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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Marieka et Szonja, deux jeunes cousines hongroises, suivent les rails d'un avenir plus radieux en partant travailler en France. Elles voient peu de choses du trajet de leur village à Vaulx-en-Velin, dans la banlieue lyonnaise, et tentent à peine arrivées de tout absorber de leur nouvelle vie : la cité ouvrière, le logement en internat chez les soeurs, l'usine de textile, les balades le long du canal, les dimanches au bal… L'auteure s'attache aux pas de Szonja, la plus sage et réservée des deux, qui devient une ouvrière expérimentée et se crée des amitiés parmi les collègues d'origine italienne.
Mais la crise de 29 rattrape ce secteur d'industrie, avec une suite de mises à l'arrêt des chaînes, de licenciements, de manifestations… Les pages vont alors alterner entre la vie privée et sentimentale de la jeune hongroise et l'évolution des esprits qui aboutira au Front Populaire.

Si j'ai été emballée de prime abord par la langue très poétique et ouvragée, j'ai assez vite trouvé que c'était trop pour mon goût, et que ça m'écartait dans une certaine mesure de l'empathie que j'aurais pu ressentir pour les personnages. J'aurais sans doute réussi à m'y faire mais les narrations de réunions syndicales et de meetings, moins propices à la poésie, plus terre à terre, m'ont parues plaquées, et ont fini par me faire tourner les pages sans passion.
Je suis obligée d'admettre que cette première rencontre avec Paola Pigani ne m'a pas apporté l'enchantement que j'attendais. Toutefois j'y ai aimé les chroniques de la vie à Lyon dans les années 30, la découverte de l'industrie du textile synthétique, et surtout la belle description des personnages, en premier lieu Szonja, aussi discrète que courageuse, et dont la belle obstination à trouver sa place en France est en tous points émouvante.
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Lorsque l'on parle du textile à Lyon on pense bien sûr à la soie. Née à Lyon j'ai, durant mon enfance, été baignée dans l'histoire de cette industrie difficile et de la révolte des canuts de 1831. J'ai même appris à l'école le chant d'Aristide Briand! le roman de Paola Pagani sur la vie des immigrés hongrois ou italiens venus travailler dans l'industrie nouvelle de la viscose installée à Vaux en Velin ne pouvait donc que m'intéresser.

En 1929 Sonja, jeune hongroise débarque sur un quai de gare lyonnais. Avec sa soeur elle a fuit la vie rurale pour trouver un avenir meilleur en travaillant dans les usines de textile en plein essor. Sonja est avec beaucoup d'autres immigrées logée et nourrie dans un internat tenu par des soeurs. Elle travaille dix heures par jour dans les vapeurs de produits chimiques et doit respecter des cadences infernales. Tout cela pour un salaire de misère. Une vie difficile que nous raconte sans fioriture mais avec un réalisme cru Paola Pagani.

Dans les ateliers chacun est seul, isolé à son poste pour tenir le rythme et éviter les mauvais traitements infligés par les petits chefs. Mais, dès la porte de l'usine commence une autre vie. Là, l'écriture devient plus joyeuse, plus poétique aussi. La vie devient plus belle grâce à l'humanité et à la fraternité. Celle d'un fermier qui vient offrir ses oeufs ou un panier de cerises. Celle des ouvrières qui malgré leurs nationalités et leurs langues différentes papotent au lavoir, rient en se promenant le long du Rhône, s'évadent le temps d'une excursion à Lyon.

Et puis il y les bals du dimanche. Les robes qui virevoltent, les lèvres colorées de rouge, les bras puissants des hommes qui vous font tournoyer. Oubliés l'usine, les vexations, les coups d'un mari alcoolique, la santé qui se dégrade, la misère. Juste vivre l'instant présent corps enlacés, têtes étourdies.

Viendront les grèves dures, les luttes contre les licenciements, celles qui mèneront au Front Populaire. J'ai aimé la joie qui anime ces luttes. La volonté, la cohésion, la solidarité qui galvanisent. Ensemble on est plus fort, on se sent respecté et surtout on existe, on peut être fier.

Un très joli roman social au contexte historique très documenté. Une héroïne lumineuse et la puissance réjouissante d'une indignation collective qui mènera, pour quelques temps, à la victoire de la classe ouvrière.
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Un roman social très intéressant, qui se passe dans les années 30 en banlieue lyonnaise dans l'industrie textile. Un très beau portrait de femme aussi, puisque tout le roman tourne autour du personnage de Szonja, jeune Hongroise qui arrive en France en quête d'un meilleur avenir. Elle va découvrir la dureté du travail en usine et les mauvaises conditions de travail, le sacrifice de sa santé pour pouvoir garder son gagne-pain. Mais elle va découvrir aussi l'amitié, la solidarité de classe, l'engagement social et politique, la révolte, l'union qui fait la force malgré la peur de tout perdre.
Je m'attendais à un petit peu plus "d'ampleur", je ne sais pas comment le dire autrement, plus d'envol, plus d'emphase peut-être, sur la partie révolte politique, c'est mon bémol. Sinon, c'est une lecture très instructive, Szonja est un personnage très intéressant et complexe, que l'on découvre et qui se découvre petit à petit, tout au long du roman.
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Deux cousines choisissent de s'expatrier dans l'espoir d'une meilleure vie. Elles quittent leur Hongrie natale pour une vie d'ouvrières en France. Alors pas à pas, jour après jour on suit leur installation en France, leur découverte de la vie à l'usine, leur intégration dans la société française.
L'immigration un sujet vieux comme le monde. Paola Pigani nous raconte ici une tranche de l'histoire industrielle de l'entre-deux guerres. Une montée en puissance avec des besoins croissants de main-d'oeuvre puis les difficultés qui amèneront les grandes grèves de 1936.
J'ai eu un peu de mal à « rentrer » dans le livre dont je trouvais le rythme un peu trop lent à mon goût. Puis je me suis prise d'affection pour les deux cousines. Paola Pigani sait instiller en vous l'atmosphère de l'époque, un peu comme les poisons chimiques de l'usine de viscose s'installent dans la vie des ouvriers. Elle aborde également au travers de son roman des sujets toujours d'actualité : l'immigration, le racisme (des Français à l'encontre des étrangers, mais aussi des étrangers entre eux), les difficultés économiques du peuple ouvrier. Elle dénonce aussi la condition féminine, les différences de traitement homme/femme, la violence à leur encontre.
Le livre m'a fait penser à une valse. Trois temps : l'arrivée, la découverte puis le quotidien, enfin la colère libératrice. La danse du dimanche était leur détente…
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Charmée par l'écriture et l'ambiance de ce livre. le bémol est qu'il ne se passe pas grand-chose même si bien sûr, ce n'est pas un roman d'action, il m'a manqué autre chose que les approches de Marco…
Sinon, le contexte historique, avant juin 1936, est passionnant. Nous suivons Szonja, toute jeune Hongroise qui vient tenter d'échapper à la vie grise et terne de son pays, pour vivre autre chose, en compagnie de sa cousine et de travailler à Lyon dans l'usine de textile de viscose qui tourne avec de la main d'oeuvre étrange venue des pays de l'Est et d'Italie essentiellement.
Métier difficile, exposé à la pollution incroyable de ce fil si travaillé, soumis à la chimie et dévoreuse de la santé des ouvriers, un logement avec d'autres femmes dans un couvent, une vie dure mais où l'on parle toutes les langues et où son amitié avec Elsa va lui permettre de tout affronter, y compris la vie maritale avec Jean.
C'est le réveil des consciences ouvrières, les grèves, la solidarité et l'incroyable perspective de travailler 40 heures, d'avoir des congés payés et ne plus travailler samedi dimanche, magnifique Front Populaire. Un livre de petites touches qui se déguste.
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Lyon, ville de la soie et des canuts. L'histoire que raconte Paola PIGANI dans son dernier roman est plus contemporaine.

L'histoire se déroule à Lyon, il est question de la soie, mais celle issue de la chimie, la soie artificielle.

Les ouvriers ne sont plus les canuts mais des paysans de l'Europe de l'est que les entreprises font venir, leur assurant le gîte et le couvert.

Nous suivons Szonja, arrivée à Lyon en 1928 depuis sa Hongrie natale.

Elle découvre la langue française, le travail à l'usine, les femmes de toutes les nationalités, les polluants chimiques, la ville.

A travers la vie de cette ouvrière comme les autre, se lit en arrière-plan la crise de 29 et l'arrivée des congés payés.

J'ai aimé les amitiés entre femmes (forcément séparées des hommes en ces années-là), le soutient mutuel malgré parfois la barrière de la langue, les expressions et chansons italiennes.

J'ai eu de la peine pour Szonja dont le mari devient alcoolique et la frappe.

J'ai aimé partir respirer les dimanches sur les bords de Saône.

J'ai découvert que la Villa Gillet devait son nom à cette riche famille qui inventa la fibre de viscose.

J'ai aimé le paysan qui apporte au couvent des soeurs où logent les travailleuses son lait et quelques patates. Pour « ses fenottes de partout » comme il les appelle affectueusement.

J'ai aimé les château d'eau comme point de repère de Szonja, comme un ancrage dans ce nouveau monde qui la malmène.

Un roman touchant.

L'image que je retiendrai :

Celle de la muette qui aide les femmes de l'atelier, sans jamais prononcer un mot.
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Dès les premières lignes, Paola Pigani se tient au plus près de son personnage, de cette femme dont la tête est pleine de rêves et le coeur d'innocence. Szonja découvre peu à peu cette nouvelle vie, l'espoir amenant immanquablement la déception. La jeune femme, par son regard, nous place au coeur des conditions de travail, du rapport entre les hommes et les femmes et celui entre les Français et les étrangers. Par cette histoire dont elle tient le fil jusqu'au bout, la romancière capte les enjeux intimes et sociaux. L'usine devient peu à peu son monde sur qui elle ne peut pas garder un certain aveuglement. Par ce destin, Paola Pigani témoigne de la capacité de certains êtres à croire à l'amélioration de la vie, au-delà du risque et du péril. le roman brasse le mouvement d'abord silencieux puis actif qui permettra au Front Populaire d'exister en 1936. Mais il reste en filigrane la violence des rapports et la prégnance de l'argent. Au sein de la communauté malmenée par des énergies contraires, on constate naître un fossé entre certains êtres, Szonja perd de vue sa cousine, le quotidien est bousculé par la mort. C'est cet équilibre qu'elle imaginait heureux et apaisé qui se révèle bancal. On sent alors le plaisir de la romancière de composer un personnage qui décide d'atteindre ce rêve et d'y croire encore et toujours.
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Dans le Lyon industriel de l'entre deux-guerre, le roman suit le destin d'une jeune hongroise et de sa cousine, venue nourrir de leur force les usines textiles de viscose, soie chimique révolutionnaire à l'époque. Conditions de vie et de travail, mixité sociale, engagements politiques sont abordés dans un récit où la dureté du quotidien côtoie l'espoir et le rêve.
Communautés italiennes et hongroises se mélangent aux jeunes français issus de la paysannerie, en quête d'une vie plus confortable, cherchant une modernité loin des travaux des champs. Ce petit monde cosmopolite fracasse leur rêve à la dureté et la froideur des machines, aux produits chimiques abimant corps et âme.Le roman évoque aussi la difficulté d'être étranger, isolé, le début des grands ensembles immobiliers, la peur du fascisme et le plaisir léger d'aller danser.
Un très bon roman.
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Ils sont nombreux, ils viennent de toute l'Europe, poussés par la misère. Fuir une triste existence dans l'espoir d'une vie meilleur. Trois jours de train pour Szonja et sa cousine Marieka. Partir, s'éloigner de Sarvar et ses champs de houblon et de betterave.

Le travail en usine comme une promesse de liberté. La TASE (Textile Artificiel du Sud Est) de Vaulx-en-Velin, une usine chimique qui dévore le corps et l'âme de ses ouvriers, sera toujours mieux que l'absence d'avenir dans la campagne hongroise.

Soixante heures par semaine six jour sur sept et ils dansaient le dimanche, en 1936 le Front Populaire leur fit espérer des lendemains qui chantent.

Au contact de travailleurs italiens ayant fui le fascisme, la jeune femme s'ouvre au monde. Elle n'est plus seule, sa vie sera plus belle, elle ne subira plus.

Une écriture blanche, presque froide pour nous conter la dure réalité de la vie ouvrière dans l'entre deux guerres. Paola Pigani nous émeut et sous sa plume Lyon et sa triste banlieue brumeuse prennent vie, son roman, beau et poignant, touche au coeur, comme les photos de Willy Ronis.

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Un jour de 1929, une jeune Hongroise, Szonja, arrive en France. C'est à Vaux-en-Velin, dans une usine de viscose qu'elle croit pouvoir échapper à sa vie de paysanne.
Au départ, elle dispose d'une chambre chez les soeurs. Doit subir les maigres repas, les longues heures de travail à l'atelier poluées par les vapeurs chimiques. Elle y rencontre des ouvriers italiens soumis au même traitement.
Tous ont un rêve mais doivent courber le dos devant les chefs et maintenir la cadence infernale. Tout cela pour un salaire de misère.
Leur plaisir est d'aller danser le dimanche au bord de la rivière. C'est là que se nouent les liens et naissent les histoires d'amour. L'alcool et les violences conjugales sont fréquentes.
La crise de 1929 apporte son lot de souffrance et les licenciements commencent. C'est ainsi que les ouvriers commencent à manifester leur colère et demandent plus de considération.
Un roman réaliste sur cette époque difficile. Paola Pigani apporte un côté romanesque et sensible à ce témoignage du passé. Les personnages sont touchants et attachants.
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