt « mystérieuse et hirsute, elle abritait de profondes tanières et leurs étranges habitants, elle ignorait le soleil et était imperméable au vent. On y trouvait des cynocéphales et des oiseaux siffleurs, de gigantesques champignons aux chapeaux noirs et des fleurs vampires... »p.150 Magnifique métaphore du mystère, de l'inconnu, d'un âge rebelle de grande fragilité, « la forêt n'aimait pas les impatients, et elle pouvait très bien reculer… la forêt était capricieuse, craintive ; elle était aussi capable d'étirer et de multiplier les chemins qui menaient à elle. » p.149

Et mes pensée s'envolent vers Les disparus de Saint-Agil, Hogwart School ou Poudlard si vous voulez, Lord of the Flies ou Sa majesté des mouches, ou alors Oblio et une certaine Alice, histoires de temps intolérants de différences de frontières de longs chemins à faire.

Les adolescents gravissent des montagnes inexplorées déploient leurs ailes pour s'envoler dans leur monde créé de toutes pièces, chutent souvent dans la peur d'un extérieur inconnu dangereux menaçant, leur handicap devient force, arme, des guerres éclatent, des complots se tissent, des mains se tiennent, les adultes n'y sont pas invités, et pourtant, un éducateur, Elan, fait sourire la forêt, d'un sourire craintif, peureux : « Un sourire, mon petit, avait expliqué Elan, c'est ce qu'il y a de meilleur chez l'homme. Tu n'es pas vraiment un homme tant que tu ne sais pas sourire.
- Montre-moi, lui avait demandé l'Aveugle
Elan s'était penché, offrant son visage à ses doigts. Au contact de ses lèvres humides, l'Aveugle avait retiré sa main.
- Ça fait peur, avait-il déclaré. Je suis obligé de le faire ? Pour toute réponse, Elan avait soupiré. » p.152

La Maison les aspire se les approprie, un huis clos aux horizons infinis, et les adolescents des abeilles dans une ruche prodigieuse, ils la construisent jour après jours, avec la liberté de l'enfermement, celle qui se trouve en chacun d'eux. p.448

Moi, lectrice, j'entrais le plus souvent dans la Maison comme grande personne, avec un certain recul, sensible à beaucoup de symboles et de références à la littérature universelle, et pourtant pas détachée de ces enfants au seuil de l'adolescence, j'étais complètement dedans, d'où l'asphyxie.

La lecture a été difficile, j'ai trouvé l'écriture trop longue trop dense trop serrée, je perdais souvent le fil, un bal masqué, une fable métaphorique, une allégorie où plusieurs idées se mettaient en une image ou une seule image renvoyait à plusieurs sens, une jungle aux lois souvent impénétrables, lecture prenante très fatigante d'un livre dont la construction originale fortement symbolique accueille abrite et analyse l'immense univers de l'adolescence qui, fragile et téméraire, oh combien complexe, cruelle et compliquée, ne se laisse pas faire.

Si la boucle est bouclée c'est dans un miroir, ceux qui entrent dans la Maison en ressortent avec toujours une appréhension pour un autre inconnu, et en plus la douloureuse nostalgie d'un au revoir, une maturité s'installe, une adolescence s'en va « Et s'en aller quand même, retirer sa main de la mains d'autrui, comme si on déchirait à nouveau une plaie déjà guérie, Et s'en aller Où ? Dans l'incertain... » Rainer Maria Rilke, le Départ du Fils prodigue, p.881
La Maison en dehors du monde, avec ses mondes à elle, la Maison – intermède, comme une synthèse de la Maison, intermède entre l'adolescence et la maturité, la police change, la vie aussi, et le point de vue et les mouvements en avancées vers les copains, en recul vers soi-même… et la forêt revient et le temps nous fait un pied de nez.

De grands artistes ces adolescents, ils ont une sève énorme mais délicate, pas des plus robustes, au contraires infirmes, comprimés, amputés, ils font pousser leurs racines et leurs branches pour trouver un équilibre, ils se sont construit leur Maison dans la Maison, leur ruche, et imaginé un monde plus fort que celui à l'extérieur, ils l'aiment et le défendent pour y vivre au risque d'y mourir. Ils voient tout d'un oeil attentif et curieux, ils ne peuvent se livrer sans s'anéantir. Belles et compliquées figures.
Tous des faisans, du gibier ? Chacun convoité par un autre ? Beaucoup de questions dans le roman restées en suspens comme il se doit…

Livre dense, labyrinthique, analyse subtile titanesque et prodigieuse d'un âge difficile à percer, des personnages en meute, gangs, bandes ou solitaires, des chefs et des exécutants, des nomades sans appartenance.
Certaines longueurs des dialogues, des mouvements des personnages se prêteraient mieux, je crois, à l'image cinématographique qu'à la lecture, et le pavé qui en est devenu je l'ai trouvé trop fatigant et oppressant.
La Maison dans laquelle avec quelques points de suspension invisibles et une façade aux lettres brinquebalantes a été une lecture commune d'une bande joyeuse curieuse et exigeante qui m'a tenu compagnie, la Maison, toujours elle, a attisé ma curiosité de vivre quelque temps avec une adolescence et les souvenirs un peu brumeux de la mienne, de découvrir une écrivaine qui a mis dix ans pour mettre toute cette aventure sur papier, de faire un effort de souplesse intellectuelle pour ne pas développer une claustrophobie qui s'empressait de germer.
Il arrive que la mémoire flanche par moments, celle de l'histoire comme la mienne, lectrice étourdie, perdue, surprise, jamais avertie.
Je salue l'écriture de Mariam Petrosyan et dis un grand merci aux copains de la lecture commune : HundredDreams (Sandrine) berni-29 (Bernard), HordeduContrevent (Chrystèle), Yaena (Doriane).


NOTE : Les étoiles, quel qu'il soit leur nombre, je ne les mets jamais comme note pour l'auteur, je ne me le permettrais pas, mais comme tentative d'esquisser mon ressenti qui, avec le temps ou après une deuxième lecture, peut encore changer, tout est en mouvement  et transformation !...***
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La Maison est un grand pensionnat comparé à une ruche géante aux nombreuses alvéoles. Dans chaque alvéole il y a une chambre, une chambre habitée par un enfant ou un adolescent pas très ordinaire. Des enfants que la nature n'a pas gâtés car chacun d'entre eux a une infirmité. Loin de leurs familles, sans repère, ce sont aussi des laissés-pour-compte, des cabossés de la vie qui pensent que nul n'a besoin d'eux. Dans ce lieu insolite, chaque enfant enterre son ancienne identité et adopte un surnom correspondant à sa personnalité : Sauterelle, Fumeur, Tabaqui, Vautour, Lord etc. Des groupes distincts sont également formés. La Maison a ses lois et ses règles mais les occupants peuvent s'y épanouir librement. Malheureusement l'autorité est défaillante et les éducateurs ont parfois bien du mal à encadrer tout ce petit monde.
La Maison paraît avoir une âme, elle a tout d'une grande forteresse bienveillante qui est capable de les aimer, de les protéger et de les aider à apprivoiser leur crainte de l'extérieur. Il est impossible de partir et de revenir comme on le souhaite, rien n'est fait au hasard mais à 18 ans l'adolescent doit quitter la Maison pour affronter la réalité et appréhender le monde des adultes.
Le début me paraissait prometteur mais au bout de la 500 ème page (le livre en comporte 954) je me suis essoufflée et lassée des multiples personnages évoluant dans cet univers fantasque mais confus. Bien qu'il y ait de très beaux passages poétiques et que le thème de l'adolescence soit abordé de façon très originale, je n'ai pas réussi à m'imprégner des personnages et de leurs histoires.
Ce roman initiatique au genre fantastique serait à mon avis très apprécié par de jeunes lecteurs.
Je remercie Babélio de m'avoir sélectionnée pour l'opération Masse Critique et je remercie les éditions les éditions Monsieur Toussaint Louverture pour l'envoi de ce livre.
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L'autrice semble avoir tout donné dans cet unique livre, écrit de ses 18 à ses 28 ans... et elle nous livre une sorte d'anti-Harry Potter : plutôt Sa majesté des mouches, dans un Poudlard cauchemardesque.
C'est la chronique d'un internat, gothique et déjanté à la Tim Burton, avec quelque chose de Gormenghast ; un internat où repas et leçons n'occupent que quelques lignes (sur 1070 pages) tant ses pensionnaires sont refermés sur eux-mêmes, sur leur clan.
Les pensionnaires sont tous des enfants handicapés : sans jambes, sans bras, sans yeux… mais qui remplacent tout cela par une mythologie, des rites, des traditions, des liens, et surtout des complots, des luttes de pouvoir allant jusqu'au meurtre. Ces gosses qui seraient, à l'Extérieur, discriminés, mais qui reconstituent, dans la Maison, une hiérarchie étouffante, je ne les ai jamais imaginés avec des visages d'enfants.
Il faut dire qu'ils tiennent à grand renfort de tabac, d'alcools maison et de drogues bricolées, des substances omniprésentes. C'est difficile de tenir, dans ce huis-clos, cette ambiance de prison, de confinement, et cette odeur de vestiaire de foot - voire pire du fait de leur cradosserie (liquides et cendres tombent sur couvertures et vêtements plusieurs centaines de fois).
Dans la première partie, un monde de garçons, dans la deuxième les filles arrivent (ce petit monde grandit), dans la troisième on voit apparaître davantage d'adultes, membres du personnel (qui se révèlent aussi comploteurs que les mômes), ou bien parents "opérants" ou "inopérants"…
J'ai aimé les échappées vers l'art : la musique, la poésie, les murs peints et graffités, l'exposition d'objets-qui-ne-sont-à-personne…
J'ai aimé les incursions dans l'onirisme, notamment la belle image de la forêt, qui m'a fait penser à Holdstock mais qui tourne court.
J'ai bien des fois failli abandonner. J'ai quand même tenu bon... sans trop de conviction.
J'avais lu tellement de bonnes critiques de personnes dont j'estime les avis et à qui je fais confiance, que je m'attendais (impatiemment, j'ai dû le réserver à la bibli) à une lecture envoûtante. Aux premières pages j'ai apprécié cette écriture énigmatique (et je venais de quitter Olga Tokarczuk, c'est dire) mais au bout de 500 pages, je me suis interrogée : tout ça pour ça ? Parce que ça fouille, ça creuse... mais ça n'avance pas.
Alors…
L'écriture est très belle, très poétique, dans une traduction irréprochable de Raphaëlle Pache.
Il y a sûrement plein de références que je n'ai pas saisies.
Mais je reste très, très, très perplexe.
Challenge ABC 2022/2023
Challenge Globe-Trotter (Arménie)
LC thématique de novembre 2022 : "Videz vos PAL !"
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Je pense que l'on peut, sans se payer de mots, parler ici d'OVNI romanesque. Et l'inconvénient avec les OVNI c'est précisément que l'on ne sait ps trop quoi penser de la chose : ça peut briller, tourner dans tous les sens, avoir des fulgurances ou encore vous saisir de stupeur, ça peut être d'une étrange beauté, ça n'en reste pas moins mystérieux… er l'on se demande bien que penser au final de tout ça : qu'est-ce que ça nous veut ? Comment vraiment établir le contact ? Échanger…
C'est exactement mon sentiment : une rencontre du troisième type. Une maison dans laquelle j'ai croisé des personnages pas du tout antipathiques non, mais dont la sympathie n'a rien d'arrachant non plus… ils m'ont laissé à distance. Un roman dont les évolutions, les zigzags, la musique et les couleurs sont d'abord une bien aimable distraction, d'autant qu'elle change du commun… mais ce ballet littéraire, les incessants allers et retour de ses petits « rats » sur le parquet de la maison dans laquelle on trouve tant de pièces et d'occasions nouvelles ne m'ont finalement mené nulle part.
Pour ceux qui connaissent, j'ai eu le sentiment, encore, d'assister à un épisode sans fin de strip-tease, cette émission qui jadis déshabillait le monde sans commentaire… elle offrait des rencontres étonnantes, variées, des tranches de vie parfois fascinantes, mais on en sortait chaque fois avec le sentiment que cette prétendue absolue vérité des instants révélés restait un monde à part. Une vérité locale et datée.

« Le monde de l'adolescence est moins agréable que celui de l'enfance, mais beaucoup plus intense et plus riche en émotions et en sentiments que celui des adultes. le monde des adultes est ennuyeux. Les adolescents ont hâte de grandir, parce qu'ils croient que l'indépendance va leur apporter la liberté. Alors qu'en réalité, ils vont se retrouver dans une espèce de prison à vie, faite d'obligations et d'interdictions dont ils ne pourront sortir que lorsqu'ils auront atteint la vieillesse – pour les plus chanceux. […] » explique Mariam Petrosyan dans le journal espagnol La Vanguardia. Fumeur et les autres, tous plus ou moins bien lotis pour se confronter au monde, ne sont jamais, c'est une des grande qualité du roman, victimisés. Et la maison dans laquelle ils évoluent est un monde comme tout autre, avec ses règles propres, ses hiérarchies, ses coups du sort, ses mauvais coups comme ses bons, ses ambitions et ses ratés. Mais contrairement à bien d'autres aventures, il m'a manqué, dans cette recette savante, cette saveur qui m'attache aux protagonistes, à leur sort. Je suis resté tellement spectateur que je voyais trop encore les rideaux qui encadrent la scène, les projecteurs qui l'éclairent… tout juste si je ne voyais pas la tête du souffleur dépasser et un opérateur en coulisse toujours prompt pour les changements de décor.
Je n'ai aucun doute que le roman peut exercer une forme de fascination… mais c'est comme l'hypnose en somme, ça ne marche pas sur tout le monde.
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Challenge ABC 2016-2017

Je ne sais pas trop quoi penser de ce roman... Je ne saurais dire si l'ai apprécié ou s'il m'a laissé indifférente...
L'histoire en elle-même est intrigante et pendant une grande partie du livre, le lecteur se demande dans quel univers il évolue, où et qui sont ces enfants... Puis peu à peu la magie se dissipe et la réalité se fait jour. Et cela devrait devenir triste (un peu au moins). Mais c'est là où plus rien ne se produit pour ces malheureux gamins. Et malheureux, ils le furent, jetés d'un endroit magique et protecteur dans un monde qui sera pour beaucoup hostile. On peut dire magique oui, parce que la Maison semble réellement plus qu'elle n'est, protégeant ou non ses pensionnaires, leur révélant ou non ses mystères.
Alors, est-ce parce que le livre est vraiment long et que je l'ai lu de manière fragmenté ou parce que trop de mystère, au bout d'un moment c'est lassant ? Je ne sais pas mais j'ai eu du mal à le terminer.
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Très intriguée par la couverture de ce roman, j'avais hâte de me plonger dans "la Maison dans laquelle", mais également par le titre.

Avant de le lire, j'avais parcouru une critique sur Babelio qui disait "je n'ai rien compris, mais j'ai adoré".
Je dois dire qu'après avoir terminé ces 1100 pages, c'était exactement mon ressenti en ayant terminé ce livre.

Des adolescents sont tous enfermés dans une maison, ayant tous des surnoms et appartenant à des groupes distincts, on arrive à les dissocier petit à petit. On comprend rapidement qu'ils présentent tous une forme de handicap et voient les éducateurs comme des personnes à part. Ils n'ont également aucun contact avec le monde extérieur et se créent un univers qui leur est propre au sein de cette Maison.

Tout au long de ce romain, j'ai eu l'impression que l'histoire était plongée dans le noir et que tout était très obscure.
Lecture très intrigante et particulière, cela change de l'ordinaire. J'ai adoré certains passages mais je reconnais avoir eu hâte de finir vers la fin, au vu de l'épaisseur du roman et de mon incompréhension parfois à comprendre le sens de tout cela.
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Les lecteurs et lectrices de ce roman se classent en deux catégories : ceux et celles pour qui il a été un régal… et les autres. Je suis bien triste de reconnaître que je fais partie de la deuxième catégorie.

Dans les premiers chapitres, nous faisons connaissance avec la Maison en même temps que deux petits nouveaux, à environ 10 ans d'intervalle : Sauterelle et Fumeur. le premier va créer son propre groupe des Crevards Pestiférés au sein de cette Maison, tandis que l'autre quitte celui des exemplaires Faisans pour celui, plus dangereux, du « quatrième groupe ».
Ces deux époques et personnages alternent, avant de céder la place à d'autres, pour former un agglomérat de points de vue, de réflexions et même de légendes. le fantastique s'insinue peu à peu au sein de l'histoire… et c'est ainsi qu'une institution pour enfants handicapés devient le théâtre de meurtres, disparitions et autres évènements inquiétants pour les personnes qui ne sont pas initiées.

Mille pages. Mille pages, c'est trop, définitivement. Je me suis accrochée dans les 200 premières, j'étais plutôt bien dans les 500 suivantes… Mais les 300 dernières, j'attendais que la lumière se fasse. Comme dans le maître des illusions ou Nous avons vécu au château, j'ai attendu des réponses à mes hypothèses qui ne sont jamais vraiment venues et moi qui m'attendais à être soufflée par la fin, je l'ai trouvée au contraire bien plate comparée au reste !
Bref, comme les deux romans que j'ai cités, j'ai peur d'être un peu passée à côté, de ne pas avoir bien compris ce que l'autrice voulait nous montrer. C'est vraiment une sensation frustrante, car j'étais toute prête à être charmée et la lecture était agréable pendant une bonne partie ! Ça ne me dérange pas d'être dans le brouillard, mais il doit s'éclaircir à un moment pour qu'il prenne son sens et c'est ce qui m'a manqué ici.

Je suis donc contente d'avoir enfin découvert cet intriguant roman et d'avoir trouvé le courage de me plonger dans ses mille pages. J'en ressors déçue car j'aurais tellement préféré l'apprivoiser au lieu de rester en marge de l'histoire !
Néanmoins, si vous appréciez les histoires pleines de mystères et de doutes telles que le maître des illusions par exemple ou Nous avons toujours vécu au château, je vous recommande ce roman car je pense que, en ce qui vous concerne, vous ne vous accrocherez pas pour rien !
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1070 pages font une brique. Cette brique fait La Maison dans laquelle - vivent des dizaines d'enfants que leurs parents ont trouvé plus confortable de soustraire à leurs regards. Ils sont malades, handicapés moteurs, mentaux, dérangés.. parfois ils cumulent. Ils ont aussi la tare, cette fois universelle, d'être adolescents. Regroupés dans l'internat qu'ils appellent La Maison, livrés à eux-mêmes, ils obéissent à leurs codes, leur Loi. Ils réinventent la notion d'ordre et de hiérarchie. Au-delà de tout, ils vivent, loin de l'Extérieur qui les terrorise.

Les + :
➕ L'envoûtement
Ce texte est absolument unique en son genre. Sorte de Poudlard pour éclopés, l'univers est riche, envoûtant et très immersif. Entrer dans La Maison c'est se choisir un groupe, un chef, des alliés, des ennemis. C'est boire du chemin lunaire à la Cafetière, se rendre au Sépulcre et se sentir sauteur plutôt que tombeur. C'est arpenter ses couloirs souvent inextricables, participer à la Nuit des Contes. C'est éprouver un attachement tout particulier pour ses pensionnaires qui n'ont rien d'autre que La Maison et que sans doute, on garde longtemps avec soi.

➕ L'hyperbole
Le roman de Mariam Petrosyan pourrait presque être de la mythologie antique. Ces gamins diminués deviennent les héros d'un univers emprunté au réalisme magique et leurs questionnements sont finalement de ceux que nous avons tous eus, voire avons encore : la crainte de devenir adulte, de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir faire avec ses faiblesses, de ne pas s'adapter au monde… et le récit de devenir initiatique puis, à force de rêves, de métaphores et de symboles, de donner la voie, via la fraternité, de la confiance en soi.

Les - :
➖ La molle densité
1070 pages c'est long de base. Mais si en plus il s'agit d'une fresque gigantesque dont les portraits, les époques et les situations se suivent et se ressemblent, la lecture peut carrément en devenir éprouvante et le roman devenir l'histoire sans fin. Mon intérêt a été très soutenu sur les 600 premières pages (lol) grâce aux réponses que je me plaisais à chercher dans chaque indice donné (- notamment pour retrouver les différents surnoms des personnages qui, à l'image des Pokémon, évoluent d'un chapitre à l'autre -). Puis j'ai compris que l'intention de l'auteure n'était pas forcément celle-ci et que je resterai avec bon nombre de mes questions. Résonnait alors dans ma tête un « à quoi bon ?! » qui s'articule mal avec la lecture de 400 pages toujours aussi denses mais résolument plates. Mon esprit a saturé, juste avant l'overdose. Ouf.

♾ En synthèse, c'est un roman-expérience inédit ! Faite d'histoires à dormir debout qui tiennent pourtant la route, cette oeuvre atypique rime avec perte de repères. Malgré l'essoufflement, j'ai volontiers pris les quelques moments de grâce littéraire et reste convaincue que La Maison ne m'aura ni donné toutes ses clefs, ni livré tous ses secrets. Sans aucun doute volontairement. Ce n'est pourtant pas faute de m'être entourée du 5e groupe pour m'y aider : Diadème, Fée aux doigts d'or, Radieuse, Godmother et Golfeur aka @hanyrhauz @b.a.books @manonlit_et_vadrouilleaussi @pluume_lectures @jiemde , vous me voyez ravie d'avoir habité La Maison à vos côtés.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Ce roman russe écrit en 2009 est bien plus qu'un livre : c'est aussi un objet éditorial magnifique, qui a bénéficié d'une attention particulière quant à sa mise en page et sa conception. Papier, couverture, typo… les éditions Monsieur Toussaint Louverture et leurs équipes ont mis les petits plats dans les grands !
Restait à découvrir si sous ce beau plumage, le ramage était également de qualité… Et de fait, le bât blesse. Car si le fil narratif de « La Maison dans laquelle » est intriguant, il est aussi labyrinthique, obscur, voire carrément hermétique…
Je m'explique : les personnages principaux sont de jeunes adolescents handicapés (physique et moteur) qui se retrouvent dans cette Maison pour l'année scolaire, internat adapté à leurs handicaps. Cela dit, c'est aussi là que s'arrête ma critique objective adulte, car le reste appartient à la Maison et au lecteur. de fait, ce dernier va se retrouver propulsé dans la peau, dans la tête et dans la vie de ces adolescents… et pour le dire simplement, c'est un peu confus et terrifiant. Mariam Petrosyan use de tous les outils de déstabilisation : double narration temporelle (mais il y a deux typos différentes… ouf !) ; surnoms des pensionnaires qui changent au fil des ans (plus ardu à suivre) ; personnification de la Maison et de ses abords immédiats (entité bienveillante ou jalouse et possessive ?) ; trappes temporelles et multivers ; symboles cryptiques… Ce programme se déclinant sur 960 pages…
Alors j'ai pris le parti de lâcher le monde rationnel pour me laisser glisser dans cet univers fantasmagorique, et ce malgré mon cerveau logique qui m'interrogeait : est-ce une manière de voir et de montrer l'esprit adolescent, loin des préoccupations et des priorités des adultes ? Je n'en ai pas la moindre idée. Une analyse plus poussée montrerait certainement des liens avec les théories psycho-sociologiques de « l'état d'adolescence ». Mais ce serait une nouvelle fois vouloir trouver à tous crins une trame cartésienne là où il n'y en a peut-être pas.
Chaque lecteur trouvera donc dans la Maison (ou pas…) de la poésie, des échos, de l'émerveillement, de l'ennui, de l'agacement, des rêves… car indéniablement, elle est différente pour chaque lecteur.
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Une « maison » (un pensionnat), des surnoms, des clans affublés d'étiquettes, un « Aveugle » aux pouvoirs immenses, des handicaps physiques multiples, de vraies morts et des disparitions... une atmosphère étrange et des rites (nuit des contes, amulettes)...Rien de fantastique malgré le bandeau annonçant un prix du livre fantastique 2016, à moins d'avoir raté quelques pages ? Car il est vrai que malgré la qualité d'écriture et l'intensité de certains passages, ce roman est trop long, beaucoup trop long et répétitif à sa façon. Je me suis perdue parmi la forêt des personnages et dans les périodes historiques, j'ai eu l'impression d'avoir un devoir de vacances à accomplir et le plaisir n'y était pas totalement. Bref je suis passée à côté.
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