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3,16

sur 97 notes
J'appartiens à une famille sur laquelle l'Histoire (avec une majuscule) visiblement s'acharne : chassée d'Espagne, comme bien d'autres, en 1492 par Isabelle la Catholique, et désormais apatride, errant pendant plusieurs siècles à la recherche d'un asile à peu près sûr, elle décida finalement de se scinder en deux. Et tandis qu'une partie de la famille faisait halte en Amérique latine (avant - riche idée ! - de décider de s'installer à Paris, une quarantaine d'années plus tard, précisément au moment de l'invasion des troupes nazies), l'autre, en 1902, se réfugia au pied de la Montagne Pelée une semaine très exactement avant son explosion. Et là… Rideau !

Quand la malchance prend des proportions aussi colossales, le mieux est encore probablement d'en rire… Pourtant, c'est le coeur serré que j'ai abordé le roman de Daniel Picouly qui relate, avec une précision quasiment horlogère, les "quatre-vingt-dix secondes" de terreur absolue au cours desquelles la Montagne Pelée, incontrôlable et déchaînée, vomit avec une fureur diabolique tous les feux de l'enfer de sa nuée ardente sur la terre de Martinique, le 8 mai 1902 à 7h52.

Retour à Saint-Pierre, trois heures avant la catastrophe, retour à la vie, aux activités banales - bientôt dérisoires - des hommes. Les ambitions politiques, les rivalités, les querelles ordinaires, un amour en forme de vaudeville, un duel d'honneur. Mais aussi l'attente, le sentiment d'urgence, d'alarme : “la rumeur se répand : le diable a bu du rhum”. Et la peur. Car “la ville commence à avoir peur”. Et celle qui la décrit, cette peur, celle qui s'en réjouit (“j'aime la peur des hommes. Je guette le moment où elle tranche l'assurance aux jarrets, tétanise les bras, aspire les traits du visage et tète les yeux de celui qui va mourir”), la narratrice improbable - et bientôt l'héroïne - de cette histoire, c'est la vieille sorcière de la Martinique, son vieux tas de pierres, de boue et de magma : la Montagne Pelée.

Figure mythologique, bestiale, concentré de haine pure et d'absolu mépris envers “l'engeance humaine”, le volcan omnipotent et omniscient, divinité altière, jalouse et malveillante, s'apprête à déverser avec jubilation sur les habitants De Saint-Pierre toute sa fureur à dimension biblique. 90 secondes. 30 000 morts.

"Quatre-vingt-dix secondes", qui esquisse en arrière-plan l'histoire coloniale de la Martinique, dresse sans complaisance le tableau des ambitions, des petites vanités et surtout des craintes de la Métropole qui empêchèrent l'évacuation des populations quand elle était encore possible et furent directement à l'origine de ce bilan humain : il était tout simplement hors de question, en pleine période électorale, de prendre le risque que le vote noir l'emporte sur le vote blanc. Or, en cas d'évacuation, seuls les Noirs seraient restés...

De cette tragédie qui marqua à jamais la mémoire de la Martinique, de ce désastre sans précédent, Daniel Picouly tire un roman au ton léger, ironique et drôle qui illustre avec beaucoup de talent cette capacité - et cette grandeur - qu'ont parfois les hommes face aux plus grands malheurs : celle de ne surtout pas s'appesantir, de ne pas s'attarder au désespoir, mais de rire face au destin et à la mort en attendant les jours meilleurs et les lendemains qui chantent.

Un roman original, très documenté et bien écrit, que j'ai lu d'une traite et que j'ai beaucoup aimé.
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8 mai 1902, 7h 52: Jour funeste où la montagne Pelée explosa.
Le volcan ravagea Saint-Pierre de la Martinique en quatre- vingt dix secondes, exterminant par l'onde de choc et la nuée ardente près de 30 000 personnes.

Voici pour les faits historiques. du grain à moudre pour décorer de voiles noirs et de dramaturgie une fiction romanesque sur les jours précédant la catastrophe.

Mais Daniel Picouly est un facétieux.
D'accord pour faire devoir de mémoire mais pas d'accord pour faire un livre «catastrophe» et surtout ne pas tomber dans le piège du mélodrame. Il préfère choisir le mode tragi-comique et une écriture espiègle pour dérouler la fin annoncée. La matière dramatique est toute trouvée, reste plus qu' à lui associer quelques figures humaines et le tour est joué.

D'ailleurs il se cache derrière le récit. C'est la montagne qui parle, qui monologue en vieux Moloch grincheux en voyant ces humains vaquer à leurs minables petites affaires: gouverneur, journaliste, planteur, curé, amoureux interdits pour cause de race, et tout le petit monde de l'île, du plus noir au plus « mélangé ».

Il faut déguster l'écriture aux tournures poétiquement malicieuses, sourire des bons mots, des situations ubuesque ou incongrues. Cela n'empêche nullement de se projeter dans cet épouvantable drame humain, empli d'effroi devant cette éruption volcanique meurtrière qui rasa le Petit Paris de Antilles en ne laissant que 3 survivants.

Je conseille vivement.
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Pour moi qui mettais beaucoup d'espoirs dans ce livre de la rentrée littéraire précédente, cela a pourtant été une réelle déception. Pourquoi? Je m'explique en quelques mots…

Tout d'abord, le style d'écriture auquel je n'ai pas adhéré. J'ai trouvé l'écriture compliquée et pas vraiment fluide, contrairement à ce que je suis habituée. Par contre, j'ai apprécié le risque pris par l'auteur de faire « parler » la Montagne Pelée, comme il le fait dans certains chapitres et non, comme la quatrième de couverture le laisse penser, durant tout le récit.

Ensuite, je pensais voyager par la pensée dans ce département d'outre-mer qu'est la Martinique, lieu haut en couleurs et exotique pour moi. Or, je n'y ai pas retrouvé les parfums et les senteurs espérés par les descriptions. Même si de nombreux lieux sont mentionnés, mon imagination n'a pas eu l'opportunité de me transporter aussi loin.

Dernier point négatif pour moi : les personnages. Alors que ces derniers ne sont pas forcément nombreux, j'en ai vite perdu le fil, sans vouloir vraiment essayer de le retrouver. Je n'ai pas abandonné ma lecture mais je l'ai laissée de côté un certain temps, ce qui ne m'a pas chamboulée dans le reste de l'histoire.

Attention, tout ceci n'est que mon humble avis. Comme je vous l'ai déjà dit, je vous conseille de lire ce livre et de vous en faire votre propre opinion. Si vous souhaitez en débattre ensuite avec moi, n'hésitez pas à me laisser un message sous cet article, j'en serai honorée
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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En 1902 à la Martinique, la montagne Pelée entre en éruption, faisant environ 30000 morts.
Voilà le sujet de ce roman dont l'originalité est de faire parler la montagne Pelée elle-même, en faisant un personnage à part entière.
S'y mêlent d'autres personnages humains : le maire, le consul, une lavandière, un jeune comédien noire, une jeune fille éprise du comédien............
que la montagne observe.
C'est amusant malgré le drame de la situation, la ville De Saint-Pierre ayant été anéantie.
Des faits historiques, une représentation de la société martiniquaise en 1900 , voilà ce que nous offre l'auteur.
L'écriture est vive, pleine d'humour et de poésie.
Indéniablement, l'auteur a du talent.
Pourtant j'ai eu quelques moments de lassitude au cours de cette lecture.
Daniel Picouly est un de ces écrivains que j'aime beaucoup tout en étant pas spécialement fan de ses écrits.
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Saint-Pierre, La Martinique. 1902.

La montagne Pelée prépare la plus destructrice et la plus meurtrière de ses éruptions. Elle chauffe, gronde, s'agite au dessus de la ville qu'elle observe. Ils sont petits ces gens, l'égo gonflé par leurs richesses et leurs statuts, charlatans et menteurs. Les politiques manipulent et cachent, les autres se débinent et abusent. Certains prient, certains ignorent. La vie se poursuit sous les cendres que souffle le volcan, les coulées et les incendies, les ondulations de la mer, les tremblements de la terre.
Le volcan les regarde. Louise, Othello, Julie - ces innocents. Et puis tous les véreux, les inconscients, fats et imbus. Il a envie de les détruire, leur rabattre ainsi le caquet. Leur rappeler qu'ils ne sont rien de plus que les autres : de la chair et des os inéluctablement périssables.
La nature, par les mots de la montagne, décrit l'Homme. 1902 ou 2018, les règles sont semblables. Inégalités, privilèges, mensonges et agissements peu scrupuleux. Bêtise.
Ce roman est donc bien plus qu'une description fort intéressante et captivante de cet épisode douloureux, il est également une satire sociale fine et caustique.
Un très beau roman.
Lien : http://aufildeslivresblogetc..
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Ce roman fait partie des romans qui sont dans ma PAL depuis si longtemps que je ne me souviens pas pourquoi je l'ai ajouté ni quel est le sujet du livre.

C'est donc avec seulement la citation de la quatrième de couverture que je me suis lancée dans ce roman historique.

8 mai 1902, La Martinique, Saint-Pierre. Un narrateur d'abord solennel qui observe. En réalité une narratrice, la Pelée, qui observe sa ville à quelques heures d'une immense et dévastatrice éruption volcanique. Très vite la narration devient caustique, critique, moqueuse. Elle croque dans leurs derniers instants, les habitants qui vont périr. 30 000 morts. La parole est donnée non pas à tous mais tout de même à une multitude de personnages, du gouverneur au cheval de course, du curé au pont de pierre, de la lavandière à la rivière, et bien d'autres. Les élus s'expliquent sur les raisons de la non évacuation de la ville. Et toujours la Pelée qui raconte les hommes, les femmes, leurs vies viles et sans espoir.

Alors que tout est anéanti en quatre-vingt-dix secondes, j'ai trouvé que c'était parfois un peu long dans l'histoire de chacun. Et quand le récit s'accélère passant d'un personnage à l'autre dans chaque paragraphe ça devient parfois confus.

Si le texte dégage de la profondeur et de l'émotion, je n'ai toutefois pas été complètement convaincue. C'est cela dit un beau roman historique qui relate un fait important de l'Histoire de manière originale.


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Daniel Picouly s'attaque à un sujet historique, la catastrophe de 1902 qui a ravagé la ville De Saint-Pierre en Martinique le jeudi 8 mai du fait de l'éruption de la Montage Pelée. Située à une trentaine de kms de Fort de France, Saint-Pierre est décrite comme une ville énergique et prétentieuse, le volcan qui domine la baie de St Pierre ne va pas l'épargner ce jour là.

L'originalité du roman vient du fait que c'est la montagne qui raconte "Je suis la montagne pelée. Dans trois heures, je vais raser la ville De Saint-Pierre. le jeudi de l'Ascension. 30 000 morts en 90 secondes." La montagne n'aime pas St Pierre, elle a projeté de provoquer la mort de 30 000 personnes. Elle va, tout au long du récit, se justifier, douter, raconter ses hésitations à sauver certains, montrer son étonnement de voir que les habitants ne réagissent pas devant les avertissements qu'elle envoie, notamment les cendres qui envahissent la ville depuis trois semaines. Même la fuite des animaux ne les font pas réagir mais il faut dire qu'on est en pleine période d'élection...

Daniel Picouly met en scène quelques personnages, un Gouverneur qui a pour consigne de ne pas affoler la population et qui affirme avoir la situation sous contrôle et surtout un jeune couple d'amoureux, Othelo et Louise, sortes de Roméo et Juliette. Nous croisons aussi Julie la mère d'Othello, Vintelle le prétendant de Louise...

Sur le papier le sujet m'intéressait beaucoup. le fait historique, un volcan comme personnage principal, l'ignorance scientifique de l'époque, le manque de lucidité voire la vanité des hommes, la satire sociale sur la bêtise humaine sont des sujets qui me plaisent.
Mais je n'ai pas du tout adhéré au choix narratif de Daniel Picouly. Faire parler la Montagne Pelée, lui prêter des sentiments et une psychologie, est original, surprenant au départ puis très vite lassant voire ridicule. Au fil du récit il va faire de même avec un oiseau, une rivière... Je ne suis pas rebutée par les récits originaux mais cette fois je n'ai pas du tout adhéré d'autant plus que l'auteur mêle à son histoire des scènes de vaudeville loufoques avec une légèreté de ton qui m'a agacée, avec un humour qui m'a laissée de glace. J'ai fini par comprendre que ce roman, dont aucun des personnages ne m'a touchée, n'était pas pour moi. Sa présence dans la deuxième sélection du Goncourt reste un grand mystère pour moi.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Le jeudi 8 mai 1902 à 7h52, la montagne Pelée explose, ensevelit Saint-Pierre de la Martinique sous une nuée ardente corrosive qui cimente instantanément les poumons. Elle fait 30 000 victimes en quatre-vingt-dix-secondes. Daniel Picouly, dont les racines paternelles sont martiniquaises, revient sur ce désastre volcanique.


A l'issue de cette lecture, je suis partagée. Les aspects historiques et politiques de la catastrophe sont bien documentés. L'auteur relate comment le gouverneur Louis Mouttet, téléguidé par le Ministère des Colonies à Paris surexcité par de proches élections, minimise l'importance des manifestations de la montagne tueuse, relayé dans sa désinvolture par le journal le plus lu de l'île « Les Colonies ». La Commission du Volcan assure que tous les phénomènes en cours n'ont rien d'anormal et conclue qu'elle tiendra la population au courant des moindres évolutions observées. Il ne faut surtout pas affoler, car comment gérer l'exode massif des habitants par l'unique échappatoire possible, la mer ? Bilan : 30 000 morts.


En revanche, je n'ai pas adhéré au choix de Daniel Picouly de personnifier la montagne Pelée et d'en faire la narratrice qui programme la destruction De Saint-Pierre, cette «fille du port, les jambes ouvertes à tous les embruns », cette «catin aux deux parfums, de l'ail et du sucre », « qui fait tapiner son port, une sacrée gagneuse », cette «chienne consentante et haletante résignée sous la saillie ». Je n'ai pas compris l'intention de l'auteur.


C'est donc la montagne Pelée qui a le mot de la fin : « 7h52. Je n'ai pas pu me retenir. J'aurais aimé résister, faire rempart. Tenir jusqu'à 8 heures. C'était mon ambition. J'avais besoin d'une heure pile. Franche. Propre à rester gravée dans les mémoires ». Ah bon ? Je pense que même avec 8 minutes d'avance sur son planning, l'éruption de la montagne Pelée a laissé un impérissable souvenir dans la mémoire collective des martiniquais !
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Il s'agit d'un livre assez court qui raconte la destruction De Saint Pierre par le volcan de la montagne Pelée.

Amusant de voir comment l'auteur se met à la place de cette montagne.

Le style est drôle et assez décalé.

Au début, j'ai eu du mal à comprendre elle sujet du roman. Et puis, je me suis rappelée que j'avais lu un jour un article stupéfiant sur un détenu qui avait survécu dans sa cellule, à la destruction totale de l'île sur laquelle il vivait.

J'ai trouvé ce roman divertissant même si le style est parfois perturbant.
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Les quatre-vingt-dix secondes qui ont suffi à la Montage Pelée, le 8 mai 1902, pour tuer 30,000 personnes … Alors que la vie se déroulait presque normalement (malgré les cendres et les pierres projetées par le volcan) la Montagne se préparait, regardant nonchalamment les existences qu'elle allait briser.
Othello est sur le point de participer à un duel pour l'amour de sa bien aimée Louise, sa mère Lucie va voir son galant Cyparis en prison, Marius Hurard aimerait faire paraître le dernier numéro de son journal Les Colonies, …
Quant à l'évacuation de la population, hors de question : il ne faut pas affoler les foules et si on évacue les noirs vont rester et donc voter à la prochaine élection … Ils risqueraient de faire gagner leur candidat !
Saint-Pierre n'est pas forcément décrite d'une manière très plaisante, une sorte de « fille du port, les jambes ouvertes à tous les embruns », mais l'atmosphère coloniale (la répartition de la population) et le statut de ville commerciale sont bien rendus.
Finalement, un roman bien documenté mais je n'ai pas été touchée par l'écriture ni par le choix de l'auteur de personnifier la montagne Pelée.
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